Le développement patrimonial et culturel d’Angers : une dynamique à l’œuvre pour une notoriété

Cette ville universitaire, animée et verte est riche d’un patrimoine bâti très important, allant du château des comtes d’Anjou, siège des Plantagenêt, aux maisons à pans de bois. Elle porte une histoire multimillénaire qui se lit dans les fondations de la ville, dont une partie est visible au sein même de son château et dans ses alentours.

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Considérée comme la porte de la Vallée de la Loire, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, elle a été fondée par les celtes, dont les traces sont encore visibles aujourd’hui. Mais ses premiers occupants sont bien plus anciens : la plus ancienne trace d’occupation humaine date de 400.000 av. JC.

Son célèbre château, géré par le CMN (Centre des Monuments Nationaux), fait partie de ces fameux châteaux de la Loire qui attirent plusieurs millions de visiteurs chaque année. Ses rayures reconnaissables entre mille, blanches et noires, illustrent la particularité

minéralogique de son territoire, à la frontière géologique entre le bassin parisien et le massif armoricain, entre tuffeau et schiste ardoisier.

Angers s’est bâtie en surplomb de la rivière de la Maine. Aujourd’hui habitée par un peu plus de 156.000 personnes, c’est la préfecture du Maine-et-Loire, département des Pays de la Loire, et la ville la plus importante d’Angers Loire Métropole. Cette communauté de commune regroupe vingt-neuf municipalités et 290.000 habitants.

Son économie très diversifiée est marquée par la filière historique du végétal et plus spécifiquement de l’horticulture, dont elle est le premier bassin en France, mais aussi par le numérique et par une industrie électronique innovante. Cette spécificité lui vaut un autre label, celui de la French Tech, ainsi que des filières académiques dédiées. Notons également dans les filières les plus actives en ce moment celles de la biotechnologie et de la métallurgie, facilitées par le carrefour logistique qu’est la capitale angevine.

Car Angers, qui n’est qu’à 1h30 de Paris et à 45 minutes de Nantes en TGV, se trouve en bordure de l’A11, reliant ainsi par la route la capitale et la préfecture des Pays de la Loire. Elle possède un aéroport, et se trouve à un carrefour de voies d’eau, entre la confluence de la Maine et de la Loire d’un côté, et de l’autre celle de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir, qui se jettent dans la Maine. Cette situation géographique rapproche la ville de la côte et des ports de Nantes et Saint-Nazaire. Dans la ville, les nombreux bus et tram sont privilégiés par les habitants, qui évitent de plus en plus les déplacements en voiture dans le centre-ville. Voies piétonnes et pistes cyclables permettent de se déplacer agréablement dans le centre mais aussi en périphérie, jusqu’à l’extérieur de la métropole.

Celle qu’on appelait déjà au XIXe siècle l’Athènes de l’Ouest compte 42.000 étudiants, répartis sur deux universités reconnues à l’international, l’Université d’Angers et l’Université Catholique de l’Ouest, et sur de nombreuses autres écoles supérieures. C’est un indicateur important car

Carte de la communauté de commune d’Angers Loire Métropole.

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beaucoup d’aménagements sont réalisés pour les étudiants, qui représentent 14,5 % du nombre d’habitants dans la métropole. Cette tranche de la population est un public potentiel important pour le CIAP.

Toute la région est réputée pour son climat, à l’origine de son activité horticole et vinicole. Célébrée par Joachim du Bellay, la doulceur angevine a connu de nombreux grands personnages de l’Histoire et des arts, dont la dynastie des Plantagenêts, les comtes d’Anjou Foulques Nera et le roi René, le sculpteur David d’Angers.

Plus récemment, c’est Jean Lurçat, l’artiste et membre de l’Institut de France à l’Académie des beaux-arts, qui a contribué à sa notoriété. L’académicien est à l’origine du Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, où est exposée sa tapisserie du Chant du Monde.

Cette création est une réinterprétation de la Tapisserie de l’Apocalypse, la plus ancienne au monde. Véritable trésor patrimonial, elle est conservée au cœur du château d’Angers. Ce chef d’œuvre fait aujourd’hui l’objet d’une candidature au registre « Mémoire du Monde » de l’UNESCO, portée par la ville, la DRAC et le Centre des Monuments nationaux. Couplée à la tapisserie de Jean Lurçat, elle explique le travail important réalisé par Angers Patrimoines autour de la tapisserie contemporaine et le soutien qu’elle apporte à ses artistes liciers. Le château et sa tapisserie sont loin d’être les seuls attraits d’Angers : en 2020, l’inventaire du patrimoine y compte cent lieux classés monuments historiques.

Ses monuments et musées sont nombreux et proposent beaucoup d’expositions et d’animations diverses - parmi eux le remarquable Musée des beaux-arts, le château d’Angers, le Muséum des sciences naturelles ou encore la Galerie David d’Angers -. Son architecture et

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les quartiers d’Angers, tout comme l’histoire des personnes qui les ont habités et y ont travaillé lui apportent eux aussi une richesse patrimoniale forte, tant matérielle qu’immatérielle. Le centre-ville s’est développé depuis les Gallo-Romains autour de l’actuel château. Il n’a rien à envier au très pittoresque quartier de la Doutre, dans l’Outre-Maine, sur la rive ouest opposée au château. Maisons à pans de bois, hôtels particuliers, patrimoine religieux et habitations en tuffeaux, mais aussi espaces verts et botaniques nourrissent l’image qu’on garde de la ville.

Les arts vivants sont également un élément majeur de l’attrait d’Angers. Tandis que son Grand Théâtre et son Zénith accueillent des spectacles d’envergure nationale et internationale, des festivals très attendus comme le Festival les Accroche-Cœurs (250.000 participants en 201878) font régulièrement battre le cœur de la ville. De nombreuses autres scènes permettent aux artistes de se représenter et d’animer la cité angevine.

En plus de ces scènes, son enseignement supérieur dans les arts vivants, et notamment en musicologie, concourt à sa réputation de ville animée et culturellement passionnante.

Cette activité culturelle et artistique de la ville participe au développement touristique d’Angers. En 2018, son château était le 10e site le plus visité de France, parmi les monuments nationaux,

78 Destination Angers. Bilan de l’activité touristique 2018. Angers : Destination Angers, 2019. 15 pages. Page 13.

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avec 219.500 visiteurs79. Sur 17 sites patrimoniaux d’Angers Loire Métropole, la fréquentation avait augmenté de 7,2 % par rapport à l’année précédente, avec 898.324 visiteurs, issus en grande partie des régions des Pays de la Loire et de Bretagne80.

Angers bénéficie de l’image d’une ville dynamique, jeune, notamment grâce à ses écoles supérieures et ses universités. C’est une ville verte, du fait de ses nombreux espaces verts et par sa spécialité horticole.

C’est une ville où il fait bon vivre, qui a la chance de ne pas être seule au milieu d’un désert patrimonial et environnemental. Les châteaux de la Loire, bien entendu, attirent la plus grande partie des touristes, tout comme la côte ou le Puy-du-Fou, à moins de 100 km. Mais l’attractivité de l’Anjou ne se limitent pas à ces lieux mondialement célèbres. Ce sont tous ses paysages et les mille autres sites patrimoniaux des environs, plus ou moins bien connus, qui rendent cette ville encore plus attrayante.

L’Anjou et sa capitale sont réputées par leur patrimoine, donc, et par leur art de vivre. L’un de ses meilleurs ambassadeurs est sa gastronomie vivante et simple. Parmi ses spécialités culinaires, relevons les quernons d’ardoise, le crémet d’Anjou, ou encore la galipette qui se marient avec bonheur aux vins d’Anjou, au Cointreau ou à la Menthe pastille. Ces alcools angevins apportent la ville et la région sur un plateau dans le monde entier. D’autres spécialités, comme les fouaces, se dégustent sur place, de préférence dans les villages troglodytes de la région. Spectacles et saveurs y sont garantis, et font venir et revenir les touristes, charmés par ces traditions gastronomiques ancestrales81 !

L’architecture angevine, représentée notamment par ses nombreuses habitations à pans de bois, est aussi marquée par un style architectural spécifique, le gothique angevin. Ce style, également appelé gothique Plantagenêt ou gothique de l’Ouest, est encore visible dans plusieurs sites de la ville dont l’ancien hôpital Saint-Jean, au cœur du musée Jean Lurçat, ainsi que dans la cathédrale Saint-Maurice et dans la chapelle du château, construite auprès du logis royal. Promu par les Plantagenêts, on le retrouve dans d’autres régions, de la Bretagne à la Gascogne. Il se trouve même des bâtiments construits en gothique Plantagenêt en Sicile et à Naples, dans les anciens royaumes angevins.

79 Ministère de la Culture, Département des études, de la prospective et des statistiques. Chiffres clés

2019 – Statistiques de la culture et de la communication. Paris : Les presses de Sciences Po/Ministère

de la Culture – Département des études, de la prospective et des statistiques, Mai 2019. Page 156.

80 Op. cit. p.66 : pages 7 et 9.

81 Inutile d’insister, vous l’aurez compris : l’observation participante y a été l’un des meilleurs moments de cette recherche…

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1.2. Une politique patrimoniale aux conséquences sociales durables