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2.1. Les impacts environnementaux associés à la phase d’usage des produits

2.1.3. La phase d’entretien et réparation 62

Alors que le taux d’équipements électroniques ne cesse de croître dans les foyers, la maintenance et la réparation devraient occuper une place importante dans les habitudes des usagers qui souhaitent conserver en bon état leurs biens. Pourtant, ces deux étapes ont tendance à disparaître du cycle de vie des produits et, dans certains cas, à ne plus

expliquer sa disparition progressive réside dans la façon dont les biens sont conçus. Peu ou pas d’activités de maintenance sont prévues dans la vie de l’appareil, et même lorsque c’est le cas, elle est souvent oubliée par l’usager. Au niveau de la réparation, plusieurs facteurs, tels que l’indisponibilité des pièces de rechange, le coût et le temps nécessaires à cette activité, dissuadent les consommateurs à s’engager dans ce processus. L’enquête Electronics industry Social Considerations Of Product End-of-life (E-Scope) réalisée en 1998, auprès de 800 ménages britanniques, a révélé que :

- 38% des personnes interrogées affirmaient ne jamais ou rarement faire réparer leurs appareils;

- 33% déclaraient le faire occasionnellement ;

- 26% estimaient qu’habituellement elles faisaient réparer leurs biens ; - 3% des participants ne se sont pas prononcés (Cooper et Mayers, 2000).

Très peu soutenue dans une perspective légale due à de nombreux vides juridiques (voir article n˚3, chapitre 4), la réparation pourrait représenter une stratégie intéressante pour prolonger la durée de vie des équipements électroniques (ADEME, 2012a; Evans et Cooper, 2010; Twigg-Flesner, 2010).

Pour les usagers, le premier frein à la réparation est son coût (Cooper, 2004). D’après l’étude E-scope, 68% des participants interrogés déclarent que le prix des réparations les dissuade d’effectuer une réparation (Cooper et Mayers, 2000). Une recherche finlandaise réalisée entre les années 80 et 90 expliquait que le coût des réparations s’était accru de plus de 150% (Consumers International, 1998). Bien que ces deux études ne soient pas récentes, elles mettent en lumière un phénomène qui semble encore présent aujourd’hui : le coût élevé des réparations conduit souvent les usagers à opter pour l’achat de nouveaux produits, dont les prix sont de plus en plus bas, plutôt qu’à les réparer. L’étude E-Scope (1998) a, en outre, souligné que les usagers qui achètent des équipements haut de gamme, principalement de l’électroménager, sont plus disposés à financer une réparation, car celle-ci pourra se révéler rentable (WRAP, 2012). McCollough (2010) précise que les revenus des consommateurs influencent également la décision de réparation. Il a mis en évidence que les usagers ayant de hauts salaires ont plus de

chance de remplacer leurs produits défectueux, et ceux qui ont des revenus plus bas sont de potentiels candidats à la réparation.

Selon Cooper (2013), les appareils électroniques, fabriqués dans des pays où le coût de la main-d'œuvre est bas, ont vu leur prix baisser parfois au détriment de leur qualité et durée de vie. Pour les produits de moyenne à basse qualité, qui ont tendance à occuper des parts de marché de plus en plus importantes, la réparation ne serait pas toujours rentable. Ce contexte n’a pas favorisé la pérennité du marché de la réparation qui est, généralement, en déclin dans les pays développés. Toujours selon le même auteur, si le consommateur entreprend une réparation, son manque de confiance dans le travail, ainsi que le temps nécessaire à trouver un bon réparateur, vont au final influencer sa décision. Par ailleurs, les réparations sont légalement garanties trois mois pour les biens électroniques, et les possibilités qu’une nouvelle panne apparaisse dissuadent les usagers, surtout lorsqu’ils considèrent le bas coût des nouveaux produits mis sur le marché.

Alors que la réparation est devenue un processus coûteux en temps et en argent par rapport à l’achat d’un nouvel équipement, des usagers tentent de plus en plus de réparer eux-mêmes leurs appareils. Cette tendance, connue sous le nom du Do-It-Yourself (DIY), représente une possibilité pour l’usager de réparer lui-même son appareil, s’il ne souhaite pas l’apporter à un professionnel. Dans cette conjoncture, plusieurs sites Internet ont vu le jour. Parmi ces sites, iFixit créé en 2003, par deux étudiants diplômés de l’Université polytechnique de Californie, expliquent comment réparer des appareils électroniques de la marque Apple. Leur site propose un diagnostic du problème, suivi des différentes étapes de réparation qui sont illustrées par des photos et schéma. Leur profit est principalement réalisé par la vente de kit d’outils et de pièces de rechange pour la réparation.

Des appareils électroniques sont aujourd’hui éliminés, alors qu’ils sont toujours fonctionnels ou auraient pu être réparés (Cooper, 2010a; Twigg-Flesner, 2010). Encourager cette activité est une alternative qui permettrait de retarder la mise au rebut des équipements électroniques, de réduire le gaspillage des ressources et de l’énergie, de

de seconde main (Cooper, 2004, 2013). D’autant plus que la réparation et la remise à neuf en vue de la réutilisation pourraient être plus profitables d’un point de vue environnemental que le recyclage, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, et qui nécessite beaucoup d’énergie pour transporter et traiter les déchets (Cooper, 2013; King, Burgess, Ijomah, et McMahon, 2006; Stahel, 1994). Dans un contexte où la réparation est de moins en moins privilégiée par les usagers, il semble intéressant d’étudier les enjeux entourant la réparation, ainsi que le rôle et l’influence de l’usager dans cette activité.