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6. ANALYSES ET RÉSULTATS

6.2. T YPES DE SOUTIENS OFFERTS AUX MÈRES ADOLESCENTES DANS LE CANTON DE

6.2.2. Soutiens externes à l’AEME

6.2.2.6. Autres soutiens

Ces différents soutiens ont été regroupés sous un même point, puisque peu d’éléments sur ces types de soutiens sont ressortis durant les entretiens que j’ai réalisés.

Soutiens en matière de garde d’enfants et/ou de structures d’accueil

Comme déjà mentionné, deux jeunes mères évoquent avoir recours aux services de leur mère et parfois de leur grand-mère dans la garde de leur enfant. Toutefois, elles ne le confient pas de manière régulière. Ceci semble dû au fait qu’elles expriment toutes les deux des conflits fréquents avec leur mère ou leur grand-mère.

Concernant les pères, chez les trois mères adolescentes rencontrées, ils ne sont pas présents. Par contre, l’une d’entre elles me confie que son compagnon actuel prend régulièrement en charge son enfant.

Quant aux amis, une mère m’exprime recourir de temps en temps à leur aide, mais à une condition : Si je fais garder mon enfant par des amis, il faut que leurs parents soient aussi là (entretien Fanny). Pour les deux autres mères, elles m’informent qu’elles ne le font pas garder par des amis.

Dans les concepts théoriques, j’avais également ajouté qu’il pourrait y avoir éventuellement des places en crèche réservées pour leurs enfants. Toutefois, les professionnelles m’informent que ce n’est pas le cas.

Je remarque que les jeunes mères qui sont amenées à fréquenter un AEME semblent relativement seules dans la prise en charge de leur enfant.

Soutien éducatif ou à la parentalité

Les professionnelles et les jeunes mères citent un soutien éducatif ou à la parentalité faible de la part des parents de l’adolescente amenée à fréquenter un AEME. Dans la théorie, au point 3.1.3.6., il est mentionné que les jeunes mères qui restent au sein de leur milieu familial ont des parents et plus spécifiquement une mère, qui leur offre un soutien considérable à la prise en charge et à l’éducation de l’enfant (Deschamps, 2004). Cependant, une adolescente me confie que sa grand-mère souhaitait l’aider dans l’éducation de son enfant mais qu’elle était trop envahissante. Comme vu auparavant, L. Bettoli (2004) évoque que lorsque la mère (dans ce cas, la grand-mère) s’occupe de l’éducation de l’enfant, cela peut générer une confusion des rôles.

Concernant les pères biologiques des enfants des trois mères adolescentes rencontrées, ils ne sont pas présents auprès de leur progéniture. Ils ne peuvent donc pas soutenir les jeunes mères dans cette tâche.

Ainsi, une mère adolescente évoque s’être principalement renseignée dans les livres et avoir appris l’essentiel de l’éducation d’un enfant en s’occupant de son petit frère lorsqu’elle était plus jeune.

Cependant, l’adolescente qui a exprimé avoir le soutien de son compagnon dans la prise en charge de son enfant, mentionne également un soutien éducatif de la part de celui-ci. Au début mon copain me laisse faire. Mais après si mon enfant n’écoute pas, il dit « Tu as entendu ce qu’a dit maman ? ». Et vu que c’est une voix qui porte, mon enfant change directement (entretien Fanny).

Je constate que les mères qui sont amenées à fréquenter un AEME ne bénéficient généralement pas d’un réel soutien de la part de leurs proches dans l’éducation de leur enfant.

Soutiens administratif et/ou juridique

Deux professionnelles mentionnent que certaines mères arrivant en AEME ont d’importants retards dans leurs papiers administratifs.

Une éducatrice nomme toutefois que chez les adolescentes, il n’y a pas systématiquement de retards au niveau administratif puisque souvent avant leur entrée en AEME, les parents de l’adolescente ou le foyer si elle était placée, s’occupaient de cette tâche.

Trois professionnelles me confient qu’une partie relativement considérable des mères viennent en AEME avec des dettes et régulièrement des poursuites. Ceci pour différentes raisons, dont des billets de bus et/ou de trains impayés, mais également des arriérés de factures de téléphones portables, d’achats en ligne, etc. Selon R. Longet (2013), nous vivons dans une société qui pousse à la consommation. Le marketing y est omniprésent et cible la population dès son plus jeune âge. De la sorte, l’achat et la consommation de produits ne se fait plus par réelle nécessite mais par simple envie et/ou car on nous fait croire qu’ils sont indispensables. En outre, leur accès (achat en ligne et facture à payer ultérieurement) est facilité. À cela s’ajoute que les achats se réalisent moins de manière réfléchie, mais davantage de façon compulsive. Les jeunes seraient alors les premiers à se laisser tenter et de ce fait, à s’endetter. D’ailleurs, l’ampleur du phénomène est telle que les pouvoirs publics suisses se sont emparés du problème et depuis quelques années, ils instaurent régulièrement des campagnes de prévention contre le surendettement et ceci sous différentes formes : panneaux d’affichage dispersés dans des endroits fréquentés, films d’animation, sites internet, jeux de rôle et spectacles dans les écoles. De plus, différents organismes (Caritas, Centre social protestant, etc.) proposent une aide en vue de trouver une solution à un surendettement.

Au niveau juridique, la majorité des mères ne paraît pas avoir besoin de ce service, exceptions faites lorsqu’il y a une recherche en paternité ou un endettement trop important. La curatelle de recherche en paternité est régulièrement instaurée par l’Office des curatelles et tutelles professionnelles (OCTP) au travers du tuteur qui suit l’enfant. Quant à un endettement conséquent, souvent rien n’a été encore entrepris à l’arrivée des jeunes mères en AEME. Lors de la rédaction du cadre théorique, j’avais également pensé à un éventuel soutien de la part d’Aide Suisse pour la Mère et l’Enfant, SOS Futures Mamans et JeunesParents, qui proposent des soutiens administratifs et juridiques en général gratuit aux personnes qui en ont besoin. Toutefois, les jeunes mères ne m’ont pas précisé avoir eu recours à ces divers organismes.

Je relève en ce qui concerne l’administratif, qu’il y a des mères qui sont soutenues par leurs parents ou le foyer dans lequel elles étaient placées auparavant. À l’inverse, certaines mères arrivent en AEME avec un retard important dans ce domaine. Je constate par contre que de nombreuses adolescentes sont endettées et que ceci serait dû à une société poussant à la consommation. Ainsi, malgré les diverses campagnes de sensibilisation et les nombreux organismes venant en aide aux personnes surendettées, les jeunes semblent toujours plus nombreux à avoir des dettes ou des poursuites, ce qui est également le cas pour les jeunes mères qui arrivent en AEME.

Soutien matériel

Les professionnelles et les jeunes mères répondent pour la majorité que les adolescentes n’ont pas régulièrement recours à des organismes externes tels que SOS Futures mamans, Caritas, etc. afin d’obtenir un soutien matériel. Ce n’est pas une méconnaissance de ces organismes

mais plus un regard stigmatisant qu’elles leur portent (entretien n°2). Voir le point 6.2.1.7. pour de plus amples précisions concernant la fonction du vêtement à l’adolescence.

6.2.2.7. Résumé

Les mères adolescentes fréquentant un AEME semblent avoir de nombreuses carences au niveau des soutiens externes, ce qui ne leur permet pas de rester dans leur milieu naturel, au sein de leur famille biologique.

Toutefois, le canton de Vaud offre une aide à ces jeunes mères (essentiellement au travers d’aides financières versées aux parents de l’adolescente, d’un tuteur pour l’enfant et/ou d’assistants sociaux) pour leur permettre de rester au sein de leur milieu familial. Divers organismes proposent également un soutien financier, administratif, psychologique, etc. aux mères adolescentes. Néanmoins, l’argent versé par le canton aux parents de l’adolescente, va-t-il réellement à ces jeunes mères ? Les mères adolescentes sont-elles au courant des nombreux organismes pouvant leur venir en aide ? En outre, des conflits familiaux fréquents et/ou un manque de soutien de la part du père de l’enfant et/ou des traumatismes psychiques-physiques et/ou une certaine précarité, etc., font que parfois il est impossible pour la jeune mère de rester dans sa famille. Le canton de Vaud leur offre ainsi une prestation de prise en charge globale au travers des AEME.

6.3. P

ROFILS DES MÈRES ADOLESCENTES EN

AEME

ET SOUTIENS