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L‟archipel des Comores, situé à l‟entrée septentrionale du canal de Mozambique, est naturellement composé de quatre îles au Nord-Ouest de Madagascar. Petit État insulaire en développement (PEID) indépendant depuis 1975, les Comores aujourd‟hui réunissent trois iles et continuent à réclamer la souveraineté territoriale sur la quatrième, Mayotte, restée sous administration française.

La population de l‟Union des Comores est estimée à 734 900 habitants en 201314. Le taux

d‟accroissement moyen annuel de la population est de 2.28% au cours des 10 dernières années dont une forte proportion de jeunes, les moins de 20 ans constituant 53% de la population. L'espérance de vie à la naissance est de 60,6 ans. Les femmes (50,4 % de la population) vivent plus longtemps que les hommes. Selon le rapport sur le développement humain (PNUD, 2010) du bureau régional du programme des nations unis pour le développement (PNUD) aux Comores la densité moyenne est estimée à 269 habitants /km² mais varie sensiblement d‟une île à l‟autre et à l‟intérieur des îles. Cette densité est particulièrement élevée à Anjouan posant ainsi des problèmes socio-économiques graves en particulier les fortes pressions sur les ressources naturelles et la dégradation des forêts.

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3.1.1

Situation politique et économique

La situation politique, économique et sociale est extrêmement fragilisée par les longues périodes d‟instabilité ponctuées par 21 coups d‟Etat et tentatives de coups d‟Etat depuis son indépendance en 1975. Selon le rapport annuel de la Banque Centrale des Comores (BCC, 2011) le taux de croissance du PIB s‟est légèrement amélioré, passant de 2,6% en 2010 à 3% en 2012. En même temps la dette publique, dans ce contexte d‟instabilité politique et institutionnelle permanente, a eu un impact négatif sur la capacité de l‟État à la fois à mobiliser des financements extérieurs et à honorer ses engagements financiers.

Toutefois les nombreuses actions entreprises par le gouvernement en faveur de l‟élaboration d‟un programme de réduction de la pauvreté et la régularisation des arriérés de paiements de salaire aux fonctionnaires ont énormément aidé le pays à franchir le point d‟achèvement du programme du Fond Monétaire International (FMI) concernant l‟initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE) en décembre 2012. Ce qui a ouvert la voie à de plus importants financements extérieurs et par conséquent des perspectives nouvelles pour le pays. Il s‟agit donc d‟un contexte économique difficile mais qui évolue favorablement qui se distingue par un important retard en termes de développement humain.

3.1.2

Le niveau de développement humain

Les Comores sont classées parmi les pays les plus pauvres du monde en termes de revenu par tête et en termes d‟indicateurs de bien-être. Le programme des nations unis pour le développement (PNUD), dans son classement mondial en termes de développement humains des pays, place les Comores parmi les pays à « développement humain faible ».

En effet, l‟indice de développement humain (IDH)15 des Comores reste l‟un des plus faibles

puisque le pays occupe en 2011 le 163e rang sur 185 pays avec un indice de développement humain de 0.433 et en 2013 elles passent au 159e rang sur 185 pays avec un indice de 0,488 (PNUD, 2014).

Les conditions de vie de la population aux Comores ne sont pas satisfaisantes. Néanmoins, elles s‟améliorent ces dernières années très timidement. L‟évolution positive de l‟indicateur

15 IDH C‟est un indice synthétique établi par le PNUD et qui représente la moyenne arithmétique des trois indices dimensionnels suivants: (1) l‟indice de l‟espérance de vie à la naissance pour la dimension santé, (2) l‟indice du niveau d‟instruction qui comprend le taux d‟alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation combiné (Primaire, secondaire et supérieur),(3) l‟indice du PIB par habitant exprimé en dollars de parité de pouvoir d‟achat (PPA). L‟IDH, dont la valeur est comprise entre 0 et 1, permet de comparer les performances de développement de tous les pays du monde.

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du développement humain (IDH) depuis 2005, comme l‟illustre le graphique 1, confirme parfaitement cette tendance.

Graphique 1: Evolution de l’indice agrégé de développement humain depuis 2005

Source : Données du rapport mondial sur le développement humain 2014, PNUD

Dans son étude sur « Envois de fonds et pauvreté : le cas des Comores » Imani (2011) explique cette évolution positive de l‟IDH par le transfert des fonds des migrants comoriens qui contribue à réduire la pauvreté et améliorer les « capabilitie16 des ménages » (Imani, 2011) de par le rôle que ces transferts de fonds jouent dans l‟amélioration de l‟habitat et des biens d‟équipement et de l‟accès à l‟éducation et aux soins de santé. Il reconnait de ce fait le rôle important que la diaspora joue dans le développement économique et social du pays.

3.1.3

Importance de la diaspora dans le développement

économique et social

Les migrants comoriens sont des investisseurs incontournables pour le pays. Ils jouent aussi un rôle majeur dans le développement économique et social du pays en termes d'investissements, d'aide familiale et d'actions caritatives. Leurs transferts financiers ne cessent de croître : en 1996 ils ont transféré environ 6.4 millions d‟euros un chiffre qui a quasiment été multiplié par six pour atteindre 40 millions d‟euros de transferts financiers, dix

16 Utilisé par Amartya Sen en 1992 pour définir la pauvreté non monétaire, les « capabilities » désignent à la fois les capacités et les potentialités de chaque individu à pouvoir faire face à la pauvreté.

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ans après17. L'importance de la diaspora ne se limite pas à ses seuls moyens financiers, mais inclut aussi un rôle d‟intermédiation dans le financement des besoins essentiels de base et élémentaires.

En effet, les émigrés comoriens, installés en France surtout, sont naturellement préoccupés par la vie de leur village et leurs familles restées aux Comores. Le développement du village, est aujourd‟hui lié à leurs contributions. Les fonds mobilisés, à travers les cotisations mensuelles des membres des différentes associations de la diaspora et les recettes collectées lors d‟évènements culturels ou religieux sont destinés à soutenir des activités de développement communautaire. Ces émigrés s‟illustrent dans la prise en charge de la problématique du développement en s‟attachant à résoudre les graves problèmes dont souffrent leurs familles et les localités d‟origine par la réalisation des investissements sociaux : la construction d‟écoles, de centres de santé et des routes, l‟adduction d‟eau dans les villages. Aider sa famille restée au pays est une notion de solidarité importante qui ne les quitte jamais. C‟est une façon pour eux de maintenir un lien avec cette partie d‟eux même restée au pays. Un lien social renforcé par l‟apport des télécommunications et des technologies de l‟information et de communication.