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La possibilité d’établir une union monétaire en Amérique du Nord (Canada et États-Unis)

Chapitre 1 Revue de la littérature

1.3 La possibilité d’établir une union monétaire en Amérique du Nord (Canada et États-Unis)

1.3.1 Le système de taux de change entre les deux pays Le Canada

Passons d’abord en revue l’historique de l’adoption par le Canada du régime de taux de change. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1950, le Canada est devenu l’un de premiers pays du monde à adopter un régime de taux de change flottant. À cette époque, il était confronté au problème de la flambée des prix des produits de base et du volume considérable de capitaux spéculatifs à court terme destinés aux secteurs des industries primaires. Et le dollar canadien faisait face à une pression de s’apprécier et les réserves de change du Canada ont considérablement augmentées. Ainsi, en 1950, le gouvernement canadien a choisi d’utiliser le régime de taux de change flottant pour maintenir le niveau de prix. Après l’adoption ce régime, l’effet était évident, le taux d’inflation au Canada a chuté rapidement et les entrées de capitaux spéculatifs ont également ralenti. Mais en 1962, le Canada a

réutilisé le taux de change fixe en raison de la politique budgétaire expansionniste des États-Unis. Mais à la fin, en 1970, le Canada a décidé d’adopter le régime de taux de change flottant.

Comment les économistes estiment-ils le régime de taux de change flottant au Canada ?

Dans l’article de Mundell publié en 1961, il mentionne que concernant l’immobilité des facteurs, en raison de la turbulence entre les régions, si la demande étrangère de produits dans une certaine région du Canada augmente, le taux de change canadien augmentera. Tandis que dans d’autres régions, la demande pour le même type de biens baisse, ce qui fait augmenter le taux de chômage dans d’autres régions. En examinant le problème des flux de capitaux extérieurs, il estime que compte tenu la situation des années 1950s le régime de taux de change flexible adopté par le Canada est raté. En fait, certains économistes encouragent ce régime, comme Crow (1996) [38] et Murray (2000) [39], Gordon Thiessen (2000) [40] annonce fermement convaincu que le régime de taux de change flottant du Canada est toujours important à ce stade. En 2019, Lawrence Schembri [41], sous-gouverneur de la Banque du Canada, souligne les avantages du système de taux de change flexible du pays. De même, de nombreux économistes asiatiques expriment que la politique monétaire du régime de taux de change flottant adoptée par le Canada est très efficace.

Les États-Unis

Les États-Unis ont commencé à mettre en œuvre le système de l’étalon-or en 1879. L’objectif de ce système était de stabiliser les prix, mais ils n’ont pas atteint le but souhaité. En 1915, sous l’influence de la Première Guerre mondiale, l’industrie manufacturière américaine, comme les armes et les navires, s’est considérablement développée, ce qui a contribué à la prospérité de l’économie américaine. Pendant cette période, les États-Unis ont continué de maintenir le système de l’étalon-or. En 1929, la Grande Dépression des États-Unis a provoqué la sortie de l’or et la fermeture d’un grand nombre de banques nationales. Entre 1936 et 1944, en raison des impacts de la guerre en Europe, une grande quantité d’or a afflué aux États-Unis, il a entraîné une expansion monétaire et une reprise progressive de l’économie américaine. Nous pensons que cette période était la transition de l’étalon- or à l’ancrage au standard du dollar au cours de cette période. Toutefois, par les entrées d’or et une forte demande extérieure, le niveau des prix américain a augmenté rapidement. Avec ses précédentes

réserves d’or, les États-Unis ont atteint le sommet de leur statut économique mondial grâce à leur forte puissance économique. C’est ainsi qu’en 1945, le système de Bretton Woods en dollars d’or a été mis en place, faisant du dollar une monnaie mondiale. Cependant, les politiques budgétaires et monétaires expansionnistes qui ont suivi ont provoqué la dépréciation du dollar. La guerre du Vietnam qui a éclaté en 1961 a également affecté le déficit budgétaire américain. Après cela, les États-Unis ont été affectés par la crise du dollar et ont finalement mis fin au système de Bretton Woods en 1971. En août de la même année, le président américain Nixon a annoncé que le dollar américain était découplé de l’or et que le taux de change flottant commençait à s’appliquer aux États-Unis.

1.3.2 La possibilité que le Canada et les États-Unis forment la zone monétaire optimale

Dans la revue de la littérature ci-dessus, lorsque nous étudions le problème de ZMO européen, nous nous concentrons sur les facteurs de la mobilité de la main-d’œuvre, de l’ouverture économique nationale et de la similarité de la structure industrielle nationale entre les pays européens. Mundell estime que le régime de taux de change est également un facteur très important la théorie de ZMO. Dans l’étude d’Eichengreen (1991), il examine les éléments de la théorie de la zone monétaire optimale relatifs à la mobilité de la main-d’œuvre, Et il analyse également le taux de change réel et l’évolution du prix de chaque région. Il souligne que la possibilité de former une zone monétaire optimale en Europe est beaucoup plus petite qu’en Amérique du Nord. À mon avis, bien qu’Eichengreen (1991) a nié la possibilité d’établir une zone monétaire optimale en Europe, il semble qu’il y ait un espoir d’établir une zone monétaire optimale en Amérique du Nord.

De plus, de nombreux économistes envisagent le problème de la possibilité d’établir une zone monétaire optimale entre le Canada et les États-Unis en étudiant le régime de taux de change. Par exemple, Courchene et Harris (1999) [42] croient que le régime de taux de change flottants ne sert pas bien le Canada, surtout dans un environnement de zone de libre-échange nord-américain progressive. Ce régime rend le coût de l’indépendance monétaire de plus en plus évident. Par conséquent, Courchene et Harris (1999) recommandent vivement de mener à bien l’unification monétaire en Amérique du Nord. Et Grubel [43] (2000) conclut la même opinion.

Mais, certains économistes ne sont pas optimistes quant à la formation de ZMO en Amérique du Nord. Comme Carr et Floyd (2002), ils mentionnent que l’adhésion à la zone monétaire commune et la

fixation d’un taux de change pourraient éliminer les chocs monétaires asymétriques, mais s’accompagneraient également de la disparition de la politique monétaire nationale indépendante. Ils pensent que les vérifications des déterminations de la fluctuation de taux de change réel est importante. Le choc monétaire symétrique n’affecte ni le taux de change réel ni le taux de change nominal, mais si un choc réel asymétrique se produit, le taux de change réel sera affecté, ce qui ne favorise pas la formation de la zone monétaire optimale entre le Canada et les États-Unis.

Ils font des analyses de régression de 1972 jusqu’à 1998 et concluent que le Canada et les États-Unis ne doivent pas former la zone monétaire optimale, car les fluctuations de taux de change réel entre ces deux pays n’ont pas été causées par le choc monétaire, mais par le choc réel asymétrique. Cela confirme la conclusion empirique de Bayoumi et Eichengreen (1994) [44].

Dans les chapitres suivants, nous continuerons d’étudier si le Canada et les États-Unis peuvent constituer la ZMO en se basant sur les méthodologies de Carr et Floyd (2002), en ajoutant des données après 1998.

Lorsque nous parlons de la formation de la zone monétaire optimale, La zone est définie souvent en termes de pays. Cependant, dans son article sur la théorie de la zone monétaire optimale, Mundell (1961) a spécifiquement mentionné le concept de pays et de région : la zone monétaire optimale peut peut-être dépasser les frontières du pays et établir la zone monétaire optimale dans une région donnée de pays différents. Cela fournit une autre façon de penser à la possibilité d’étudier la formation de la zone monétaire optimale en Amérique du Nord.

Par exemple, Mundell (1961) pense que le Canada et les États-Unis peuvent former deux régions, la région de l’Est et la région de l’Ouest, La région de l’Est comprend la partie est du Canada et la partie est des États-Unis. L’Ouest désigne l’ouest du Canada et l’ouest des États-Unis. Le district oriental produit principalement des automobiles et d’autres produits, tandis que le district occidental produit des produits du bois et d’autres produits. Les deux pays conservent toujours leur propre monnaie, mais quand les régions sont affectées par le choc de la demande, ces régions de l’Est et de l’Ouest connaîtront des problèmes tels que le chômage et l’inflation. Malgré le régime de taux de change flexible entre les deux pays puisse résoudre des problèmes de chômage et d’inflation dans les deux

pays, mais il est incapable de résoudre le problème de la balance des paiements dans les régions. Pouvons-nous alors considérer d’établir une zone monétaire optimale dans les régions l’Est et de l’Ouest ?

Dans l’étude de Chrysanthidou, Gogas et Papadimitriou (2013) [45], ils ont analysé 8 variables macroéconomiques dans 50 États des États-Unis et 10 provinces du Canada par l’analyse de la correspondance et l’analyse par grappes hiérarchiques. Les données des États-Unis proviennent du Bureau des statistiques du travail et du Bureau de recensement, et celles du Canada proviennent de Statistique Canada. Ils estiment que les États-Unis et le Canada peuvent être divisés en trois parties. La première région comprend les zones industrialisées à forte activité économique, principalement de l’est. La deuxième région comprend les domaines d’activité économique qui proviennent principalement de l’ouest des États-Unis et du Canada. La troisième zone couvre du centre et de l’est des États-Unis et de différentes régions du Canada, Les conclusions qu’ils tirent sont importantes, car elles confirment non seulement l’idée de régionalisation de la théorie de ZMO de Mundell (1961), mais elles fournissent également un favorable argument sur la formation de la zone monétaire optimale au Canada et aux États-Unis.