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SECTION 3 ANALYSE DES RÉSULTATS : PERCEPTIONS ET RÔLE DES ACTEURS ENVERS

7.2 Préoccupations des communautés devant les changements climatiques

Au Québec, un administrateur municipal considère qu’il est important que les gens soient sensibilisés aux changements climatiques. Bien qu’il y ait plus de gens informés, il y a encore un grand pas à faire, pense un administrateur. La question est grave et l’ensemble de la planète devrait se mobiliser. Chaque citoyen devrait se poser la question : « Que dois-je faire pour faire face aux changements climatiques ? » Mais il faudrait aussi la visite de fonctionnaires spécialisés pour venir expliquer ce qui en est.

Pour un administrateur public local, il devient très urgent de sauver la plage de Chevery :

« L’érosion nous a amené à prendre conscience que la plage n’est pas la cour arrière de tout le monde (…) nous aurons perdu beaucoup de pelletées de sable mais nous aurons gagné beaucoup en respect du territoire »

Si les citoyens viennent aux réunions prévues à cet effet, ils seront alors sensibilisés :

« Here we accept the fact of erosion »

clame un participant de Chevery au focus group de la recherche. Il déplore du même coup que études après études, rien ne se fait. Un autre participant emboîte le pas:

« While these studies are going on, our land is going away;

And we pay taxes on a land that we don’t have any more »

Un des présidents des comités locaux des deux communautés étudiés sur la Basse Côte- Nord sensibilise sa population par les assemblées publiques et l’autre croit qu’il n’y a qu’à s’installer sur le pont et diffuser quelques informations à quelques personnes et en un rien de temps cela fera le tour du village.

Des membres de la société civile émettent aussi leur opinion, laquelle ne concorde pas toujours avec celle des élus. Un répondant croit que les citoyens sont particulièrement sensibilisés aux changements climatiques quand ils sont directement touchés. Autrement,

Page 140 il n’y a pas de réelle campagne de publicité à ce sujet et les administrateurs locaux ne

semblent pas se soucier de sensibiliser les gens. La sensibilisation serait une responsabilité municipale. Par exemple, une étude a été menée sur l’érosion de la plage et les résultats n’ont jamais été divulgués à la communauté.

Des citoyens abondent dans le même sens à l’effet qu’il n’y a pas de campagne de sensibilisation et que pour recevoir des informations sur les changements il faut consulter les pêcheurs qui eux reçoivent de l’information de Pêches et Océans Canada. D’autres citoyens croient que les gens ne sont pas suffisamment sensibilisés aux changements climatiques et que les élus ne font pas leur travail pour les informer. Un répondant conclut :

« L’éducation du public serait le premier pas à faire, un citoyen bien informé comprend les problèmes et est prêt à agir. »

Un dernier citoyen, directeur d’une entreprise, croit en la nécessité d’agir devant les changements climatiques mais il faut être certain d’inclure les enjeux sociaux et économiques dans ces préoccupations : les pêcheurs, la communauté économique, les scientifiques, les groupes environnementaux. Pour lui, les acteurs politiques ne sont pas invités car ils veulent tout contrôler avec leurs lois.

Au Nouveau-Brunswick, un maire, une administratrice municipale et un administrateur de DSL émettent leur opinion sur la sensibilisation des communautés aux changements climatiques. Pour l’un, il s’agit d’un problème complexe car en informant il ne faut pas causer la panique. Il faut utiliser une approche graduelle. En ce qui concerne l’érosion, on ne peut pas menacer les gens de déménager immédiatement, mais avec l’information, quand les gens se sentiront prêts, ils vont agir. Pour l’autre, les gens n’ont aucun sentiment d’urgence et font comme ils ont toujours fait, ils s’adaptent. Mais en même temps, ils se rendent compte que la mer continue de ronger la berge, alors ils construisent des murets de protection. Elle croit qu’il est cependant grand temps de « conscientiser » la population pour que les citoyens puissent prendre les meilleures décisions. Un administrateur de DSL croit au réchauffement de la planète puisque la véracité du

phénomène est confirmée par les scientifiques et c’est pourquoi il craint qu’il y ait davantage d’ouragan pour l’avenir.

Par ailleurs, un membre de la communauté scientifique reste convaincu qu’il faut éduquer et sensibiliser la population en vue d’une bonne compréhension de la problématique de l’environnement. Il faut aussi vulgariser le langage, c’est la seule façon de vraiment conscientiser les gens. Les gens ont besoin de comprendre la réalité. Autrement, quand la population ne suit pas, il faut réglementer et c’est malheureux :

« On disait de faire attention aux zones côtières, n’allez pas vous bâtir sur le bord d’un cap et le monde le faisait pareil. Là, ils sont arrivés avec une réglementation dans la péninsule acadienne, depuis avril 2005 (…) et les gens sont offusqués ».

Il y a dix ans, quand on parlait d’érosion, personne ne prenait l’avertissement au sérieux. Aujourd’hui, les gens sont en train de perdre leur chalet, alors ils y croient.

Un répondant de la CAPPA explique que la péninsule acadienne est entourée d’eau et très vulnérable à l’érosion et pourtant rien n’est fait en prévention. Il y aurait un besoin urgent de limite des zones d’habitation, de règlements pour la protection des côtes et des dunes. Si le gouvernement est moins vulnérable au lobbying, cela favoriser des actions de prévention plus appropriées.

Une personne de la coopérative pense pour sa part que les « leaders » de sa municipalité sont conscientisés mais comme ils n’ont aucun pouvoir sur les Districts locaux de services (DSL) sis sur le pourtour de l’Île, ils ne peuvent rien faire. C’est pourquoi il propose la création d’un forum réunissant les responsables des DLS et des deux municipalités pour se sensibiliser et sensibiliser les communautés à l’environnement. Il désire aussi avoir des données fiables sur l’érosion et l’inondation des terres basses car c’est une situation inquiétante. Quelle portion de l’Île de Lamèque va être inondée. Que doivent faire les citoyens pour protéger leur patrimoine côtier?

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