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Je prépare et je rédige mon texte narratif

Consignes

1. Recherche les idées dont tu auras besoin pour rédiger ton texte narratif.

2. Mets de l’ordre dans tes idées.

Stratégie :

Travail individuel ; Travail de groupe ;Travail collectif

A 9h50, la surveillance fait tinter la cloche qui annonce une pause (récréation). Avant de laisser partir les élèves, elle leur demande de faire l’activité n° 3 à la maison pour qu’au prochain cours, elle puisse passer directement au travail de groupe

Le cours a duré à peu près une heure et demie

Fin de la séance d’apprentissage.

Analyse de l’observation

Résumons-nous. La leçon a débuté 8h15. L’enseignante écrit au tableau des consignes relatives à l’activité n°1. Puis elle a écrit des consignes relatives à l’activité n°2. Les élèves ont travaillé individuellement pendant 30 minutes sur l’activité n°2. Le travail individuel se termine à 8h45 et est suivi par un travail de groupe. Les échanges sur l’activité n°2 durent jusqu’à 9h15. Suit une séance plénière avec synthèse écrite au tableau par une élève. Fin de la séance plénière à 9h45. L’enseignante retranscrit au tableau les consignes pour l’activité n°3.

La sonnerie se fait entendre à 9h50. L’activité n°3 devra être réalisée à la maison.

Nous avons abordé la première observation en questionnant sa faisabilité : la leçon telle que présentée est-elle susceptible de susciter la réflexion chez l’élève et de lui permettre de nouveaux apprentissages ? Nous avons mis en évidence l’embrouillamini dans lequel l’enseignante avait plongé les élèves, et le maigre bénéfice qui en avait résulté : une retranscription d’informations écrites par l’enseignante au tableau. Nous nous sommes montrée très attentive aux supports, aux consignes et aux questions que l’enseignante avait conçus et mis à disposition des élèves. Dans le cadre de cette deuxième observation, nous adopterons une perspective davantage surplombante, en utilisant les critères précédemment décrits.

La tâche qui est placée au cœur de la situation d’apprentissage observée dans cette classe est-elle :

- « ouverte », c’est-à-dire « susceptible d’approche différente, de solutions plurielles dont le degré d’adéquation appelle un jugement critique » ?

- «correctement contextualisée » ? - « adaptée au niveau des élèves » ?

Telle qu’énoncée – « produire un texte narratif pour sensibiliser les parents à changer de comportement » –, la tâche associée à l’activité n°2 semble en effet être de nature à susciter la réflexion chez l’élève et à lui permettre de nouveaux apprentissages.

Mais il y a, dans la consigne centrale, une chose étonnante : alors que la typologie des textes que nous avons précédemment détaillée inclut explicitement le texte « argumentatif », l’enseignante impose de rédiger un texte « narratif ».

Le texte argumentatif

C’est un type de texte dans lequel le locuteur cherche à convaincre. Il se caractérise par : la thèse, les arguments, les illustrations, les connecteurs logiques, le présent

comme temps verbal dominant (souvent), les marques de jugement, les stratégies argumentatives, le lexique d’opinion.

Les élèves n’auraient donc pas à chercher comment convaincre, mais plutôt à raconter un fait, un événement. Devraient-ils donc illustrer le propos d’un exemple, d’une sorte de parabole, récit exemplaire d’une situation où les parents considèrent que les filles sont tenues de rester à la maison et de s’occuper des enfants ?

Le texte narratif

C’est un type de texte dans lequel le locuteur raconte un fait, un événement. Il se caractérise par la dominance des temps verbaux que sont le passé simple, l’imparfait, le présent de narration, la présence des personnages, des indicateurs de temps, le fait raconté, le cadre d’action.

Certes, l’idée de départ est contextualisée et semble adaptée au niveau des élèves : cette question n’est pas étrangère à l’environnement des apprenants ; c’est aussi un thème inscrit au programme en littérature africaine et largement abordé dans l’ouvrage retenu en apprentissage intégral (Sous l’orage, ouvrage de Seydou Badian). Mais il y a une discordance manifeste entre l’intention (sensibiliser) et le moyen (produire un texte narratif). L’enseignante a mis les apprenants sur de mauvais rails, suite à une erreur d’aiguillage…

Autre incongruité, l’énoncé de la situation de départ fait allusion à l’attitude d’un oncle, mais l’élève est invité à écrire pour faire changer le comportement de ses parents. Il serait plus opportun de s’adresser au principal intéressé plutôt qu’à la famille entière, dont on ne sait pas si elle partage l’opinion de cet oncle.

On peut raisonnablement douter de la plausibilité de la tâche imposée aux élèves : leur statut les autorise-t-il à sanctionner le comportement d’un aîné ? De quelles ressources disposent-ils pour le faire ? La production d’un texte écrit serait-elle suffisante à infléchir la position de cet oncle ?

La leçon a été largement consacrée à l’activité n°2. Les tâches assignées aux élèves ne sont pas à proprement parler ouvertes – puisqu’il s’agit de rappeler les caractéristiques d’un texte narratif – ni de nature à susciter de nouveaux apprentissages. La répétition de cette tâche durant les trois phases (travail individuel ; travail de groupe ; séance plénière) ne semble pas apporter une réelle plus-value. S’agit-il d’une phase de rappel de ce qui a été vu précédemment ? Les élèves disposent-ils dans leur cahier des informations relatives au texte narratif (voir ci-dessus) ?

Les trois dernières tâches de l’activité n° 2 invitent les élèves à mobiliser des connaissances déclaratives en linguistique. Il s’agit des notions sur les théories de la communication : les facteurs de communication et leurs fonctions. Or c’est en classe de seconde que ces notions

sont enseignées et surtout à l’université en facultés de Linguistique et des Lettres, en techniques de l’expression écrite et orale.

Nous avons observé les échanges au sein d’un des groupes. Dans ce groupe, aucune réponse n’a été trouvée. Les élèves ont discuté entre eux du clip d’un artiste bien connu, Sagbohan Danialou, qui a chanté : « Allez à l’école pour votre avenir ». Dans ce clip, Danialou invite les filles déjà scolarisées à s’accrocher à « cette chance des chances » de pouvoir aller à l’école, pour ne pas connaître le sort de leurs consœurs des zones réfractaires à l’éclosion de l’intelligentsia féminine qui deviennent vendeuses ou sont envoyées en apprentissage, ou encore mariées de force. Certains dans le groupe disaient n’avoir jamais vécu la situation et n’avaient aucun avis. Un élève du groupe, le plus bavard et certainement le meneur, a largement monopolisé la parole. Il a d’ailleurs passé tout le temps à chanter « Allez à l’école pour votre avenir », captant l’attention de ses camarades et devenant le centre de l’attention de tous.

Au-delà de l’aspect erratique des échanges au sein du groupe, il faut noter que cette chanson n’aborde pas le phénomène présenté dans la situation de départ : le refus de de l’oncle à envoyer son unique fille à l’école. Dans le clip, il est surtout question de prolonger la scolarité.

Afin d’éviter une telle dispersion des échanges, les informations retranscrites au tableau n’auraient-elles pas pu être mises d’emblée à la disposition des élèves ?

1- Les caractéristiques du texte narratif sont : - Les indicateurs de temps.

- Les temps verbaux : le présent, le passé simple, l’imparfait et le plus que parfait.

- Les différentes étapes du récit : la situation initiale, l’élément modificateur, la série d’actions et la situation finale.

2- C’est moi-même qui serai l’émetteur.

3-Ce sont les parents qui ont refusé d’envoyer leurs filles à l’école qui seront les récepteurs. Le message est d’accepter d’envoyer les filles à l’école.

4-Le moyen qui va permettre à l’émetteur de transmettre le message est l’écrit.

Fallait-il consacrer l’ensemble du cours à dégager une trame pour la rédaction du texte proprement dit ? En définitive, c’est à la maison que le cœur même de l’apprentissage sera réalisé. Et l’activité en classe s’est centrée sur la production d’un seul des groupes – le

« meilleur » –, les autres groupes ayant été laissés à eux-mêmes.

Nous pouvons enfin nous interroger sur l’adaptation du contenu au niveau des élèves. Dans le Département où s’est déroulée cette observation, l’ONG Care International Bénin a mobilisé des ONG locales sur la scolarisation et le maintien à l’école des filles, en focalisant l’action

sur les ethnies gandos et peulhes au sein desquelles le mariage précoce et forcée des filles sévit énormément.

Dans le groupe que nous avons observé, la phrase « Dans ta maison, un de tes oncles ne veut plus envoyer son unique fille à l’école » a beaucoup perturbé les élèves. Quelques-uns ont réagi en disant que ce n’était pas le cas chez eux et c’est tout. Ils n’ont plus avancé dans la réflexion.

De plus, la référence à la décision gouvernementale de consacrer la gratuité de la scolarité inscrit la problématique dans un contexte probablement méconnu des élèves en classe de troisième.

Nous pouvons à présent suggérer une alternative à la démarche mise en œuvre.

La thématique nous paraît digne d’intérêt : elle est au cœur de politiques publiques au Bénin.

Il n’y a pas de jour où les ONG citées plus haut ne dénoncent des cas de trafic d’enfants (surtout des filles), qui vont travailler dans des carrières de granite au Nigeria, le pays voisin de l’Est, ou bien le cas du grand marché international Tokpa, où un nombre indicible de filles vendent des articles à la criée, loin des classes et loin de leur famille. Les filles sont aussi employées comme domestiques, « bonnes » sur place et dans la sous-région.

Le problème posé s’inscrit donc dans l’environnement des apprenants. Mais il aurait fallu mieux cerner et surtout mieux orienter l’activité ».

Premièrement, cerner le propos, le circonscrire. En l’état, il va dans deux sens au moins : la scolarisation des filles et la gratuité de la scolarité. La gratuité de la scolarité peut être discutée : dire que l’école est gratuite au Bénin c’est faire économie de vérité. L’école est gratuite d’abord pour les établissements publics. En outre, les parents payent plus de charges qu’autrefois. Les représentants des parents d’élèves ont donné de la voix à plusieurs reprises pour manifester leur mécontentement face à cette soi-disant gratuité qui, disent-ils, n’est qu’une farce.

Deuxièmement, inscrire la démarche de composition d’un texte (quelle que soit d’ailleurs la thématique retenue : scolarisation des filles ; gratuité de la scolarité) dans une perspective d’argumentation, et non de narration.

Troisièmement, fournir aux élèves des éléments susceptibles de nourrir leur argumentation et de les amener à questionner leurs opinions ou leurs représentations initiales, par exemple un texte court présentant le phénomène de la sous-scolarisation des filles au Bénin.

Quatrièmement, assurer l’essentiel du travail en classe, de façon à accompagner les élèves dans l’apprentissage. Il ne saurait donc être question de renvoyer à la maison le travail de rédaction du texte.