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L’impact du transport sur la forme urbaine

Chapitre II : Paysage et trafic urbain

II. 1.1.6.2.La lecture historique de l'espace urbain

II.3. Paysage urbain et moyens de transports

II.3.1 L’impact du transport sur la forme urbaine

Depuis l’aube de l’humanité, l’histoire de la ville est toujours liée à celle de l’évolution des modes de transports. Les moyens de transports façonnent la ville « Les villes se développent en

interaction permanente avec leur système de transport120 ». Elles se transforment avec

l’apparition de nouveaux modes de déplacements et ceux-ci se déploient au sein de l’aire urbaine.

Il existe trois modes de transports principales : les modes doux (principalement la marche à pieds et le vélo), les transports en commun et la voiture particulière. Chaque mode de transport a son impact sur la forme urbaine de la ville. La voiture encourage l’allongement de la ville vers la périphérie ; c'est-à-dire l’urbanisation diffuse contrairement au transport en commun qui encourage une ville avec une urbanisation dense ‘une ville compacte’.

II.3.1.1.Les partisans de la ville compacte :

La ville compacte est connue par sa densité urbaine et sa concentration des services. Elle apparaît comme une alternative à l’étalement urbain121.

118CHOAY F., (1992) : « Le règne de l’urbain et la mort de la ville », Catalogue de l’exposition de Beaubourg « La Ville ». Paris. p 26-35.

119LA CONVENTION EUROPEENNE DU PAYSAGE (2012) : Op.cit. P.69.

120CLARCK C., (1957): « Transport: maker or breaker of cities », Town Planning Review, vol. 28, pp. 237-250. 121HAUGHTON. G, HUNTER. C (1994): Sustainable Cities, Jessica Kingsley Publisher, London.

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Elle est favorable aux courts déplacements, à certains modes de transports collectifs et aux modes non motorisés. "La forte densité de la ville compacte permet de limiter la consommation

du sol à travers des stratégies variées : réhabilitations, rénovations et requalifications urbaines. Son faible étalement rend aisé l’utilisation des transports non motorisés, des transports mi- lents et des transports publics et permet une plus grande mobilité mais aussi une meilleure accessibilité122". Les transports en commun favorisent une urbanisation dense dans une aire

d’influence restreinte, ils ont un effet centripète, c'est-à-dire qui tend à se rapprocher du centre. La proximité des services facilite l’accessibilité aux différents lieux, même à ceux qui ne disposent pas d’une voiture particulière. Elle permet l’utilisation du vélo et de la marche à pieds comme moyen de transport. Selon le schéma suivant, nous remarquons une urbanisation dense au centre, dépendante sur le transport en commun. Plus on s’éloigne du centre, l’urbanisation devienne plus faible.

Figure 10 : Forme d'urbanisation guidée par des voies ferrées

Source : GHENOUCHI Ahmed (2007) : polycopie "transport et morphologie urbaine", cours première année

magister, Constantine.

Les avantages de la ville compacte se déclinent suivant quatre thèmes majeurs : « une

économie des sols non urbanisés, une économie dans les coûts d’urbanisation 123», « une économie d’énergie et de la quantité de polluants émis par tête grâce à une réduction des

122Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable (octobre 2002) : ville durable et mobilité, revue vue sur la ville, n°4.220p.

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déplacements124 ». En fait, ce modèle a été critiqué. La principale critique porte sur la validité de la relation entre densité et consommation d’énergie125. Fouchier126 lui-même constate que

l’équation «densification = moins d’usage de l’automobile = moins de pollution» n’est pas directement valable.

En revanche, On admette qu’une forte densité réduisait la demande de déplacements en voiture, mais ses avantages peuvent se transformer en désavantages et influer par la suite sur la qualité de vie en milieu urbain.

Enfin, s’ajoute à cela le fait que la concentration de plusieurs millions d’habitants et de toutes les activités économiques dans une ville peut conduire à de graves problèmes de congestion et ainsi contrarier les objectifs écologiques de sauvegarde de l’environnement et des économies d’énergie127.

II.3.1.2. Les partisans de la ville étalée :

Pour d’autres, la forte densité de la ville compacte peut conduire à une forte congestion. A cause de la densité, la circulation devient plus difficile ; qui dit densité, dit congestion supplémentaire. La ville étalée est connue par son étalement, son espace et sa dispersion de services. Elles se retrouvent dépendantes de l’automobile, l’urbanisation est guidée par la voiture. Cette dernière permet de s’allonger vers la périphérie, l’urbanisation va s’étaler vers des nouveaux espaces.

"L'automobile favorise une urbanisation diffuse mais qui conduit à une utilisation plus large, isotrope de l'espace. Nous aurons donc un effet centrifuge, c'est-à-dire qui tend à s'éloigner du centre128". La ville étalée est donc basée sur l’automobile, c'est-à-dire une mobilité

performante et libre des contraintes de proximité physique puisqu’elle permet d’aller partout. Mais on ne peut pas négliger leur impact négatif environnemental très élevé.

La hiérarchisation de l’urbanisation selon le schéma nous montre qu’en premier lieu une urbanisation dense restreinte, en second lieu nous avons l’urbanisation peu dense et en dernier

124 CAMAGNI. R et al (2002) : «Formes urbaines et mobilité : les coûts collectifs des différents types d’extension urbaine dans l’agglomération milanaise», Revue d’Economie Régionale et urbaine, 1, 2002, pp. 105-140.

125P. NEWMANN and J.KENTWORTHY (1989): Sustainability and cities: overcoming automobile dependence, Island Press, Washington.

126FOUCHIER V (1997) : Les densités urbaines et le développement durable : le cas de l’Ile-de-France et des villes nouvelles, Ed. Du SGVN, Paris.

127COUSINS W, THOMAS L (1996): «The Compact City: Succesful, Desirable and Achievable? », in M. JENKS, E.BURTON and K. WILLIAMS (eds.), the Compact City, A Sustainable Urban Form? Spon, London, 1996, pp. 53- 65.

128GHENOUCHI Ahmed, polycopie "transport et morphologie urbaine", cours première année magister, Constantine, 2007

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lieu l’urbanisation diffuse. Basée essentiellement sur les transports individuels. La ville étalée perd de sa densité de plus en plus qu’elle s’étale et s'éloigne de son centre.

Figure 11 : Forme d'urbanisation guidée par des autoroutes

Source : GHENOUCHI Ahmed (2007) : polycopie "transport et morphologie urbaine", cours première année

magister, Constantine.

II.3.1.3.Les partisans d’une forme polynucléaire : « une ville composite »

"Les villes fonctionneraient mieux lorsqu’elles offrent des transports publics qui les relient à des banlieues à densité relativement élevée avec une occupation des sols mixte […] Ainsi, Les recherches récentes ont renforcé les arguments pour une forme de ville composite129".

Ils soutiennent le modèle de ville polynucléaire, dans laquelle les fonctions habituellement concentrées dans le centre principal sont dispersées dans plusieurs autres sous centres, formant des noyaux ou des districts urbains, reliés par des infrastructures de transports publics performantes (Voir la figure 12). C’est le principe sur lequel se base le nouvel urbanisme" qui met l’accent sur le rôle de la forme urbaine dans la gestion des moyens de transport urbain130.

129Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable (octobre 2002) : "vue sur la ville", ville durable et mobilité, n°4.

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Figure 12 : conséquences possibles de deux politiques d'échangeurs

Source : GHENOUCHI Ahmed (2007) : polycopie "transport et morphologie urbaine", cours première année

magister, Constantine.

Finalement, entre les partisans de la ville compacte et ceux de la ville étalée, « les compromises » évoquent les mérites de la limitation de l’urbanisation, d’une «décentralisation concentrée», d’une «compacité mesurée» ou encore d’une «densification qualifiée» autour d’un ensemble de pôles secondaires131.

Pour conclure, on peut dire que le choix de moyen de transport est lié avec l’organisation spatiale de la ville.