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Chapitre I : Matériel et Méthodes

I.4. Utilisation des signatures isotopiques pour l’étude du réseau trophique

I.4.2. Prélèvements et préparation des échantillons

Les prélèvements destinés à l’étude du réseau trophique de la zone à A. nodosum ont été réalisés à l’Ile Verte et à Penmarc’h en février, mai et août 2006 (Tableau I.1.). Le but de cette étude est de décrire l’architecture trophique de la zone, et non de déterminer précisément le régime alimentaire de chaque espèce, ce qui nécessiterait une étude particulière pour chacune d’entre elles (Riera, comm. Pers.). Ceci explique que la liste précise des sources et consommateurs échantillonnés varie légèrement entre les sites et d’une date à l’autre autour d’un groupe d’espèces récurrentes et caractéristiques des zones à A. nodosum (Tableau I.3. & Annexe 3, Tableau 3.1, 3.2, 3.3).

Tableau I.3. : Liste complète des sources et consommateurs prélevés tous sites et dates confondus. Les sources en vert et les consommateurs en bleu ont été échantillonnés à chaque date, pour les deux sites, excepté P. lanosa et C. rupestris échantillonnés à l’Ile Verte en février et en mai; ce sont les échantillons sur lesquels les tests statistiques de variations saisonnières ont été réalisés. Notez que les épiphytes et l’épilithon ne concernent que les communautés microscopiques se trouvant respectivement à la surface des macroalgues et de la roche.

Flore Faune

Ascophyllum nodosum 1 Hymeniacidon sanguinea Fucus vesiculosus 2 Mytilus edulis Polysiphonia lanosa 3 Balanus perforatus Cladophora rupestris 4 Grantia compressa

Fucus serratus 5 Laomedea sp.

Mastocarpus stellatus 6 Patella vulgata Corallina elongata 7 Achantochitona sp.

Ulva spp. 8 Littorina obtusata

Enteromorpha spp. 9 Littorina littorea MOP large 10 Littorina nigrolineata MOP côtière 11 Gibbula umbilicalis

épilithon 12 Osilinus lineatus

épiphytes A. nodosum 13 Gibbula pennanti épiphytes F. vesiculosus 14 Dynamene bidentata

épiphytes F. serratus 15 Amphipodes 16 Idotea sp. 17 Nucella lapillus 18 Carcinus maenas 19 Actinia equina 20 Anemonia viridis 21 Bunodactis verrucosa 22 Asterina gibbosa 23 Dynamena pumila

A chaque échantillonnage, des prélèvements sont réalisées au sein de trois types de sources différentes: des macroalgues, des communautés microscopiques épilithiques et épiphytiques comprenant des microalgues et la matière organique particulaire (MOP) présente dans la colonne d’eau. Excepté quelques rares exceptions, trois individus de chaque espèce de macroalgue sont prélevés systématiquement tandis qu’un à deux prélèvements sont effectués pour les différents types d’épiphytes. Les épiphytes d’A. nodosum, de Fucus vesiculosus et de F. serratus ainsi que l’épilithon présent sur les rochers des sites d’études ont été échantillonnés de la façon suivante : à l’aide d’une brosse souple, chaque surface est frottée doucement plusieurs fois et le prélèvement est remis en suspension dans un échantillon d’eau de mer filtrée sur 0,20 µm, afin d’éviter toute contamination bactérienne. Pour s’assurer de récupérer suffisamment de matériel, l’opération est répétée plusieurs fois pour chaque surface concernée et la brosse est nettoyée à l’eau de mer filtrée entre chaque échantillon. Pour les prélèvements de MOP, 2 à 5 L

d’eau de mer sont prélevés à chaque date, permettant parfois de réaliser des répliquats. A l’Ile Verte, le prélèvement d’eau de mer de février a été réalisé au moment de l’échantillonnage sur le site même tandis que pour les autres dates, destinés à caractériser les apports marins à dominante phytoplanctonique, les prélèvements ont été faits à la station SOMLIT « Astan » (Service d’Observation en Milieu Littoral, INSU-CNRS), situé à quelques kilomètres au large de Roscoff. En revanche, à Penmarc’h les prélèvements ont toujours été réalisés à marée basse au moment de l’échantillonnage et un prélèvement supplémentaire, réalisé en août 2007 par Gauthier Schaal lors de la mission REBENT 2007, a pu être fait au large de Penmarc’h. En effet, les signatures isotopiques de la MOP obtenues à partir de prélèvements au large sont caractéristiques d’échantillons à dominante phytoplanctonique, tandis que celles obtenues à partir d’échantillons prélevés à marée basse directement sur le site d’étude sont caractéristiques d’un mélange de plancton et de matière organique particulaire détritique benthique.

En ce qui concerne les consommateurs, trois échantillons sont prélevés pour les éponges et au moins cinq individus sont prélevés pour les mollusques, les crabes et les anémones. Des différences existent pourtant parfois entre le nombre de prélèvements et le nombre de mesures : en effet, pour atteindre le minimum requis pour l’analyse, soit il a parfois fallu regrouper deux individus ne présentant pas assez de matière pour en tirer une seule mesure, soit la mesure n’a pas été réalisable. Ainsi, plusieurs échantillons ont été constitués uniquement lorsque les prélèvements le permettaient. C’est également pour obtenir ce minimum de matière requis pour l’analyse que plusieurs colonies d’hydraires sont prélevées à chaque échantillonnage et traitées comme un seul échantillon. De même pour les amphipodes et les isopodes, parfois jusqu’à vingt individus sont prélevés par échantillonnage pour s’assurer d’avoir assez de matière pour réaliser au moins cinq mesures. Lorsque cette condition était remplie, les individus supplémentaires étaient utilisés pour former de nouveaux échantillons.

Une fois prélevées, les macroalgues sont directement congelées à -32 °C. Les prélèvements d’épiphytes sont d’abord filtrés sur une maille de 60 µm, afin d’éliminer d’éventuelles débris et la méiofaune, et l’échantillon d’eau restante est ensuite filtrée, comme pour les prélèvements de MOP, sur des filtres Whatman GF/F calcinés (6 h à 520 °C) de porosité 0,7 µm. Afin d’éliminer les carbonates, qui reflètent les valeurs de δ13C d’HCO3- de l’eau de mer (Keith et al. 1964, Yokoyama et al. 2005), les filtres sont rapidement acidifiés à l’acide chlorhydrique 1 M puis rincés à l’eau distillée et finalement congelés à -32 °C. Enfin, les consommateurs sont d’abord mis à jeuner 12h dans de l’eau de mer filtrée à 40 µm avant d’être

Avant la mesure au spectromètre de masse, les macroalgues sont rincées de leurs épibiontes à l’eau de mer, rapidement acidifiées (HCl 1 M) puis rincées à l’eau distillée et ensuite séchées à l’étuve (60 °C, 48 h). Les PS sont mesurés avant de broyer chaque échantillon à l’aide d’un mortier jusqu’à l’obtention d’une fine poudre. Les filtres sont séchés et la matière est prélevée directement dessus pour réaliser les mesures. La macrofaune est rincée à l’eau de mer et les mollusques sont extraits de leurs coquilles tandis que seuls les muscles des crabes sont prélevés. En effet, les coquilles et les exosquelettes des invertébrés sont constitués essentiellement de carbone inorganique, dont la signature isotopique est bien plus enrichie en 13C que le carbone organique de l’organisme (McConnaughey et al. 1997). Les débris carbonatés restants sont éliminés en acidifiant rapidement les échantillons (HCl 1M) puis les échantillons sont rincés à l’eau distillée avant d’être séchés à l’étuve (60 °C, 48 h). Les poids secs sont mesurés avant de broyer les échantillons en poudre comme pour les macroalgues. Pour les échantillons de février, ces préparations ont été réalisées par Gauthier Schaal dans le cadre de son stage de Master 2.