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Chapitre 3 : Les athlètes victimes de violence sexuelle : liens avec la conformité à l’éthique

3.3 Éthique du sport

L’éthique du sport est considérée comme un ensemble de normes définissant ce qu’est un « vrai athlète » selon la communauté sportive (Hughes et Coakley, 1991). Ces normes partagées par les membres de la communauté sportive comprennent quatre critères soit : faire des sacrifices pour le jeu, aspirer à la distinction, accepter les risques notamment en jouant malgré les blessures ainsi que de toujours repousser les limites (Hughes et Coakley, 1991). Par exemple, la première norme s’observe par les grands sacrifices engendrés par la pratique

sportive, susceptibles de mener jusqu’au sacrifice de la santé physique par la restriction alimentaire et le contrôle du poids afin de préserver sa place dans l’équipe sportive (Coker- Cranney et coll., 2018). La norme « d’aspirer à la distinction » est observable par les comportements de certains athlètes qui visent constamment le perfectionnement de leurs mouvements ou de leurs performances. Leur objectif absolu est d’exceller dans leur discipline (Kavanagh, 2014). Puis, le risque de blessure étant omniprésent dans le sport, cela n’empêche pas les athlètes de continuer à pratiquer du sport (Kavanagh, 2014; Madrigal et coll., 2015). La norme « d’accepter les risques » pousse les athlètes à jouer malgré la pression de performance, la douleur et la possibilité de blessure. Ainsi, les athlètes qui n’ont pas peur du risque sont vus comme courageux et dévoués par leurs entraîneurs et leurs coéquipiers (Hughes et Coakley, 1991). Enfin, « repousser les limites physiques et psychologiques afin de performer à un niveau optimal », est une norme acceptée et normalisée par plusieurs membres de la communauté sportive (Kavanagh, 2014; Papaefstathiou et coll., 2013). Pour les athlètes, cette dernière norme implique de tenter de surmonter les obstacles en tout temps pour pouvoir s’améliorer. En ce sens, plusieurs athlètes croient fermement que tout est possible et qu’il n’y a pas de limites à ce qu’ils peuvent accomplir dans leur sport (Hughes et Coakley, 1991).

Les athlètes sont socialisés très jeunes à intégrer et à reproduire les normes de l’éthique du sport. En effet, l’observation des pairs ainsi que les expériences personnelles contribuent à cette intégration des normes chez les jeunes athlètes (Coker-Cranney et coll., 2018). Ce sont autant la famille, les coéquipiers, les entraîneurs et même les médias qui participent au développement de la conformité à l’éthique du sport (Coker-Cranney et coll., 2018; Hughes et Coakley, 1991). Selon Smits et ses collaborateurs (2017), certaines techniques utilisées par les entraîneurs favorisent l’obéissance des athlètes et la conformité aux normes de l’éthique du sport comme l’isolement, la régulation de plusieurs aspects de la vie des athlètes et l’intimidation. Les punitions et la culpabilisation seraient d’autres techniques employées par les entraîneurs menant à des résultats similaires (Stafford et coll., 2013). À l’inverse, les athlètes qui se conforment aux normes de l’éthique du sport sont récompensés, ce qui favorise une forte adhésion aux normes de l’éthique du sport (Kavanagh, 2014). De plus, le désir d’acceptation sociale pousse certains athlètes à vouloir se conformer aux normes de l’éthique du sport (Waldron et coll., 2011).

Ainsi, le processus par lequel se développe la conformité aux normes de l’éthique du sport chez les athlètes est graduel et commence très tôt dans la pratique sportive (Coker- Cranney et coll., 2018). Plusieurs jeunes athlètes ne questionnent pas ces normes bien ancrées dans leur cheminement sportif et s’y conforment tout au long de leur carrière sportive (Smits et coll., 2017). D’ailleurs, dans la recherche, il est de plus en plus reconnu qu’un grand nombre d’athlètes se conforment de manière exagérée à ces principes (Berg et coll., 2014; Coker-Cranney et coll., 2018; Kavanagh, 2014; Smits et coll., 2017; Young, 2019). Cette surconformité aux principes de l’éthique du sport placerait les athlètes en position de vulnérabilité face aux abus physiques, psychologiques et sexuels de la part de divers acteurs de la communauté sportive (Kavanagh, 2014). Certaines recherches principalement qualitatives ont permis d’étudier le lien entre l’éthique du sport et la violence dans le sport (Berg et coll., 2014; Coker-Cranney et coll., 2018; Coker-Cranney et Reel, 2015; Jeckell et coll., 2018; Kavanagh, 2014; Kirby et Wintrup, 2002; Smits et coll., 2017; Stafford et coll., 2013; Waldron et coll., 2011). Kavanagh (2014) explique ce lien entre la conformité à l’éthique du sport et la violence en contexte sportif par un processus de normalisation. Les travaux d’Alexander et ses collaborateurs (2011) appuient cette proposition. En effet, une majorité des participants questionnés par les chercheurs (N=4426) qualifient leur parcours sportif de positif malgré le fait que plusieurs d’entre eux rapportent avoir vécu différentes expériences de violence dans le sport. En ce sens, Alexander et ses collaborateurs (2011) soutiennent que plusieurs athlètes acceptent et normalisent des comportements inacceptables, car ils sont entraînés à cette mentalité. Selon Kavanagh (2014), certains comportements abusifs sont tellement ancrés dans la communauté sportive qu’ils ne sont plus considérés inacceptables par ses membres. De plus, une raison de l’acceptation de ces comportements violents est la grande importance accordée à la victoire. Les athlètes seront prêts à accepter des abus s’ils croient que ces comportements les rapprochent du succès dans leur sport (Kavanagh, 2014).

Très peu d’études se sont intéressées spécifiquement au lien entre la conformité à l’éthique du sport et la violence sexuelle en contexte sportif. Par contre, sans établir de lien spécifique avec l’éthique du sport, Johansson et Larsson (2016) soulèvent la question de la culture du sport en lien avec les expériences de relations sexuelles avec un entraîneur. Ces relations sexuelles considérées légales et consensuelles suscitent pourtant des

questionnements pour les chercheurs. En effet, les entrevues avec les participantes font ressortir l’absence de limites dans le sport. Plus précisément, les athlètes d’élite rapportent qu’elles doivent constamment repousser les limites du sport pour performer. Les participantes mentionnent également une atmosphère sociale de rapprochement entre les membres de leur équipe. Ainsi, il serait parfois difficile pour les athlètes de percevoir la limite de ce qu’elles sont prêtes à faire pour atteindre leurs objectifs sportifs (Johansson et Larsson, 2016).

Concernant plus précisément la violence sexuelle, une revue de la littérature faisant le portrait du hazing dans le sport avance un lien avec l’éthique du sport. En effet, Jeckell et ses collaborateurs (2018) remarquent la survenue de violence sexuelle dans le contexte du

hazing, particulièrement lorsque l’organisation de ces évènements est laissée aux

adolescents. Selon les auteurs, le hazing est utilisé par les jeunes athlètes pour transmettre aux recrues les normes à intégrer et reproduire afin d’être acceptées socialement dans l’équipe. Il est attendu des recrues qu’elles prouvent aux autres athlètes leur obéissance et leur dévouement en se conformant aux différentes normes de l’équipe (Jeckell et coll., 2018). Ainsi, la violence sexuelle serait un moyen utilisé lors du hazing pour obtenir la soumission (Jeckell et coll., 2018). En ce sens, ces deux études permettent de supposer qu’il existe un lien entre la conformité des athlètes à différentes normes et la violence sexuelle. Par contre, à l’heure actuelle, le peu d’informations disponibles à ce sujet ne permet pas de confirmer cette hypothèse.

Cette recherche vise donc à étudier le lien entre la conformité aux normes de l’éthique du sport et les différentes expériences de violence sexuelle chez les jeunes athlètes. En effet, les recherches actuelles mettant en lien l’éthique du sport et la violence sont plutôt qualitatives et concernent plus souvent la violence physique et psychologique. À notre connaissance, cette étude est la première à étudier de manière quantitative le lien entre l’éthique du sport et les expériences de violence sexuelle. Également, la recherche permet d’étudier les variations selon les différentes normes de l’éthique du sport ainsi que selon l’auteur de la violence sexuelle. En effet, ceci permet de pallier à une limite de plusieurs recherches qui ne ciblent qu’un seul auteur de violence sexuelle. Enfin, il est possible de voir la variation dans le lien entre l’éthique du sport et la violence sexuelle selon le sexe des

athlètes et le type de sport pratiqué. En effet, plusieurs études antérieures ont ciblé une population plus précise en raison d’un échantillon de taille plus limité et d’une méthodologie qualitative ce qui limite la généralisation et l’observation des différences entre les sports ou les sexes.

3.4 Méthodologie

3.4.1 Participants et procédure

Les participants sont des adolescents de 13 à 18 ans du Québec (Canada) pratiquant un sport de manière organisée, c’est-à-dire qu'ils évoluent au sein d’une organisation sportive et prennent part à des entraînements et des compétitions au moment de l’étude. Le recrutement a été effectué de manière volontaire. Les participants ont été recrutés via les listes de courriels de partenaires sportifs du projet, par la distribution de dépliants lors de compétitions sportives et par des publicités dans les médias sociaux. Les athlètes intéressés à participer pouvaient utiliser de manière anonyme le lien hypertexte les dirigeant vers le questionnaire en ligne sur la plateforme électronique Qualtrics. Le consentement des jeunes a été demandé électroniquement avant de débuter le questionnaire. Également, à la fin du questionnaire ainsi que sur le site internet de l’étude, une liste de ressources était incluse dans le formulaire de consentement. Cette étude a été approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l‘institution où elle a été conduite.

Dans le cadre de ce mémoire, l’échantillon comptabilise 1140 athlètes ayant répondu aux critères d’inclusion et ayant rempli le questionnaire en entier. L’échantillon compte 818 filles (71.8%) et 321 garçons (28.2%). La grande majorité (95.3%) des répondants sont d’origine canadienne. Les jeunes sont âgés entre 13 et 18 ans, l’âge moyen étant de 15.2 ans (ET=1.2). La majorité a entre 14 et 15 ans (57.1%) ainsi qu’entre 16 et 17 ans (38.5%). Les participants pratiquent des sports d’équipe (53.8%) ou individuels (41.9%), mais quelques- uns pratiquent les deux types de sport (4.3%). Les sports pratiqués sont très diversifiés, les plus représentés au sein de l’échantillon étant le soccer (16.5%), le hockey sur glace (8.6%), la natation (7.8%) et le volleyball (7.7%). Tous les niveaux sportifs sont représentés soit les niveaux local et régional (28.2%), interrégional (8.1%), provincial (41.8%), national (17%) ainsi qu’international (4.8%).

3.4.2 Instruments

Violence sexuelle. Le Violence Toward Athletes Questionnaire (VTAQ) (Parent et

coll., 2019) a permis de mesurer les expériences de violence sexuelle chez les jeunes athlètes. Ce questionnaire contient des énoncés concernant des expériences auto déclarées de négligence et de violence physique, sexuelle et psychologique. Pour la violence sexuelle, les sous-échelles pertinentes à cette étude sont celles qui mesurent la violence commise par un autre athlète (VTAQ-A) et la violence de l’entraîneur (VTAQ-C). Pour chaque item, il était demandé aux participants de cocher la fréquence à laquelle ces expériences étaient survenues jusqu’au moment de remplir le questionnaire. L’échelle utilisée s’étendait d’un à quatre soit : jamais, rarement (1 à 2 fois), quelques fois (3 à 10 fois) et souvent (plus de 10 fois). Puisque l’intérêt de la recherche est d’étudier la survenue de violence sexuelle plutôt que sa fréquence, cette variable est utilisée sous une forme dichotomique (présence ou absence). Les résultats de la validation du questionnaire révèlent une consistance interne acceptable. En effet, les coefficients alpha pour les sous-échelles VTAQ-A et VTAQ-C varient entre .79 et .98. En ce sens, le questionnaire démontre une bonne fidélité (Parent et coll., 2019)

Conformité à l’éthique du sport. Le degré de conformité aux principes de l’éthique

du sport a été mesuré à l’aide du Conformity to the Sport Ethic Scale (CSES) (Parent et coll., 2020). Il est demandé aux participants de cocher leur degré d’accord avec chacun des énoncés sur une échelle d’un à quatre, un signifiant « pas du tout en accord » et quatre, « totalement en accord ». L’échelle contient 20 énoncés se rapportant à trois facteurs soit : la recherche de distinction (6 items), le sacrifice de soi (4 items) et le refus d’accepter des limites (10 items). Des scores moyens ont été calculés pour chaque sous-échelle. La validation du questionnaire par Parent et ses collaborateurs (2020) fait état d’un modèle à trois facteurs plutôt qu’à quatre facteurs, tel que théorisé par Hughes et Coakley (1991). Ainsi, les principes de repousser les limites et d’accepter les risques ont été combinés afin de ne former qu’un seul facteur soit : le refus d’accepter les limites. Les résultats de la validation de l’outil ont révélé une consistance interne acceptable. En effet, les coefficients alpha pour chacune des sous-échelles de l’éthique du sport varient entre .72 et .85. L’échelle démontre une bonne fidélité (Parent et coll., 2020).

3.4.3 Analyses statistiques

Des analyses exploratoires ont été effectuées à l’aide du logiciel SPSS 25. Les analyses descriptives présentent les fréquences de deux types de violence sexuelle soit : la violence sexuelle des autres athlètes et la violence sexuelle de l’entraîneur. Également, les analyses descriptives incluent les moyennes et écarts-types des trois sous-échelles de l’éthique du sport soit : le sacrifice pour le jeu, aspirer à la distinction et le refus d’accepter les limites. Chacune des variables est également décrite selon le sexe et le type de sport (individuel et collectif). Ensuite, des corrélations entre les formes de violence sexuelle et les normes de l’éthique du sport ont permis d’observer l’intensité de la relation entre les variables à l’étude. Enfin, une analyse de régression logistique avec effets d’interaction a été effectuée avec le logiciel Mplus version 7.3 afin de tester un processus de modération (Muthén et Muthén, 1998-2015). Cette analyse a permis d’étudier en profondeur le lien entre le degré de conformité à l’éthique du sport et la survenue de violence sexuelle chez les jeunes athlètes, et ce, en fonction du sexe et du type de sport pratiqué.

3.5 Résultats

Le tableau 1 présente les statistiques descriptives, c’est-à-dire les fréquences et les pourcentages de jeunes athlètes ayant vécu de la violence sexuelle selon leur sexe et le type de sport. Ce tableau inclut également les statistiques descriptives des sous-échelles de l’éthique du sport détaillées selon le sexe des athlètes et le type de sport pratiqué.

Le tableau 2 présente les corrélations entre les variables à l’étude. Tout d’abord, aucune des normes de l’éthique du sport n’est associée significativement à la violence sexuelle par les pairs. Le sacrifice pour le jeu est corrélé significativement avec la violence sexuelle des entraîneurs, cette relation étant faible et positive (r = 0.063, p<0.05). Plus précisément selon les sexes, cette corrélation est significative uniquement chez les filles (r = 0.082, p<0.05). Ainsi, chez les filles, la conformité à la norme du sacrifice pour le jeu semble associée faiblement à l’expérience de violence sexuelle de la part de l’entraîneur. Ensuite, bien que les relations entre la norme d’aspirer à la distinction et les deux types de violence sexuelle (par les pairs et par l’entraîneur) ne soient pas significatives (respectivement r = 0.059, p>0.05 et r = 0.015, p>0.05), elles deviennent significatives lorsque l’on s’intéresse uniquement aux athlètes pratiquant des sports collectifs (respectivement r = 0.098, p<0.05 et

Tableau 1.

Fréquences des deux types de violence sexuelle, moyennes et écart-types de la conformité aux normes de l’éthique du sport selon le sexe et le type de sport.

VS des autres athlètes VS de l’entraîneur Sacrifices pour le jeu Aspirer à la distinction Refus d’accepter les limites % (n) % (n) M ÉT M ÉT M ÉT Total 22.4 (247) 11.9 (126) 2.28 0.77 2.70 0.73 3.17 0.45 Sexe Garçons 21 (65) 8.2 (24) 2.30 0.77 2.97 0.67 3.19 0.46 Filles 22.9 (182) 13.2 (102) 2.28 0.77 2.59 0.73 3.16 0.45 Type de sport Individuel 23.7 (110) 12.5 (56) 2.30 0.79 2.63 0.74 3.10 0.47 Collectif 21.3 (125) 11.3 (63) 2.30 0.76 2.75 0.72 3.22 0.43 Note. VS = Violence sexuelle.

Tableau 2.

Corrélations entre les normes de l’éthique du sport et les deux types de violence sexuelle, pour tous, par sexe et par type de sport.

Sexe Type de sport

Garçons Filles Individuel Collectif

Variables Se_sac Se_dis SE_lim VsAA VsENT VsAA VsEnt VsAA VsEnt VsAA VsEnt VsAA VsEnt 1. SE_sac - 0.462*** 0.53*** 0.03 0.063* 0.053 0.002 0.016 0.082* 0.031 0.087 0.032 0.043 2. SE_dis - 0.407*** 0.059 0.015 0.109 -0.027 0.046 0.047 0.025 -0.071 0.098* 0.084*

3. SE_lim - -0.017 0.008 0.007 -0.046 -0.029 0.027 -0.035 0.013 0.018 0.01

Notes. VsAA = Violence sexuelle Autres athlètes, VsEnt = Violence sexuelle Entraîneur, SE_sac= Sacrifices pour le jeu, SE_dis= Aspirer à la distinction,

SE_lim= Refus d’accepter les limites ; *p<0.05. ***p<0.001

r = 0.084, p<0.05). En ce sens, chez les athlètes pratiquant des sports collectifs, la conformité à la norme d’aspirer à la distinction est associée faiblement à la survenue de violence sexuelle de la part des autres athlètes ainsi que de l’entraîneur.

Par la suite, deux régressions logistiques ont été effectuées afin d’étudier la probabilité de vivre de la violence sexuelle en considérant la conformité à l’éthique du sport, le sexe et le type de sport pratiqué par le jeune. Les résultats de ces régressions sont rapportés dans le tableau 3. Concernant la violence sexuelle des autres athlètes, la seule variable ayant un effet significatif sur la probabilité de vivre ce type de victimisation est la norme d’aspirer à la distinction (Exp(B) = 1.317, p<0.05). En ce sens, une augmentation de la conformité à ce principe de l’éthique du sport chez les jeunes athlètes augmente la probabilité de vivre de la violence sexuelle de la part des autres athlètes. Aucune modération par le sexe ou encore par le type de sport n’a été observée et ce modèle permet d’expliquer 1.4% de la variance de cette variable.

La seconde régression concerne la probabilité de vivre de la violence sexuelle de la part de l’entraîneur. Dans ce modèle, on remarque un effet significatif du sexe (Exp(B) = 1.696, p<0.05). Ainsi, le fait d’être une fille augmente la probabilité de vivre ce type de violence chez les jeunes athlètes. Également, on retrouve deux effets d’interaction significatifs. Le premier se retrouve entre la norme du sacrifice pour le jeu et le type de sport, tandis que le deuxième se retrouve entre la norme d’aspirer à la distinction et le type de sport. Pour bien comprendre l’effet de ces normes, il faut les étudier pour chaque type de sport, individuel ou collectif. Ainsi, si on observe les effets conditionnels, on remarque que la norme du sacrifice pour le jeu est uniquement significative chez les athlètes pratiquant un sport individuel (Exp(B) = 1.863, p<0.01). En d’autres mots, chez les athlètes pratiquant un sport individuel, se conformer davantage au principe du sacrifice pour le sport augmente la probabilité de vivre de la violence sexuelle de la part de l’entraîneur. Concernant le principe d’aspirer à la distinction, chez les athlètes pratiquant un sport individuel, on remarque qu’une conformité accrue à cette norme diminue la probabilité de vivre de la violence sexuelle de la part de l’entraîneur (Exp(B) = 0.631, p<0.05). Du côté des sports collectifs, on remarque l’effet inverse; se conformer davantage au principe d’aspirer à la distinction augmente la probabilité de vivre de la violence sexuelle de la part de l’entraîneur chez les jeunes athlètes (Exp(B) = 1.664, p<0.05). Finalement, ce modèle permet d’expliquer 5.9% de la variance de cette variable.

Tableau 3.

Régressions logistiques prédisant la probabilité de vivre de la violence sexuelle en contexte sportif.

VS des autres athlètes VS de l’entraîneur

B SE B/SE OR CI (95%) B SE B/SE OR CI (95%)

Sexe 0.20 0.17 1.16 1.22 [0.87, 1.69] 0.53 0.25 2.16 1.70* [1.05, 2.74]

Type de sport -0.14 0.15 -0.91 0.87 [0.65, 1.17] -1.33 0.84 -1.59 0.27 [0.05 1.36] Sacrifices pour le jeu 0.07 0.12 0.58 1.07 [0.85, 1.35] 0.62 0.22 2.84 1.86** [1.21 2.86] Aspirer à la distinction 0.28 0.12 2.29 1.32* [1.04, 1.67] -0.46 0.22 -2.07 0.63* [0.41, 0.98] Refus d’accepter les limites -0.31 0.20 -1.57 0.74 [0.50, 1.08] -0.26 0.26 -1.01 0.77 [0.46, 1.28]

Effets d’interaction

Sacrifices et type de sport -0.58 0.28 -2.04 0.56* [0.32, 0.98]

Distinction et type de sport 0.97 0.31 3.13 2.64** [1.44, 4.84]

Effets conditionnels

Sacrifices pour le jeu

Individuel 0.62 0.22 2.84 1.86** [1.06, 2.66] Collectif 0.05 0.20 0.23 1.05 [0.64, 1.46] Aspirer à la distinction Individuel -0.46 0.22 -2.07 0.63* [0.36, 0.91] Collectif 0.51 0.22 2.32 1.66* [0.95, 2.38] R2 0.014 0.059

Notes. VS = Violence sexuelle;

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