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2. Revue de littérature

2.5 Performance sociale et risque financier

2.5.3 Performance sociale et risque : Direction de la relation

Orlitzky et Benjamin (2001) étudient trois différentes approches, soit la performance sociale comme antécédent du risque, le risque comme antécédent de la performance sociale et la corrélation contemporaine (causalité réciproque). Leurs résultats montrent que la performance sociale est effectivement négativement corrélée avec le risque et ce peu importe la mesure de performance sociale et de performance financière utilisée. Aussi, la corrélation négative liée à la PS comme antécédent du risque serait encore plus importante que la corrélation totale. De plus, ils trouvent que le type de mesure de risque comptable a un effet modérateur sur la relation RSE- risque et ce en raison de l’effet saisonnier sur les données comptables, par exemple. Enfin, les auteurs trouvent que le risque est négativement corrélé avec la performance sociale subséquente, tout comme la corrélation contemporaine entre le risque et la PS est négative. Il est cependant important de noter que la corrélation négative entre la PS et le risque subséquent est environ deux fois plus importante.

Tel que discuté précédemment, dans leur échantillon, Waddock et Graves (1997) trouvent l’évidence d’un cercle virtueux entre la PSE et la PFE. Cette idée soutient que la performance financière mènerait à un niveau plus élevé de RSE, et que le niveau de RSE permettrait aussi

65 d’améliorer la performance financière. Selon Orlitzky et al. (2001), la théorie des ressources excédentaires servant à expliquer le fait que la PFE permet d’améliorer la RSE peut aussi être appliqué à la question du risque. En effet, les auteurs soutiennent qu’un niveau de risque faible peut permettre une meilleure allocation des ressources puisqu’il permet des prévisions plus certaines des flux monétaires (FM) futurs de l’entreprise (Bettis et Thomas, 1990; Sharpe, 1990). Enfin, étant donné un niveau suffisant de ressources excédentaires, lorsque la planification financière et la prévision des FM est plus fiable et précise, davantage de capital peut être alloué aux activités socialement responsables qui ne sont pas directement reliées à la survie économique de l’entreprise. Selon Godfrey et al. (2009), ces résultats indiquent que les gestionnaires des entreprises engagées dans les activités socialement responsables peuvent créer une valeur ajoutée pour les actionnaires par l’entremise de la création d’une protection s’apparentant à une assurance.

Luo et Bhattacharya (2009) étudient le lien entre la PSE et le risque idiosyncratique et trouvent un lien négatif entre les deux. Toutefois, ils vont plus loin dans leur analyse et trouvent l’existence d’une association négative entre la PSE et le risque systématique. Les auteurs utilisent les données de Fortune’s MAC comme mesure de PSE. Cette source effectue un sondage auprès de plus de 10K cadres, directeurs et analystes afin d’établir le pointage et de classer les entreprises selon leur performance sociale. Luo et Bhattacharya utilisent donc un échantillon de 541 classements de grandes entreprises sur les années 2002 et 2003. Ils relient ensuite cette mesure de PSE au risque idiosyncratique de l’entreprise estimé à l’aide du modèle à quatre facteurs de Fama-French (FF4). Les auteurs soutiennent que le modèle FF4 génère de meilleurs estimés du rendement des titres que le modèle simple du CAPM. En particulier, le modèle FF4 suggère que le rendement du titre d’une entreprise est fonction du rendement du marché, de la différence entre le rendement des entreprises à petite et à grande capitalisation (SMB) et entre le rendement des entreprises ayant un haut et un bas ratio de valeur comptable sur valeur au marché (HML), le momentum et enfin le résidu. Le résidu du modèle est une mesure du rendement excédentaire idiosyncratique de l’entreprise. La mesure de risque idiosyncratique est donc la variance du résidu du modèle FF4. En se fiant aux travaux de Ferreira et Laux (2007), les auteurs utilisent une mesure de risque idiosyncratique relative au risque total. Cette mise à l’échelle du risque idiosyncratique par rapport au risque total permet de tenir compte des différences reliées à l’impact des chocs économiques entre les différentes industries. De cette manière, les auteurs obtiennent une

66 mesure de risque idiosyncratique qui est comparable d’une industrie à l’autre. Luo et Bhattacharya soutiennent qu’il est important de tenir compte de la possibilité d’une causalité inverse, par exemple, les entreprises qui performent bien et qui ont un risque idiosyncratique bas pourraient être plus enclines à s’engager dans des activités socialement responsables, ce qui inverserait le sens de la causalité. Afin de contrôler pour ce problème, les auteurs suivent la recommandation de Boulding et Staelin (1995) et introduisent un retard entre la variable de PSE (au temps t-1) et le risque idiosyncratique (au temps t) dans leur modèle afin de s’assurer que l’impact passe de la PSE vers le risque idiosyncratique, et non l’inverse. En considérant qu’ils contrôlent pour les bonnes variables, les auteurs montrent que la PSE entraine une diminution du risque idiosyncratique. Les résultats suggèrent que l’augmentation d’un écart-type au-dessus de la PSE moyenne entraine une diminution d’environ 10% du risque idiosyncratique. Aussi, en suivant la méthodologie de McAlister et al. (2007), les auteurs montrent que la PSE entraine une diminution du risque systématique.

L’étude de Salama et al. (2011) fournit quelques résultats sur la nature du lien entre les classements de responsabilité environnementale et de communauté (REC) et le risque systématique de l’entreprise dans un contexte anglais. En utilisant des données en panel sur plusieurs industries anglaises de 1994 à 2006, pour un total de 1625 observations, les auteurs trouvent une relation significativement négative entre les deux variables, avec la REC comme antécédent du risque financier. Il s’agit d’une des rares études employant un ensemble de données longitudinales significativement important. Toutefois, les auteurs ne cherchent pas à trouver s’il pourrait y avoir des variables pouvant jouer un rôle modérateur sur la relation REC- risque, par exemple l’impact possible des conditions de volatilité du marché, tel qu’étudié par Oikonomou et al. (2012). Sharfman et Fernando (2008) mettent strictement l’emphase sur la dimension environnementale de la PSE. Dans une analyse à coupe transversale en utilisant des données de 2001, ils montrent que la gestion de risque environnementale peut effectivement mener à un coût des capitaux propres plus bas par l’entremise de plusieurs facteurs tels que la diminution du risque systématique et l’augmentation des avantages fiscaux.