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Paysage et infrastructures de transport : la voirie

Chapitre II : Paysage et trafic urbain

II. 1.1.6.2.La lecture historique de l'espace urbain

II.2. Paysage et infrastructures de transport : la voirie

Le développement rapide des moyens de transport au cours des siècles écoulés a donné une autre dimension au paysage. La définition du paysage a été liée étroitement au voyage pendant le XVIII et XIX siècles. Plus tard, au XX siècle, c’est grâce aux moyens de transport que l’accessibilité aux différents paysages est devenue facile. Ils modifient notre perception des paysages urbains car ils ont encouragé l’étalement urbain des villes.

Aujourd’hui, notre vie quotidienne est ponctuée de déplacements qu’ils nous donnent l’opportunité de traverser et percevoir une grande diversité de paysages. Les citoyens passent une partie non négligeable de leur temps dans les moyens de transports, c’est à travers les vitres des voitures, bus, trains qu’ils perçoivent leur environnement.

La plupart de nos moments sont passés au bord ou sur la voie, piéton, conducteur, passager…etc. Les voies sont considérées comme une partie du paysage, ce sont des lieux publics à usage collectif. Elles ne sont pas uniquement des infrastructures reliant un point à un autre, elles ouvrent une série de panoramas sur le paysage et ont à la fois des caractéristiques paysagères.

II.2.1.Caractéristiques paysagères des voiries :

Les voiries sont implantées pour répondre aux besoins de se déplacer sur un territoire. Elles constituent l’une des composantes de la structure et la dynamique de ce territoire. Elles sont certainement liées aux caractéristiques culturelles et naturelles du site et de ses paysages114.

Elles ont certaines caractéristiques paysagères ; la voie est considérée comme un élément essentiel du paysage. Ces caractéristiques sont liées à : la linéarité de la voie et la façon de son inscription dans le paysage, l’accessibilité, les points de vues qu’elle offre…etc.

Premièrement, la voie de qualité offre un accès facile, rapide à différents sites, agglomérations, villes et à leurs paysages.

113DEMORGON. M, DEPAULE. JC, PANERAI. P. Op.cit. p.38.

114LA CONVENTION EUROPEENNE DU PAYSAGE (2012) : Facette du paysage : Chapitre 2 : paysage et infrastructures de transport : les routes. Editons du conseil de l’Europe. P.41.

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Deuxièmement, les itinéraires empruntés présentent un intérêt, puisque leur mise en place a accompagné l’évolution du paysage et reflète les composantes naturelles et culturelles de cette évolution. Les itinéraires routiers permettent de découvrir les voies de communication historiques, les grandes lignes géographiques et la diversité naturelle des zones parcourues115.

Troisièmement, la voie offre à ses usagers une vue de paysage en mouvement. Elle donne une première impression sur le paysage, une impression que le passager peut l’approfondir une fois descendu de voiture. Elle ouvre des perspectives différentes sur le paysage. La voie est une fenêtre sur le paysage.

Quatrièmement, les voies ont la même vocation fonctionnelle, mais chacune d’elles a un caractère spécifique qui reflète d’une certaine mesure la société et la culture à laquelle elle appartient.

Cinquièmement, les voies sont des éléments essentiels du paysage. Elles en constituent un élément spécifique, susceptible d’être perçu et apprécié. Pour cela, l’insertion des voies dans le paysage est une préoccupation majeure dans la préservation du paysage.

II.2.2.La voie : un support de perception

La voie est un formidable support de perceptions visuelles des paysages urbains où on peut appréhender aisément l’identité paysagère. Selon lynch116, la route doit être le lieu qui, outre sa

fonction d’échanges, doit assurer à ses utilisateurs une perception de qualité du paysage urbain qu’elle traverse, qualité qui est rarement le cas pour l’instant. Il ne considère pas la ville comme une chose en soi, mais comme un objet perçu par ses habitants. D’ailleurs, ses analyses des grands axes routiers aux États-Unis le conduisent à penser la forme visuelle de l’espace urbain non seulement comme un paysage statique existant en soi, mais aussi comme une forme qui doit être perçue en mouvement. C’est-à-dire par un observateur utilisant l’axe routier, par la perception que cet observateur a de l’espace urbain qu’il traverse.

Lynch a été amené à souligner la qualité visuelle(ou son absence), « la qualité esthétique

du paysage urbain à partir des voies de passage »117. Ces vois de circulation participent donc

115LA CONVENTION EUROPEENNE DU PAYSAGE. Op.cit.p41.

116APPLEYARD. D., LYNCH K., MYER J.K. (1964): The view from the Road, Massachusetts Institute of technology Press. Dans cet ouvrage, K. Lynch emploie les termes d’esthetics of highways, de potential beauty ou encore de visual potential, de visual requirement.

117OLAGNIER Pierre-Jacques (1999) : La voirie, trame des paysages urbains. Le rôle des infrastructures routières dans le paysage des villes. Les annales de la recherche urbaine n° 85. P.163-170.

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« d’une manière décisive à la mise en place du paysage urbain. Elles donnent sa spécificité et une partie de son identité à la ville »118.

Le rôle des voies a changé sous l’influence du trafic, de l’évolution urbaine, des mouvements de valeur dans la ville et des représentations mentales des espaces. La perception du paysage depuis la voie est influencée aussi par la vitesse de la conduite. Plus un automobiliste conduit vite, plus son angle de vue se rétrécit. L’effet de la vitesse sur l’angle de vue détermine la portion de route que le conducteur peut percevoir. La perspective se resserre lorsqu’il roule vite et s’élargit lorsqu’il roule plus lentement. Cet effet de la vitesse concerne non seulement la vision du conducteur, mais aussi celle des passagers119.

Ainsi, la conduite rapide dans les paysages urbains empêche l’automobiliste de bien percevoir son environnement, et même dans le cas des embouteillages, il est généralement difficile d’admirer le paysage. Le champ visuel du passager ou de conducteur se trouve saturé par la présence des autres véhicules.