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PARTIE I - À CHAQUE CIAP SA STRATEGIE DES PUBLICS

PARTIE 2 - LA POLITIQUE DES PUBLICS DES CIAP PRECEDEE PAR CELLE DE LA COMMUNICATION ?

6. S YNTHESE SUR LA POLITIQUE DES PUBLICS

6.1. Des points communs…

Pourtant basées dans des territoires très différents, les deux animatrices de Pontoise et Plaine Commune ont toutes les deux fait part de leurs difficultés à travailler si près de la capitale. Nous pensions que cela pouvait être un avantage, puisque les deux VPAH peuvent ainsi bénéficier de l’attractivité très forte de Paris et de l’Île-de-France, l’une des premières destinations touristiques au monde avec 48 millions de visiteurs en 2017. Mais il semble que ce soit l’effet contraire qui soit ressenti. Les touristes méconnaissent le patrimoine disponible aux portes de la capitale ou lui privilégient d’autres lieux connus à l’international, comme Provins, patrimoine mondial de l’UNESCO, et Disneyland. Paris phagocyte même les visiteurs locaux, les habitants, qui préfèrent prendre le métro et le train pour visiter la capitale que de découvrir leur propre patrimoine. Il est possible que ce problème soit ressenti aux abords d’autres métropoles, ce qui influe forcément sur l’approche des élus locaux sur la question de leur politique des publics.

La communication portée par le réseau des VPAH, au travers de ses publications, de son site, et de son réseau d’AAP apporte une dimension nationale que les animatrices de l’architecture et du patrimoine rencontrées utilisent beaucoup. Le forum d’entraide de l’AANAP est un maillon essentiel de ce réseau. Il leur permet d’avoir une visibilité aux yeux du ministère et de monter leur projet en se sentant moins seules, parfois, et soutenues par leurs collègues. Idem pour la charte graphique qui, si tout le monde ne l’utilise pas ou ne l’approuve avec le même engagement, reste un point de repère important à travers tout le pays. C’est un sujet qui peut même être sensible pour certains AAP, signe de son importance.

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6.2. …et des divergences

Les publics construits par les discours des élus et AAP locaux ne sont pas les mêmes partout, malgré une volonté marquée par le ministère de la Culture d’accentuer le travail des VPAH sur les publics locaux. Ainsi, Plaine Commune présente le label comme un accélérateur du développement touristique et économique de l’agglomération, comme nous le constatons d’ailleurs dans son organigramme. Et ce malgré le travail important réalisé par l’AAP auprès des habitants… Le public plus jeune, par contre, semble y être plus difficile à toucher qu’ailleurs. À Dijon aussi nous pouvons nous attendre à voir un public touristique important se rendre au CIAP, quand les portes de la Cité internationale de la gastronomie et du vin seront ouvertes.

Les services d’animations de l’architecture et du patrimoine peuvent être considérés comme des services des publics et de communication à part entière. Nous nous apercevons malgré tout que la connaissance de ces publics n’est souvent que très sommaire, et ne peut être approfondie qu’une fois le CIAP ouvert. Ils sont déterminés de façon superficielle par la convention du label VPAH, et ne font pas souvent l’objet d’une étude plus détaillée par les collectivités.

Il serait pourtant intéressant pour les CIAP de représenter ces publics et de s’en faire le porte-parole auprès des élus et décideurs politique. En soi, cela semble même fondamental : c’est ainsi qu’un équipement qui leur est dédié continuera de répondre à leurs attentes, régulièrement collectées et analysées.

Pourtant, les dossiers de candidatures au label VPAH portent déjà une première réflexion sur ces publics, qui seront ensuite construits plus ou moins différemment dans les discours des élus locaux. Si discours il y a ! L’absence de communication par les élus locaux à ce sujet peut même être un indice du peu d’intérêt qu’ils portent au CIAP comme au label. Une autre façon de communiquer dessus, en somme…

Les CIAP dépendent d’un organigramme et de moyens définis par les collectivités. Dans le même temps, les dispositifs de communication, déjà prédéfinis par la DRAC et le ministère de la Culture via la convention VPAH, sont utilisés pour donner de la visibilité au patrimoine que la collectivité souhaite mettre en avant, détaillé dans son dossier de candidature au label. La politique des publics se lit donc avant la construction du CIAP dans son organisation même. Elle se lit dans la façon dont les différents services de la collectivité peuvent travailler ensemble et dans ce qui est déjà mis en place sur le territoire pour les publics.

C’est donc dès la conception du projet que les animateurs de l’architecture et du patrimoine vont pouvoir déterminer sur quels services ils pourront s’appuyer pour toucher leurs publics.

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En conclusion de cette partie, nous en venons à nous demander si la communication, imposée pour partie par le label, n’arrive pas avant une définition claire de la stratégie locale des publics. Il semble que l’implication de certains animateurs de l’architecture et du patrimoine dans leur projet de CIAP modifie pour partie également la communication prévue pour leur lieu. Nous le constatons à Pontoise avec l’obtention de prix grâce à la ténacité d’un membre de l’équipe de Pauline Prévot et au goût de l’AAP pour les nouvelles technologies… Ainsi, la politique des publics se trouve modifiée aux yeux des élus, qui en prennent la responsabilité (bien agréable, dans ce cas), aux yeux des journalistes et de leurs lecteurs.

Nous constatons aussi le manque de réflexions poussées sur la question des publics avant l’ouverture de la plupart des CIAP. Nous remarquons que des éléments de communication existent dans le réseau VPAH, déjà chartés et utilisés partout en France, tandis que les publics sont limités aux trois essentiels, les habitants, les touristes et les jeunes. Nous relevons également, dans certains VPAH, l’intervention des élus locaux dans la presse locale, régionale voire nationale annonçant l’ouverture prochaine de leur CIAP… Toutes ces observations nous invitent à valider notre hypothèse de départ, qui est que la politique des publics des CIAP semble souvent précédée, voire minorée lors son élaboration comme dans sa mise en œuvre par la politique de communication, dans la fabrique du récit du lieu et de ses publics, pour des raisons tant organisationnelles et stratégiques que professionnelles.

Nous y mettons toutefois un bémol : les collectivités locales ne gèrent pas toutes la question des publics, du patrimoine local et de leur label VPAH de la même façon. De très grandes disparités existant d’un territoire à l’autre ; nous pensons donc très probable que cette hypothèse ne puisse s’appliquer dans toutes les Villes et Pays d’Art et d’Histoire.

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Partie 3 - Des CIAP en devenir - Le cas du Repaire Urbain,