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Pour une épistémologie politique de l’objet patrimonial

Aux XVI e et XVII e siècles, les dépendances agricoles des grands domaines genevois sont pour la plupart bâties en maçonnerie, avec parfois l’étage du

L’ESPACE CONCURRENTIEL D’UN GESTE

3. Pour une épistémologie politique de l’objet patrimonial

Revenons sur nos trois scènes : un abbé contestant un outil d’appré-hension du réel, un délégué de Folklore comtois tentant de configurer une situation d’enquête en bornant un espace de locution, une contre-expertise locale du bien-fondé du choix d’une maison représentative du Haut-Jura.

Toutes ces situations engagent des conceptions de ce qu’est la connais-sance. C’est évident dans le cas de Jean Garneret – type contre objet retentissant. C’est également vrai dans la seconde des situations puisque connaître les maisons d’un lieu suppose de définir une aire spatiale, d’y repérer des maisons particulières qui permettent d’évoquer un ensemble, de considérer que les connaître est avant tout connaître leur passé, faisant fi de la configuration locale pourtant objet idéal de la discipline ethno-graphique dont se réclame l’association. Ou dans la troisième puisque ce sont les critères mêmes de choix du musée qui sont employés pour discuter le bien-fondé de son choix : espace et caractère représentatif appuyés sur des critères morphologiques.

Toutes ces situations engagent également des conceptions du politique soit le gouvernement des hommes et des choses et les modalités d’existence de la vie commune. Garneret, lorsqu’il rend compte de ses journées passées à Arc-et-Senans, commence par « Les Parisiens ont lancé ce qu’ils appellent le corpus de l’Architecture rurale... »47 ce qui ne peut manquer avoir de sens pour un abbé entendant redonner une « conscience nationale » à la région : « Les voisins d’Alsace [...] avaient presque gagné le combat de l’autonomie spirituelle que nous tentions d’avoir, si faibles, si nettement à contre-courant. Voilà depuis 1675 que nous étions légalement français, n’avions-nous pas perdu toute particularité, existait-il encore en nous quelque chose de comtois ? Nous le pensions tout de même. Il fallait le prouver [...]. Ce pauvre pays, sans passé et sans liberté, les frontières le partagent en trois ou quatre départements peu décidés et peu encouragés à faire un tout, nous avons finalement aidé à lui redonner une conscience nationale, celle de la Franche-Comté de Bourgogne. Qu’elle vive, c’est notre souhait. »48 Dans le second des cas, la machine à archiver se met en route en vue de la constitution d’un corpus fini de paroles, dans lequel la représentation des habitants n’a que peu de place. Quant au troisième cas,

47 Jean GARNERET, « Rapport d'activité pour le 15 décembre 1976 », Barbizier,6, 1977, p. 508.

48 Jean GARNERET, sans date, « Quarante-cinq ans de recherches et d'action au service du folklore comtois » in : ASSOCIATION COMTOISE D'ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES, Recherche et action culturelle sur le patrimoine ethnologique. Actes du Colloque de la Société d'Ethnologie Française, tenu à Besançon, les 17, 18 & 19 avril 1980,[Pontarlier], s. d., pp. 3 et 4.

conflit d’expertise, il y est finalement question de mandat – déléguer à – et de figuration – donner une forme à49. Qui peut mandater « le Fric » comme représentante ? Que figure cette maison ?

Ces notions sont tant épistémologiques que politiques. Ce sont ainsi plusieurs linéaments d’une épistémologie politique – soit l’analyse des liens entre des conceptions de la science et des conceptions du politique50– qui apparaissent dans ces manières de soumettre la réalité à des épreuves.

A suivre donc.

Noël BARBE

Adresse de l’auteur : Noël Barbe, Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture, 11, rue du Séminaire de Conflans, 94220 Charenton Le Pont. barbe@ivry.cnrs.fr

49Sur cet aspect cf. Pierre ROSANVALLON, Le peuple introuvable,Paris, Gallimard, 1998.

50Bruno Latour, « Note sur quelques sens des mots « science » et « politique » dans l'expression

« science politique », [en ligne] http ://www.bruno-latour.fr/articles/article/105-POL-SCI-RFSP.2.pdf (consulté le 31 mars 2008), article soumis à la Revue française des sciences politiques.

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Illustration de la couverture :Le collège des Vernes (2008).

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R

2008, 1-2 : Fermes et domaines des Montagnes neuchâteloises et de l’Arc jurassien du XVIeau XIXesiècle : architecture, usages et droit – Colloque SHAN, 2007

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1996, 4 : Ecrits au quotidien (XVIIIe-début XIXe siècle) – Colloque SHAN, 1995

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1995, 4 : Le cinéma neuchâtelois au fil du temps (épuisé)

1994, 3 : L’école neuchâteloise au XIXesiècle – Colloque SHAN, 1993

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Pages 1. Lionel BARTOLINI et Maurice DE TRIBOLET, Le noble, le pasteur et les

bourgeois : frustrations politiques et religieuses en ville de Neuchâtel au début du XVIIesiècle . . . . 149 2. Claire PIGUETet Natacha AUBERT, Du clocheton d’école à la tour scolaire :

la construction du collège des Vernes à Colombier (1901-1908) . . . . 165 3. Raoul COP, L’avènement de la dictature des grands alignements : regard sur

les débuts de l’urbanisation chaux-de-fonnière (1794-1835) . . . . 195 4. Maude WEBER, Chronique de la Société d’histoire . . . . 233 5. Notes de lecture.Jean COURVOISIER . . . . 243

FRUSTRATIONS POLITIQUES ET RELIGIEUSES