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Prévenir les troubles relationnels précoces. L'expérience analytique et éducative des fondateurs les amenait à penser qu'il était dommage d'attendre

Présentation générale de la Ville et du LAEP

2) Prévenir les troubles relationnels précoces. L'expérience analytique et éducative des fondateurs les amenait à penser qu'il était dommage d'attendre

l'apparition de symptômes pour que les parents consultent avec leur enfant. Il leur paraissait préférable d'être présents et de pouvoir intervenir dans le temps où se créent les premiers liens père-mère-enfant et tout au long du développement de l'enfant. En effet, c'est dans ces étapes du développement de l'enfant que sont l'allaitement, le sevrage, la marche, les premières séparations, etc. que peuvent se manifester les premiers troubles fonctionnels ou relationnels du bébé inhérents au devenir humain. À cette époque de la vie, même si le tout-petit ne parle pas, il n'en est pas moins dans le langage qui s'exprime à cet âge la plupart du temps par des manifestations corporelles.

En conclusion, le dispositif soutient l'accueil, l'écoute et la socialisation du jeune enfant.

L'accueil et l'écoute sont intimement liés. Parce qu'il n'y est pas question d'observation, ils exigent de prendre le risque d'une rencontre. C'est peut être cela le travail le plus difficile. C'est peut être là que se réalise cette idée freudienne d'une éducation psychanalytiquement éclairée.

Description des locaux et fréquentation8

Située au 13 de la rue Meilhac, les locaux de la Maison Verte sont indépendants et comprennent un rez-de-chaussée de 100 m2, complété d’une cour de 45 m2, dédiés à l’accueil ; et un premier étage de 98 m2 réservé à l’association Petite enfance et parentalité – La Maison Verte, qui gère le dispositif d’accueil. Le local est bien desservi par les différents moyens de transport urbain, et clairement identifié par un panneau portant son nom. A l’entrée se trouve une cour permettant de ranger les poussettes. Le local lui-même est divisé en deux pièces, la première est utilisée par les plus grands pour les petits véhicules, elle donne sur une plus grande pièce bordée de larges canapés pour les parents et possédant en son centre un grand tapis où s’ébattent les

8 Cette description ainsi que les éléments sur la fréquentation sont issus du Rapport d’activité 2008 du lieu.

enfants. Celui-ci est complété sur ses bords par une petite table entourée de chaises

pour les enfants, d’un point d’eau destiné aux jeux, d’un grand tableau blanc où sont notés les prénoms des enfants. De multiples jouets sont à disposition. La cour, attenante à la salle d’accueil, utilisée dès les beaux jours, comprend un petit toboggan et une petite maison.

Au cours de l’année 2008, 6 994 accueils d’enfants ont été réalisés dont 676 premières visites, et 6 044 accueils d’adultes. Pour la deuxième année consécutive la fréquentation était en hausse. Plusieurs raisons rendent compte de l’importance du volume d’accueil, tout d’abord la renommée du lieu, dont l’effet a été accentué en 2008 par la célébration du centenaire de Françoise Dolto, mais aussi les multiples supports qui contribuent à le faire connaître : en premier lieu, le bouche-à-oreilles, les parents conseillant à leur entourage sa fréquentation, puis les multiples partenaires (maternités, crèches et haltes-garderies, pédiatres et thérapeutes, archives Françoise Dolto…), et les multiples médias, journaux généralistes ou spécialisés, revues, émissions télévisées…

Les accueillants d’hier et d’aujourd'hui

Outre les six fondateurs, sept autre accueillants sont présents dès l’ouverture le 6 janvier 1979, 57 place Saint Charles, là aussi dans le XVe arrondissement9, suivis de près par cinq autres, puis encore cinq10. A l’heure actuelle, elle fonctionne avec une équipe de 15 personnes11, se relayant par groupe de trois (en général 2 femmes, 1 homme), du lundi au samedi de 14 h à 19 h (samedi 15h-18h30). Beaucoup d’entre eux sont par ailleurs psychanalystes, mais si la psychanalyse constitue bien la référence théorique du lieu, la fonction d’analyste n’est pas à l’œuvre dans le lieu.

Comme le rappelle Marie-Hélène Malandrin, ce qu’il importe de prendre en compte est la place de la psychanalyse dans ce lieu et non du psychanalyste dans l’accueil.

Question importante, qui a fait débat dans les premières années de fonctionnement du lieu, et dont on a retrouvé l’écho au sein des lieux qui se sont constitués sur l’exemple de la Maison Verte12.

Cette question a trouvé un écho important à la Maison Verte jusqu’en 1984, car elle impliquait de multiples dimensions : le lien entre un statut spécifique des

9 C’est en 1981 que la Maison Verte investira les locaux du 13 rue Meilhac, où elle restera jusqu’à aujourd’hui.

10 Cf. « Une psychanalyste dans la cité », note 3, p.369.

11 En 2010, l’équipe des accueillants est composée de Frédérik AUBOURG, Isabelle BIQUET, Anne-Marie CANU, Omar CARANTA, Dominique DESPLECHIN, Annie GROSSER, Michel MALANDRIN, Michèle MEXME, Nelba NASIO, Maria OTERO-ROSSI, Laura PREMAT, Christine ROY, Patricia TROTOBAS, Marc VAUCONSANT, Margarita ZORODDU. Son président est Patrick BOULAND.

12 Ainsi que mon travail antérieur en a rendu compte, G. NEYRAND, « Sur les pas de la Maison Verte. Des lieux d'accueil pour les enfants et leurs parents », Paris, Syros, 1995, p. 186-193.

psychanalystes dans le lieu et une rémunération plus élevée de ceux-ci, ainsi qu’une

moindre présence horaire et une dénomination spécifique rappelant leur expérience d’analystes. Elle a été résolue, à l’issue de débats animés, en deux temps : dans un premier temps le passage à la parité des salaires pour les différents intervenants13, puis dans un deuxième temps leur désignation par le terme commun d’accueillants14, effaçant la distinction analyste/membre de l’équipe d’accueil. Cette parité, inscrite dans les statuts en 198415, signifiait bien, qu’outre la collégialité, il s’agissait de reconnaître le même statut dans l’accueil aux différents intervenants, quelle que soit par ailleurs leur activité professionnelle. Si les accueillants manifestent un rapport positif à la psychanalyse, leur implication dans l’accueil ne nécessite pas qu’ils en aient fait métier ni que cela leur confère un statut spécifique. Ce repositionnement de 1984 constitue, comme l’a indiqué Marie-Hélène Malandrin16, une véritable

« refondation », qui va sans doute permettre que le dispositif perdure et ne disparaisse pas après la mort de Françoise Dolto… « En passant accueillants, on a réorganisé complètement les rapports entre nous », dit un accueillant, complété aussitôt par une collègue elle-même analyste qui évoque le changement radical auquel ce passage a correspondu, car, dit-elle, « certains, dont je suis, avaient besoin de ce repositionnement pour travailler ensemble, pas seulement dans les après midi, mais tous ensemble. Je veux parler des samedis par exemple. Je suis arrivée en 1982, pour l’équipe dans laquelle je suis entrée, j’étais encore l’analyste du jour, et donc j’arrivais à 15 heures dans une ambiance déjà installée. C’était parfois difficile de prendre le train en marche. A partir du moment où la péréquation a été votée, l’ambiance entre nous a changé, car nous, tout au moins certains, avions besoin de ce repositionnent,

13 Certains analystes (P. BENOIT, B. THIS) soutenant le régime antérieur différenciateur, d’autres comme F. DOLTO soutenant la position contraire, qui fut finalement choisie. Voir à ce sujet « Une psychanalyste dans la cité.

L’aventure de la Maison verte », op. cit.

14 Remarquons que cela s’inscrit dans un mouvement plus global de transformation de la place accordée à la petite enfance dans la société et du regard porté sur elle, entre autres par la puériculture et la pédiatrie (DELAISI, LALLEMAND, 1980), qui se traduira par un repositionnement complet et progressif à son égard. Cette évolution suivra de multiples étapes, depuis la reconnaissance de l’importance de la vie psychique enfantine à la suite des travaux de SPITZ sur les carences maternelles (1945) et de BOWLBY sur l’attachement (1951) jusqu’à la formule popularisée par Bernard MARTINO dans son film documentaire sur DOLTO (repris en livre) selon laquelle « le bébé est une personne » (1985) ; en passant par la création du premier magazine parental centré sur la petite enfance « Parents » en 1969. Dans ce mouvement s’inscrit la reconfiguration de l’accueil de la petite enfance, se traduisant entre autres dans les dénominations officielles désignant les lieux recevant des petits enfants par le passage en 1982 de lieux de garde à lieux d’accueil, suite au rapport BOULAYA & ROUSSILLE (1982) BOULAYA Nicole, ROUSSILLE Bernadette, « L'enfant dans la vie : une politique pour la petite enfance », rapport au secrétariat d'Etat à la Famille, Paris, La documentation française, 1982. Il s’agit là d’un des thèmes centraux de mon interrogation sur l’évolution des savoirs sur la petite enfance et la parentalité : « L'enfant, la mère et la question du père. Un bilan critique de l'évolution des savoirs sur la petite enfance », op.cit.

15 Tous les accueillants ont reçu alors une lettre de la Présidente et du conseil d’administration, et ont signé une nouvelle lettre d’embauche (sauf deux d’entre eux). Le nouveau contrat stipulait que toute personne nouvelle qui rentrerait à l’accueil devrait accepter cette péréquation.

16 Marie-Hélène MALANDRIN, « Le transfert : clef de voûte pour un dispositif d’accueil du jeune enfant », in Claude SCHAUDER (dir.), « Françoise DOLTO et le transfert dans le travail avec les enfants », Toulouse, Erès, 2005.

sinon pour ne pas être sourds, l’écoute ne se délègue pas comme le souligne Marie

Hélène mais pour revenir à l’esprit de la création du lieu : répondre présent au un par un de la rencontre et dans le quotidien de l’accueil ; sinon, c’est simple, en tout cas, je le formule comme ça, l’enfant n’est pas preneur d’une parole empruntée ou copiée. La péréquation, puis plus tard, la nomination accueillant, c'est-à-dire paradoxalement l’abandon de l’analyste désigné comme tel, ont peut-être permis que reste vive chez nous, la place de la psychanalyse ».

Ces remarques permettent de montrer :

1) que si l’accueil est inspiré par la psychanalyse ce n’est pas une pratique