La préhension des emballages : positions et implications des segments corporels

Nous l’avons vu, la main entoure spontanément un objet cylindrique grâce à l’opposition entre le pouce et les quatre doigts opposés à partir d’une modification de la position de repos. La modification de la forme de l’objet provoque une adaptation du positionnement de la main et de ses segments de façon à rendre la saisie efficace. Différentes observations de situations d’utilisation d’emballages nous ont amené à mettre en évidence des positions types de la main sur la bouteille, plus ou moins fréquemment observées. Ces positions sont illustrées par des photos et des dessins plus épurés qui permettent d’isoler la modalité de saisie (annexe 2).

Pour le cas d’une bouteille cylindrique simple (avec ou sans rétrécissement de forme), on observe quelques variantes d’une saisie classique d’enroulement de l’objet. On identifie par exemple un alignement du pouce avec l’index et/ou le majeur (fig. 54).

Bouteilles à préhensions (Grands contenants) Bouteille de matériaux différents (Verre, PET et Carton) Bouteille en verre cylindrique de diamètre variable (62, 83 et 98 mm) Maquettes en verre avec élément de forme (Rétreints et butées) Maquettes en verre avec rétreint (Rétreint +/- central) Bouteilles à préhensions (Grands contenants) Bouteille de matériaux différents (Verre, PET et Carton) Bouteille en verre cylindrique de diamètre variable (62, 83 et 98 mm) Maquettes en verre avec élément de forme (Rétreints et butées) Maquettes en verre avec rétreint (Rétreint +/- central)

Figure 54 : Alignement pouce majeur dans la saisie d’un emballage cylindrique

Il arrive que l’index se détache de cet alignement (le pouce s’associant au majeur pour constituer la pince), et serve de « doigt guide » pour le geste. Cette appellation a pour origine le positionnement du doigt, qui s’aligne dans le même axe que celui de la bouteille (fig. 55).

Figure 55 : Utilisation d’un « doigt guide » permettant la stabilisation et le guidage du geste de versement Enfin, les doigts opposés au pouce peuvent être plus ou moins écartés, exploitant une étendue variable le long de la bouteille (fig. 56).

Figure 56 : Variabilité de l’écartement des doigts lors de la saisie d’emballages

Selon la taille de la main et le diamètre de la bouteille, l’écartement des doigts et donc la surface d’occupation de la bouteille peuvent être variables.

Par ailleurs, la position de la main n’est pas systématiquement alignée avec l’axe de l’avant-bras, et peut s’incliner selon une adduction du poignet (fig. 57).

Quand l’emballage est saisi par un enfant, on observe souvent des saisies à deux mains (fig. 58). En fonction des âges, on assiste régulièrement à des modifications de la modalité de saisie selon l’appréciation que l’enfant se fait des caractéristiques dimensionnelles et de la masse avant et après la première utilisation. Ce sont donc des enchaînements de gestes que l’on observe, mettant en évidence une multiplicité de modalités de saisie.

Figure 58 : Saisie d’un emballage à deux mains par un enfant

De légères modifications de forme à partir d’une base cylindrique, comme la présence d’un rétreint ou de tout autre élément de forme, peut avoir une influence sur les caractéristiques de la saisie en terme de positionnement de la main et du poignet.

Les caractéristiques de l’emballage ont non seulement un impact sur la modalité de saisie, mais aussi sur la posture, c'est-à-dire le positionnement des segments corporels les uns par rapport aux autres. Les figures 56 ou 57 illustrent une stratégie d’adaptation des utilisateurs au moment de la saisie. Quand la forme de l’emballage implique une saisie contraignante pour le poignet (fig. 57 par exemple), l’utilisateur va vouloir naturellement se libérer de cette posture articulaire contraignante, en choisissant de relever son coude pour diminuer les contraintes.

Ces modifications de forme ont aussi une influence sur la localisation de la saisie le long de la bouteille, l’élément de forme pouvant jouer un rôle d’attraction de la main pour qu’elle se place à ce niveau.

Quand la forme de l’emballage n’est plus cylindrique, la modalité de saisie induite n’est plus la même. C’est par exemple le cas pour des emballages de grands contenants, qui comportent une poignée de saisie (ou préhension) pour faciliter la prise en main de la bouteille (fig. 59).

Figure 59 : Prises en main pour des bouteilles de grands contenants

Dans ce cas les doigts sont en général plus repliés dans la poignée, une deuxième main est utilisée pour stabiliser le geste et compenser l’effort, ou un doigt guide est utilisé (fig. 60).

Le cas des emballages de grands contenants est également une bonne illustration des contraintes articulaires survenant au niveau du poignet au moment de la saisie. La forme de la poignée peut imposer à l’utilisateur une position très contraignante pour le poignet (fig. 60) qu’il ne pourra compenser que par une modification de la

position de la main dans la « préhension » (mais dans ce cas l’effort à fournir s’avèrera plus important), ou par l’utilisation de la deuxième main.

Figure 60 : Illustration de poignées de saisie impliquant une posture contraignante sur le poignet

Cette saisie à deux mains, la plus courante pour des bouteilles de ce volume, a pour avantage de permettre un degré de liberté plus important au niveau du poignet de la main qui saisit (et donc une diminution des contraintes), et une répartition du poids de l’emballage sur les deux mains (fig. 61).

Figure 61 : Modalités de prise en main pour des bouteilles de grands contenants

A gauche et au centre, les dessins illustrent le repli des doigts et l’utilisation de la deuxième main. Le dessin de droite montre l’utilisation d’un doigt guide lors de la saisie.