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Le phallus comme possible nomination

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 130-134)

G) Le sujet du désir

2) Le phallus comme possible nomination

Certes l'Autre introduit le sujet à la dimension symbolique, ouvre le champ du symbolique, permet l'identification au trait unaire qui viendra ordonner la paire S1/S2. Mais sans la fonction phallique, mise en place par la métaphore paternelle, qui permet la symbolisation de cette perte, de cette faille, l’intervalle entre S1 et S2 peut s’agglutiner, en conséquence il n’y a plus de chaîne, il s’holophrase. Dans l’holophrase, le signifiant se signifie lui-même et en conséquence le sujet ne se nomme pas, car il est solidifié dans le signifiant holophrastique. L’holophrase est une autre manière de dire la forclusion du Nom-du-Père 105. Lacan relève d'ailleurs que : dans la relation au signifiant le sujet n’est pas un préalable mais une anticipation, il est supposé 106. Ce qui nous invite à postuler que la question de

104 Jacques Lacan, …Ou pire, Inédit.

105 Alexandre Stevens, L’holophrase, entre psychose et psychosomatique, Ornicar ?, n° 42, Paris, Navarin, 1987.

106 Jacques Lacan, D'un Autre à l'autre, Le Seuil, 2006.

l'holophrase et de la nécessité d'une faille, d'une béance, entre S1/S2 qui soit symbolisée par le phallus, pour que le sujet puisse y advenir et participer de l'équivoque renvoie pour nous à ce que Lacan amène avec le paradoxe de Russell et la fonction R dans le séminaire d'un Autre à l'autre 107. La question posée est comment concilier le grand Autre comme lieu troué et lieu de la vérité s’il contient ses propres éléments ? Le sujet est-il dans l'Autre ? La réponse est que dans un premier temps, lorsque la première paire signifiante est encore holophrasée, le sujet est inclus dans le champ de l’Autre, l’Autre en est l’étoffe mais le point où il se signifie comme sujet est un point extérieur à l’Autre (ce qui reste logique avec toute la théorisation sur le sinthome et le phallus de manière générale). Cet extérieur sera mis en acte par la métaphore paternelle (ou plus tard la fonction de nomination).Cette symbolisation, cette nomination, ce n'est pas l'Autre qui la met en œuvre mais cette fonction est portée par le Nom-du-Père (ou les Pères du Nom ou la nomination...) : nous pourrions dire aussi cette fonction de l'Autre en tant qu'elle est livrée par le père. Nomination de quoi ? Nomination de ce qui décomplète l'Autre et le sujet d'un même coup : du Réel, de l'objet a.

2.1) Le phallus

En effet, Il n’y a de constitution du corps qu’à partir de la symbolisation de la perte de l'objet a. La fonction phallique a pour nous la capacité de permettre la mise au point adaptée entre le corps organisme, le corps des signifiants et l'image endossée. La fonction phallique me permet de correspondre de manière satisfaisante à cette image, de m'y identifier et d'en faire le socle de mon unité. La fonction phallique permet d’accommoder l'innenwelt à umwelt. La fonction phallique donne sa singularité au corps qui est le mien.

2.2) La jouissance phallique

La question se pose aussi - encore – de ce phallus en tant que signifiant privilégié ou en tant que jouissance phallique (ou point d'articulation entre signifiant et jouissance ?). Le signifiant ne se pense pas sans la jouissance, nous pourrions donc déjà proposer que le signifiant ne fait pas que marquer le corps, il est déjà un corps, comme le souligne Lacan, le premier corps fait le second de s'y incorporer.

Il apparaît alors que le corps est une notion, un concept, qui implique l’Autre, bien sûr, non seulement comme partenaire mais aussi comme épreuve de la limite mais aussi la fonction phallique comme point de focalisation à l'intérieur de cette limite.

Ajoutons que les objets perdus, objets de la pulsion indiquent assez qu’il n’y a pas d’appropriation possible du corps. Le rapport du corps à la jouissance se met en place à partir de l’objet a. Le corps est alors appréhendé comme substance jouissante, il est effet de nouage entre les trois dimensions du Réel, du Symbolique et de l’Imaginaire. C’est aussi cela une des mises en fonction de la symbolisation de la perte de l’objet a : Séparer la jouissance du corps de la jouissance phallique 108. La jouissance alors se répartit entre jouissance du corps, qui est du côté du Réel et la Jouissance Phallique qui est subordonnée au Symbolique. Qu'est-ce qu'un corps ? Lacan répond : Nous ne savons pas ce que c’est que d’être vivant sinon seulement ceci, qu’un corps, cela se jouit 109. Tout en relevant également que la jouissance est inter-dite à qui parle comme tel... Ce qui nous renvoie directement à la castration symbolique du sujet, produit de son aliénation au langage.

108 Lettres de l’École freudienne, n° 16, p. 19.

109 Jacques Lacan, Encore, Paris, Seuil, coll. Champ freudien, 1975.

2.3) Le Père du nom

En effet, pour nous, dans l'ordre symbolique c'est le Nom du père, par la symbolisation de la perte qu'il met en œuvre, via la fonction phallique ou par la fonction de n'hommer si l'on considère le Père du nom ou encore les Noms du père, qui va venir lester, river, le corps à l'image. Lacan dira : un trou, ça tourbillonne, ça engloutit plutôt hein, puis il y a des moments où ça recrache. Ça recrache quoi ? Le Nom. C’est le Père comme Nom 110.

C'est la fonction phallique, plus que tout autre chose qui fait la différence entre le corps, qui ne tient pas toujours, du psychotique et celui, qui se pare de tous les semblants, du névrosé : le phallus c'est la consistance du réel et donc le Réel c’est la jouissance qui ek-siste au phallus, à la consistance réelle du phallus 111.

2.4) Le sinthome et la nomination

Pour finir avec ce que nous considérons comme les différentes déclinaisons du phallus interrogeons nous sur ce qu'il en est de la nomination hors Nom du Père, pourquoi ne pas voir le sinthome comme une fonction phallique hors fonction paternelle. Lacan expliquera que le sinthome a une fonction de suppléance à un défaut de la fonction phallique chez un sujet comme Joyce. Lacan qualifiera le phallus symbolique, Φ, de fonction de phonation après avoir expliqué que la voix résonne du côté du Réel et que l’équivoque signifiante trouve son pendant pulsionnel dans la voix : les pulsions, c’est l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire (ce qui n'est pas sans rappeler lalangue maternelle et sa fonction de nomination. En effet, le phallus ne pourrait-il être dit fonction de phonation parce que c’est la mère qui le nomme dans sa lalangue ?).

110 Jacques Lacan, R.S.I, Inédit.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 130-134)