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5 ANALYSE DES APPROCHES INTERNATIONALES ET ÉLABORATION DE

5.3 Positionnement de l’approche québécoise sur l’échiquier international

5.3.2 Pistes de suggestions pour les programmes de surveillance biologique et de

Suite à la sélection en entonnoir des approches internationales les plus rigoureuses, il est possible de cibler les paramètres déficients afin de contrer les lacunes existantes. De fait, les pistes de suggestions visant l’implantation de critères biologiques sur le territoire

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mesure d’identifier le niveau de perturbation le plus faible, et de protéger les habitats, les biotes et les écosystèmes les plus sensibles.

Programmes de surveillance biologique

Le calcul des métriques à l’échelle paneuropéenne résulte initialement d’une classification a priori des plans d’eau sous la base du type de dégradation dominant au sein de l’hydroécorégion. Préférentiellement, les mêmes métriques ou groupe de métriques sont priorisés au sein de chaque type de perturbation principal, soit la dégradation morphologique, la pollution organique et l’acidification. Par exemple, afin d’établir l’état de santé préliminaire des cours d’eau, la classification a priori appose une cote variant de 1 (site de référence) à 5 (mauvaise condition probable), score standardisé par le consortium AQEM. La standardisation préliminaire facilite donc la sélection des sites de référence et l’attribution ultérieure des classes de qualité écologique.

Par ailleurs, l’approche multimétrique privilégiée par la France, soit l’inclusion de traits bioécologiques, est très appropriée afin d’assurer une gestion intégrée de la ressource et le maintien de l’intégrité écosystémique. En effet, les traits bioécologiques posent l’avantage d’appréhender la structure fonctionnelle des communautés biologiques. De sorte à générer des profils bioécologiques spécifiques, une note d’affinité est également attribuée aux modalités bioécologiques. Variant de 0 à 5, la note d’affinité est allouée à chaque unité taxonomique de la communauté benthique. L’insertion des traits bioécologiques pose l’avantage de discriminer certains types d’habitats, de cibler des sites dégradés, d’estimer la fonction de l’écosystème, d’inclure divers paramètres prédictifs et d’utiliser une large échelle d’application.

Également tel qu’il a été mentionné antérieurement, plusieurs auteurs stipulent qu’un indice combiné, faisant à la fois état de l’approche multivariée et multimétrique, pourrait combler quelques unes des lacunes inhérentes aux approches de surveillance biologique et accentuer le pouvoir des outils de prédiction de l’état des écosystèmes. Prenons l’exemple de l’étude portant sur les communautés de macroinvertébrés .proposée par Grenier (2007). Cette dernière pourrait inspirer le développement d’un indice combiné qui

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proposée permettrait dès lors, d’évaluer le niveau de dégradation de l’écosystème en fonction de la distance à la référence sur un gradient d’altération. Également, des seuils de changements écologiques associés aux biotes pourraient être instaurés sur le territoire québécois. Ces derniers permettraient de contrer la classification arbitraire qu’imposent les niveaux de dégradation usuels.

Il est présumé que les pistes de suggestions étalées permettraient de calibrer d’avantage l’analyse multimétrique québécoise aux caractéristiques locales et par conséquent, de poser un diagnostique plus précis de l’état de santé global du cours d’eau. Or, il reste sans conteste que des ajustements en regard des paramètres existants demeurent essentiels. Afin que le portrait de la qualité de l’eau soit précis, juste et significatif en fonction de l’échelle spatiale, soit celle permettant de rencontrer la gamme de processus physicochimiques structurants la composition des communautés biologiques, il apparaît incontestable de poursuivre et peaufiner les analyses scientifiques vouées à l’établissement des conditions de référence. À juste titre, une calibration plus fine relativement aux particularités locales et régionales et l’ajout de sites de référence sont essentiels. Ces ajustements invoquent un défi de taille en raison du processus systématique et itératif que représente la surveillance biologique. Ces derniers nécessitent alors une approche expérimentale, et imposent des ressources importantes, s’échelonnant sur plusieurs années.

Programmes de critères biologiques

Selon le portrait dressé au chapitre précédant, la sélection de percentiles pourrait servir de balise à l’établissement de critères biologiques. Mondialement, cette dernière représente l’approche majoritairement employée lors de délimitation des classes de qualité de l’eau. Toutefois, une sélection préliminaire des sites de référence pourrait s’effectuée préalablement à l’établissement des seuils numériques. Par exemple, l’approche de l’État de l’Ohio retient, à titre de référence, seulement les sites ayant une valeur de l’indice multimétrique supérieure à 95 %. Encore, la sélection préliminaire pourrait étroitement s’inspirer de la classification a priori observée auprès des approches découlant du projet

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Malgré le fait que l’Australie et la Nouvelle-Zélande n’instaurent pas les critères biologiques sur une base obligatoire, les approches permettant de dériver ces derniers sont très intéressantes. En effet, le modèle multivariée AusRivAS définit quatre bandes écologiques en fonction des 10e et 90e percentiles des sites de référence. Il serait donc approprié d’investiguer d’avantage sur la sensibilité et de la variabilité naturelle qui apparaît dans les systèmes aquatiques de sorte à sélectionner les percentiles adéquats, permettant d’assurer la protection, la productivité et la pérennité des écosystèmes. Également, l’approche québécoise pourrait tirer profit de l’exercice d’interprétation de l’intégrité écosystémique instauré par la Nouvelle-Zélande. Cette dernière insère, dans un même graphique, les scores de l’indice multimétrique et de l’indice de qualité de l’habitat. Cette approche permet alors une évaluation intégrée des paramètres physiques, chimiques et biologiques du plan d’eau. L’emplacement d’un point (combinaison des indices) dans la zone de qualité est alors sujet à des commentaires narratifs sur l’état de santé des plans d’eau, le cas échéant, réfère à des pistes de suggestions visant à restaurer les plans d’eau dégradés.

En regard du portrait international, il appert que les pistes de suggestions quant aux programmes de surveillance biologique et de critères biologiques se résument comme suit :

Programme de surveillance biologique

- Classification a priori des plans d’eau sous la base du type de dégradation dominant au sein du bassin versant;

- Inclusion de traits bioécologiques afin d’appréhender la structure fonctionnelle des communautés biologiques;

- Création d’un indice combiné, faisant à la fois état de l’approche multivariée et multimétrique, et intégration de seuils de changement écologique.

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- Sélection des percentiles des sites de référence pour l’élaboration des critères numériques;

- Sélection des sites de référence ayant des valeurs de l’indice multimétrique supérieures à 95 %;

- Classification a priori des plans d’eau et assignation d’une cote de qualité écologique;

- Intégration des indices biologique, chimique et physique dans un même graphique et annexer des commentaires narratifs sur l’état de santé global des plans d’eau, le cas échéant, établir des mesures cœrcitives visant à restaurer les plans d’eau dégradés.