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L’intrusion visuelle des voitures dans le paysage urbain

CHAPITRE V : L’impact du trafic urbain sur le paysage urbain de Batna

V.5. L’impact de l’omniprésence de la voiture sur le paysage urbain

V.5.4 L’intrusion visuelle des voitures dans le paysage urbain

D’après l’enquête faite, 28 % des personnes interrogées trouvent que la voiture est agréable à voir dans le paysage urbain de Batna. Pour eux, quand elle est en mouvement ou en stationnement régulier, elle apporte de la beauté au paysage. Tandis que le reste ; qui représente la plupart des répondants ’72 %’, des personnes interrogées déclarent que la voiture enlaidit le paysage urbain.

Source : Auteur 2015 28%

72%

Graphe 7: Jugement de la présence

de la voiture dans le paysage urbain

Agréable à voir Gênante à voir

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La raison de ce jugement négatif, des gens qui voient la voiture comme facteur d’enlaidissement du paysage urbain, se diffère d’une personne à l’autre. On va présenter quelques réponses de l'échantillon d'étude qui résument en quelque sorte toutes les autres réponses.

« Les voitures donnent l'effet qu'elles se collent entre elles, elles remplissent tout le vide existant dans la ville ».

« Le grand nombre de voitures ferme complètement les rues et ne permet pas la

perception d’autres éléments sauf la voiture ».

« Le manque des parkings conduit au stationnement illicite, les voitures sont un peu partout dans la ville ».

« La voiture particulière engorge les voies et prive le citadin de « son droit à la ville » et du plaisir visuel».

En effet, l’intrusion de la voiture dans le champ visuel des riverains et des passants est la raison de cette perception négative. Nous allons faire une lecture de quelques séquences pour étudier les modifications du champ visuel du parcours choisi.

Figure 33 : les différentes séquences composant le parcours effectué

RN3 L’évitement sud Boulevard Kl Route de Biskra Avenue de L’A.N.P Avenue de l’indépendance RN31 Points d’arrêts

Source : Google Earth, auteur.

S1 S2

S3

S4

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Le champ visuel du conducteur se modifie en fonction de la vitesse. Pour un individu à l’arrêt ou qui marche, le champ visuel est de 180°. Plus on va vite, plus la perception visuelle se rétrécit. Le fait que les automobilistes aient une vitesse supérieure à 50 km/h ne leur permet pas de créer un contact visuel avec leur environnement proche. À des vitesses supérieures à 30 km/h, l’angle de vision est fortement impacté.

Figure 34 : Effet de la vitesse du véhicule sur l’angle et la profondeur du champ visuel du conducteur

Source : CERTU  La première séquence

Photo 53 : La première séquence

Source : auteur 10.09.2015

Champ de vision limité à droite par un bâtiment soulevé sur 4 étages au premier plan et par des bâtiments collectifs au deuxième plan. Il s’agit de l’auto-house (Volkswagen). À droite, par un immeuble soulevé sur 4 étages aussi et un espace réservé pour les stationnements des

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véhicules de Volkswagen. À distance, une fermeture due aux arbres au premier plan et aux bâtiments de Hamla qui apparaissent de loin au deuxième plan.

L’effet apparent dans cette photo est l’effet de fermeture. Malgré la linéarité de la voie, nous remarquons que le champ visuel se bloque vers l’avant à cause de la présence d’un certain nombre de constructions dominées par l’activité automobile (concessionnaires d’auto).

Le champ visuel du conducteur ou du passager est encombré par la présence massive de tous genres de véhicules. Pour le premier, il aperçoit un paysage mobile, sa perception du paysage est limitée, elle se restreint au cône de visibilité situé dans l’axe de la rue. Avec la présence de nombreuses voitures dans son champ de vision, cette perception tend à devenir indistincte. Pour le passager, son regard se fixe généralement sur les deux rives de la voie. Dans cette séquence, les abords de la voie sont encombrés par les véhicules stationnés « des autos house » ce qui sature son champ de vision et perturbe sa perception du paysage.

On observe d’ailleurs que non seulement la voiture est responsable de la saturation du champ visuel, mais également les éléments d’éclairages s’imposent à la vision et encombrent le champ visuel. Aussi, les panneaux publicitaires géants qui annoncent de loin la présence des immeubles de concessionnaires d’auto.

 La deuxième séquence :

Photo 54 : La deuxième séquence

Source : auteur, le 16.09.2015

On distingue trois effets dans cette partie de voie : un effet de choix entre deux voies mécaniques, et un effet de différence entre deux types d’habitations (collectives et individuelles) et un effet de fermeture vers l’horizon. Le champ de vision est limité à droite par une habitation individuelle de R+3 puis par des habitations de R+1 et à gauche par des habitations collectives

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soulevées sur 4 étages. Quand on porte le regard vers le carrefour, le champ visuel est souvent bloqué par la présence des véhicules.

Le champ de vision du conducteur se change selon la vitesse de son véhicule. Cette dernière diminue le champ visuel quand elle est élevée. Dans cette voie, la vitesse est souvent supérieure de 35 km/h, elle arrive jusqu’à 80 km/h hors les heures de pointe. Donc, le champ visuel du conducteur se rétrécit à l’axe de la rue traversé, se concentre sur les autres véhicules en déplacements. Par ailleurs, le conducteur immobilisé ou roule à une vitesse très faible notamment pendant les heures de pointe possède un champ de vision de 180°. Mais dans ce cas, ce champ se trouve saturé par la présence des files d’attente de véhicules sur l'autre chaussée et par les véhicules stationnés sur les deux rives de l’évitement sud (photo 55).

Photo 55 : Espace réservé aux stationnements (l’évitement sud)

Source : auteur, le 05.05.2015

La clinique Hamizi, (photo 56), représente un générateur principal de la circulation. Un petit espace destiné aux stationnements s’est créé juste à côté d’elle. Aussi, des voitures empiètent sur les trottoirs déjà étroits autour de cette clinique. L’image perçue par les passagers et les automobilistes sur l’évitement sud, est saturée par ces véhicules, qui sont devenus une partie de la silhouette de cette façade urbaine.

Photo 56 : la circulation et la présence massive de voiture autour de la clinique Hamizi.

Source : auteur, le 16.09.2015

Cet espace affecte le champ visuel et le rend encombré par la présence massive des voitures.

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 La troisième séquence

Photo 57 : La troisième séquence

Source : auteur, le 16.09.2015

On remarque un champ limité à droite par la présence des immeubles soulevés sur différents niveaux (R+3, R+2). À gauche, on remarque un alignement d’arbres, ensuite l’hôtel Salim soulevé sur 5 étages et par un immeuble de 9 étages qui se perçoit de loin donnant un effet de verticalité. On remarque la présence des voitures stationnées de loin et des panneaux signalétiques qui s’imposent aussi au champ visuel.

La vitesse dans cette séquence (Boulevard KL) est généralement supérieure de 30 km/h. Dans ce cas, l’angle de vision du conducteur est fortement impacté, il ne peut pas établir un contact visuel avec l’environnement immédiat, mais cette voie connaît des encombrements le long de la journée notamment pendant les heures de pointe ce qui diminue la vitesse et élargit le champ visuel. Le regard se pose sur les trottoirs envahis par le stationnement illicite des voitures, cela perturbe l'identification du contact visuel de ce qui se passe autour de lui. L'alignement des arbres le long du boulevard couvre quelques stationnements (photos : 58,59) qui saturent le champ visuel des piétons et gênent leur mouvement.

Photos 58, 59 : Formes de stationnements au long de boulevard kl

Sur la première photo (58), le stationnement s’est fait sur un virage, il gêne la circulation mécanique et encombre le champ visuel du piéton. Pour la

deuxième photo (59) représente l’espace de stationnement devant Peugeot.

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 La quatrième séquence

Photo 60 : La quatrième séquence

Source : travail de recherche, PG ville et paysage 2013.

Dans cette séquence, on distingue un effet de couverture et un effet de choix entre deux voies mécaniques. Le champ de vision est limité, à gauche par des habitations collectives soulevées sur 4 étages et par les bus stationnés. A droite, le champ se bloque au premier lieu par un panneau publicitaire et par un mur aveugle de l’ENATT.

La vitesse dans cette partie de voie (route de Biskra) est comprise entre 15 km/h et 25 km/h. Cette vitesse offre un angle de vision large au conducteur dans les cas naturels ‘circulation fluide’. Ce ralentissement est dû souvent aux embouteillages donc le regard se concentre attentivement sur les autres véhicules et la perception du paysage devient difficile.

La photo ci-dessus (photo 60) a été prise en 2013. Actuellement (photo 61), à cause de nombreux encombrements engendrés ; sur la partie de la voie à côté de l’université, par cause du non-respect au code de la route. Des barreaux de couleur attirante sont installés au long de la voie, jouant le rôle d’éléments d’éclairage la nuit. Ils visent la régulation du trafic routier et remplacent la ligne continue signalée sur la voie pour obliger les conducteurs à respecter le sens des deux voies mécaniques. Bien entendu, ils ont contribué à la diminution de l’état d’anarchie existant sur cet axe mais, leur présence de cette forme et en couleur n’améliorent pas la perception visuelle ni l’image du paysage perçu.

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Photo 61 : Les barreaux de la ligne continue installés pour réguler le trafic.

 La cinquième séquence

Photo 62 : La cinquième séquence

Source : travail de recherche, PG ville et paysage 2013.

Dans cette séquence, le champ de vision limité à droite par des constructions presque homogènes (R+1) donnant un effet d’horizontalité. À droite, par une aire de stationnement au premier lieu puis par l’école coranique qui domine et donne un effet de verticalité. On distingue deux effets : un effet de découverte et un effet de bornage latéral.

La voie dans cette séquence est de sens unique. La vitesse est comprise entre 15 km/h et 25 km/h. le champ visuel se sature et se perturbe à cause de la présence de l’aire de stationnement à gauche et par le stationnement des voitures le long de la voie à droite. On remarque aussi des stationnements sur les trottoirs, ce stationnement brise le contact entre l’usager de la voie et la façade urbain.

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