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Présentation de la recherche et des hypothèses théoriques

Dans le document Le comportement non-verbal en négociation (Page 22-26)

En vue de la littérature théorique et empirique, il a été démontré à de maintes reprises que différents types d’informations pouvaient être retirés des expressions faciales, notamment concernant les états émotionnels, les évaluations, ou encore les préférences d’un individu (De Melo et al., 2013 ; Ekman, 1993 ; Ekman & Friesen, 2010 ; Izard, 1994 ; Scherer, 2011 ; Scherer & Mortillaro, 2018 ; Van Kleef, 2009). Il a également été relevé l’importance des émotions dans la régulation des interactions, avec un impact plus favorable des émotions positives ( Mehu & Dunbar, 2002 ; Morris et Keltner, 2000 ; Olekalns & Druckman, 2012 ; Pietroni et al., 2008 ; Shapiro & Fischer, 2005 ; Shiota et al., 2004 ; Van Kleef, 2009). Dans la présente étude, un premier objectif est alors d’explorer si les signaux du visage nous permettent d’obtenir des informations précises dans un contexte de négociation concernant les résultats obtenus par le négociateur d’une part, et concernant la sympathie ressentie par l’adversaire d’autre part. En effet, ce que recherche un négociateur est avant tout d’obtenir des avantages pour soi-même (Culo & Skendrovic, 2012), par conséquent : est-ce qu’un observateur externe serait capable de reconnaître s’il a réussi ou non à maximiser ses points ? Plus spécifiquement, il s’agit d’explorer si les signaux du visage nous permettent d’estimer correctement le nombre de points acquis par le négociateur en termes de gain ou de perte, puis d’estimer à quel point il a été jugé comme sympathique ou non par son adversaire.

D’autres études ont relevé l’importance des compétences émotionnelles dans le décodage et l’interprétation des indices relevés sur les expressions faciales (Austin, 2005 ; Curhan & Mueller, 2006 ; Edgar et al. 2012 ; Jacob et al., 2013 ; Kim et al., 2015 ; Schlegel et al., 2018 ;). L’objectif principal de ces recherches était d’explorer ce lien dans l’interaction en cours directement pour évaluer l’impact sur les interprétations mais aussi sur la manière de réguler une interaction (Curhan & Mueller, 2006). Dans la présente étude, un deuxième objectif est ainsi d’explorer le même lien, mais pour un observateur externe à l’interaction afin de voir si ses propres compétences émotionnelles lui permettent de faire des estimations correctes sur les résultats de la négociation.

22 Quand on parle des compétences émotionnelles, nous nous référons aux sous-dimensions de l’intelligence émotionnelle selon le modèle de Mayer et Salovey (1990) dans sa version présentée dans le GECo (Schlegel & Mortillaro, 2018). Le troisième objectif de cette étude est d’évaluer la valeur prédictive de chacun des sous-tests du GECo dans l’idée de rejoindre les résultats trouvés par Schlegel et al. (2018), notamment avec une valeur prédictive plus élevée pour la compétence de reconnaissance des émotions.

Pour terminer, il est souvent relevé la tendance des individus à faire de mauvaises auto-évaluations de leur véritable performance (Brackett et al., 2006 ; Dunning et al., 2003). De ce fait, nous souhaiterions évaluer dans quelle mesure la relation entre l’auto-évaluation de l’observateur sur ses propres estimations et la précision de celles-ci tant sur la performance que sur la sympathie est expliquée par les compétences émotionnelles. Plus spécifiquement, il s’agit d’explorer si le score total au GECo est un médiateur du lien entre l’auto-évaluation et les scores réels obtenus en négociation.

Objectif de recherche 1

Explorer si les indices faciaux présents dans les vidéos permettent à un observateur externe d’estimer correctement le nombre de points obtenus par un négociateur en termes de gain ou de perte ainsi que d’estimer la sympathie de l’adversaire.

Hypothèse 1.1 : Il y a un lien significatif (corrélation) entre les estimations de la performance et les scores réels de performance obtenus par les négociateurs :

Hypothèse 1.2 : Il y a un lien significatif (corrélation) entre les estimations de la sympathie et les scores réels de sympathie évalués par l’adversaire :

Figure 1. Représentation de l’effet attendu entre les estimations de la performance et les scores réels obtenus.

Figure 2. Représentation de l’effet attendu entre les estimations de la sympathie et les scores réels obtenus.

Estimations de la performance

Estimations de la sympathie

23 Objectif de recherche 2

Évaluer l’impact des compétences émotionnelles sur la capacité d’estimation de la performance du négociateur d’une part, et d’autre part, sur la capacité d’estimation de la sympathie de l’adversaire.

Hypothèse 2.1 : Un niveau élevé de compétence émotionnelle prédit un meilleur score de précision des estimations tant pour la performance que pour la sympathie. Plus spécifiquement nous nous attentons à ce qu’un score total de compétence émotionnelle élevé prédise une précision des estimations de la performance plus petite1 :

Hypothèse 2.2 : Un score total de compétence émotionnelle élevé prédit une précision des estimations de la sympathie plus petite :

Objectif de recherche 3

Évaluer la valeur prédictive de chacun des sous-tests sur la précision des estimations de la performance et sur la précision des estimations de la sympathie.

Hypothèse H3.1 : Chaque sous-test permet de prédire conséquemment la précision des estimations de la performance, mais celui de la reconnaissance des émotions a une valeur prédictive plus élevée que les autres sous-tests.

1 Le calcul des scores de précision des estimations de la performance et de la sympathie sont expliqués dans la Partie 5. Plus la précision est proche de 0 meilleure elle est.

Figure 3. Représentation de l’effet attendu entre le score total obtenu au GECo et la précision des estimations de la performance.

Figure 4. Représentation de l’effet attendu entre le score total obtenu au GECo et la précision des estimations de la sympathie.

24 Hypothèse H3.2 : Chaque sous-test permet de prédire conséquemment la précision des estimations de la sympathie, mais celui de la reconnaissance des émotions a une valeur prédictive plus élevée que les autres sous-tests.

Objectif de recherche 4

Évaluer dans quelle mesure la relation entre l’auto-évaluation de l’observateur sur ses propres estimations et la précision des estimations est expliquée par ses compétences émotionnelles.

Plus spécifiquement, explorer si le score total au GECo est un médiateur du lien entre l’auto-évaluation et la précision des estimations.

Figure 5. Représentation de l’effet attendu entre les différents sous-tests du GECo et la précision des estimations de la performance.

Figure 6. Représentation de l’effet attendu entre les différents sous-tests du GECo et la précision des estimations de la sympathie.

25 Hypothèse 4.1 : La relation entre l’auto-évaluation et la précision des estimations de la performance est médiée par le score total au GECo.

Hypothèse 4.2 : La relation entre l’auto-évaluation et la précision des estimations de la sympathie est médiée par le score total au GECo.

4. Méthode

Dans le document Le comportement non-verbal en négociation (Page 22-26)

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