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CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RÉSULTATS

4.1 LA PRATIQUE

Le premier thème est la pratique. Il est important de le traiter au départ car, logiquement, la pratique est le point de départ des CdP. C’est par la pratique d’une activité commune que les gens sont liés. Au cours des prochaines pages, j’adresserai deux sous thèmes ressortant de la pratique des personnes interviewées. Premièrement, il y a l’idée des praticiens de longue date. Peu importe leur âge au moment de l’entrevue, tous mes interviewés ont commencé à pratiquer les sports extrêmes tôt dans leur vie, ce qui a eu un impact significatif sur le fait qu’ils les pratiquent toujours aujourd’hui. En second lieu, il y la passion. Non seulement ces gens pratiquent-ils des sports extrêmes, mais ils sont passionnés par ceux-ci, ils les défendent et y vouent une dévotion sans borne.

4.1.1 Praticiens de longue date

Toutes les personnes interviewées ont commencé à pratiquer un ou les deux sports promus par Empire Sports avant d’y être embauchées. Le fait d’avoir commencé jeune à pratiquer ces sports a certainement été déterminant dans leur vie. Si l’on se fie au concept d’identité développé par Wenger (1998), l’impact de la communauté est important dans la création de l’identité chez une personne. Un jeune, en quête d’identité peut être influençable et, à cet âge, les groupes dont il fait partie et les activités qu’il pratique risquent d’avoir un impact significatif sur sa vie future. Ils définiront, en partie, son niveau d’implication dans différentes communautés de pratique. Alors, être introduit aux sports extrêmes à un jeune âge, y trouver un intérêt marqué et se bâtir un réseau d’amis et de connaissances ayant le même centre d’intérêt que soi semble une bonne façon de poursuivre cette pratique pour plusieurs années.

Tel Obélix ne pouvant se départir de sa force surhumaine à cause de sa chute dans la marmite de potion magique lorsqu’il était petit, tous les pratiquants de la planche à roulettes et à neige interviewés sont fortement attachés aux sports qu’ils pratiquent depuis la jeunesse. Ce mode de vie est profondément ancré en eux. Ils démontrent un enthousiasme envers celui-ci, laissant comprendre que la pratique de ces sports extrêmes fait bel et bien partie de leur quotidien et y est pour rester : « j’ai commencé à faire du skate quand j’étais jeune, je pense que j’ai eu mon premier skate, j’avais six ans » (V9 - 8-9); « bien aujourd’hui j’ai 31 ans. J’ai commencé quand j’avais 8 ans à faire du skate » (V1 - 8-9).

Être impliqué dans ce monde depuis un jeune âge permet un apprentissage à long terme de tout ce qui entoure ces sports extrême, permet à l’individu de s’identifier fortement à cette pratique et de savoir pertinemment ce qu’il réifie en pratiquant ces sports. C’est aussi une bonne façon de se positionner, au fil du temps, comme un membre légitime d’une communauté de pratique, de se forger une identité et, pour les personnes interviewées, vouloir travailler dans ce domaine pour rester le plus près possible de leur passion dans toutes les facettes de leur vie. Au fil de l’évolution des prochaines thématiques, plusieurs clarifications seront apportées et ainsi, ce court, mais important premier point prendra tout son sens.

4.1.2 La passion

Pourquoi des adultes ayant commencé à pratiquer un sport depuis un jeune âge sont-ils toujours accrochés à cette pratique et l’ont même tournée en une façon de générer un revenu ? La réponse est simple, ils sont passionnés. Non seulement par la pratique de ces sports, mais aussi par tout ce qu’ils impliquent.

Être passionné est certainement une bonne chose. Les employés d’Empire sont membres de la grande communauté de riders/skaters depuis longtemps. En plus de posséder les compétences et les connaissances nécessaires pour offrir d’excellents conseils aux clients, ils peuvent véhiculer leur passion. Cette passion n’est cependant pas uniquement un atout pour le travail car au départ, elle crée, chez les individus interviewés, un fort sentiment d’appartenance à leur culture, leur mode de vie.

La passion d’Antoine provient, en grande partie, de la compétition X-Games se tenant aux États-Unis chaque année, été comme hiver. Il s’agit de l’équivalent des jeux olympiques dans l’optique où, dans le monde des sports extrêmes, les meilleurs athlètes de la planète s’y rassemblent pour compétitionner. Selon Antoine :

« c’est vraiment je te dirais peut-être plus grâce aux X-Games. J’écoutais ça à RDS religieusement le vendredi à 6h00 quand j’avais huit, neuf ans, fait que skateboard, motocross, BMX, roller blade, j’ai toujours été un passionné vraiment de sports extrêmes qui sortent de l’ordinaire » (V4 - 15-18).

Les X-Games ne sont pas qu’une simple compétition. On s’efforce d’y garder une ambiance décontractée et les athlètes peuvent mettre de l’avant leur style personnel et leurs commanditaires. C’est une bonne façon de véhiculer le nom d’une marque et de créer de l’appartenance envers celle-ci par le biais d’un athlète auquel un jeune skater/rider comme Antoine peut s’identifier et ainsi contribuer à cultiver la passion pour les sports.

Lucas aussi exprime sa passion pour la planche à neige :

« Le snowboard, pour moi, c’est une passion. C’est vraiment, la première fois que je suis embarqué là-dessus, j’avais le feeling de flotter sur un nuage carrément. Tu sais, je faisais déjà du ski, je connaissais un peu le feeling de glisser sur la neige, mais le snowboard, c’était vraiment une autre chose » (V7 - 62-65).

Sa passion provient de ce qu’il ressent lorsqu’il pratique son sport. C’est un sentiment qu’il arrive difficilement à décrire, mais qu’il adore vivre. On peut aussi observer, chez Clara, un phénomène semblable : « c’est le meilleur feeling pour moi dans la vie. Tu sais, je pense que c’est d’être sur une planche ; vraiment là » (V10 - 186-187).

On voit, dans les propos cités précédemment, que ces sports doivent êtres pratiqués et vécus pour générer la passion. Une grande partie de la passion passe par ce qui est ressenti, par l’émotion vécue lors de la pratique.

En résumé, les deux aspects les plus importants à retenir en regard de la pratique sont le jeune âge auquel les participants à ma recherche se sont impliqués dans la communauté de pratique, contribuant à placer les sports extrêmes comme activité dominante dans leur vie. Aussi, la passion joue un grand rôle dans la poursuite de leurs pratiques sportives et sociales. Ces deux sous thèmes sont interreliés. Le fait qu’ils aient commencés jeunes et aient évolués dans ces sports en grandissant, apprenant toujours plus de choses à propos de ceux-ci, a contribué à fortifier et ancrer cette passion chez ces gens.

De plus, la pratique de ces sports crée des employés, dans la boutique, qui possèdent non seulement des connaissances liées à leurs tâches professionnelles, mais une connaissance et une implication personnelle dans ces sports qu’ils peuvent apporter au travail et l’utiliser à l’avantage de la clientèle qui se voit mieux informée.

Commencer à pratiquer ces sports à un jeune âge et se passionner pour eux implique de toujours vouloir en savoir plus. La soif de connaissance est grandissante et, afin d’atteindre un statut légitime dans la comunauté, les riders/skaters recherchent ce savoir additionnel. Voyons maintenant plus spécifiquement en quoi l’apprentissage est déterminant dans la vie de ces individus.