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Lien entre les différentes instances de l’administration publique et perception de la société civile

SECTION 3 ANALYSE DES RÉSULTATS : PERCEPTIONS ET RÔLE DES ACTEURS ENVERS

6.2 Lien entre les différentes instances de l’administration publique et perception de la société civile

En tant que responsable d’un regroupement de petites municipalités de la Basse-Côte- Nord, l’administrateur juge que les comités locaux éprouvent de la difficulté avec les instances gouvernementales supérieures car les normes qu’ils imposent ne conviennent pas aux petits milieux isolés comme les leurs. Quand on intervient de la même façon à Chevery qu’à Sept-Îles, il y a une disproportion dans les normes appliquées. De plus, le peu de poids démographique de ces petits milieux rend la chose difficile, « cela demande à ce qu’on soit toujours sur le qui-vive, qu’on martèle, puis souvent on est obligé de donner des réponses à nos citoyens qui ne sont pas toujours faciles ».

Les deux présidents des comités locaux disent avoir un très bon contact avec l’administrateur car il répond toujours quand son aide est requise. Un président de comité local éprouve des difficultés dans ses relations avec le gouvernement québécois, parce que dans l’ensemble de la Basse-Côte-Nord, les populations sont trop peu nombreuses

Page 124 pour imposer quelque vision aux instances supérieures d’autant plus que sa communauté

est anglophone et qu’il éprouve des difficultés de communication.

« I have always said that we don’t speak the right language, there’s not enough of us and we are not the right color. We are not Indians. (….) Small communities like this along the lower north shore, we have a rough time with the power (…) when you try to get a meeting with the minister and you have hard time understanding what he’s saying and he has a hard time understanding what you are saying, that’s one problem. Plus, there’s just not enough of us, even if we where French or English, whatever, to make up the big squick ».

L’autre président ajoute que les gens du gouvernement devraient venir les consulter sur place pour savoir vraiment ce qui se passe.

Deux citoyens trouvent que les relations semblent faciles au niveau local et supra-local, mais plus difficiles aux niveaux provincial et fédéral. Pour le premier, les relations entre les décideurs locaux et régionaux se passent très bien. Mais quand il s’agit des instances fédérales et provinciales c’est une tout autre affaire. Il juge qu’ils ont bien peu d’influence auprès de ces gouvernements Il se réjouit que l’érosion des plages de sa région soit moins grave que celle de Sept-Îles, mais ils n’ont pas la même couverture médiatique non plus et les maisons menacées n’ont pas la même valeur et pourtant il considère qu’ils sont aussi une zone à risque pour l’érosion. Il est très heureux cependant que les MRC soient les maîtres-d’oeuve dans l’aménagement du territoire mais il déplore de ne pas avoir de MRC dans sa région. Deux autres témoignages vont dans le même sens.

Le second citoyen jette un regard plutôt sceptique sur les représentants gouvernementaux. Ils sont près de vous avant les élections mais après vous ne les voyez plus. Il apprécie cependant un élu local, un homme de la région, qui se bat pour nous au gouvernement. Autrement, « they don’t know what we need out there, they don’t know what we need on the coast ». Il souligne l’importance des liens entre la Commission Scolaire et le conseil municipal qui font des pressions auprès des instances supérieures à propos du problème de l’érosion.

Enfin, un répondant préfère les relations qui vont du bas vers le haut. Pour lui: « The local people meet with their local council, municipal council,

they pass their complaints on to municipality who passes it on to the provincial government or whatever departments (…) so it is a kind of pyramid the noise come from the bottom and may or may not reach the top ».

Deux responsables d’institutions locales voient autrement les relations qu’ils entretiennent. Elles sont bonnes avec les instances locales et aussi avec les agences régionales du gouvernement provincial. Les deux se réjouissent d’avoir de bons contacts parce que les représentants des ministères viennent souvent de leur région et ils sont :

« Habitués à la culture locale (…) si tu veux avoir la solution que les gens d’ici sont prêts à vivre, qui ne correspond pas nécessairement à tes normes de Québec et de Montréal (…) si tu veux nous appliquer les normes d’ailleurs, arrange-toi ».

Au Nouveau-Brunswick, peu de témoignages nous permettent de comprendre les perceptions sur les liens entre les diverses instances de l’administration publique et l’attitude des dites administrations envers la société civile.

Un représentant de la coopérative de transformation de poisson de Lamèque pense qu’il y a peu de liens entre la province, la municipalité et les groupes environnementaux. Les gens « sont pas mal laissés à eux-mêmes ». Pour relier les deux municipalités de Lamèque et de Ste-Marie/Saint-Raphaël et toutes les DSL autour de l’Ile, il y aurait lieu d’instaurer un forum de concertation.

Deux pêcheurs côtiers déplorent que le gouvernement fédéral est très loin d’eux et qu’il ne fait que suivre les conseils du gouvernement provincial. Le fédéral s’occuperait plus des problèmes de l’Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve mais pas les leurs : « les gouvernements supérieurs écoutent mais n’agissent pas ».

La situation de la Commission d’aménagement et de planification de la péninsule acadienne (CAPPA) est intéressante et complexe. Il s’agit d’une instance supra-locale, qui s’occupe de faire appliquer la loi sur l’urbanisme. Mais là où elle diffère des MRC au

Page 126 Québec, c’est par sa dépendance au ministère des Affaires municipales et des régions. Le

répondant déplore un manque d’intégration entre les politiques provinciales et le régional. Il semble apprécier l’exemple des MRC du Québec où les schémas d’aménagement sont plus le résultat de jonction entre les orientations provinciales, régionales et municipales :

« Il y a un échange qui se fait là. Ça, on n’a pas ça parce qu’il n’y a pas d’urbanisme au ministère des Transports. (…) au niveau de l’aménagement du territoire, ils n’ont aucune notion de ça (…) Au Québec, ils ont un schéma régional, tu as des affectations, des grandes affectations du territoire et puis tu as des règles de conformité entre le règlement municipal et le règlement régional (…) tu ne peux pas sortir de là, c’est judiciable. (…) au Québec, on a jamais affaire avec le ministère, c’est qu’il y a un urbaniste au niveau régional qui est tenu, à chaque fois qu’on change ou qu’on bouge le moindrement le plan municipal, d’émettre un certificat en conformité (…) Mais nous on est enfermé dans le ‘red tape’ ».