• Aucun résultat trouvé

Les tableaux récapitulatifs de fin de section (tableaux IV, V, VI et VIII) ainsi que toute l’information discutée dans les sections précédentes nous informent au sujet de la nature de l’impact de la RSE et de la PEE sur la PFE et le risque financier. Alors que l’impact de la PSE sur la performance financière semble être ambigu (e.g. Wood et Jones (1995); McWilliams et Siegel (2000,01); Curran et Moran (2007); Surroca et al. (2010); Chih et al. (2010); Garcia-Castro et al. (2010)), celui de la PEE sur la PFE paraît plus clair, avec la majorité des études observant une relation positive entre la performance environnementale et la performance financière (Klassen et McLaughlin (1996); Lanoie et al. (1998); Dasgupta et al. (2001); King et Lenox (2001); Konar et Cohen (2001); Gupta et Goldar (2005); Dasgupta et al. (2006); Lundgren et Olsson (2010)).

En ce qui concerne le risque, l’impact négatif de la PSE et de la PEE sur le risque financier est observé dans la plupart des études empiriques (e.g. Orlitzky et Benjamin (2001); Semenova et Hassel (2008); Sharfman et Fernando (2008); Godfrey et al. (2009); Luo et Bhattacharya (2009); Bauer et Hann (2010); Chava (2010); Oikonomou et al. (2010); El Ghoul (2011); Salama et al. (2011); Jo, Na (2012); Bouslah et al. (2013); Champagne et al. (2015)).

Plusieurs études événementielles sont examinées dans les sections précédentes, la majorité d’entre elles étudiant l’impact de la RSE et de la REE sur les rendements des titres boursiers. Les résultats de ces études sont en accord avec la théorie pour la plupart, observant une relation positive entre la PEE et la PFE et une relation négative entre la PEE et le risque. Tel que discuté précédemment, plusieurs chercheurs tentent de mesurer l’ampleur, pour l’entreprise, du dommage réputationnel associé à des événements environnementaux néfastes. Deephouse (2000) argumente que la réputation est difficilement mesurable, mais soutient que la couverture médiatique est facilement observable et qu’elle peut servir de substitut pour la recherche au sujet de l’impact des parutions médiatiques sur la perception de la population. Aussi, Einwiller et al. (2010) observent que les parties prenantes dépendent davantage des médias d’informations pour s’éclairer à propos des dimensions de réputation qui sont difficiles à observer ou à expérimenter directement et pour lesquelles ces médias sont la source principale d’informations.

113 Ces dernières constatations soulignent l’importance des parutions médiatiques sur la perception des investisseurs quant à la réputation des entreprises, dans un premier temps, et sur les agissements des investisseurs en lien avec ces informations, dans un deuxième temps.

Une particularité observée dans les études traitées précédemment est la présence fréquente de la banque de données MSCI KLD en guise de mesure de PSE et de PEE. En effet, cette banque de données est l’une des plus utilisées et acceptées autant par les universitaires dans leur recherche que par les investisseurs dans leur processus décisionnel (Jo et Na, 2014). Cette particularité explique notre choix d’utiliser cette banque de données pour tester les hypothèses du présent mémoire.

En revue de ce qui a été discuté jusqu’à maintenant et ayant une idée plus éclairée de l’impact de la RSE et de la performance environnementale sur la performance et le risque financier, il est intéressant de se questionner quant au caractère informatif des indices de la banque de données MSCI KLD. En effet, tout investisseur conscient de l’impact de la PEE sur la PFE et le risque de l’entreprise devrait s’intéresser, dans un premier temps, à la faculté des indices de performance environnementale de prévoir des événements néfastes (effet ex ante) et en deuxième temps, à leur capacité à s’ajuster en conséquence aux événements environnementaux (effet ex post). Dans l’éventualité où les mesures de performance environnementale fournies par MSCI KLD permettaient effectivement de prévoir une variation de la performance et du risque financier par le biais d’une probabilité d’occurrence accrue d’événement environnemental néfaste, cet outil s’avérerait précieux pour les investisseurs et gestionnaires de portefeuille.

En lumière de cela, ce papier s’intéresse à deux aspects touchant la performance de la banque de données MSCI KLD. D’une part, on s’intéresse à la capacité des indices de performance environnementale de MSCI KLD à nous permettre de prévoir des événements environnementaux, et plus précisément, à mesurer les probabilités d’occurrence d’événements médiatiques selon les cotes environnementales attribuées. D’une autre part, on s’intéresse à l’ajustement des mesures de la banque de données face aux événements environnementaux, car puisque ces données sont supposées refléter la performance environnementale des entreprises, elles devraient s’ajuster en conséquence aux parutions médiatiques traitant d’événements environnementaux positifs et négatifs touchant ces mêmes entreprises.

114 Puisque les mesures de PEE de MSCI KLD sont négativement liées aux mesures de risque financier des entreprises (Semenova et Hassel (2008); Sharfman et Fernando (2008); Bauer et Hann (2010); Chava (2010); El Ghoul (2011)), il est sensé de s’attendre à ce qu’elles permettent de prévoir une augmentation du risque de parution médiatique d’événement environnemental dans le futur.

Cette hypothèse suggère qu’une entreprise ayant une PEE faible (forte) devrait avoir davantage de probabilité de faire face à une nouvelle médiatique néfaste (bénéfique) pour l’environnement qu’une entreprise ayant une performance environnementale plus élevée (faible).

Hypothèse 1

:

La cote nette de PEE de MSCI-KLD est significativement et négativement

(positivement) liée à la probabilité d’occurrence d’événement environnemental néfaste

(positif) futur.

Plus précisément, en considérant les constructions distinctes des différents paramètres (positifs et négatifs) mesurés par MSCI-KLD, on s’attend à ce que les «faiblesses» permettent une meilleure prévision du risque d’événement environnemental négatif, puisque ce sont ces mesures qui reflètent le mieux le risque environnemental de l’entreprise, tel qu’expliqué à la section 2.13.

Aussi, on s’attend à ce que les mesures de force en matière d’environnement permettent un meilleur résultat quant à la prévision d’événements environnementaux positifs.

Hypothèse 2

:

La cote de faiblesse (force) environnementale de MSCI-KLD est

significativement et positivement liée à la probabilité d’occurrence d’événement

environnemental néfaste (positif).

En effet, certaines entreprises combinent à la fois une cote de force et une cote de faiblesse élevée. D’une part, en présence de cette combinaison, la cote de PEE nette n’est plus une mesure optimale puisque les cotes de force et de faiblesse se contrebalancent par construction (cote nette = cote de force – cote de faiblesse), ne reflétant plus l’ensemble de l’information disponible à l’égard de ces entreprises. D’autre part, les deux premières hypothèses du présent mémoire traitent des relations unissant la cote de force aux événements positifs et la cote de faiblesse aux

115 événements négatifs. Cependant, ces hypothèses ne permettent pas l’étude des relations croisées entre la cote de force (faiblesse) et les événements environnementaux néfastes (positifs). Ces constatations soulignent l’importance de ne pas laisser la question de la relation croisée inexplorée.

Une explication plausible à l’égard de l’observation de cotes de force et de faiblesse élevées pour une même entreprise et au sujet des relations croisées entre les cotes de force (faiblesse) environnementales et les parutions médiatiques traitant d’événement environnementaux néfastes (positifs) est la pratique de window-dressing.

Spécifions d’abord que nous n’utiliserons pas ce terme de façon péjorative, puisque nous ne connaissons pas les intentions des entreprises. En effet, la nature des opérations d’une entreprise peut entrainer un plus grand risque d’occurrence d’événements environnementaux néfastes. Les dirigeants de cette même entreprise pourraient vouloir compenser en investissant dans des projets bons pour l’environnement, soit par simple sens éthique, soit pour montrer à la population qu’elle est responsable malgré le risque provenant de la nature de ses activités. Autrement, les dirigeants d’une entreprise pourraient vouloir camoufler leur mauvaise performance environnementale en investissant dans des projets bons pour l’environnement afin d’augmenter leur cote de force. De cette façon, leur cote de performance nette s’en trouverait améliorée par construction, et davantage d’investisseurs socialement responsables pourraient s’intéresser au titre de leur entreprise, dépendamment de leur stratégie de sélection de titre. Enfin, n’ayant pas de moyen pour connaitre la réelle intention derrière cette pratique, nous utiliserons le terme de window-dressing de façon neutre (non péjorative).

Enfin, les derniers points discutés nous mènent à poser l’hypothèse suivante en lien avec la pratique de window-dressing :

Hypothèse 3

: L’effet window-dressing; la cote de faiblesse (force) environnementale de MSCI- KLD est significativement et positivement liée à la probabilité d’occurrence d’événement environnemental positif (néfaste).

Cette hypothèse implique, si elle s’avère vérifiée, qu’il pourrait y avoir du window-dressing au niveau des entreprises ayant à la fois des cotes de forces et de faiblesses environnementales élevées.

116 Afin d’étudier plus profondément les liens unissant la performance environnementale et la réputation de l’entreprise, nous redéfinirons l’événement selon l’ampleur de son traitement médiatique.

Puisqu’il est difficile d’estimer l’ampleur d’un événement dans le but de connaitre son impact potentiel sur la réputation de l’entreprise, nous estimerons plutôt l’ampleur du traitement médiatique porté à cet événement. En effet, tel que proposé par la théorie de l’agenda-setting (McCombs, 2003), les médias influencent la perception d’importance d’un événement tel que perçu par le public. Ceci étant, pour un événement couvert fréquemment et avec une ampleur importante par les médias, l’audience percevra cet événement comme plus important.

À la même manière que Manheim (1986), nous définissons l’ampleur du traitement médiatique comme la combinaison des mesures d’attention (espace dédiée au sujet dans les médias) et de proéminence (positionnement du sujet dans les médias). En conséquence, nous mesurerons si la cote de PEE de MSCI-KLD affecte la probabilité d’occurrence d’un événement environnemental néfaste, en redéfinissant cet événement par l’ampleur de son traitement médiatique, qui elle- même reflète la perception du public quant à l’importance de l’événement par l’entremise de l’agenda-setting. En d’autres mots, est-ce que la cote de PEE affecte la probabilité d’occurrence d’un événement pour lequel l’ampleur du traitement médiatique (et donc la perception d’importance) est lié au niveau de la cote de PEE elle-même?

Hypothèse 4

:

La cote de PEE de MSCI-KLD est significativement et négativement liée à

l’ampleur du traitement médiatique (mesure de saillance) d’un événement

environnemental néfaste.

Cette dernière hypothèse suggère que les médias attribuent un degré de saillance moins (plus) élevé aux événements environnementaux néfastes touchant les entreprises pour lesquelles la cote de PEE de MSCI-KLD est plus (moins) élevée.

117