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DU CANTON DE NEUCHÂTEL, DU XVII e AU XIX e SIÈCLE

DES XVI et XVII SIÈCLES

DU CANTON DE NEUCHÂTEL, DU XVII e AU XIX e SIÈCLE

Définir le corpus des « grands domaines de montagne » s’est révélé plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord car, si certaines propriétés affichent, sans doute permis, leur appartenance à ce type d’objet, ne serait-ce que par le prestige dont elles jouissent encore, d’autres s’en approchent seulement, se situant à mi-chemin entre le simple « domaine rural » et le

« grand domaine ».

Dans le but de formuler une définition réaliste, les questions suivantes ont été posées :

– à quelle altitude se situe un domaine dit de montagne ? L’altitude seule entre-t-elle en ligne de compte ou faut-il rechercher un genre d’exploi-tation particulier, notamment s’il s’agit d’un estivage uniquement ? – quelle est la surface d’un « grand » domaine, comprenant généralement

champs, prés, pâturages et forêt ? Faut-il tenir compte de la superficie, du rendement ou de la valeur du bien ?

– le domaine appartenait-il à une famille de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie, ou pouvait-il dépendre d’un simple mais riche paysan ? Par qui a-t-il été constitué ? Comment s’est-il transmis au cours des siècles ?

Fig. 1. Les crêtes jurassiennes et leurs grands domaines. Ici, une partie de celui des Grandes Pradières, vue du Mont-Racine (Office de la protection des monuments et des sites, OPMS).

– la maison principale de la propriété présente-t-elle une architecture plus luxueuse que les autres, porte-t-elle les armoiries d’une famille anoblie ou d’autres signes de distinction, tels que des épis de faîtage, clochetons, etc. ? Comprend-elle dans tous les cas un logement destiné à recevoir la famille du propriétaire, qui vient y passer un séjour en été ? Les réponses à ces questions ont été recherchées dans des archives privées, des plans cadastraux anciens (XIXe siècle) et des publications – le charme des grandes maisons a souvent séduit les historiens –, ainsi que par l’examen des bâtiments eux-mêmes. Des critères de sélection ont été choisis, dont un certain nombre de considérations se sont dégagées.

Toutefois, les limites de cette étude n’ont pas permis l’exhaustivité, la documentation à disposition n’ayant pu être complètement parcourue.

Des comparaisons avec d’autres régions et d’autres types de possessions auraient permis d’enrichir valablement la recherche.

La présentation des grands domaines de montagne du canton de Neuchâtel consiste donc ici en une charmante visite en calèche, au XVIIIe siècle par exemple, d’une famille de l’aristocratie neuchâteloise à ses fermiers, bernois de préférence, tenanciers d’une montagne – c’est le terme le plus usité à l’époque –, en comptage du bétail, mise à clos, contrôle de la fabrication du fromage, amélioration des rendements, agrandissement des bâtiments et soirées au coin du feu animées de jeux de société et de discussions philosophiques.

L’aristocratie neuchâteloise et ses grands domaines

Concernant leur localisation, seuls les domaines entièrement sur sol neuchâtelois ont été retenus. Par exemple ne sont pas présentés ceux – nombreux – de la région de la Nouvelle-Censière qui débordent sur le canton de Vaud1, ni les trois Maix du Cerneux-Péquignot2qui franchissent la frontière franco-suisse. Quant à l’altitude, ce n’est pas le niveau en tant que tel qui a présidé au choix, mais le fait que la propriété couvre, ou du moins atteint, les crêtes du Jura. Ni le Littoral, ni le premier versant sud-est de la chaîne jurassienne, ni le fond des vallées n’ont été pris en compte.

1 Jacques PETITPIERRE, « Excursion hors de nos frontières, la Nouvelle-Censière », dans Patrie neuchâteloise2, Ed. de la Baconnière, Neuchâtel 1935, pp. 244-254. Gustave PETITPIERRE, « La Nouvelle-Censière », dans Edouard Quartier-la-Tente, Le Val-de-Travers,1895, à la fin du volume, pp. 1-31. Eric-André KLAUSER, « Le bestiaire de la montagne des Ruillères sur Couvet, divertissements aristocratiques de 1805 », dans Nouvelle Revue Neuchâteloise27, automne 1990.

2 Francis KAUFMANN, « La chanson du Maix Rochat », Nouvelle revue neuchâteloise81, printemps 2004. Robert COMTESSE, « La nouvelle frontière et le Cerneux-Péquignot », Musée neuchâtelois,1899.

De plus, sont examinés uniquement les ensembles privés et ceux dont les terres sont d’un seul tenant. En effet, pâturages et forêts communales couvrent souvent de larges espaces en montagne, mais on ne peut les consi-dérer comme faisant partie du sujet, les métairies ou alpages communaux et syndicaux non plus. Pour comparaison sera cité tout de même le vaste domaine des Joux, possession de la bourgeoisie de la ville de Neuchâtel, qui détient la palme cantonale avec ses 460 hectares en 1897. Les calculs de superficie des propriétés ont été établis sur la base des plans cadastraux de la seconde moitié du XIXe siècle et celles totalisant plus de cent hectares sont considérées comme véritablement « grandes ». Outre celui des Joux, six domaines répondent à ces critères de sélection dans le canton de Neuchâtel : Monlési3, Le Grand-Sommartel4, Les Grandes-Pradières, Les Planches5, La Dame6 et Lordel. Or, tous appartiennent à des membres de familles neuchâteloises anoblies, les Chambrier, Montmollin, Pourtalès et Pury, ou, selon les époques et les cas, leurs conjoints, ascendants ou héritiers.

Ces propriétés comprennent plusieurs bâtiments – les fermes des anciennes exploitations, et autres loges et grangettes – dont l’un est consi-déré comme le principal, construit ou reconstruit, agrandi et embelli.

Quelquefois une maison de villégiature annexe est implantée à proximité de la ferme ; dans d’autres cas, seul un appartement est réservé aux vacances, à l’étage ou dans un agrandissement spécialement aménagé.

Généralement, le nom du domaine emprunte un toponyme préexistant sur les lieux. Monlési fait exception à cette règle : l’endroit s’appelait La Loue ou La Louve et c’est Abram de Pury qui le rebaptisa Monlési, soit Mon Loisir en patois.

Par ailleurs, un certain nombre de domaines plus petits ont été repérés, comptant de 20 à 100 hectares environ : ceux dont la maison comporte des éléments de décors et de confort particuliers sont mentionnés dans la figure 2, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité pour cette catégorie.

Signalons encore un phénomène un peu plus tardif, datant plutôt du XIXe siècle, et de nature différente. Des familles aisées, notamment des industriels installés en ville, acquièrent une ferme suburbaine et ses terres, où elles construisent une maison de maître, y passant volontiers l’été ou

3 Jacques PETITPIERRE, « Monlési Pury et Jolimont au Val-de-Travers », dans Patrie neuchâteloise3, Neuchâtel : Ed. de la Baconnière, 1949, pp. 49-98. Philippe GODET, « La Dame, histoire d’une métairie neuchâteloise », Musée neuchâtelois,1887, pp. 215-222.

4 Recherches inédites de Claire PIGUET, Office de la protection des monuments et sites, pour les Journées européennes du patrimoine 2006.

5 Voir l’article de R. SCHEURER dans ce volume. « Souvenirs de Magdeleine de Perregaux née Montmollin (1838-1919) », préf. de Dominique de Montmollin, Nouvelle revue neuchâteloise88, 2005, 111 p.

6 Philippe GODET, « La Dame... », pp. 215-222.

s’y installant à demeure. On parle alors plus souvent de « château », par exemple celui des Monts au Locle, la Maison des Arbres et Bellevue à La Chaux-de-Fonds ou le château des Frêtes aux Brenets. Les terres qui y sont attachées (au XIXe siècle) couvrent des surfaces importantes, sans toutefois rivaliser avec les plus grandes. Et surtout, elles ne sont pas localisées sur les crêtes proprement dites.

Formation et évolution des domaines

Dans les limites des archives étudiées et des siècles concernés, on constate que les grands domaines se sont formés par l’achat de terres déjà exploitées, prés, pâturages et bois avec ou sans bâtiment, quelquefois une simple loge dans un pré, rassemblées en une seule main. Il n’est pas question de défrichements, ni d’ailleurs d’achats de terres communales.

Fig. 2. Grands et petits domaines de montagne, selon les plans cadastraux de 1868-1888. Les proprié-tés de la Nouvelle-Censière, à cheval sur la frontière cantonale vaudoise, ne sont représentées ici que dans leur partie neuchâteloise, de même que les trois Maix du Cerneux-Péquignot, qui débordent sur la France (OPMS). (Les cartes sont reproduites avec l’autorisation de Swisstopo - BA081498)

Les plus grandes propriétés sont le fruit de l’investissement d’une fortune importante, acquise soit par le commerce international, la banque, les industries, soit par l’exercice de charges militaires ou politiques de haut niveau, et liée à un anoblissement, les uns et les autres de ces éléments étant le plus souvent interdépendants et complémentaires.

Il n’est, en effet, jamais question d’un petit propriétaire qui s’agrandit peu à peu grâce aux revenus de son travail. L’histoire de la fameuse « ferme des Brandt » à La Chaux-de-Fonds, au lieu-dit Les Petites-Crosettes, illustre bien cette limite dans le développement pour une famille n’ayant pas accédé à l’aristocratie7.

Avant de s’établir aux Petites-Crosettes, les Brandt possédaient plusieurs domaines au Locle. En 1507, l’ensemble des terres des trois frères Brandt, bénéficiant du statut de franc-abergeants et devenus bourgeois de Valangin, se monte à 128 hectares environ. Il ne s’agit pas d’une propriété d’un seul tenant, mais de diverses possessions séparées les unes des autres. Les Brandt jouissaient de revenus et de charges de magistrature ; plusieurs ont été maire du Locle. C’est à la fin du XVIesiècle qu’ils tiennent une terre aux Crosettes, dont la surface est estimée à 54 hectares en 1592 : un patrimoine appré-ciable et une ferme magnifique quelques années plus tard qui devraient les faire entrer dans le « club des grands », mais, dans la période qui nous intéresse, le patrimoine familial cesse de croître. Les moyens financiers des frères Brandt provenaient probablement de l’élevage et du commerce du bétail, ainsi que de charges politiques locales, ce qui – semble-t-il – ne leur a pas permis de rivaliser avec les fortunes des aristocrates, surtout aux siècles suivants. On connaît au moins une des propriétés Brandt, au Grand-Sommartel, qui a été achetée par Pierre de Chambrier en 1608.

En revanche, dans les familles nobles et fortunées, on assiste, à certaines époques, à des acquisitions en série : un personnage décide de constituer un domaine et s’y attèle sur plusieurs années, par achat, et dans une forte pro-portion, par échanges, montrant par là qu’il désire regrouper ses biens. Les héritiers poursuivent ce travail de valorisation du patrimoine familial, l’agrandissent et le transmettent à leurs descendants, souvent jusqu’à nos jours. Au gré des partages et des mariages, il arrive qu’une partie de la pro-priété échappe à l’ensemble, ou que celui-ci change de famille en raison des mariages des héritières. Plus rarement, le domaine est vendu en bloc, à l’instar de La Dame, cédée par les Montmollin aux Pourtalès, qui eux-mêmes le revendent peu après aux Pury. En général, le but est de regrouper les terres pour les faire fructifier, par l’enclosure et par l’apport d’engrais, le marnage

7 André TISSOT, Chronique de la Ferme des Brandt, Petites-Crosettes 6, La Chaux-de-Fonds,Le Locle, 1998.

notamment. Le propriétaire achète non seulement des biens-fonds, mais également des droits : le plus souvent le droit d’us-à-clos8 ou le droit d’abreuvoir qu’il négocie avec les communautés et qu’il achète au prix fort.

Ce faisant, il cherche à protéger ses prés et pâturages du passage du bétail qui ne lui appartient pas, ce qui était en principe la règle9. Le fermier, ou amodiateur, est chargé de faire paître son bétail à l’intérieur des enclos où la terre est la plus maigre, afin de l’enrichir de manière naturelle. L’édu-cation, les voyages et les rencontres, habituels au sein des familles aisées, incitent les férus d’agronomie à adopter de nouveaux modes d’exploitation qui seront imités plus tard seulement par les agriculteurs ordinairement attachés à la tradition. C’est le cas d’Abram de Pury, passionné par sa montagne et les progrès de l’agriculture, dont il sera question plus loin.

Les sept plus grands domaines du canton, selon le cadastre de 1868-1888, présentés d’ouest en est, excepté celui des Joux, seule propriété communale, cité en premier.

8 « Us-à-clos », droit de clore un terrain, de le fermer toute l’année au pâturage du bétail.

9 Il faut préciser toutefois qu’un certain nombre de parcelles possédées auparavant par des bourgeois étaient des « chesaux benois » (= bénis), c’est-à-dire des prés déjà interdits au troupeau communal.

Fig. 3. Le domaine des Joux, propriété de la bourgeoisie de la ville de Neuchâtel (OPMS).

1 LES JOUX (Fig. 3-6)

Origine En 1512, Louis d’Orléans vend un grand domaine de forêts et de pâturages aux bourgeois de la ville de Neuchâtel qui, dès 1516, projettent d’y édifier un bâtiment. De nombreuses acquisitions aux alentours, ainsi que la construction ou reconstruction des trois fermes ont lieu tout au long des siècles suivants.

2 MONLÉSI (Fig. 7-10) Commune Boveresse

Lieux-dits La Louve (Louva ou Loue), Monlési, Grand-Pâturage, Petit-Pâturage (ou La Vacherie), Jolimont, Les Rosières (une des deux maisons). Au nord du domaine : la glacière de Monlési.

Surface 129 ha Altitude max. 1212 mètres

Famille Pury

Origine Dès le milieu du XVIIe siècle,

Samuel de Pury, receveur du Vauxtravers, puis ses héritiers font les premières acquisitions de terres. En 1709, Samuel et son fils

Fig. 4. La Grande-Joux, construite selon les plans de l’architecte Samuel Pury en 1750 (OPMS).

Fig. 5. La Petite-Joux, qui porte la date 1678, a conservé la cuisine voûtée sur colonnes de pierre visible dans la salle à manger de son restaurant (OPMS).

Fig. 6. La Cornée, construite en 1676, reconstruite en 1756 (OPMS).

Fig. 7. Les domaines de Monlési et Jolimont, constitués par le colonel Abram de Pury (OPMS).

Daniel sont anoblis. En 1755, le colonel Abram de Pury bâtit la grande maison de Monlési.

En 1801, il détache une partie du domaine pour le donner à sa fille, la veuve de Pierre-Alexandre DuPeyrou, qui y construit Jolimont en 1803.

3 LE GRAND-SOMMARTEL (Fig. 11-13)

Communes Les Ponts-de-Martel, La Sagne, Le Locle Lieu-dit Grand-Sommartel

Surface 123 hectares Altitude max. 1337 mètres Famille Chambrier

Origine Au début du XVIIesiècle, les Chambrier possèdent déjà des terres sur le haut des Ponts-de-Martel. En

Fig. 8. Monlési, construite en 1755, incendiée en 1799, et reconstruite immé-diatement à l’identique (OPMS).

Fig. 9. La Vacherie (ou Petit-Pâturage), estivage de Monlési (OPMS).

Fig. 10. Jolimont, construite en 1803, jouxte l’ancienne ferme du bas du domaine de Monlési (OPMS).

Fig. 11. Le domaine de Grand-Sommartel, propriété de la famille de Chambrier jusqu’au début du XXesiècle (OPMS).

maître des lieux, Georges Favre-Jacot, industriel horloger fondateur de Zénith, édifie des bâtiments ruraux et touristiques.

4 LES GRANDES-PRADIÈRES (Fig. 14-16)

Communes Boudevilliers, Les Geneveys-sur-Coffrane

Lieux-dits Archenoud, Les Dessus, Les Grandes-Pradières-Dessous, La Racine, Crêt-de-Courti, ultérieurement La Grande-Fie (ou Fia)

Surface 152 hectares Altitude max. 1415 mètres

Familles Montmollin, puis Tribolet

Fig. 12. Les bâtiments de Grand-Sommartel avant l’incendie de 1906 (carte postale s. d., coll. privée).

Fig. 13. Le Grand-Sommartel reconstruit en 1908-1910 par G. Favre-Jacot, fondateur de la fabrique Zénith au Locle (carte postale s. d., coll. privée).

Fig. 14. Le domaine des Grandes-Pradières constitué par le chancelier Georges de Montmollin au XVIIesiècle (OPMS).

Fig. 15. Les Grandes-Pradières-Dessous, centre du domaine militaire, porte la date 1682 (OPMS).

Fig. 16. Les Grandes-Pradières-Dessus (date inscrite 1672), cabane du Club alpin suisse de 1887 à 2008 (OPMS).

Origine Propriété ayant appartenu dès 1643 au maître-bourgeois de Neuchâtel Berthoud-dit-Grenet, grand-père maternel d’Elisabeth Guy, femme du chancelier Georges de Montmollin qui constitue véritablement le domaine dans la seconde moitié du XVIIesiècle.

La surface en est quelque peu diminuée au XVIIIesiècle, certaines parties des terres passant aux Chambrier et aux Ostervald, par mariage des filles. En 1877, c’est Maurice de Tribolet qui est propriétaire. Achat par la Confédération helvétique en 1965.

5 LES PLANCHES (Fig. 17-20)

Communes Dombresson et Villiers Lieux-dits Les Planches, Forêt des Envers Surface 129 hectares

Altitude max. 1059 mètres

Familles Vaucher, puis de Montmollin Origine Jean-Jacques François Vaucher

rassemble plusieurs domaines en 1821 et 1822. Le domaine est unifié et agrandi par sa belle-fille, Charlotte-Henriette, née de Pourtalès et veuve de

Fig. 17. En 1877,

Fig. 20. Les Planches ouest, ancienne maison rurale portant la date 1695 (OPMS).

Fig. 18. Trois des cinq maisons des Planches et la grande allée orientale (OPMS).

Fig. 19. Maison rurale ou maison de maître ? Cette magnifique montagne portant la date 1693 n’a jamais servi de ferme, celle du domaine se trouvant à proximité (OPMS).

Jean-Jacques François Vaucher fils, puis par la fille de celle-ci, Charlotte-Louise de Montmollin, épouse d’Auguste, qui acquiert des forêts. En 1930, les terres sont partagées entre les deux fils de Jean de Montmollin. Voir l’article de R. Scheurer et B. Boschung dans cette revue.

6 LA DAME (Fig. 21-24)

Commune Villiers

Lieux-dits La Dame, La Marquette, précédemment En Chuffort, Montagne de Montpus10

Surface 148 hectares Altitude max. 1282 mètres

Familles Montmollin, puis Pourtalès, puis Pury.

Origine Domaine constitué aux

XVIe et XVIIe siècles, acheté en 1677 par Georges de Montmollin, chancelier, qui l’agrandit et y construit un

10 Pus, pisou pysignifie coq.

Fig. 21. Le domaine de La Dame, le seul qui fut vendu en bloc deux fois, passant de la famille de Montmollin à celle de Pourtalès, puis de Pury (OPMS).

Fig. 22. La Dame : la date inscrite est 1681 mais le bâtiment a été agrandi et le toit reconstruit à pavillon-croupe en 1845 (OPMS).

Fig. 23. La Marquette, ancienne loge trans-formée en maison de villégiature en 1800 (OPMS).

Fig. 24. L’aile de style « rustique » de la Marquette fut ajoutée en 1889 (carte postale, AVN, Fonds La Marquette, Villiers).

bâtiment en 1680. Une loge voisine acquise en 1797 est transformée en maison d’habitation en 1800, rebaptisée La Marquette. En 1863, les Montmollin vendent le tout à Alexandre-Joseph de Pourtalès puis ses héritiers le cèdent à Louis de Pury en 1883.

7 LORDEL et LA FORÊT-DE-POURTALÈS (Fig. 25-29)

Commune Enges

Lieux-dits La Métairie de Lordel, Champ-Roulant, Grange-Vallier, la Forêt-de-Pourtalès, la Maison-des-Bois

Fig. 25. Le domaine de Louis de Pourtalès à Enges comprenait la métairie de Lordel, Grange-Vallier et la forêt de Pourtalès (OPMS).

Fig. 26. La métairie de Lordel porte les dates 1804 (reconstruction par Louis de Pourtalès) et 1985 (rachat et trans-formation par la commune d’Enges) (OPMS).

Fig. 27. La ferme de Grange-Vallier, construite en 1801 (OPMS).

Surface 194 hectares Altitude max. 1250 mètres Famille Pourtalès

Origine En 1798, Jean-Louis de Pourtalès, fondateur de l’Hôpital Pourtalès, partage son immense fortune entre ses trois fils. Louis transforme la Métairie de Lordel et construit la ferme et la villa de Grange-Vallier. Il possède également la grande forêt en amont qui gardera son nom, où se trouve la Maison-des-Bois.

Terres de rentabilité et de savoirs,

architecture de production et d’agrément

En guise d’exemples seront présentés le patrimoine constitué au XVIIesiècle par Georges de Montmollin de part et d’autre du Val-de-Ruz (Pradières, Bugnenets, Chuffort, Dame et Marquette) et le domaine qu’Abraham de Pury a établi au XVIIIe siècle (Monlési et Jolimont). Pour la petite histoire – les maisons de campagne ne sont-elles pas des lieux d’anecdotes privilégiés ! –, notons que les destins des deux hommes ont été liés a posteriori, puisque Abraham de Pury a été l’auteur apocryphe des Mémoires sur le comté de Neuchâtel de Georges de Montmollin ! Nous avons choisi le premier exemple en raison de la rapidité de sa constitu-tion, de l’étendue des terres et de sa destinée productive, ainsi que de la richesse des archives, aimablement mises à disposition par la famille de Montmollin. Monlési et Jolimont, également bien connus, ont retenu notre attention pour leurs qualités architecturales préservées et leur rôle culturel au siècle des Lumières.

Fig. 28. A proximité de la ferme : la maison de campagne des propriétaires du domaine de Grange-Vallier, porte également la date 1801 (OPMS).

Fig. 29. La Maison-des-Bois, construite en 1875 au cœur de la Forêt-de-Pourtalès pour le garde-forestier (OPMS).

Constitution du domaine des Pradières, aspects domaniaux et architecturaux

Constitution du domaine des Pradières, aspects domaniaux et architecturaux