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7. BILAN DE LA RECHERCHE

7.6. PERSPECTIVES À DÉVELOPPER

À l’issue de cette recherche, je ne me pose plus la même question qu’au départ. Au fil de ce travail, mon questionnement a évolué. Les entretiens réalisés auprès des professionnelles et des jeunes mères m’ont permis de recueillir des informations qui ont débouchées sur de nouvelles réflexions. Divers éléments ont ainsi émergé de mon travail de recherche et ouvrent, pour moi, des perspectives que je souhaite déposer à la fin de cette recherche.

Collaboration avec les directions des crèches

Le manque de place en crèche, pour les enfants des mères fréquentant un AEME, semble être un problème important pour les éducatrices et les jeunes mères de l’AEME. Elles sont non seulement en concurrence avec les autres parents de la région, qui font également face à la pénurie de places en crèche, mais elles ont également « l’étiquette » de mères « ne faisant rien ». En outre, certaines directions paraissent inquiètes que l’accueil d’enfants de jeunes mères en foyer, provoque des difficultés supplémentaires pour la garderie.

Je pense qu’il pourrait être intéressant, bien que je sois consciente que la réalité du terrain ne le permettre pas forcément, de prendre contact avec les directions des crèches ou, comme aujourd’hui les demandes sont centralisées, de se rendre auprès des personnes traitant les demandes et d’expliquer les situations des jeunes mères en AEME. Et ceci afin de donner une image davantage positive des mères adolescentes en foyer et de dédramatiser les situations et certaines peurs infondées. Mais également en vue d’aborder l’importance du placement de ses

enfants pour les jeunes mères (besoins de soulagement, solitude des mères, besoin de moyen de garde dans le but de réaliser une formation, etc.).

Collaboration avec les régies immobilières

Le canton de Vaud dispose d’un taux d’appartements vacants très faible. Les difficultés en vue de trouver un logement sont importantes. Celles-ci ont d’ailleurs été soulevées lors des entretiens. Les éducatrices et les jeunes mères semblent être préoccupées par ce manque, puisque lorsqu’elles ne trouvent pas de logements, les adolescentes retournent en général chez leurs parents. Toutefois, cela peut mettre en péril les acquis réalisés durant le séjour à l’AEME. En effet, la plupart des jeunes mères arrivent en AEME à cause d’une situation familiale difficile.

Je propose de prendre contact avec les différentes régies immobilières du canton de Vaud et d’expliquer les diverses situations des jeunes mères et les conséquences possibles si elles retournent dans leur lieu de vie précédent. Il s’agirait de les sensibiliser et de les rassurer au niveau financier, puisque c’est le Service social qui prend en charge et cautionne le loyer. Un autre moyen, peut-être moins utopique, serait d’interpeller les autorités cantonales et de leur faire part des conséquences d’un manque de logements pour ces adolescentes et de les sensibiliser à une éventuelle réservation de logements ou à privilégier certaines mères pour la location d’appartements. En effet, étant donné que le canton de Vaud met déjà à disposition des AEME pour soutenir ces jeunes mères, il terminerait entièrement son projet de soutien, de réintégration des mères adolescentes, en leur permettant d’accéder à un logement. Sans cela, il y a un risque important que le séjour en AEME soit annihilé.

Augmentation de l’effectif

Le manque de personnel ne permet pas d’accueillir des mères ayant des problématiques plus importantes. Ceci engendre chez certaines d’entre elles une séparation avec leur enfant. Une augmentation de l’effectif offrirait la possibilité d’accueillir des mères séparées de leur enfant. Grâce à un personnel davantage présent et plus nombreux, une meilleure sécurité serait assurée et des mères avec d’autres problématiques pourraient être accueillies.

En outre, les professionnelles mentionnent qu’elles passent beaucoup de temps au niveau de l’administratif, que cela diminue considérablement les moments passés avec les usagères. N’y aurait-il pas la possibilité qu’un poste administratif avec un petit pourcentage soit créé ? Ceci permettrait aux éducatrices de rependre du temps avec les usagères, ce qui constitue en soi le but premier de leur profession.

Sensibilisation des directions et des enseignants des écoles ainsi que des employeurs Ce travail a mis en lumière le manque d’informations et de préparation des directions et des enseignants des écoles, ainsi que des employeurs, lors d’une grossesse précoce. Néanmoins, comme vu précédemment, un arrêt de la scolarité ou de la formation engendre des conséquences importantes pour l’adolescente.

Je pense qu’il faut continuer à informer, à sensibiliser, les directions, les enseignants et les employeurs, lorsqu’ils sont confrontés à une grossesse précoce. Pour ce faire, il est primordial qu’ils puissent accéder facilement à des ressources externes (travailleur social faisant le lien avec la jeune mère et l’école, l’employeur, mais également les parents ou les collègues). Le travail en réseau est ainsi un élément très important.

Dialogue entre les professionnelles et les jeunes mères

Il semblerait que les professionnelles et les jeunes mères n’ont pas tout à fait la même conception des soutiens qui sont offerts en AEME. Les professionnelles mentionnent, de manière générale, un manque de soutiens. Les jeunes mères, évoquent davantage, trop de soutiens.

Il paraît essentiel que les deux groupes de protagonistes puissent échanger leurs points de vue afin de comprendre ce qui est essentiel pour chacun d’entre eux. Peut-être, serait-ce possible de dialoguer de ces divergences au travers de quelques rencontres ?

Aide contrainte

Pour terminer, cette recherche a soulevé un questionnement important. Le mode de placement des jeunes mères (volontaire ou sous aide contrainte) peut-il avoir une influence sur la perception des soutiens reçus ? Sur le travail effectué auprès de la jeune mère en AEME ? Il serait intéressant de réaliser une étude dans ce sens, puisque si les réponses sont affirmatives, l’accompagnement d’une jeune mère pourrait davantage être axé selon ses besoins et ses envies certes, mais également en prenant en compte le mode de placement par lequel elle est arrivée en AEME.

En dernière analyse, j’ai pu à travers ce Travail de Bachelor, appréhender les raisons de fréquentation des AEME par les mères adolescentes, ainsi que les types de soutiens qu’elles y reçoivent. Ceci a été réalisé au travers des visions des professionnelles et des jeunes mères. J’ai également constaté certaines différences de perceptions et de nouveaux questionnements sont apparus. Pour terminer, des propositions ont été établies. Dans ces propositions, le rôle du travailleur social est très important, il s’agit de faire entendre sa voix et celles des usagères. Toutefois, je reste consciente de la complexité entourant mon sujet de recherche et des autres pistes pouvant être explorées, en prenant en compte d’autres paramètres. Je tiens également à relever l’implication des professionnelles qui travaillent en AEME et le fait qu’elles sont conscientes des difficultés en vue de soutenir les jeunes mères vers une meilleure autonomie. En conclusion, ce travail de recherche a mis en lumière de multiples pistes et questionnements qui mériteraient d’être explorés !

8. BIBLIOGRAPHIE