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5. Résultats 72

5.3   Les étapes de la semaine I 82

5.3.2   Les étapes de la semaine II 85

5.3.2.1 Réflexion sur la deuxième semaine Pratique dialogique et relations de groupe

SEMAINE II

Objectifs de la semaine RÉALISATIONS

Rechercher un endroit adéquat pour réaliser les ateliers.

Vivre une première expérience d’art dramatique.

Partager des situations sociales vécues par chacun, et ce, de façon artistique

Cette semaine fut divisée en trois étapes : la réalisation des actions éducatives III et IV et une intervention dans la rue.

Étape III - L’action éducative s’intitule « Le théâtre est un

collectif ». Sa mission consiste à mettre en évidence les valeurs de chacun et leur importance dans le travail collectif. Cette étape permet de connaître les éléments scéniques qui structurent l’art dramatique tout en développant des connaissances individuelles, durables et soutenues au sein du groupe. Certains cochercheurs ont semblé éprouver de la difficulté à animer leurs activités. L’utilisation d’un tableau d’orchestre a facilité l’explication du concept de Spolin (où, qui, quoi, quand). À partir de cette image, les participants ont été libres d’interpréter leurs personnages et d’improviser des situations en les jouant devant les autres qui devaient deviner ce qui leur était présenté.

Étape IV - « Scène sociale ». Cette étape a pour but de libérer de

façon créative les scènes sociales, c’est-à-dire des situations vues ou vécues par les cochercheurs et qui les préoccupent, elle favorise également une réflexion critique.

Une intervention de théâtre-image a été réalisée par les cochercheurs dans la rue, un samedi matin, lors d’une journée où il neigeait. Pendant deux heures, les jeunes ont sillonné une portion de la rue Saint-Joseph et du boulevard Charest tout en tenant un parapluie sur lequel un rideau allant jusqu’au sol était déposé. Le rideau symbolisait la bulle dans laquelle on vit et qui nous sépare des autres. Ils ont invité les passants à « entrer dans la bulle » en franchissant le rideau et à répondre à des questions telles que : « Avez-vous dit bonjour à un inconnu aujourd’hui? », « Que vois-tu quand tu sors de ta bulle? ». Les réponses, notées par les cochercheurs, ont été intégrées au spectacle final.

Le jeu dramatique et théâtral incite à la pratique dialogique, crée des situations de défis pour chaque cochercheurs, stimule leur curiosité, les pousse à exprimer ce qu’ils pensent et à créer le dialogue avec confiance. De plus, ces activités garantissent le respect des limites de chacun, promeuvent l’écoute attentive, le partage des idées, la curiosité et le changement d’attitude qui laissent plus de place à l’autre. Le moment de la pause offre l’occasion de partager des souhaits et d’échanger sur des situations de la journée. Je suis toujours restée à l’écoute des autres et ouverte aux échanges, et j’ai enrichi mon lexique au contact des cochercheurs. Le fait que le français soit ma langue seconde a suscité des dialogues favorisant mon apprentissage et l’amélioration de cette langue. Pendant les pauses, les cochercheurs m’ont enseigné bon nombre de nouveaux mots et d’expressions locales. Lors de la discussion précédant l’intervention une relation de groupe a commencé à se construire et la mise en commun des valeurs de chacun nous a soudés. Nous avons utilisé le « nous » pendant les activités pour symboliser l’unité. Annie, une des participantes, a dit : « j’ai plusieurs idées, mais en tant que groupe, qu’est-ce que nous avons envie de dire? » Les cochercheurs ont ainsi démontré leur unité et leur respect mutuel. Ils parlent plus ouvertement, chacun occupant sa place dans le groupe.

Le public et l’adaptation

Cette semaine a été particulièrement délicate. Éric, un cochercheur ayant des problèmes de santé ne suivait pas les consignes pendant la réalisation des activités. Le groupe est resté compréhensif et je me suis demandé comment adapter la méthode selon le besoin particulier du groupe. Le « comment » a teinté ma semaine. J’ai pris une position d’observatrice et je me suis laissé guider. J’ai laissé les cochercheurs gérer la discussion en vue d’organiser l’intervention, puis Annie a pris le leadership. À ce moment-là, il m’est venu à l’idée de proposer de nouvelles activités afin de valoriser les habiletés de chacun, de renforcer la confiance en soi et d’accroître l’autonomie. « La confiance en soi découlera du partage des habiletés et des compétences » (extrait du journal de bord, 18 mars 2014).

Au cours de cette semaine, j’ai invité le groupe à construire une communauté d’apprentissage. Les cochercheurs se sont impliqués dans le processus collaboratif. Par exemple, Camille, qui est gênée, entre souvent sur scène en regardant par terre. Encouragée par les paroles du groupe, elle arrive sur scène avec plus d’aplomb. À la fin de sa présentation, elle a confié : « je viens de réaliser que je suis comme ça même dans la vie. J’ai de la difficulté à m’affirmer. Merci de m’encourager » (extrait du journal de bord, 18 mars 2014). Victoire a souligné les efforts de Camille en disant : « tu es très bonne, tu as de la confiance en toi. Comme le dit notre animatrice (rires), c’est juste ‘’ crois en toi! ‘’. » En tant qu’animatrice et chercheure, j’ai vu le chemin parcouru par les cochercheurs pour surmonter les défis. J’ai constaté une amélioration dans l’accomplissement des tâches, le dévouement constant pour maintenir de bonnes relations de groupe, la préservation d’un lieu où la confiance règne et le soutien que le groupe a donné à Camille pour qu’elle recadre et réalise ses expériences.

Pratique sur le terrain

Les scènes sociales rapportées par les cochercheurs sont très fortes et ont provoqué beaucoup d’émotion, ce qui les a motivés à réaliser l’intervention. Pendant l’intervention, j’ai observé la simplicité et la délicatesse avec laquelle les cochercheurs entrent en contact et dialoguent avec le public. La perception de cette expérience de terrain a renforcé ma conviction de la pertinence de la recherche-action proposée : c’est important d’inviter le cochercheur à entrer en contact avec sa propre réalité. Une des façons d’y arriver réside dans la communication entre les cochercheurs et le public. Cet échange devient un reflet de la réalité. Il souligne l’importance de l’art, car cette rencontre attise la curiosité du public envers les comédiens et facilite l’échange et la réflexion critique.

5.3.3 Les étapes de la semaine III

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