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CHAPITRE 4 : PLAISIR ET MOTIVATION : PERSPECTIVE DE LA PSYCHOLOGIE DU

2. Résumé de quelques théories reliant le phénomène du plaisir avec celui de la motivation

2.3. Présentation du modèle de Deci et Ryan

La théorie d’autodétermination proposée par Deci et Ryan (1985), vise à expliquer la motivation humaine à partir de la théorie humaniste, affirmant que l’humain peut agir sur son environnement et que ses actions sont le résultat de sa propre volonté. À l’opposé de la considération métathéorique déterministe qui postule que l’humain est passif et poussé à l’action par ses instincts (Freud), ses drives (Hull), ou le conditionnement opérant (Skinner)202, Deci et Ryan se trouvent parmi les chercheurs qui affirment que l’humain cherche continuellement à s’améliorer, dans le but de maîtriser son environnement pour son bien-être203. Selon ces auteurs, les

besoins fondamentaux de l’humain, associés à la motivation humaine, constituent son sentiment de compétence et d’autodétermination. Son sentiment de compétence fait référence au besoin inné chez l’humain de se sentir efficace lors des interactions visant à maîtriser son environnement204. Son sentiment d’autodétermination fait

référence au besoin inné de se percevoir comme la principale cause de ses actions205. Pour avoir le sentiment d’être autodéterminé, l’humain doit se sentir la liberté de pouvoir faire un choix parmi les différents comportements possibles dans sa vie. Par exemple, si un individu perçoit qu’il n’a aucune maîtrise de ses actions dans une situation précise, il ressent que sa liberté est brimée. En conséquence, il perdra sa motivation reliée à cette situation. En revanche, selon Deci et Ryan (1985), l’humain garde sa motivation pour ce même comportement, même s’il choisit de céder le

201 COX, R.H., op. cit., p. 27.

202 VALLERAND, R. J. et F.L. ROUSSEAU, « Intrinsic and extrinsic motivation in sport and

exercise: A review using the hierarchical model of intrinsic and extrinsic motivation », tiré de R. N. Singer, H. A. Hausenblas et C. Janelle (Éd.), Handbook of sport psychology, (2nd ed.), New York,

Wiley, 2001, p. 389.

203 PELLETIER, L.G. et R.J. VALLERAND, op. cit., p. 244. 204 Ibid., p. 247.

contrôle à une autre personne, à condition qu’il évalue que la perte de contrôle est plus avantageuse pour lui et qu’il cède ce contrôle librement206.

Deci et Ryan (1985) conceptualise l’existence de différents types de motivation humaine : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation (Figure 5).

Figure 5. Le continuum d'autodétermination et les différents types de motivation

Adapté de Cox (2005)207

Amotivation

l---La motivation non autodéterminée---l---La motivation autodéterminée---l AMOTIVATION Introjectée Externe Identifiée MOTIVATION INTRINSÈQUE Connaissance Performance Stimulation Intégrée LE CONTINUUM D’AUTODÉTERMINATION La régulation MOTIVATION EXTRINSÈQUE

Dans des termes plus concrets, la motivation intrinsèque implique que l’individu pratique une activité parce qu’il en retire du plaisir et une certaine satisfaction208. En conséquence, elle est considérée comme une motivation

autodéterminée. La personne choisit librement de participer à l’activité.

La motivation extrinsèque survient lorsque l’individu tente d’obtenir quelque chose en échange de la pratique de l’activité209. Deci et Ryan ont classé quatre types

de motivation extrinsèque sur un continuum : la régulation intégrée, la régulation identifiée, la régulation introjectée et la régulation externe. Par ordre décroissant, chaque type est caractérisé par une diminution de l’autodétermination. Avec de moins

206 Ibid., p. 252.

207 COX, R.H., op. cit., p. 70. 208 Ibid., p. 255.

en moins de choix et une plus grande perception de contrôle venant de l’extérieur de l’individu, l’humain est moins motivé et retire moins de plaisirs dans ses actions.

Enfin, l’amotivation est la forme de motivation la moins autodéterminée. Dans ce cas, l’individu ne perçoit aucun lien entre ses actions et les résultats obtenus210.

Ses choix de comportement semblent n’avoir aucune influence sur son environnement.

Ce qui suit représente des exemples concrets de chacun des types de motivation à partir du domaine du sport :

- Un individu est intrinsèquement motivé lors d’une situation où « il se rend à la patinoire du coin parce qu’il aime la sensation de liberté lorsqu’il se déplace sur la glace211 »;

- Une personne est extrinsèquement motivée par régulation intégrée lorsqu’elle choisit de rester à la maison le vendredi soir, au lieu de sortir avec ses amis, afin d’être en meilleure forme pour son match du lendemain.

La motivation intrinsèque et la motivation par régulation intégrée font partie de la motivation autodéterminée (Figure 5).

Les exemples suivants illustrent la motivation non autodéterminée.

- Une personne est extrinsèquement motivée par régulation identifiée lorsqu’elle « décide de pratiquer le hockey parce que cela l’aidera plus tard à devenir entraineur dans cette discipline212 »;

- Une personne est extrinsèquement motivée par régulation introjectée quand elle pense qu’il faut absolument faire du sport pour être en forme;

- Un jeune est extrinsèquement motivé par régulation externe quand il décide de pratiquer le hockey pour plaire à ses parents, parce que cela lui permettra peut-être plus tard de gagner sa vie213;

210 Ibid., p. 256.

211 PICHÉ, S., Précurseurs motivationnels des performances sportive et scolaire, Mémoire de maîtrise

non publié, Université Laval, Mémoire de maîtrise non publié, Ste-Foy, 2003, consulté le 10 mars 2008 sur [http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/files/91b17304-26e6-46aa-af0d-

289e611b2162/20726.html].

- Enfin, une personne expérimente l’amotivation quand elle ne sait pas pourquoi elle pratique un sport ou quand elle a l’impression qu’il est inutile de continuer à faire du sport, mais qu’elle continue à le pratiquer pour plaire à ses parents.

Deci et Ryan ont aussi proposé une explication décrivant le processus du changement de l’état motivationnel chez l’humain : d’une part, l’augmentation de sa motivation intrinsèque, d’autre part, la diminution de cette motivation et son remplacement par une motivation extrinsèque214. Selon leur théorie de l’évaluation cognitive, appliquée au domaine du sport, plusieurs facteurs issus de l’environnement social d’un individu exercent une influence sur son sentiment de compétence et d’autonomie : le succès et l’échec, la compétition et la coopération, et le comportement des entraineurs215. Plus les sentiments d’autodétermination et de compétence sont expérimentés par le sportif à travers ces facteurs sociaux, plus le sportif sera motivé de manière intrinsèque et participera à son activité pour le plaisir et la satisfaction.

2.4. Présentation de la théorie intégrée des motivations intrinsèque et