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2.1. Les impacts environnementaux associés à la phase d’usage des produits

2.1.2. La phase d’usage 59

Les produits électroniques, de par leur consommation énergétique, ont généralement un

impact considérable sur l’environnement lors de leur utilisation50. Outre une pression

environnementale liée à l’utilisation d’un appareil, la façon dont l’énergie est produite dans un pays va également engendrer des impacts liés aux émissions de gaz à effet de

serre (CO2) responsables du réchauffement climatique (Gouvernement du Canada,

2008). Actuellement, la principale façon de limiter à court terme ces gaz polluants, découlant de la consommation de combustibles fossiles, consiste à améliorer l’efficacité énergétique des biens électroniques (Gouvernement du Canada, 2008). C’est dans cette perspective que la communauté internationale a instauré différentes mesures (directive européenne ErP, Règlement canadien sur l’efficacité énergétique présentés dans la section 1.3 du chapitre 1) visant à assurer le retrait progressif des produits énergivores (IEA, 2009).

Aujourd’hui, les produits électroniques représentent un des postes de consommation

énergétique les plus importants chez les ménages (Crosbie, 2008; IEA, 2009). Les TIC51

et l’électronique grand public consomment près de 15% de l’électricité résidentielle (IEA, 2009). L’Energy Saving Trust estime qu’en 2020 l’ensemble des appareils électroniques consommera 45% de la consommation énergétique d’un foyer (Crosbie, 2008). Même si la performance énergétique des biens électroniques a été améliorée, il n’en demeure pas moins que la multiplication des équipements et des options offertes a

50. Il peut également arriver pour certains appareils, comme les téléphones portables, que les infrastructures de télécommunication nécessaires à leur fonctionnement utilisent plus d’énergie que l’appareil en lui-même (Nokia, 2005).

51. Il y a de nombreux exemples où l’utilisation des TIC a conduit à une consommation énergétique plus efficiente, comme le télétravail, les techniques de production automatisées, l’optimisation du réseau électriques, etc. (IEA, 2009). Quelques recherches se sont justement penchées sur la mise à profit des TIC afin de réaliser des économies d’énergie (Sumita, 2008).

conduit à une augmentation continue de la consommation d’énergie comme le montre la figure 9 ci-après (IEA, 2009).

Le cas du téléviseur illustre à juste titre cette situation. La mise sur le marché des écrans plats, qui à format égal sont plus éco-efficients que les cathodiques, a conduit à une hausse de la consommation énergétique, d’une part parce que les consommateurs achètent des écrans plus grands (IEA, 2009), et d’autre part, parce qu’ils ne se débarrassent pas de leur ancien modèle, le reléguant dans une pièce du foyer pour une utilisation secondaire. D’autres facteurs, dont la transition vers le numérique, ont également contribué à cette hausse de la consommation d’électricité. L’adoption du numérique a été un tremplin technologique qui a permis aux fabricants d’introduire de nouveaux appareils électroniques, tels que les décodeurs et enregistreurs numériques. Du point de vue de l’usager, cette transition a diversifié l’offre de services, grâce aux chaînes Haute définition, qui a pu contribuer, dans une moindre mesure, à l’augmentation du temps passé devant le téléviseur (IEA, 2009).

Cette consommation est illustrative puisque basée sur une estimation annuelle de la consommation d’énergie d’un nombre moyen d’équipements électroniques dans un foyer vivant dans un des pays membre de l’OCDE52.

Légende : TV1 : Télévision principale ; TV2 : Télévision secondaire ; STB : Décodeur numérique ; PC : Ordinateur personnel; CD : Lecteur de CD ; DVR : Lecteur de DVD avec enregistreur.

Source : IEA (2009). Gadgets and Gigawatts: Policies for Energy Efficient Electronics, Paris, OECD/IEA.

Avec le taux de pénétration élevé des biens à caractère électroniques, les autorités politiques doivent s’engager vers une stabilisation et une réduction de la consommation énergétique des ménages (IEA, 2009). À cet effet, la directive européenne ErP a été instaurée afin d’améliorer la performance environnementale des appareils liés à l'énergie tout au long de leur cycle de vie. Les principaux bénéfices de cette directive ont permis d’améliorer l’efficience énergétique des produits (phase de production et de consommation), sans pour autant comprendre les comportements de l’usager qui façonnent la consommation énergétique résidentielle. La fréquence et de l’intensité d’utilisation d’un produit par l’usager ne sont pas les seuls facteurs déterminants du point de vue de la consommation énergétique, d’autres choix qu’il a effectués, tels que le type de technologie utilisée, la taille de l’écran/du produit, et le nombre d’options choisi, exerceront également une pression sur l’environnement (Simon, 2010).

52 . Pour consulter la liste des pays de l’OCDE, cliquez sur le lien suivant: http://www.oecd.org/fr/apropos/membresetpartenaires/liste-des-pays-de-l-ocde.htm

Une étude américaine soulignait que le coût de l’électricité n’était pas un levier suffisant pour amener les usagers à changer leur routine d’utilisation des équipements électroniques (Pierce, Schiano, et Paulos, 2010). Cette recherche, ainsi que d’autres, révélait que les interactions quotidiennes de l’usager avec ses appareils électroniques étaient généralement le fruit d’une routine établie, sans que ce dernier ne soit réellement conscient de l’impact énergétique résultant de ses comportements (Bhamra et coll., 2011; Pierce et coll., 2010). Plus précisément, ces travaux montraient que l’usager ne considère pas la réduction de la température ou des cycles moins longs pour le lave-linge et sèche-linge, qu’il ne prend pas en compte les cycles de rinçage moins longs pour le lave-vaisselle et qu’il n’éteint pas son chauffe-eau pour réaliser des économies d’énergie lorsqu’il est absent. Cette étude attire l’attention sur le fait que de simples changements dans les habitudes d’utilisation pourraient conduire à une réduction de la consommation énergétique (Pierce et coll., 2010).

Les conclusions des recherches citées ci-dessus contribuent à questionner le cadre législatif en vigueur puisqu’il vise principalement les phases de conception et de fin de vie des produits. Désigner le fabricant comme étant le principal responsable des dommages environnementaux ne représente plus une stratégie efficace. Des études montrent justement que la fabrication de produits électroniques efficients ne représente plus une solution satisfaisante pour tendre vers des modes de production et de consommation plus durables (Aoe, 2007; Crosbie, 2008). Plusieurs recherches évoquent la nécessité de mieux connaître comment les produits sont réellement utilisés par les usagers en vue de minimiser les impacts environnementaux de la phase d’usage (Bhamra et coll., 2011; Simon, 2010).