PARTIE I. LE CHOIX DE L’ACV COMME METHODE D’EVALUATION
I. LES SYSTEMES D’ASSAINISSEMENT
3/ LA REGLEMENTATION POUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
L’ENVIRONNEMENT
La législation est un outil puissant pour organiser et réguler la société. En ce qui concerne la
pollution par les eaux usées et la protection de l’environnement, il est intéressant de connaître
la position de la législation pour cibler l’intérêt d’un outil d’évaluation environnementale.
La sensibilité des milieux naturels à la pollution des eaux usées a depuis longtemps été
expérimentée dans l’histoire des hommes, avec pour conséquences directes la dégradation des
ressources en eau et des dommages gravissimes, d’abord sur la santé des populations, puis sur
les écosystèmes. En France, jusqu’à la moitié du XX°s., la législation sur l’eau porte
essentiellement sur des mesures de protection sanitaire, d’organisation de la ressource et de
distribution de l’eau. La législation française sur l’eau s’est profondément réorganisée à partir
de 1960. Elle commence alors à intégrer dans ses textes des dispositions pour la lutte contre la
pollution et la protection de l’environnement [LORIFERNE, 1987].
Les usages de l’eau sont variés : navigation, production hydroélectrique, irrigation,
alimentation en eau potable, rejets d’eaux industrielles ou urbaines… La réglementation sur
l’eau est par conséquent fractionnée en plusieurs textes : code rural, code de la santé, code de
l’urbanisme, loi sur l’eau… Les lois sur l’eau de 1964 [Loi sur l’eau, 1964] puis de 1992 [Loi
l’ensemble des textes qui s’y réfèrent. En terme de protection de l’environnement, elles ont
fixé des objectifs de qualité des cours d’eau permettant de fixer des niveaux de traitement
pour les rejets. La loi de 1992 améliore celle de 1964 notamment par la définition de zones
sensibles visant à réduire la pollution azotée et phosphorée, et par la prise en compte
réglementaire des rejets par temps de pluie. Forte de cinquante années d’expérience, la
réglementation européenne sur l’eau ne cesse de s’affiner. Ainsi, avec la nouvelle directive
cadre, les milieux naturels deviennent le cœur des préoccupations puisque la législation ne se
basera plus sur des valeurs de rejets mais impose « un bon état écologique et chimique des
eaux de surface et des eaux souterraines » [Directive UE, 2000]. Cependant si la dernière
directive européenne donne une description de ce qu’est un bon état écologique de l’eau par
une liste de critères physico-chimiques et biologiques, elle ne donne pas les méthodes et les
indicateurs pour les évaluer.
Parallèlement à ces lois qui se concentrent sur la pollution des cours d’eau, la loi relative à la
protection de la nature impose de justifier et de minimiser, par une étude d’impacts, les
conséquences d’un projet de construction sur l’environnement et la santé [Loi sur la
protection de la nature, 1976]. L’arrêté du 21 juin 1996 oblige le maître d’ouvrage à
construire une station qui « minimise l'émission d'odeurs, de bruits ou de vibrations
mécaniques susceptibles de compromettre la santé et la sécurité du voisinage et de constituer
une gêne pour sa tranquillité» [Arrêté sur la construction des STEP, 1996]. La réglementation
intègre donc les nuisances mais aucun engagement chiffré en terme de seuil olfactif ou auditif
n’est imposé. L’épandage des boues d’épuration est aussi réglementé par l’arrêté du 8 janvier
1998, qui fixe des seuils en éléments traces métalliques et organiques et organise les plans
d’épandage [Arrêté sur l’épandage des boues, 1998]. Une directive européenne sur le sol est
en cours d’élaboration avec le même esprit que celle de l’eau : imposer une bonne qualité du
sol au lieu de légiférer sur des limites de concentration des polluants. Enfin l’Union
Européenne a ratifié le protocole de Kyoto qui impose à 38 pays industrialisés de contrôler et
de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Le traitement des eaux usées est inclus
dans la liste des secteurs d’activités du protocole [Décision UE, 2002].
Ainsi, la protection de l’environnement vis à vis des systèmes d’assainissement est abordée de
manière éclatée en plusieurs réglementations, avec de plus en plus une vision de protection
des milieux naturels. En revanche, aucun texte de loi n’impose de construire, à un niveau
technico-économique acceptable, une station qui réduise l’ensemble des impacts
environnementaux. C’est pourtant ce qui est préconisé par le principe du développement
durable.
Par conséquence, le développement d’un outil d’évaluation environnementale s’avère à la fois
nécessaire pour identifier les systèmes capables de satisfaire l’ensemble des réglementations
de protection de l’environnement, et complémentaire à la législation pour intégrer, dans une
perspective de développement durable, l’ensemble des impacts environnementaux, y compris
ceux qui ne sont pas abordés par la législation. Actuellement, la sélection de la filière de
traitement des eaux usées est laissée au choix du maître d’ouvrage, qui doit garantir les seuils
de rejets imposés pour l’eau, les boues et réduire les nuisances. En revanche aucune loi
n’impose de choisir la meilleure filière du point de vue environnemental, par exemple celle
qui, parmi les filières satisfaisants à l’ensemble des exigences réglementaires, consommerait
le moins d’énergie et/ou génèrerait le moins de déchets et/ou valoriserait les sous-produits. Le
développement d’un outil d’évaluation environnementale permettrait de combler cette lacune
en fournissant aux décideurs un outil d’aide à la décision.
La présentation du secteur de l’assainissement a montré une technicité complexe. La diversité
des technologies utilisées et des stratégies d’assainissement envisageables ne simplifie pas la
tâche de ceux qui souhaitent identifier quelles sont les solutions d’avenir pour une meilleure
protection de l’environnement. Pour répondre à cette question, le recours à un outil
d’évaluation des performances environnementales des filières de traitement des eaux usées
semble incontournable. Cet outil pourrait être utile en tant qu’outil d’aide à la décision, par
exemple pour comparer différentes solutions techniques dans le but d’identifier sur un projet
la filière la plus écologique. En terme de protection de l’environnement, le seul repère pour
les responsables est la législation. Celle-ci ne donne pas une vision globale sur les
performances environnementales des solutions techniques proposées lors d’un projet. Cet
outil serait donc complémentaire à la législation en tant que moyen de connaissance des
filières et d’aide à la décision.
Après avoir présenté les systèmes d’épuration des eaux, nous pouvons décrire les problèmes
environnementaux que pourraient causer les procédés de traitement. Une présentation des
outils d’évaluation des impacts environnementaux suivra. Le chapitre suivant nous permettra
ainsi de sélectionner l’outil d’évaluation environnementale le plus adapté pour étudier les
impacts environnementaux des procédés de traitement des eaux.
II. LES IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT ET LEURS
Dans le document
Analyse de cycle de vie appliquée aux systèmes de traitement des eaux usées
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