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Enseignements nationaux aux législatives et aux européennes

158 3.1.2 Résultats aux élections européennes

3.2 Enseignements nationaux aux législatives et aux européennes

Avec les gains du PCS et les pertes du POSL, l’écart entre les résultats du premier parti et ceux du second s’est encore accru en 2009, établissant au passage un nouveau record dans la politique luxembourgeoise d’après-guerre (16,5 points de %). Si le parti du Premier ministre enregistrait sa deuxième victoire d’affilée pour arriver à un niveau électoral (38,05%) qu’il n’avait plus atteint depuis 1959, le partenaire socialiste de coalition tombait à un taux plancher dans son histoire (21,56%). Les principaux partis d’opposition n’ont pas profité de cette baisse du POSL puisque le PD en passant de justesse sous la barre des 15% (14,99%) réalise son plus mauvais résultat aux élections législatives depuis celles de 1964. L’ADR subit comme les libéraux une deuxième défaite électorale successive et ne récolte guère que le deuxième plus petit score de son histoire (8,14%), son minimum ayant été atteint lors de sa première participation au scrutin national en 1989. Les Verts eux stabilisent leur soutien électoral (11,72% au lieu de 11,58% en 2004) et réalisent donc leur meilleur score jamais atteint, mais leur très faible hausse n’en fait pas les principaux vainqueurs des partis d’opposition. Les bonds en avant des plus petits partis sont effet plus significatifs. Ainsi, le score combiné des deux partis de gauche radicale – soit La Gauche qui parvient avec 3,28% à récupérer son siège perdu en 2004 et le PCL avec 1,47% – grimpe de près de 2 points de % (soit un peu plus que le gain du PCS) pour arriver à un niveau proche des 5% (4,75%) que cette mouvance n’avait plus atteint depuis les années 197029. Enfin, sans atteindre 1% des voix le nouveau venu Bierger Lëscht fit en 2009 presque aussi bien (0,81%) que le Parti communiste en 2004 (0,91%) qui se présentait dans les deux plus grandes circonscriptions et pouvait se targuer d’une longue histoire politique, et fit un peu mieux dans le Nord que le FPL en 2004 qui y avait concentré ses forces en ne se présentant que dans cette circonscription (au niveau national la BL comptabilise en 2009 près de sept fois le score du nouveau venu de 2004).

Le résultat du PCS aux européennes contraste nettement avec celui réalisé aux législatives, puisque le PCS dont les résultats à l’élection du Parlement européen étaient habituellement supérieurs à ceux pour la Chambre des Députés, est cette fois nettement moindre (31,36%). Sa chute de près de 6 points de % (soit la plus lourde qu’il ait enregistré à ce type de scrutin) lui procure son moins bon résultat électoral depuis la première élection directe de l’assemblée européenne en 1979.30 La situation électorale du POSL est encore plus préoccupante puisque les socialistes passent pour la première fois sous la barre des 20% (19,48%), un plancher historique ici aussi. Ils sont désormais talonnés par les libéraux (qui avaient obtenu un meilleur score que les socialistes en 1979 aux européennes mais demeuraient derrière ceux-ci en 1999 malgré leur statut de deuxième plus grand parti aux législatives de cette année-là qui les vit revenir aux affaires) suite à leur regain net de près de 4 points de %. Notons cependant que le résultat du PD (18,66%) est seulement son deuxième plus faible score (après 2004) depuis l’élection directe du Parlement européen, la moyenne de ses résultats absolus à ce type de scrutin dans la période 1979-2009 étant supérieure à 20%. Alors que Les Verts avaient frappé fort en 2004 aux européennes en passant la barre des 15%, ils confirment en augmentant leur score de 1,81 points de % soit une hausse environ quinze fois supérieure à celle des législatives, le résultat du parti écologiste emmené par son député européen sortant établissant son nouveau record à 16,83%. Il s’agit du deuxième plus gros score d’un parti écologiste aux élections européennes derrière Ecolo en Belgique qui dépasse les 20% dans le collège électoral français où ce parti se présentait, et donc du meilleur en Europe si l’on s’en tient aux résultats des partis au niveau national. Notons que les partis écologistes des autres pays

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Il est aussi évident que les résultats de 2009 sont très éloignés des niveaux des années 1960 qui étaient supérieurs à 10%. Cependant, il est important de constater que malgré la division en deux listes concurrentes qui ne peut que freiner un certain nombre d’électeurs préférant voter davantage ‘utilement’ pour un parti dont la probabilité d’obtenir des élus est plus grande, la gauche radicale réalise un score plus élevé que ceux obtenus (en 1984 et 1989) dans la décennie qui vit le mur de Berlin s’écrouler.

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voisins ont aussi gagné des points (c’est manifestement le cas en France) ou ont consolidé leur score (en Allemagne) malgré un contexte économique de crise que d’aucuns auraient pu estimer néfaste pour l’écologie politique.31 Le parti souverainiste recule moins aux européennes qu’aux législatives, mais avec 7,39% il est bien trop faible pour espérer remporter un des six sièges à pourvoir. L’ADR ayant toujours obtenu un moins bon score aux élections nationales qu’aux européennes, le parti reçoit encore en 2009 davantage de soutien aux premières mais la différence qui était de plus de 2 points de % dans les années 1990s est à présent inférieure à 1%. Enfin La Gauche et le PCL font tous deux un peu mieux qu’aux législatives, leur score combiné approchant d’autant plus les 5% (4,91%) malgré le résultat du nouveau venu BL lui aussi meilleur aux européennes qu’au scrutin national, avec un niveau très proche de celui du Parti communiste, soit près de 1,5%. Au total donc, les petites listes obtiennent 6,29% (pour 5,56% aux législatives) à l’élection du Parlement européen.

3.2.1 Enseignements au niveau des circonscriptions

Nom du parti Centre Sud Nord Est Pays

PCL 1,09% 2,17% 0,98% 0,97% 1,47% La Gauche 3,50% 4,13% 2,00% 2,24% 3,28% Les Verts 13,21% 10,20% 10,78% 14,13% 11,72% POSL 17,82% 28,16% 17,41% 16,32% 21,56% PD 19,45% 10,11% 18,18% 15,40% 14,99% PCS 38,60% 35,62% 39,60% 41,44% 38,04% ADR 6,31% 7,91% 10,26% 9,50% 8,14% BL - 1,70% 0,79% - 0,81%

Même si il n’augmente pas significativement son score dans le Sud, contrairement au Centre qui était la circonscription où il obtenait son moins bon résultat en 2004, le Parti chrétien social conserve une homogénéité géographique de scores remarquable pour un parti qui obtient de tels niveaux de soutien électoral, la différence entre le Sud et l’Est se limitant à moins de 6 points de %. Nous faisions pour les élections de 2004 l’hypothèse de la fin de la vivacité d'une spécificité régionale, jusqu’alors une des données fondamentales du système politique luxembourgeois32. Si les quatre partis qui augmentent leur score national accroissent leur différence entre circonscription la plus faible et la plus forte, les autres réduisent ce différentiel. En se concentrant sur les six partis représentés à la Chambre en 2009 on constate que le différentiel moyen perd un point de % (de 7,2% à 6,2%), ce qui tend à vérifier l’hypothèse de 2004. Les chutes spectaculaires d’étendue de résultats du POSL (de 16,5% à 11,8% en 2009), celle de l’ADR (de 6,9% à 3,9%) – plus significative en termes relatifs mais intervenant moins dans le calcul de cet indicateur basique du différentiel moyen – puis celle du PD (de 11,9% à 9,3%) expliquent en partie cette baisse observée des spécificités régionales en termes de résultats électoraux. Outre la hausse de l’étendue des scores du PCS on constate en effet des accroissements plus modestes pour La Gauche (ce qui est naturel vu son niveau moyen de résultats) et des Verts (qui devient néanmoins le parti où l’homogénéité des résultats entre circonscriptions est la plus grande – l’étendue est donc la plus faible – parmi les cinq plus grandes formations).

C’est la lourde défaite du POSL dans le Sud (plus de 4 points de % en moins) qui provoque la baisse du parti au niveau national, ses gains dans le Nord compensant presque son petit recul dans le Centre et sa piètre performance dans l’Est. Si l’on prend l’histoire électorale du parti sur les 50 dernières années (1959-2009) on constate que si 2009 est un record historiquement bas pour le POSL au niveau national et dans le Sud, ce n’est pas le cas pour le Centre (1999 était encore moins bon) ni pour l’Est (1979 était le score plancher) et encore moins pour le Nord (1979, 1999 et 2004 étaient en-dessous du niveau

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Boy, Daniel, Chiche, Jean. ‘Une vague verte ?’ In Revue Internationale de Politique

Comparée, vol. 16, nr 4, 2009 : 623-635.

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de 2009). En réalité, les baisses des libéraux dans les trois circonscriptions qui leur étaient les plus favorables font en sorte d’assurer aux socialistes leur statut de deuxième parti dans la plus grande (le POSL y était certes historiquement le plus grand parti mais la différence avec le PD est de 18 points de % dans ce bassin électoral le plus peuplé) et, contrairement à 1999 et 2004, dans la plus petite des circonscriptions du pays, l’Est, où la différence entre premier et deuxième parti n’a jamais été aussi grande, avec 25 points de % entre PCS et POSL. En outre, dans le Centre et le Nord, le score du POSL est très proche de celui du PD : il n’avait plus été aussi proche depuis 1984 dans le Centre, tandis qu’il faut remonter aux élections de 1969 où les socialistes étaient devant les libéraux pour trouver un résultat relatif (les scores absolus étaient en général meilleurs dans la période allant jusqu’à 1994) du POSL aussi favorable dans le Nord. Malgré son léger regain dans le Sud, le Parti Démocratique demeure en outre, comme en 2004, le troisième parti dans cette circonscription puisque Les Verts obtiennent à nouveau un score (cette fois légèrement) supérieur. Les résultats du parti écologiste au niveau des circonscriptions appellent aussi d’autres commentaires puisque sa légère augmentation au niveau national cache des résultats régionaux contrastés : il enregistre en effet une stagnation dans le Sud et le Nord, un recul de 0,5 point de % dans le Centre où il était le plus fort en 2004, et seulement une forte progression dans l’Est (+ 2 points de %) qui devient ainsi en 2009 la circonscription qui lui est la plus favorable avec 14,1% (en compétition dans cette circonscription avec le PCS dans les zones nouvellement loties). En termes de rang, on a déjà indiqué que Les Verts sont comme en 2004 la troisième formation en importance dans le Sud, largement derrière les deux grands, mais en 2009 il est particulièrement intéressant de constater qu’ils dépassent aussi l’ADR dans les deux bastions de ce dernier parti, devenant ainsi la quatrième puissance électorale du Nord (de peu) et de l’Est (plus nettement, talonnant désormais socialistes et libéraux). Les dynamiques électorales des concurrents PD et ADR en particulier, davantage que les performances propres des Verts, font donc de 2009 une élection très satisfaisante pour ce parti.

L’ADR essuie un revers électoral important dans les deux petites circonscriptions du pays qui lui étaient historiquement et en 2004 encore les plus favorables. Il n’y a plus que dans le Nord, et de justesse, que le parti dépasse la barre des 10%, après une chute de 4,5 points de % qui le ramène pratiquement au score réalisé lors de sa première participation aux élections législatives en 1989. Le résultat de l’Est est encore plus symbolique puisque l’ADR y avait toujours obtenu, y compris lors des élections de 1989, plus de 11% (il est de 9,5% en 2009). Le même constat peut être fait pour le Centre : même si la baisse est moins forte (notamment en raison du niveau de départ), l’ADR y réalise son score historiquement le plus bas, toutes élections et circonscriptions confondues. Seul le Sud n’est pas à proprement parler une déception électorale pour l’ADR qui a pu y compter sur des résistances locales : le recul de l’ADR est en effet plus de trois fois plus faible que le score réalisé par la liste (BL, qui y fait pourtant autant que le PCL en 2004 soit 1,7%) dirigée par un de ses dissidents dans un contexte électoral aussi marqué par la hausse des petites listes de gauche radicale. Excepté dans le Sud où les communistes réalisaient encore des scores supérieurs à 7%, un niveau que ne parvient à atteindre les résultats combinés de La Gauche et du PCL, il faut en revanche remonter aux années 1970 ou la fin des années 1960 pour trouver de meilleurs scores pour la gauche radicale dans les trois autres circonscriptions. Le Parti communiste atteint presque 1% dans les deux petites circonscriptions où il ne se présentait pas en 2004, dépasse ce niveau dans le Centre et est au-delà des 2% dans son bastion historique du Sud. La Gauche obtient aussi son meilleur résultat dans la circonscription Sud, avec plus de 4% qui lui permettent de retrouver une représentation à la Chambre. C’est néanmoins dans le Centre que ce parti grimpe le plus proportionnellement à sa taille de 2004, des hausses de plus de 50% de son électorat d’alors étant enregistrées aussi dans l’Est et dans le Nord, ce dernier fermant néanmoins la marche tant en termes de niveau absolu que de dynamiques électorales.