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Chapitre 2 : Théorie des représentations sociales

2.4 Pertinence de la théorie : liens avec l’éthique du sport

Dans le cadre de ce mémoire, cette théorie permet de comprendre l’éthique du sport comme une représentation socialement apprise et partagée par la communauté sportive de ce qu’est un « vrai athlète ». La méthode choisie dans ce mémoire afin d’étudier les représentations sociales est quantitative. Certains chercheurs utilisent une approche quantitative pour étudier ce phénomène, car elle permet d’observer et quantifier les différences individuelles liées au degré d’adhésion aux représentations sociales (Doise et coll., 1992). Le langage est le moyen utilisé pour accéder aux représentations sociales des individus par des questionnaires standardisés, semi-standardisés et des échelles d’attitude. Puis, les chercheurs procèdent à différentes analyses statistiques comme l’analyse de

régression, afin d’observer les variations d’un champ de représentation dans un échantillon (Doise et coll., 1992). En effet, comme le degré d’adhésion aux représentations sociales est relativement hétérogène dans un groupe social donné, il est possible d’en observer la variation dans un grand échantillon (Doise et coll., 1992). En ce sens, la conformité des athlètes aux normes de l’éthique du sport varie sur un continuum allant de la sous-conformité à la surconformité (Young, 2012). Ainsi, l’association entre la conformité à l’éthique du sport et la violence sexuelle varierait entre les individus et il serait possible d’en observer la variation à l’aide d’une méthodologie de recherche quantitative.

Les réponses au questionnaire comprennent des données sur le contenu de la représentation sociale de ce qu’est un « vrai athlète », c’est-à-dire les informations, le champ et l’attitude des individus concernant la représentation. De plus, le fait d’étudier les représentations sociales à l’aide d’un questionnaire standardisé permet d’en étudier le contenu. Plus précisément, les items du questionnaire exposent l’information se rattachant à la représentation sociale pour les athlètes de l’échantillon (Doise et coll., 1992). L’information sélectionnée afin de créer les items provient de la conceptualisation d’Hughes et Coakley (1991) concernant l’éthique du sport. Également, les réponses permettent de distinguer l’importance relative qui est accordée à chacun des items. La réponse à l’échelle d’attitude indique l’évaluation qu’un individu se fait d’un objet. Ainsi, l’orientation positive ou négative associée à chaque item et, de ce fait, à la représentation sociale y est démontrée (Doise et coll., 1992).

Cependant, comme le questionnaire n’est administré qu’une seule fois aux participants et ne comprend pas de questions sur le développement de leurs croyances, les données quantitatives n’expliquent pas le processus de création de cette représentation sociale. Toutefois, selon les écrits, il est présumé que l’éthique du sport se développe au cours de la socialisation par les expériences et les interactions sociales (Alexander et coll., 2011; Coker-Cranney et coll., 2018; Kavanagh, 2014; Smits et coll., 2017; Stafford et coll., 2013). En ce sens, les informations sur l’évolution de la conformité à l’éthique du sport par la socialisation expliquent davantage ce processus.

Bref, il est plutôt difficile d’étudier spécifiquement la construction de la représentation, le but du mémoire étant plutôt d’observer le degré de conformité des athlètes

à l’éthique du sport et le lien possible avec la survenue de violence sexuelle. En effet, selon la théorie, une représentation sociale a comme fonction d’orienter les comportements et les justifier (Abric, 2003). En ce sens, l’éthique du sport comme représentation sociale amène une piste d’explication de la vulnérabilité des athlètes à divers comportements violents, dont la violence sexuelle. Ainsi, la conformité aux normes de l’éthique du sport amènerait certains athlètes à tolérer et à ne pas dénoncer divers comportements violents. De ce fait, cette inaction mènerait à plus de vulnérabilité à la victimisation sexuelle.

De plus, la fonction identitaire des représentations sociales permet de mieux comprendre la violence sexuelle dans le sport. En effet, selon Kavanagh (2014), les athlètes qui accordent une plus grande place au sport dans leur identité ont tendance à accepter les comportements violents. Ainsi, ils sont plus vulnérables à vivre différentes victimisations (Kavanagh, 2014). En effet, la conformité à l’éthique du sport susciterait davantage de positif pour ces athlètes, possiblement en raison du sentiment d’appartenance sociale. En ce sens, certains athlètes seraient prêts à tolérer des comportements violents et à garder le silence afin de préserver leur place au sein de l’équipe sportive. Bref, l’hypothèse est que plus les athlètes se conforment à l’éthique du sport, plus ils seraient susceptibles de vivre des violences sexuelles en contexte sportif.

D’un autre côté, ce sont parfois sont les jeunes se conformant moindrement aux principes de l’éthique du sport qui sont les cibles de victimisations dans le sport (Waldron et coll., 2011; Waldron et Kowalski, 2009). Ainsi, ces derniers sont possiblement marginalisés face à leurs pairs puisqu’ils ne partagent pas les mêmes croyances et valeurs. Si l’on considère l’éthique du sport comme une représentation sociale, il est possible de supposer que les athlètes ne se conformant pas à l’éthique du sport sont perçus par certains comme ne faisant pas partie du groupe social des athlètes, ce qui pourrait expliquer les comportements déviants et violents à leur égard.

Finalement, la théorie des représentations sociales amène une meilleure compréhension de la conformité à l’éthique du sport chez les athlètes. De plus, elle donne une explication à la surconformité ainsi qu’à la sous-conformité aux normes de l’éthique du sport.

Chapitre 3 : Les athlètes victimes de violence sexuelle :

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