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3 CADRE THÉORIQUE : PROGRAMMES DE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE ET DE

4.4 Australie

La conscience flagrante des menaces anthropiques sur les systèmes riverains incita le déploiement d’une approche d’évaluation valide et efficiente des conditions écologiques sur l’ensemble des territoires australiens. En réponse à la nécessité nationale d’une approche standardisée, le système Australian River Assessment System fut développé au cours des années 1990 dans le cadre du National River Health Program.

Or, à la lumière des connaissances actuelles, les états australiens ne semblent pas avoir établi de normes biologiques internationales. Toutefois, sous l’égide de Victorian State Environment Protectino Policy, des objectifs biologiques sont incorporés au sein des législations environnementales en vigueur. Qui plus est, quelques auteurs ont soulevé la

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possibilité de dériver des critères biologiques des bandes écologiques issus des ratios O/E du système AusRivAS (Wright et al., 2000; Bailey et al., 2004).

De ce fait, à l’inverse du système RIVPACS qui se doit d’être conforme aux modalités de la DCE, l’approche australienne envisage l’emploi de bandes écologiques, délimitées par le10e percentile et 90e percentile des sites de référence, à titre de normes strictes attestant le maintien de l’intégrité écologique des plans d’eau.

Approche multivariée

Contrairement aux modèles multimétriques traditionnels, l’emploi de l’approche pionnière de RIVPACS et de ses dérivées, notamment le système AusRivAS, pose l’avantage de prédire la faune attendue à un site donné. Bien que dérivée du système RIVPACS, l’approche AusRivAS présente des caractéristiques divergentes. Initialement, l’adoption du modèle multivarié sur le territoire australien impliqua quelques modifications indispensables quant aux techniques d’échantillonnage et à la conception du modèle statistique prédictible.

À prime abord, un modèle statistique spécifique, intégrant les conditions biologiques et environnementales recensées, est développé au sein de l’ensemble des régions identifiées. L’élaboration de modèle spécifique à chaque région accentue l’occurrence prédictive des communautés biologiques, tout en dressant un portrait global du territoire australien. Au même titre que de nombreuses approches d’évaluation biologique internationale, le système australien adopte une méthodologie nationale standardisée (figure 4.25).

De surcroît, les microhabitats retrouvés au sein des divers plans d’eau sont évalués individuellement sous la base d’une méthodologie d’échantillonnage stricte, estimant la composition des assemblages biologiques retrouvée. Les informations de l’habitat aux échelles du bassin hydrographique et local sont primordiales à l’établissement des groupes biologiques de référence.

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Figure 4.25 Méthodologie standardisée associée à l’établissement des conditions écologiques de l’habitat. Tirée d’Australie, 2009, [En ligne].

Subséquemment, les composantes physiques à large échelle sont employées afin de discriminer entre les groupes locaux établis. En effet, le modèle AusRivAS se réfère à des analyses multiples discriminantes de sorte à engendrer des sous-groupes biologiques pondérés par l’intermédiaire de paramètres discriminants. Une à une, les variables environnementales sont insérées au modèle statistique afin de sélectionner celles assurant la plus forte discrimination entre les groupes biologiques. Basée sur la distance, la probabilité qu’un taxon se retrouve au site test est pondérée afin d’associer le groupe

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d’appartenance au taxon d’intérêt (CCME, 2006a). À l’opposé de RIVPACS, seuls les taxons ayant une probabilité d’occurrence supérieure à 50 % sont insérés dans l’analyse discriminante. De fait, la variabilité naturelle procure un impact moindre à la sensibilité du modèle statistique. Il reste sans conteste qu’un nombre adéquat de taxons doit faire l’objet de l’analyse afin que les résultats s’avèrent robustes et sensibles. Les travaux de Simpson et Norris (2000) ont démontré que le rejet des taxons affichant une occurrence inférieure à 50 % demeure scientifiquement valide.

La mesure écologique d’un site test correspond étroitement à celle du modèle statistique RIVPACS. D’emblée, lorsque le nombre ou le type de taxons recueillis à un site ne répond pas à ce qui est attendu, la qualité de l’eau ou les conditions de l’habitat sont jugées limitées en regard à leur potentiel naturel. Ainsi, grâce à l’identification d’une communauté biologique de référence, la dégradation écologique potentielle peut être évaluée. Tel que le ratio O/E de RIVPACS, l’échelle issue de l’approche AusRivAS s’échelonne de 0 à 1, représentant un continuum de conditions écologiques. Afin de faciliter l’interprétation des résultats, le continuum est scindé en bandes distinctes, délimitant les conditions écologiques impactées des conditions dites de référence.

L’écart acceptable du ratio O/E est délimité par le 90e percentile et le 10e percentile des sites de référence (CCME, 2006a). Ainsi, un site test affichant un ratio inférieur au 10e percentile indique une perte de taxa anormale, tandis qu’un site supérieur au 90e percentile présente une faune plus riche en comparaison de celle attendue (tableau 4.12). De surcroît, une standardisation de la largeur des bandes d’évaluation écologiques est déterminée par la bande A, référant aux 10e et 90e percentiles des sites de référence. La limite de la bande B débute au 10e percentile, séparée par la distance entre la bande A et B, suit ensuite la bande C avec une distance équivalente aux précédentes. Toutefois, la bande D est déterminée par la différence entre la valeur minimale et le ratio O/E équivalant à 0 (CCME, 2006a). Les sites plus riches en comparaison à la valeur attendue équivalent à la bande X, et décèlent habituellement un enrichissement en matière organique. Ces derniers correspondent aux valeurs supérieures du 90e percentile des sites de référence.

En somme, quatre bandes caractérisent le schéma écologique, soit les conditions de référence, sous les conditions de référence, fortement sous les conditions de référence, et plus riche que les conditions de référence (Simpson and Norris, 2000).

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Tableau 4.12 Bandes écologiques issues du modèle statistique AusRivAS. Modifié de CCME, 2006a, p.21.

Bandes écologiques

Limites des bandes

Statuts écologiques Descriptions narratives

X

Au dessus du 90e percentile.

Plus riche que les conditions de référence.

- Nombre de taxa supérieur à ce qui est attendu;

- Biodiversité «hot spot» potentielle; - Enrichissement en matière

organique;

- Irrigation continue du régime

hydraulique au sein d’un cours d’eau normalement intermittent.

A 10e et 90e percentiles.

Conditions de référence.

- Valeur de l’indice centrée sur 80 % des sites de référence.

B Sous le 10 e percentile, distance équivalente à la bande A.

Sous les conditions de référence.

- Nombre de taxa inférieur à ce qui est attendu;

- Impact potentiel de la qualité de l’eau, ou de la qualité de l’habitat, ou des deux résultant à une perte de taxa.

C Sous la bande

B, distance équivalente à la bande B.

Fortement sous les conditions de référence.

- Nombre de taxa largement inférieur à ce qui est attendu;

- Perte de taxa attribuable à un impact substantiel sur la qualité de l’eau ou de l’habitat.

D 0 à bande C. Appauvri. - Plusieurs taxa attendus sont

manquants;

- Sévère dégradation de l’environnement.

Plusieurs distinctions majeures caractérisent les deux systèmes multivariés présentés. À l’opposé du système RIVPACS, un regroupement préliminaire non pondéré est employé par l’approche australienne afin de classer les sites en accordance à la faune benthique. Ensuite, l’analyse de discriminants multiples est effectuée afin de sélectionner la variable environnementale prédictible discriminant la classification des groupes (CCME, 2006a). Par ailleurs, les différents habitats, notamment les plats courants, seuils, lits, etc., au sein d’un même cours d’eau, sont échantillonnés individuellement dans l’approche AusRivAS. De ce fait, les modèles prédictibles sont développés indépendamment pour chaque état et région du territoire australien, et ce, sous la base du type d’habitat majoritaire, tandis que le modèle RIVPACS est déployé à l’échelle pan britannique. Également, les modèles

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spécifiques de l’AusRivAS sont applicables à des saisons distincts ou combinées, et pour chaque type d’habitat retrouvé au près de chaque écorégion (CCME, 2006a).