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PARTIE I - À CHAQUE CIAP SA STRATEGIE DES PUBLICS

PARTIE 2 - LA POLITIQUE DES PUBLICS DES CIAP PRECEDEE PAR CELLE DE LA COMMUNICATION ?

1. L E TEMPS DES PUBLICS

1.1. D’une nécessité légale…

Pourtant, nous l’avons vu, les pouvoirs publics portent une attention particulière aux publics. Que l’on regarde du côté de la loi Musée 2002 ou encore vers le rapport de la Mission Musées XXIe siècle47 ou le guide publié par le ministère de la Culture sur la gestion de la relation contact48 (la GRC), l’importance qu’on leur donne va grandissante, et ce depuis plusieurs dizaines d’années. Cette demande, qui consolide la place des directions des publics dans les institutions culturelles, correspond également au besoin des collectivités de savoir pourquoi et dans quelle mesure elles doivent investir dans des équipements culturels, et dans le même temps doit amener à valoriser l’action de ces mêmes collectivités aux yeux du public. Cela représente une évolution et une nécessité forte de professionnalisation de ces directions des publics et des compétences développées par le personnel des musées.

La page de présentation de la GRC, sur le site du ministère de la Culture, l’exprime très bien : Inspirée des pratiques du secteur privé, l'analyse des données concernant

les visiteurs ou les différents contacts d'un établissement permet aujourd'hui, à travers les logiciels de GRC, de replacer le public au cœur de la stratégie des institutions, d'améliorer l'expérience du visiteur en ligne et in situ, d'accroître l'attractivité des sites en se fondant sur des éléments objectifs et, de manière générale, de mieux évaluer l'impact de l'action des établissements.49

Une autre loi plus récente confirme l’importance de la gestion des publics par les CIAP et les services du patrimoine : la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, promulguée le 7 juillet 2016 et dite « loi LCAP », intègre dans l’article L. 631-1 du

47 Eidelman, Jacqueline (sous la dir.). Inventer des musées pour demain : Rapport de la mission Musées

XXIesiècle. Paris : La documentation française, 2017. 249 p. (coll. Rapports officiels).

48 Ministère de la Culture, Département de l’innovation numérique (SG/SCPCI). Déploiement de projets

de Gestion de la Relation Contacts (GRC) au sein des institutions culturelles. Paris : Ministère de la

Culture – Département de l’innovation numérique (SG/SCPCI), Janvier 2020. 45 pages.

49 Ministère de la culture, Département de l’innovation numérique (SG/SCPCI). La donnée au service des publics : un guide pour les institutions culturelles. [En ligne]. Date de publication : 1er janvier 2020. Disponible sur : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Innovation-numerique/Soutien-a-l-innovation/La-donnee-au-service-des-publics-un-guide-pour-les-institutions-culturelles [Page consultée le 27/07/2020]

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Code du Patrimoine que « les Sites patrimoniaux remarquables sont dotés d’outils de médiation et de participation citoyenne ».

Cette participation citoyenne sur les questions d’urbanisme est une obligation légale que les directions des publics peuvent prendre en charge. Cela implique l’obligation de mettre en place des dispositifs de médiation et de participation citoyenne, ce qui rentre tout à fait dans le cadre d’un CIAP. Cette obligation légale impose la création d’espaces publics et permet aux citoyens de s’exprimer. Des conférences, ateliers de scénarios, jurys ou concertations publiques, donneront ainsi une vision et des décisions collectives des projets d’urbanisme. Autant de dispositifs qui rentrent tout à fait dans le cadre d’un CIAP et de sa Direction des publics. La participation citoyenne est expliquée par l’association Sites et cités remarquables dans son guide Quels outils de médiation et de participation citoyenne dans les Sites Patrimoniaux Remarquables ?50. Cette obligation touche chaque VPAH de notre corpus restreint, à savoir Angers, la métropole de Dijon, Plaine Commune, et Pontoise. Ce classement de Site patrimonial remarquable concerne en effet la plupart des VPAH, puisqu’il se substitue aux « secteurs sauvegardés », aux « zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager » (ZPPAUP) et aux « aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine » (AVAP). Il remplacera donc tous ces classements susceptibles de soutenir et de cadrer la gestion du patrimoine dans les territoires. Retenons que ce classement est lui aussi sous la tutelle du ministère de la Culture…

Nous le voyons, la politique des publics dépend en grande partie de l’État, qui met en place une réglementation cadrant les décisions des élus locaux. Une marge de manœuvre existe pourtant à l’intérieur de ce cadre.

Nous remarquons l’importance des publics pour les DRAC dans le nom même du service géré par M. Fenneteau, à Nantes. Le service « Territoires et Publics », lui-même inclus dans le pôle Création, Industries culturelles et Action culturelle et territoriale « est chargé de piloter une démarche de développement culturel centrée sur les publics et les territoires en s'appuyant sur les politiques, dispositifs et aides du ministère de la Culture en faveur de la démocratisation culturelle (…) »51. Importance surtout marquée, lors de notre entretien, sur les publics éloignés et empêchés, ainsi que la jeunesse, principalement en difficultés.

50 Ortiz, Marylise (sous la dir.). Quels outils de médiation et de participation citoyenne dans les Sites

Patrimoniaux Remarquables ? Bordeaux : Sites et cités remarquables de France, 2019. 44 pages. 51 DRAC des Pays de la Loire. Territoires et Publics. [En ligne]. Date de publication : 15 juillet 2020. Disponible sur : https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Pays-de-la-Loire/Actualite/La-DRAC/Pole-creation-industries-culturelles-et-actions-culturelles-et-territoriales/Territoires-et-publics

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1.2. … à un besoin fonctionnel

À l’échelle locale, les directions des publics des institutions culturelles, qui prennent en compte le « savoir de contact »52 développé sur le terrain, peuvent aller très loin. En prenant en compte la concurrence et les partenaires institutionnels, la loi du marché sur lequel elles se positionnent, les différents types de visiteurs étudiés dans le détail, etc., elles permettent de s’adapter aux publics, aussi changeants soient-ils. Elles s’adaptent à leurs demandes, aux dispositifs de médiation et aux progrès techniques, aux attentes des collectivités, et puisent à une source d’inspiration sans limite : celle des publics !

Ces directions ou services pensent ainsi autrement la relation entre public et culture. Elles valorisent la médiation tout en facilitant le travail des médiateurs, et adaptent leur structure à des types de visites très éloignées de ce qui se faisait à l’ère Malraux…

Si historiquement, les postes au contact des publics sont souvent les plus mal payés et considérés comme nécessitant le moins de formation ou d’expérience, un changement de regard important s’opère dans le milieu de la culture. Car travailler auprès des visiteurs permet d’en saisir les nuances, de compléter par des non-dits, du ressentis

, ce que les études et les chiffres tirés des billetteries et des dispositifs numériques n’expriment pas. Le PSC d’un autre centre d’interprétation, le Chronographe de Nantes Métropole53, confirme cette prise de conscience. Il indique les chiffres tirés des visites sur l’année 2017 mais annonce d’emblée que ceux-ci ne sont pas complets et qu’une « véritable étude des publics reste à faire » …

Si elles sont essentielles, les compétences liées au contact humain et à l’empathie ne suffisent pas non-plus pour mettre en place une direction des Publics efficaces. Il leur est rapidement nécessaire d’utiliser les sciences humaines et sociales, tels que la sociologie, l’anthropologie, la sémiologie, … pour comprendre les comportements et traduire les ressentis exprimés par les publics et par les équipes sur le terrain. C’est cette expertise qui permet de palier à la difficulté de saisir les nuances de son public.

Cette expertise est aussi l’une des ressources qui font des CIAP des lieux mieux compris, mieux intégrés dans le paysage culturel de leur territoire. Et ainsi, quelque part, qui donne la pleine mesure à ces lieux d’influence, de communication sur la politique culturelle, patrimoniale et urbanistique de leur collectivité.

52 Terme là-aussi repris en titre de l’article de Joëlle Le Marec, op. cit. page 41

53 Nantes Métropole. Le Chronographe : Projet scientifique et culturel. Nantes : Nantes Métropole, 2018, page 21.

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