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Présentation des différentes méthodes

PARTIE I. LE CHOIX DE L’ACV COMME METHODE D’EVALUATION

II. LES IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT ET LEURS METHODES

3/ LES METHODES D’EVALUATION ENVIRONNEMENTALE

3.1/ Présentation des différentes méthodes

• Analyse du besoin énergétique (ABE)

L’ABE est utilisée pour quantifier la consommation des énergies non renouvelables dans une

approche de type cycle de vie. Cet outil a été développé pour l'optimisation de la

consommation énergétique des procédés. La consommation énergétique est liée à la pollution

environnementale par l'utilisation de l'énergie. Comme l’ABMP (voir ci-dessous), l’ABE

mesure la consommation énergétique d'un système pour aboutir à une valeur en joule, la plus

faible étant considérée comme la plus économique et la plus écologique.

L’ABE est utilisée pour quantifier les consommations énergétiques de services et de produits

et pour l'optimisation et l'économie d'énergie [WRISBERG, 2002].

• Analyse des besoins en matières premières (ABMP)

Elle quantifie les flux de matières premières nécessaires pour un produit ou un service.

Comme l’ABE, elle ne s'intéresse pas directement aux impacts environnementaux mais

quantifie l'extraction des ressources et s’intéresse au devenir des matières premières

transformées en déchets ou en émission. Les systèmes les moins consommateurs de

ressources sont considérés comme les moins polluants. Cinq catégories de ressources sont

différenciées : ressource non renouvelable, ressource renouvelable, modification du sol,

ressource en eau, utilisation de l’air.

L’ABMP s'est développée au début dés années 1990. Elle est parfois utilisée comme une

ACV simplifiée ne traitant que des matières premières et leur destinée [WRISBERG, 2002].

• L’analyse de coût-bénéfice (ACB)

L’ACB est un système d’aide à la décision pour le choix et l’amélioration de projets ou de

nouvelles technologies. Comme son nom l’indique, il se base sur les coûts engendrés par un

système. Cet outil a été développé pour compléter l’analyse économique qui ne se base que

sur les principes du marché (achat, vente, rentabilité d’un service ou d’un produit). Il

considère entre autres les impacts environnementaux : les dommages causés à l'homme ou à la

nature par les émissions polluantes du système étudié sont quantifiés par le coût financier

qu'ils engendrent [HOLLAND, 2004].

Cette analyse de coût veut contrebalancer les études économiques qui ne tiennent compte que

de la rentabilité d'un produit ou d'un service en y intégrant ce que paye la société (actuelle et à

venir) pour la protection de la santé, la réhabilitation des écosystèmes…

Une fusion de l’ACB et de l'ACV a donné un nouvel outil: le Coût du Cycle de vie (CCV).

Cette méthode pondère les impacts environnementaux du cycle de vie d'un système en leur

attribuant un coût monétaire.

L'avantage de cette méthode réside dans la facilité de communiquer les résultats : le poids des

impacts environnementaux est rendu perceptible grâce à l'unité employée, le coût financier,

très significative pour les décideurs. Cependant l’ACB est sujette à l'imprécision et à la

subjectivité des hypothèses et des modèles de calcul. Elle nécessite beaucoup de données

[PHILPOTT, 2002].

• L’analyse de cycle de vie (ACV)

L'ACV réalise un bilan détaillé et quantitatif des entrées et des sorties mesurées aux frontières

d'un système, produit ou service remplissant une fonction donnée. Chaque étape du cycle de

vie d'un produit consomme de l'énergie et des ressources non renouvelables et génère un

certain nombre d'impacts au niveau global (réchauffement planétaire, destruction de la couche

d'ozone), régional (acidification et eutrophisation des cours d'eau, brouillard) et local

(impacts toxicologiques et écotoxicologiques). Le cycle de vie comprend les étapes de

fabrication, d'utilisation, d’élimination d'un produit ou d’un service. Pour chacune de ces

étapes, il faut recenser les flux de matières et d'énergie. Puis les impacts environnementaux

potentiels sont quantifiés sur l’ensemble du cycle de vie.

L'ACV s'est énormément développée depuis les années 1990 et a séduit de nombreux

scientifiques et décideurs. De nouvelles méthodologies, bases de données et logiciels ont

rapidement vu le jour. Cette méthodologie, universellement reconnue, est décrite par la série

de normes ISO 14040 [WRISBERG, 2002].

Le point fort de l'approche cycle de vie est la vision exhaustive et globale de la relation entre

l'environnement et le système étudié là où d'autres outils se limitent à un site, un impact

environnemental ou à une étape du cycle de vie.

Les inconvénients de l'ACV résident dans la grande quantité de données nécessaires et dans

l’estimation des impacts. En effet, l’approche globale ne tenant pas compte des aspects

locaux, elle ne peut calculer des impacts réels mais seulement des impacts potentiels

[GUINEE, 2002].

• L’analyse des entrants / sortants (AES)

Méthode américaine apparue dans les années 1930, l’AES comptabilise les flux de produits et

services à l'intérieur d'une activité économique afin de montrer les liens entre producteurs et

consommateurs et l'interdépendance des différents secteurs industriels.

Un des principes de base de l’AES est la distinction entre la demande de produits et de

services vendus comme demande finale et la demande totale. La demande totale est la somme

de la demande finale et de la demande intermédiaire. Par exemple peu de fer ou d'acier sont

vendus directement au grand public (demande finale) mais une grande quantité est vendue

comme matériaux de produits manufacturés (voitures, machines…). Ils répondent dans ce cas

à une demande intermédiaire.

En reliant les flux des différents secteurs de l'activité économique par des lois linéaires, on

établit la relation entre un secteur industriel et la demande finale (consommation domestique,

export…). Outil économique à l’origine, l'AES a été adaptée aux problèmes

environnementaux[WRISBERG, 2002].

• L’analyse de risque environnemental (ARE)

Ce type d'étude est lié à la probabilité qu'un événement (accident, défaillance, dépassement

d'un seuil interdit…) se réalise. Le risque rassemble deux notions:

- la gravité, qui est l'effet toxique ou polluant d'un élément lorsque certaines

conditions sont rassemblées,

- la probabilité que ces conditions soient effectives.

L'analyse de risque distingue deux cibles : la santé humaine, parfois limitée aux problèmes de

sécurité, et l'environnement. De même, on peut identifier deux types de risques [GUINEE,

2002]:

- les risques accidentels : ils évaluent les scénarios où un événement ayant un impact très

nocif sur l'homme ou l'environnement a une faible probabilité de se produire. Ce genre

d'étude est spécifique d'un site. La directive SEVESO oblige depuis 1982 les Etats

Européens à classer leurs sites industriels en fonction des risques qu'ils présentent

[Directive UE, 1982]. On peut faire une analyse de risque portant uniquement sur la

santé humaine ou une analyse plus complète intégrant les risques écologiques.

- les risques toxiques : ils concernent les effets des opérations industrielles routinières

peu dangereuses. Il existe les analyses spécifiques d'un site ou d'une activité : l'impact

qui peut découler d'émissions régulières de substances est étudié et l'on regarde le

risque de dépassement d'une norme ou de la dégradation de l'environnement entourant

le site.

D'autres analyses de risque sont spécifiques d'une substance ou d'un groupe de substances :

elles sont valables pour un pays ou un territoire donné. Les risques sont évalués sur les

utilisations les plus courantes de la substance dans la zone géographique définie. Cette

analyse de risque permet de définir des politiques de gestion ou de réduction de produits

chimiques [WRISBERG, 2002].

• L’étude d'impact environnemental (EIE)

C'est un des outils environnementaux les plus utilisés. Il répertorie et identifie les

conséquences d'un projet sur l'environnement pour un lieu géographique donné (usine,

station…). Il est utilisé en aide à la décision. Bien que les règles varient selon les pays,

certains aspects sont toujours traités :

- calcul des impacts sociaux, économiques et environnementaux,

- prise en compte des aspects non quantifiables (sociaux, politiques, psychologiques,

légaux…),

L'étude en elle-même consiste en une sorte de dissertation jugeant les impacts d'un site à la

fois à partir des mesures, des analyses et par une réflexion basée sur les éléments non

quantifiables. Ces études sont assez longues. En aide à la décision, les responsables prennent

souvent des conseils oraux, les rapports d'étude servant d'archives [BOWERS, 1997].

L'EIE peut faire appel à d'autres outils d'évaluation environnementale comme des analyses de

risque, des ACV… Elle permet une évaluation environnementale précise mais se limite à un

site. Il est impossible de mener ce genre d'étude pour un produit ou un service [GUINEE,

2002].

• Inventaire des flux de matières/substances (IFMS)

Cette méthode considère un type de matériel, une substance ou un groupe de substances dans

une zone géographique donnée (planète, pays, région). L'intérêt est de connaître les flux, les

sources et la destination de l'élément étudié aux frontières et à l'intérieur de la zone

considérée. L’IFMS s'intéresse autant aux flux économiques qu'aux flux environnementaux

(issus ou rejetés dans l'environnement). En revanche il ne considère que les flux et non leurs

impacts éventuels. Cet outil satisfait deux objectifs:

- le recensement d'un flux suite au besoin de mieux connaître une substance, comme un

polluant particulier.

- l’identification du poids environnemental d'un polluant sur une zone géographique

donnée ou pour un secteur économique (par exemple : rejet en CO

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de l'industrie

• Le système de management environnemental (SME)

Les SME ont été mis en place pour améliorer les performances environnementales d'activité

ou de systèmes économiques. Ils sont certifiés par la série de normes ISO 14000. Les

entreprises, les services ou les produits peuvent être certifiés [ISO 14001, 1996].

Différentes raisons motivent les entreprises pour rentrer dans une politique de management

environnemental :

- satisfaire les exigences des clients,

- réduire les coûts par économie d'énergie ou de matières premières,

- structurer une politique interne d'amélioration de l'entreprise pour répondre aux

exigences des autorités veillant au respect de la santé et de l'environnement.

- amélioration de l'image de marque,

L'application d'un SME est une activité continue au sein de l'entreprise. Des engagements sont

pris par l'entreprise afin de limiter la pollution. Des méthodes analytiques permettent d'évaluer

les performances environnementales. Des audits internes et externes contrôlent le respect des

règles, les audits externes décidant de maintenir ou de supprimer la certification ISO.

En tant que système de gestion, les SME permettent une évaluation environnementale

permanente et améliorent la transparence de l’entreprise [GUINEE, 2002].