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Les prochains chapitres participent d’objectifs communs. Le propos de cette partie sera de partager les éléments structurant les débits de boissons. Nous essaierons de les remettre dans un continuum historique et de proposer une lecture des représentations sur notre objet pour les comparer et les mettre en lien avec celles analysées et observées sur le terrain. Nous avons restitué les éléments qui nous ont interrogé et qui ont construit notre réflexion, en en présentant ici une version synthétique et opérationnelle. Le matériau qui compose ces chapitres est divers, nous avons dû et voulu faire un état des lieux des débits de boissons, interrogeant alors plusieurs sources, les médias dans la façon dont ils traitent des débits de boissons, les écrits et autres formes artistiques qui mettent en lumière des usages de débits de boissons et les recherches historiques. Il s’agit de dresser un portrait des éléments constitutifs des débits de boissons. De façon générale les aspects abordés ici relèvent d’une socio histoire, de la matérialité pourrait-on dire des débits de boissons. Les arbitrages ont été parfois difficiles tant la tentation de continuer à poursuivre certains travaux est grande. Ce sera l’exercice le plus exigeant des prochains chapitres, rester concis.

Il n’existe pas de cadrage théorique sur les débits de boissons, il reste à créer. Plusieurs raisons à cela, la première dont on perçoit la teneur à la lecture du précédent paragraphe, c’est que le propos est vaste ! Il existe bien des façons d’approcher le sujet pour celui qui se mettra en quête de complétude. Les thèmes sont divers, chacun assez dense. Les débits de boissons sont plus à percevoir comme un sujet, que comme un champ disciplinaire, nous l’avons déjà évoqué. Nous y avons observé plusieurs points appartenant à des champs spécifiques. Cette partie questionne les façons dont les débits de boissons s’inscrivent dans notre société et dont ils sont utilisés. Car il existe un écrin aux sociabilités qui y ont cours. Cet écrin est composé de façons de percevoir et d’a priori sur les cafés, les bars, ou autres, à travers le mot qui les qualifie, les images qu’on leur assigne, de phénomènes d’attraction ou d’évitement parfois de répulsions. Parfois adorés, parfois désignés comme responsables de certains maux de société, les débits de boissons portent avec eux une longue histoire et les pratiques en cours ne se sont pas construites « ex nihilo ».

A l’instar d’un cadrage théorique sur un sujet particulier dont les composantes seraient l’état actuel des recherches sur celui-ci, nous avons voulu proposer les éléments principaux sur lesquels notre réflexion s’est construite.

Chapitre 1 : Lexique du débit de boisson

Une de nos premières interrogations s’est portée sur les nombreuses désignations relatives à notre objet de recherche. Saisi par la pluralité des termes relatifs aux débits de boissons, des tripots aux troquets, des bistrots aux bars, un questionnement est apparu dès la genèse de notre travail sur les moyens de les différencier autant que sur les spécificités auxquelles renvoient ces différents termes. En discutant, en observant autour de nous, « bars », « troquets » et autres « cafés » s’inscrivaient sur les devantures, apparaissaient dans les discours. Quels sont les arbitrages qui les sous-tendent cette variété terminologique où la justifie ? Cette diversité nous invite à réfléchir et à interroger la définition du lieu ; à travers ces différents exemples se réfère-t-on à la même idée ? Faisons-nous référence aux mêmes assignations symboliques ou fonctionnelles que l’on prête à ces établissements ? Si la réponse est négative, alors il faut justifier de différences significatives qui nous permettent de dissocier les lieux selon les mots, en revanche si la réponse est positive, il est intéressant de comprendre pourquoi une telle variété de termes est en usage.

Il est légitime de s’interroger sur cette pluralité et ce qu’elle signifie : Peut-on observer dans les bars le même environnement que dans un café ? Les interactions, les échanges qui ont cours dans une brasserie se retrouvent-ils au PMU ? Les habitués qui nous parlent de leur « troc », évoquent-ils la même chose que ceux qui vont au

bistrot ? Parle-t-on ici de la même chose quel que soit le mot choisi pour désigner

l’objet ? Ces questions ont engendré une réflexion sociologique sur la désignation des débits de boissons. Ce questionnement procède d’un travail de déconstruction de l’objet, en départissant celui-ci du sens commun. Plus précisément en reconstruisant les étapes qui, à travers chaque désignation, ont nourri un imaginaire collectif.

Les terminologies nombreuses et les emplois de celles-ci variant d’une personne à l’autre témoignent de la passion, de l’attachement qu’il suscite. Les termes à disposition sont divers, fleuris et renvoient à des représentations diverses. Les noms donnés puisent leur source dans des bases historiques (les tavernes, les cafés), des influences étrangères (les bistrots, les bars) et du vocabulaire plus familier (les Winstub, les troquets).

Le mot est notre premier contact, notre premier rapport à l’idée, donc la première chose que nous devons étudier pour circonscrire notre sujet. Ici plusieurs mots, plusieurs appellations désignent un même type de lieu. L’intérêt porté au lexique et à la sémantique permet d’éviter certains amalgames et ainsi de mieux comprendre à travers ces mots, l’usage qui en est fait.Ce travail nous donne la possibilité par la suite de se référer à chacun des termes que nous allons aborder, ou que nous allons citer à partir des entretiens, armé de connaissances et d’un regard sur ces différents usages.