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5. Résultats 72

5.1   Préparation de l’animatrice-­‐chercheure en art communautaire 73

5.1.1 Rencontre avec la coordonnatrice du programme Cirque du Monde de Québec Cette recherche comprend des interventions artistiques sur le terrain pratiquées dans le cadre d’un stage au Cirque du monde. Dans le but de suivre le code d’éthique exigé par l’Université Laval (CERUL), j’ai obtenu le consentement de l’organisme qui m’a accueillie pour réaliser cette étude. J’avais déjà l’habitude de me baser sur l’éthique prônée par Freire (2001) dans ses écrits sur le dialogue. Cette approche est particulièrement intéressante parce qu’elle se fonde sur la rencontre avec l’autre, l’importance de sa présence physique et qu’elle reconnaît l’individu comme étant digne de vivre des relations et des échanges.

Pour réaliser cette étude, j’ai bénéficié du soutien de madame Julie Théberge, coordonnatrice du programme CDM Québec au cirque social. Nous nous sommes rencontrées au Brésil en 2007 alors qu’elle y accompagnait un groupe de jeunes Québécois. Arrivée au Centre Jacques-Cartier, je lui ai donc présenté mon projet qu’elle a accueilli avec enthousiasme. Elle m’a fait part de son désir d’intégrer le théâtre d’intervention dans le programme de CDM Québec dans le but de renforcer les actions d’intervention auprès des jeunes ainsi que leur engagement pour résoudre des problématiques sociales. « Les jeunes sont très motivés au départ, mais après quelques répétitions, j’ai constaté un certain manque de motivation qui s’est traduit par des absences » Cette première rencontre m’a permis d’amorcer une réflexion sur la motivation des jeunes et a été le point de départ d’un processus stimulant qui m’a fait prendre conscience du défi que représente la préparation d’activités.

5.1.2 Construction des ateliers : actions artistiques éducatives (AAE)

L’étape de préparation, selon la pensée de Freire, se traduit ainsi : « Chaque situation d’éducation implique la présence de sujets qui, dans l’action d’enseigner, apprennent, et

qui, dans l’action d’apprendre, enseignent. » (Traduction libre. Freire, 2001, 35). Freire définit l’éducation comme une praxis sociale, c’est-à-dire un échange entre les sujets, un changement dans la façon de percevoir la réalité et un moyen d’action sur les structures sociales. Cette définition constitue un guide pour l’élaboration des activités que je nomme Actions Artistiques Éducatives (AAE). Cela concerne la réalisation d’actions qui représentent l’union entre la théorie et la pratique, entre la réflexion et l’action. Pour Freire, chaque « […] contenu des programmes d’action éducative est comme une action culturelle de la liberté ». (Traduction libre. Freire, 2011, 156). C’est sur cette vision que les AAE ont été basées et qu’elles sont devenues des instruments d’action dialogique41 encourageant les

cochercheurs à s’engager activement, à développer leur réflexion critique et, parallèlement, à faire une transformation sociale de la réalité. Dans le cahier des AAE sont consignés les éléments suivants : la durée de l’activité, le lieu, les objectifs généraux et spécifiques, la description détaillée de chacune des activités, autant celles qui sont planifiées que celles proposées par les cochercheurs, un résumé de l’appréciation de l’atelier par les cochercheurs, une grille d’observation du développement des habiletés et de l’acquisition de connaissances en art dramatique qui mené à l’émancipation.

5.1.2.1 Thème de la recherche

Le principal objectif de cette recherche est d’adapter une méthode de théâtre d’intervention brésilienne (FACES) à un contexte communautaire québécois. Linda Hutcheon affirme dans sa théorie de l’adaptation que celle-ci « est (et a toujours été) au cœur de l’imagination humaine dans chaque culture » (Hutcheon, 2011, 10). L’adaptation de la méthode FACES apporte des outils d’émancipation grâce au théâtre d’intervention afin de construire un espace de valorisation des savoirs de chacun, de la culture et de l’histoire de vie. Toute activité théâtrale doit être adaptée à un contexte social précis pour chaque public.

41« La collaboration, comme caractéristique d'action dialogique, ne peut avoir lieu qu’entre des sujets, même s’ils ont différents niveaux de fonction, ce qui sous-entend aussi de responsabilité, et ne peut se réaliser que dans la communication. [...] L’objectif de cette action dialogique est de permettre à l’opprimé de reconnaître pourquoi et comment son ‘’ engagement ‘’ est un acte d'adhésion à une véritable pratique de transformation de la réalité injuste ». (Freire, 2011, 228, 237)

L’émancipation arrive lors d’un processus créatif démocratique offert par le théâtre d’intervention. Elle apporte une esthétique poétique où chercheur et cochercheurs établissent une relation dialogique qui se dédouble dans l’interrelation entre le public et l’acteur.

Pendant le processus d’adaptation, le caractère universel du jeu permet de valoriser l’histoire de chaque communauté, de chaque groupe qui se trouve à l’origine d’une œuvre collective. « Les jeux stimulent la solidarité nécessaire à la formation d’une équipe. […] Le jeu du théâtre de l’opprimé a été inventé […] ou adapté d’après des jeux d’enfants ou des jeux provenant de cultures différentes. L’important ne réside pas dans son originalité, mais dans l’adaptabilité de ses objectifs. » (Traduction libre. Boal, 2002, 106). Selon Boal, ce qui prime c’est d’adapter le jeu aux nécessités, à l’objectif de la recherche, et c’est cela qui m’a inspirée pour l’élaboration de chaque activité.

5.1.2.2 Le silence dans la construction de la relation dialogique

« Son silence fait de la musique parce que les sons se trouvent déjà dans votre cerveau, actif. » (Boal, 2011, 56). Il est primordial et pertinent de créer des moments de silence et de partage dans une activité telle que le rituel de départ ou le cercle d’énergie. Le silence imposé par cet exercice représente un moment délicat, ouvrant la porte au dialogue avec son propre corps. Il permet d’écouter la pulsation de son cœur, sa respiration, le silence qui entoure les participants et le dialogue à l’aide des silences. Le silence tranquillise, prépare à l’apprentissage et permet de canaliser l’énergie individuelle et collective en vue d’orienter le processus créatif des cochercheurs et du chercheur.

5.1.3 Étude de l’histoire du Centre résidentiel et communautaire de Jacques Cartier (CJC)

Après avoir reçu l’approbation de la coordonnatrice du CDM Québec et du CJC, j’ai amorcé une analyse de cet organisme afin de m’en inspirer pour l’élaboration des ateliers.

J’ai pris connaissance du rapport annuel de l’année 2013, mon stage ayant été réalisé en 2014. Cette étude de l’histoire du CJC, de ses actions et de ses projets, m’a permis de mieux connaître cet organisme, de bien m’adapter au milieu et de réaliser à quel point il entretient de forts liens avec les principes du théâtre d’intervention, particulièrement en ce qui a trait au développement du pouvoir d’agir dans une approche par et pour les jeunes, ainsi qu’à la réflexion et à la transformation sociale. Cette investigation a facilité mon intégration dans cette nouvelle communauté.

Pour me préparer aux entretiens individuels, j’ai posé des questions ouvertes à l’ensemble du groupe et j’ai planifié des rencontres pour chacun à la salle de formation du CJC. Cet espace demandait une réorganisation chaque fois que je l’utilisais. Il était meublé d’une grande table au centre, de quatre petites tables situées dans le coin des murs, d’un ordinateur, de plusieurs chaises, d’une armoire, d’une télévision et de deux tableaux (un mobile et l’autre fixé au mur).

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