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CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RÉSULTATS

4.3 L’IDENTIFICATION

4.3.1 L’identification directe

Selon les interviewés, un bon moyen d’identifier un skater/rider et de s’identifier comme skater/rider est le style vestimentaire qui représente une marque d’adhésion à la communauté.

Par exemple, les riders adoptaient un style vestimentaire très ample aux couleurs plutôt ternes afin de se démarquer des skieurs qui eux, adoptaient les modes en vogue avec des couleurs vibrantes et des textiles moulants. Philippe résume les grandes lignes de

l’évolution du style vestimentaire au cours des époques : « On était des clowns à pantalons larges, à souliers larges, pis BANG, du jour au lendemain les gars portent des chemises à froufrous avec des jeans serrés puis des lunettes soleil » (V1 - 349-351). Dans cette citation, on observe le changement de la mode vestimentaire dans l’univers des sports extrêmes, ainsi que la diversité que cette industrie représente aujourd’hui.

Si les vêtements sont utilisés pour s’afficher et pour donner un moyen aux autres de se faire reconnaître en tant que skater/rider, il faut tout de même utiliser ce mode de présentation de soi judicieusement. Si une personne donne l’impression d’être très performante dans un sport extrême par son habillement ou si elle se démarque du lot par sa tenue vestimentaire, elle se doit d’être en mesure d’égaler la flamboyance de son style par celle de ses performances athlétiques. Voici les commentaires de quelques interviewés à ce

sujet : « si tu veux flasher, t’es mieux d’être bon parce que sinon, tu vas te faire juste rire de toi là » (V7 - 321-322). Aussi, une autre interviewé mentionne que :

« quelqu’un qui va avoir exemple un set up one piece complet ou un matching pants avec le matching jacket, bien c’est sûr et certain que si le gars y fait rien, tout le monde vont faire comme check le, y en met comme trop. Mais c’est sûr que le gars, si il fait un cab neuf (rotation aérienne de 900 degrés de reculons – haut niveau de difficulté) sur le premier jump à Avila [haut niveau de risque] pis y a ce set up là, bien tout le monde va être ok c’est correct » (V5 - 201-206).

La pratique prévaut donc sur le paraître afin de faire partie d’une communauté de pratique de skaters/riders. Le style vestimentaire devient cependant un moyen très important pour un membre d’une communauté de souligner son appartenance à celle-ci. Comme une personne ne sera pas toujours en train de pratiquer les sports en question,

présenter en tout temps un code vestimentaire qui fait référence à cette pratique est pour ces gens une bonne façon de se sentir connectés avec leurs sports.

Antoine commente sur le lien entre son style vestimentaire et son image de rider/skater : « c’est important pour moi parce que c’est moi, ça reflète ma personnalité, souvent je vais dans un bar et on a pas le droit aux casquettes, les pantalons sont trop bas, les t-shirt sont trop larges, je me le fais souvent dire » (V4 - 135-137). Il est fier de son apparence malgré les limites que cela impose sur certaines de ses activités sociales. Un parallèle avec l’historique de la planche à neige est très saillant ici. Tout comme les riders étaient bannis des stations de glisse qui prônaient la norme du ski alpin, Antoine, un rider/skater est exclu de certains endroits publics qui exigent une norme de présentation vestimentaire. Son style le limite, mais lui donne à la fois de la personnalité et représente des sports qu’il est fier de pratiquer et qui le passionnent. Dans toute la négativité représentée par le fait de se voir refuser l’accès à un lieu à cause de pré requis normatifs, Antoine passe un message : que vous acceptiez mon style ou non, c’est le mien et l’image de ce que je suis, un skater/rider.

Clara est aussi très spécifique sur le lien entre son implication dans le monde des sports extrêmes et son style vestimentaire : « j’ai l’intention à 40 ans de porter encore ces vibes-là. Je ne pense pas que ça va arrêter un jour, […]. Ça fait vraiment partie de moi » (V10 - 226-228). Elle poursuit en disant : « je n’irai jamais travailler dans un bureau de 9 à 5. Jamais, tu sais, en tailleur ou whatever. Ça peut pas marcher, ça marcherait pas (V10 - 237-238). Les commentaires de Clara renforcent la réflexion à propos de l’impact que nos vêtements ont sur la présentation de notre être aux autres. Son travail actuel lui permet

d’avoir un horaire flexible, dans un environnement en lien avec ce qu’elle aime et, surtout, de porter des vêtements dans lesquels elle se sent bien, dans lesquels elle sent que sa personnalité ressort à son plein potentiel. Elle se projette dans le futur et ne se voit pas autrement qu’arborant un style qui représente sa passion pour les sports extrêmes.

Ne pas se faire imposer de code vestimentaire normatif est un bel avantage social chez Empire Sports. C’est aussi fortement recommandé et bien vu de refléter les sports promus par la chaîne de boutique dans son image. Cela fait partie de la culture de l’entreprise de mettre en valeur le style personnel des employé(e)s. Stéphanie est claire à ce sujet : « tu ne peux pas débarquer ici, comme on disaient au début là, si t’as rien sur le dos qui représente le magasin » (V3 - 721-722). Non seulement porter des vêtements issus de cette industrie aide- t-il une personne à affirmer son individualité de skater/rider, cela aide aussi à mieux s’acclimater à son environnement de travail. Adopter un style vestimentaire relatant que nous faisons partie d’une CdP de skateboard/snowboard est alors moyen direct de s’identifier à cette communauté.