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5. Résultats 72

5.3   Les étapes de la semaine I 82

5.3.4   Les étapes de la semaine IV 92

SEMAINE IV Objectifs de la semaine RÉALISATIONS

Réaliser deux rencontres : 1- répétitions portant sur le travail technique; 2- vérification des éléments scéniques et des derniers ajustements en vue de la représentation.

Présenter la création collective des jeunes.

Étape VIII - Actions éducatives « Le cri artistique ». Réaliser des

répétitions en développant un système d’actions qui facilitent l’échange dialogique entre les cochercheurs et la mise en place des savoirs et habiletés essentiels en art dramatique.

Rencontre I : Valorisation des éléments techniques du langage

dramatique. Nous avons travaillé le point fixe, la présence scénique, le déplacement dans l’espace, l’expression vocale et corporelle. Il est facile d’observer que le groupe est content, puisque les cochercheurs sourient et font des blagues tout le temps. Cette expérience dramatique apporte une énergie plaisante qui résulte de la participation active de la chercheuse et des cochercheurs ainsi que de l’utilisation d’instruments démocratiques et culturels qui fusionnent le dialogue en intégrant l’éducation.

Rencontre II : Le groupe possède une bonne énergie, sans stress

ni anxiété, que du plaisir. Cette rencontre permet de vérifier que tous les éléments sont présents avant la représentation. Une des participantes a créé l’affiche du spectacle et elle a réussi à synthétiser, à l’aide d’une image, les différents éléments constituant le processus créatif. (Voir la photo de l’affiche en annexe).

Présentation de l’œuvre : le spectacle est intitulé L’invisible

présent. Dans celui-ci, les cochercheurs révèlent des scènes

quotidiennes souvent restées invisibles. Ce sont les conflits, les contradictions et même l’oppression qu’ils ont vécus qui sont mis en scène. Les cochercheurs apportent sur scène des éléments de sensibilisation pour éveiller le public à l’importance du dialogue corporel. Pour les cochercheurs, le spectacle représente le dialogue ultime, celui avec le public. Ce public avec lequel ils partagent un but commun de construction d’un monde meilleur et de recherche de solutions. C’est aussi un moment de dialogue avec l’œuvre, puisque chaque spectateur était participatif, faisait partie du spectacle et avait une certaine influence sur son déroulement.

5.3.4.1 Réflexion sur la quatrième semaine La scène sociale

L’improvisation demande du courage, de la confiance en soi et en ses compagnons, une très bonne écoute et le désir de se lancer dans la relation dialogique pour pouvoir réagir aux stimuli de ces compagnons sur scène. Improviser, ce n’est pas facile. « Improviser avec des objets, ça m’obligeait à improviser pis à pas trop me casser la tête, mais à vraiment laisser aller mon imagination » (extrait de l’entretien individuel final avec Camille). Comme je l’ai déjà mentionné, le jeu dramatique théâtral a été à la base de cette expérience. En général, je peux reconnaître, dans ce processus créatif, l’occasion de libération des participants à l’intérieur d’un jeu représentant leur propre contexte social : en d’autres mots, il s’agit d’une brèche de liberté à travers l’oppression.

Ma motivation tient au fait de travailler à partir d’éléments de la réalité des cochercheurs. Le plus important dans cette recherche est d’adapter cette méthode aux besoins de ces jeunes et de leur permettre de réfléchir sur la problématique communautaire, mais aussi de proposer des solutions de changement dans le faire artistique. Spolin a écrit que : « La résolution de problèmes occupe la même fonction que le jeu pour créer l'unité organique et la liberté d'action, et génère une grande stimulation [...] la façon dont l'élève acteur résout le problème est une affaire personnelle; comme dans le jeu, il peut courir, crier, faire des roulades, » (Spolin, 2010, 19)

Le jeu laisse une place créative pour les cochercheurs, qui lui donnent une forme expressive, corporelle et vocale. En suivant la pensée et les pratiques de Boal, « Dans ce type de jeux, l’important n’est pas de gagner, mais d’apprendre dans la pratique»; (Boal 2011, 32) Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de résoudre un problème, l’important est que chacun se sente libre de donner le meilleur de lui-même dans la recherche de solutions. L’apprentissage par le jeu a constitué le fondement de l’atelier et a été très apprécié par les jeunes.

Mon désir de devenir animatrice en art communautaire se manifesta à l’âge de 14 ans lorsque j’ai animé, avec d’autres cochercheurs, des activités dans une association de résidents. J’ai été en mesure d’évaluer le pouvoir et la dimension de l’impact de l’expérience artistique sur l’individu et aussi sur ma communauté. Mes expériences réalisées avec le groupe de théâtre FACES et le PSBM m’ont amenée à étudier à l’université. J’y ai fait un baccalauréat en enseignement des arts de la scène dans le but de renforcer mes pratiques artistiques et communautaires, et de partager avec les institutions le savoir populaire et l’art du dialogue théorique et pratique. Je crois énormément à l’utilisation du théâtre dans l’éducation et en son pouvoir de libération et d’émancipation de tout être humain. En adaptant la méthode FACES, j’ai senti agir la force puissante du théâtre d’intervention en tant qu’élément social de transformation et en tant qu’élément participant à l’émancipation des sujets. J’ai observé sa contribution au développement critique-réflexif des individus ainsi que dans la réalisation de leurs actions d’intervention. À partir des actions éducatives réalisées et observées au cours du stage, j’ai senti que le théâtre pouvait contribuer au développement de compétences et d’habiletés personnelles, sociales, productives et cognitives.

La présentation

Présentation sur scène d’un petit spectacle par l’ensemble du groupe. Réception du public avec une proposition d’intervention réalisée dans la rue en partageant « la bulle ». Structure du spectacle :

 Scène sur l’intimidation  Scène sur l’itinérance  Scène individuelle

Dans le spectacle intitulé L’invisible présent, les cochercheurs ont présenté des scènes quotidiennes passant souvent inaperçues tels que le conflit, la contradiction et même l’oppression qu’ils ont vécus. Ils ont apporté sur scène des éléments de sensibilisation pour éveiller le public à l’importance du dialogue corporel.

J’ai perçu que, dans cette expérience, le fait de partager les scènes avec un public a été important, et ce, en proposant un but commun pour élaborer des solutions et générer un engagement dans un processus plus solide. En outre, l’impact de cette expérience a pu atteindre le public par son dialogue avec l’œuvre et l’appréciation qu’il en a fait. Dans cette recherche, le plus important reste le processus. « Notre cercle d'énergie qu’on fait chaque jour pour partager notre énergie, ça nous aide beaucoup. Dans notre présentation, il y avait un moment ritualistique et émancipateur de l'énergie de notre corps qui parle avec le corps des autres. C'est magique ça! » (Victoire, entretien individuel II.)

Pour tous les cochercheurs, le partage de l’œuvre a été un moment significatif parce qu’ils ont eu la chance d’exprimer aux pairs, aux amis et à leur famille des préoccupations sociales importantes et de partager le travail réalisé au cours des ateliers. Ils avaient déjà vécu une expérience d’interprétation à l’école quand ils étaient enfants et aussi dans le cadre du cirque. « Oh! Je trouve ça beau! Au début, je n’étais pas sûre. Il y a des fois que je me demandais un peu qu’est-ce que ça allait donner. Mais vraiment, la réaction des gens quand on l’a fait, ça m’a fait penser ‘’ ouah! ‘’. Ouais, ça l’a vraiment fait. Ouais, j’étais

vraiment contente. Ouais, c’était beau, parce que c’était tout de nous, c’était tout un peu de nous, on fait des pièces qui sont toutes faites de nous, c’est toujours on reçoit un texte et on fait la pièce. Si c’était beau? Je pense que c’était très bien » (entretien individuel final avec Annie). Environ cinquante personnes ont assisté au spectacle, dont les familles des participants et plusieurs jeunes et moniteurs du programme Cirque du Monde. À la fin de celui-ci a eu lieu un entretien avec le public qui fut touché par ce moment chaleureux et sensibilisateur.

Randonnée sur de nouveaux chemins

Ces jeunes n’ont pa terminé leurs études secondaires, ils se retrouvent donc en marge de la société. À partir des activités de théâtre, il est possible de réécrire son histoire, d’ouvrir la porte à de nouvelles avenues. Ces jeunes, pleins d’énergie et de rêves, attendent juste l’opportunité de partager et de transformer leur réalité. Il est de ma responsabilité d’animatrice de les guider vers une relation dialogique avec eux-mêmes et avec la réalité, dans le but de canaliser leurs énergies. Nous avons pu voir chaque jeune satisfait et fier de son travail individuel et collectif, les yeux brillants, le sourire aux lèvres, mais aussi un petit mal de ventre quelques minutes avant la représentation. Pendant la réalisation de ce stage, j’ai mieux connu les jeunes, les défis de chacun, leurs désirs et leurs rêves. Des liens plus forts et plus intenses se sont tissés entre eux et ils ont intégré de nouvelles connaissances. J’ai appris à mieux me connaître grâce à l’effort constant que j’ai fourni pour m’adapter et me transformer. « Plus je m’engage au cœur de ces expériences, sans peur, sans préjudice, mieux je me connais et construis mon identité » (Freire, 2008, 134).

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