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Place de l’éducatif

Ce qui est mis en avant dans la relation et l’intérêt porté à l’enfant se situe selon les lieux sur un continuum allant des « Maisons Vertes » aux lieux proposant des activités de manière régulières ou occasionnelles. Du côté « Maison Verte » on trouve l’accent mis sur l’enfant sujet, sujet en construction, sujet en devenir, la place de la parole (« lui raconter son histoire mais pas des histoires »), la mise en mots, l’écoute de ce qu’il dit, et de ce qu’il dit même sans la parole. Cette attitude, que tout lecteur de Françoise Dolto connaît, dépasse le cadre des « Maisons Verte » à des degrés divers selon les lieux, leur histoire, la formation des accueillants, leur sensibilité propre. A l’autre extrémité de ce continuum, les lieux proposant des activités régulières ou occasionnelles ont un discours plus axé sur les activités d’éveil :

« Leur proposer des jeux ou des activités, pour ceux qui ne fréquentent pas la collectivité, école ou autre. Des activités, des jeux nouveaux, des choses comme ça ».

« Nous ce qu’on propose c’est un espace ludique, de jeux, pour expérimenter les situations, pour découvrir, pour confirmer certaines acquisitions, pour se dépenser, pour prendre du plaisir, pour montrer aussi à leurs parents ce qu’ils peuvent faire, ce qu’ils savent faire, partager du temps avec d’autres enfants, et donc découvrir par le biais d’activités un petit peu exceptionnelles et notamment l’éveil musical, et autour de certaines matières qu’on va leur proposer ».

Un lieu parle aussi d’apprentissage : « apprendre des chansons, des ritournelles », un autre « d’approche de la maternelle pour les plus grands ».

On retrouve par rapport à cette question d’apprentissage les mêmes nuances que par rapport à la séparation ou au respect de certaines règles : les lieux à référence psychanalytique n’utilisent guère ce terme et mettent l’accent sur le psychique, ce qui n’empêche pas que l’enfant peut prendre plus d’autonomie « tout naturellement » c’est-à-dire sans intervention directe de l’accueillant, que les règles ont aussi un aspect éducatif et que l’enfant apprend en jouant.

L’objectif du jeu avec l’enfant est bien entendu différent dans les quelques lieux qui

des accueillants, à l’aspect « apprentissage » de l’éducation. L’enfant va apprendre à enlever ses chaussures, reconnaître les couleurs, faire un escargot en pâte à modeler, mimer une comptine, ce qui à la fois participe à son « éveil », le prépare à l’école maternelle, et peut aussi créer du lien :

« Ce que j'ai envie de dire pour l'histoire des chansons, ces enfants gardés par une assistante maternelle, ils rentrent à la maison, ils font les gestes et ils redonnent, et les parents qu'on voit un beau jour demandent "mais qu'est-ce qu'il chantait ?", ils demandent, si bien qu'on a dû fabriquer des livrets de chansons à distribuer aux parents et aux assistantes maternelles pour faire le lien à la maison ».

Mais tous les LAEP insistent sur le fait qu’il s’agit d’une offre (de jeux, de relations) qui respecte le fait qu’un enfant puisse ne pas vouloir (pouvoir ?) s’en saisir. Ainsi les activités même si elles sont programmées ne se font jamais automatiquement :

« Quand ils arrivent de loin on regarde un peu la situation avant d'arriver pour proposer l'atelier, de loin on regarde et on se dit : « ils sont bien là ils s'amusent ils sont tranquilles, on ne va pas faire l'atelier parce qu'ils sont bien, ils sont en train de jouer leurs trucs et tout on va les laisser » ».

Les exemples donnés par les accueillants sont souvent variés et abondants. Sont évoqués notamment :

• Des observations sur le développement psychomoteur de l’enfant

• Des enfants en particulier : un enfant autiste, un enfant triste, une petit fille qui hurle, un enfant agressif

Des problématiques particulières : des enfants handicapés, des enfants qui viennent d’avoir un petit frère ou une petite sœur, des problématiques de séparation

• Des effets de certaines interventions, des questions en suspens

Le rôle de médiation de l’accueillant entre l’enfant et son parent, que ce soit parce que l’enfant ne fait pas ce que son parent souhaite (et l’accueillant a alors un rôle qu’on pourrait dire « d’expert rassurant ») ou pour sensibiliser le parent à ce que l’enfant est en train de mettre en scène, l’accueillant étant alors plutôt comme un porte-parole de l’enfant.

Aménagement de l’espace

Les deux aspects éducatifs et relationnels sont importants partout, mais plus ou moins accentués, ce qui transparaît dans l’aménagement de l’espace.

Deux modèles sont fréquemment rencontrés, avec entre les deux toutes les variations possibles :

• Le modèle de la Maison Verte

Au-delà des différences (nombre de pièces, jardin ou pas, visibilité de l’extérieur ou pas) on retrouve dans tous les lieux s’en réclamant des points communs : la fameuse ligne rouge bien sûr à ne pas traverser avec un engin porteur, le coin de changes un peu à l’écart, des fauteuils pour les adultes. Deux lieux sur les 6 n’ont pas de jeux d’eau.

Les locaux ne sont pas partagés avec d’autres structures « petite enfance ».

Le modèle de l’Etablissement d’Accueil du Jeune Enfant (crèche, halte-garderie, multi accueil)

Sur les 14 lieux qui ne fonctionnent pas comme la Maison Verte, seuls 4 ont des locaux propres, dont un qui ne l’a peut-être plus pour très longtemps, la commune ayant en projet de créer une « Maison de la petite enfance ».

Le plus souvent, les locaux sont partagés avec un Relais Assistantes Maternelles, une crèche familiale ou une halte-garderie, et on retrouve dans tous ces lieux des points communs : une pièce principale + une ou deux petites pièces, dévolues soit à la sieste, soit à un type d’activités (jeux roulants ou pièce lecture et bébés), soit encore utilisées comme espace de rangement (un lieu), ainsi que divers coins (bébés, dînettes, cuisine, motricité…), et une attention particulière au matériel pédagogique proposé.

Un autre héritage des Etablissements d’Accueil du Jeune Enfant est le goûter : selon les lieux, les enfants le prennent tous ensemble ou pas. Dans 3 lieux le goûter des enfants est offert, et dans un la collation partagée est préparée en général par les familles (sinon fournie par la ville), avec la possibilité de préparer sur place des gâteaux.

Les locaux peuvent aussi être partagés avec une ludothèque, un Centre Maternel ou un service périscolaire.

Comme particularités dans l’aménagement de l’espace, on peut encore noter : - Quelques lieux n’ont pas d’endroit où les enfants peuvent se cacher.

- 3 sur les 14 ont des jeux d’eau

- Les lieux qui disposent de plusieurs pièces de jeux permettent à l’enfant de maîtriser à son rythme l’éloignement / la proximité avec sa mère :

« En général il joue d'abord un peu tout seul dans la même pièce là où les mamans discutent entre elles, et puis après il va aller jouer dans les autres pièces avec les autres enfants. »

- Un lieu n’a pas de porteur… donc pas non plus de « ligne rouge ». Dans d’autres elle existe effectivement, et pour d’autres même sans marquage au sol il y a une distinction entre les espaces. Un lieu a une ligne rouge, mais qui interdit aux enfants d’entrer dans la petite pièce où est entreposé le matériel. Un autre précise : « disons que notre ligne rouge est celle des piliers à pilier pour les enfants », cette limite interdisant aux