• Aucun résultat trouvé

3.- La formation des enseignants du secondaire

Le programme de la formation initiale des enseignants dans les écoles normales au Bénin est composé des matières suivantes.

1. La psychopédagogie, qui est enseignée en tronc commun à tous les stagiaires, toutes disciplines confondues, par quatre professeurs d’université, issus du Département de Psychologie et des Sciences de l’éducation de l’Université d’Abomey-Calavi. Cette matière est subdivisée en quatre volets : l’éducation au service de la culture, la docimologie, la psychologie de l’enfant et la psychologie de l’adolescent.

2. La formation administrative et professionnelle, également inscrite au tronc commun.

Elle se déroule en deux sections. La première section est enseignée par un professeur des sciences de l’éducation et tourne autour des questions de déontologie. La seconde section est enseignée par un administrateur civil qui aborde les aspects professionnels de gestion administrative des carrières, de l’administration scolaire.

3. Le rapport, c’est-à-dire le mémoire rédigé par le stagiaire et soutenu à l’issue de la formation devant un jury composé d’un professeur d’université, d’un inspecteur, d’un conseiller pédagogique et ou professeur certifié. L’un des trois membres est le directeur du mémoire.

4. La didactique. Elle concerne chaque discipline : c’est la didactique spécifique. En français par exemple, elle est prise en charge par trois ou cinq inspecteurs.

5. Les techniques de l’expression écrite et orale, matière du tronc commun. Ces techniques sont enseignées par deux ou trois inspecteurs et un professeur d’université.

Elles tournent autour des théories de la communication et de la rédaction de textes argumentatifs. Cette approche a une connotation très littéraire, du moins pour ce qui concerne le volet enseigné par les inspecteurs de français.

6. L’inspection. Le stagiaire est envoyé en pratique de classe sous la tutelle d’un conseiller pédagogique ou d’un professeur certifié ayant au moins cinq années d’ancienneté, dans un établissement secondaire public, pendant trois mois. A l’issue de cette période de stage, il subit une évaluation pratique en présence d’un jury composé de trois membres : son tuteur de stage, un inspecteur du second degré et un professeur d’université, généralement un professeur de sciences de l’éducation.

7. Une évaluation par le directeur de l’établissement qui a abrité le stage. Le stagiaire est noté par le directeur de l’établissement où il fait son stage pratique. La note ne doit pas excéder 14/20. Les critères de cette évaluation ne sont pas dévoilés au candidat.

8. L’évaluation de l’encadreur. Le stagiaire est noté par son tuteur de stage. Cette note ne doit pas excéder 14/20. Les critères de cette note sont également laissés à la discrétion du tuteur.

Qui sont les enseignants chargés de la mise en œuvre de l’APC au Bénin ? On va le voir, la grande majorité d’entre eux n’a pas de formation pédagogique appropriée. Pourquoi ?

Nous pouvons distinguer quatre grands groupes d’enseignants.

Les bacheliers recrutés depuis 2010 par les Ecoles Normales Supérieures constituent le premier groupe. La réouverture des Ecoles normales avec recrutement sur concours de nouveaux bacheliers boursiers a commencé timidement en 2010 (Natitingou pour les Scientifiques) et s’est poursuivie en janvier 2011 à l’ENS de Porto-Novo pour les sciences humaines et lettres, et à l’ENSET de Lokossa, pour les cours techniques et professionnels. Il faudra donc attendre trois ans pour avoir la première vague d’enseignants qualifiés (titulaires d’un BAPES, brevet d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire, ou d’un BAPET, brevet d’aptitude au professorat de l’enseignement technique), puis cinq ans pour les professeurs certifiés (CAPES ou CAPET).

Le second groupe est celui des diplômés universitaires qui ont suivi une formation à titre payant, organisée par les ENS de Porto Novo et de Lokossa, après leur fermeture officielle en 1987. La formation initiale des enseignants au Bénin semblait alors plongée dans une profonde léthargie… ou presque. En 2000, sur proposition conjointe du Ministre de l’Enseignement Secondaire et du Recteur de l’Université Nationale du Bénin (UNB), actuelle Université d’Abomey-Calavi (UAC), des formations à titre payant ont été ouvertes. En d’autres termes, les étudiants finançaient eux-mêmes la charge de leur formation, dans l’attente d’un recrutement sur concours organisé par l’Etat. Ce recrutement n’a jamais été organisé. Cette deuxième génération pourrait être qualifiée de « génération sacrifiée ». Au total, treize promotions ont été diplômées.

Le troisième groupe est celui d’enseignants titulaires d’une maîtrise ou d’une licence qui ont été recrutés par l’Etat sur concours, sans qu’ils aient nécessairement acquis une formation pédagogique, sous le statut d’agents permanents de l’Etat. Ceux qui n’avaient pas de titre pédagogique ont pu suivre une formation prise en charge par l’Etat, et l’étaler sur une longue période.

Le quatrième groupe est celui d’enseignants « communautaires » et « vacataires ». Le manque de personnel enseignant dans le système éducatif a poussé les associations de parents d’élèves, en accord avec les chefs d’établissements, à procéder elles-mêmes à des recrutements directs. Une nouvelle « espèce » d’enseignants est née : les enseignants

« communautaires », payés par la communauté ou la direction de l’école. La gestion de

l’école publique a ainsi glissé des mains de l’Etat vers celles d’entrepreneurs privés improvisés.

A côté de ces enseignants recrutés par les parents d’élèves au sein des écoles publiques, d’autres ont été recrutés sous un contrat temporaire par l’Etat béninois : il s’agit ici des enseignants « vacataires ».

Tous ces recrutements n’ont pas suffi à absorber les besoins générés par la croissance des effectifs scolaires. Bien plus, ils ont contribué à la dégradation du niveau de qualification du personnel enseignant. En 1995, 87,6% des enseignants béninois étaient qualifiés contre 51,5%

en 2002. Près de neuf enseignants sur dix n’ont aucune formation pédagogique initiale ; ils n’ont pas suivi le cursus organisé par les écoles normales. Certains d’entre eux sont titulaires du seul BEPC, diplôme sanctionnant la fin du premier cycle du secondaire ; d’autres ont obtenu un baccalauréat. Parfois, ces enseignants ont passé quelques années à l’Université ; dans le meilleur des cas, ils ont décroché un diplôme académique, mais qui n’est pas approprié à l’enseignement.

Dans le cas de l’enseignement du français, les titulaires du diplôme de référence (Lettres Modernes ou linguistique) sont loin d’être les seuls enseignants en charge de cette matière.

BAC

DUEL

Licence

Certfcat de M aîtrise

Maîtrise en Sociologie

Maîtrise en Droit Maîtrise en Letre M

oderne

DEA en Letre M oderne

Comme l’indique la figure ci-dessus30, les titulaires d’une maîtrise ou d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en Lettres Modernes qui sont les spécialistes de l’enseignement du français ne représentent que 7,6% de l’effectif des enseignants du français du Bénin. 65,30%

des enseignants du secondaire ont un niveau inférieur à la maîtrise. 80% des enseignants n’ont reçu aucune formation professionnelle dans l’enseignement. 14,4% ont obtenu le CAPES et 3,8% ont obtenu le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement du Français Langue Etrangère (CAEFLE). Ce dernier diplôme n’est presque pas connu des enseignants de français au Bénin, car il concerne ceux parmi eux qui désirent enseigner le français aux non-francophones qui viennent s’inscrire dans les Universités du Bénin. Ceux-ci enseignent le français dans une structure universitaire publique, relevant de l’Université d’Abomey-Calavi. C’est le Centre