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Du patrimoine à la conception de la patrimonialisation de l’objet scientifique contemporain

Chapitre 1: les aspects théoriques de la patrimonialisation de l’objet scientifique contemporain

1.1 Du patrimoine à la conception de la patrimonialisation de l’objet scientifique contemporain

patrimonialisation de l’objet scientifique

contemporain

Nous avons choisi d’aborder la question des objets scientifiques contemporains par le biais de la question de la patrimonialisation de ces objets ; c’est-à-dire de placer l’objet dans un cycle, dont l’un des états serait celui « d’objet de patrimoine », mais qui ne serait pas un état forcement immuable. La patrimonialisation est vue comme :

« un processus qui vise à construire un héritage chargé de sens et porteur de relations à transmettre » (Lavorel, 2014),

« le transfert d’un objet x, en vue de sa conservation et sa mise en valeur au titre de sa

représentativité d’une culture locale, dans le champ de compétence des institutions de l’administration culturelle » (Isnart, 2013).

Le processus de patrimonialisation, en tant que milieu dynamique du patrimoine, fait subir à l’objet un certain nombre de changements d’état. On parle alors de transfert d’un état à un autre. Pour l’administration culturelle, le transfert de l’état d’ « objet banal » à « objet de patrimoine » est encadré par des lois et des décrets, mais aussi par un usage et un certain nombre de pratiques qui légitiment cet acte (Heinich & Sous-direction de l’archéologie, 2009). Dans un premier temps, nous n’échapperons pas à l’entrée par les définitions données du patrimoine pour différents milieux, puis à une brève évolution historique de la définition.

1.1.1 La notion de patrimoine

En ce début de XXIe siècle, la notion de patrimoine apparait comme une préoccupation majeure, qui s’est étendue bien au-delà de sa définition et de son cadre d’origine, longtemps réservé au patrimoine historique et monumental.

« Cet engouement récent pour ce que l’on a qualifié de « fait patrimonial » s’inscrit incontestablement dans un contexte plus global de « crise » de l’identité qui se manifeste au sein des sociétés modernes, crise qui sous-tend un effort de mobilisation de la mémoire » (Stoessel-Ritz, 2004).

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Toute la difficulté de cette définition de « patrimoine » réside dans le fait qu’elle est en permanente construction, par différents acteurs, de différentes disciplines et de différentes institutions. C’est à la fois une représentation générale abstraite, et le fruit d’une réglementation. L’objet de cette thèse n’est pas de statuer sur une définition immuable ni de débattre sur ce qui, pour finir, peut mériter le statut de « patrimoine ». À travers nos lectures (Babelon & Chastel, 2000 ; Heinich, 2009 ; Isnart, 2010 ; Poulot, 1993, 2006 ; Reynès, 2004 ; Stoessel-Ritz, 2004), nous pouvons tout de même faire émerger deux visions, qui ne sont pas contradictoires, mais complémentaires dans la perception de l’objet.

D'un côté, nous pouvons postuler que le patrimoine est partout, et que tout est susceptible de devenir patrimoine :

« La main de l’homme a une emprise quasiment omniprésente autour du globe terrestre. Cette même main de l’homme agit différemment selon l’endroit où elle se trouve et les conditions qui l’entourent. Peut-on dire par là que tout est patrimoine ? Assurément, avec des degrés de qualité différents » (Reynès, 2004).

D’un autre, que la qualité de patrimoine ne peut être intrinsèque à l’objet :

« Aucun objet n’est patrimonial par nature, on ne trouve pas d’objets patrimoniaux à l’état natif dans le monde social. Les objets que les hommes manipulent deviennent patrimoniaux par destination. Le patrimoine est le produit d’une action, que l’on nomme patrimonialisation, et qui s’effectue toujours dans une sorte d’arène sociale et politique particulière, en suivant des règles établies à des niveaux internationaux ou nationaux ou locaux » (Isnart, 2010).

Sans être en opposition totale, l’une défend le fait que le potentiel de patrimonialisation est intrinsèque à l’objet et que l’homme doit en quelque sorte la révéler ; l’autre qu’il n’y a pas de patrimoine sans une action humaine dont l’objectif sera de construire cette qualité.

Nous devons également préciser quel champ du patrimoine nous allons utiliser. En effet, le patrimoine est un terme polysémique qui revêt plusieurs définitions. Dans une définition donnée par un dictionnaire classique, il signifie à la fois :

« Bien qu'on tient par héritage de ses ascendants »,

« Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse » « Ce qui est considéré comme l'héritage commun d'un groupe »,

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« Ensemble des biens, droits et obligations ayant une valeur économique dont une personne peut être titulaire ou tenue »,

« Ensemble des éléments aliénables et transmissibles qui sont la propriété, à un moment donné, d'une personne, d'une famille, d'une entreprise ou d'une collectivité publique » (Larousse, 2015).

Outre la généralisation du patrimoine à la notion de propriété commune (Babelon & Chastel, 2000), le mot « héritage », entendu sous des sens différents, va conduire à l’émergence de deux courants de définitions. Ceux pour qui, comme L. Reynès, l’héritage tient de la transmission idéologique, et ceux pour qui il revêt plutôt une valeur économique. C’est d’ailleurs le cas de la définition proposée par B. Fayolle Lussac :

« Ainsi le Patrimoine atteste du statut d’appartenance d’un bien transmissible, quel qu’en soit le contenu notamment matériel. Dans l’opération légale de transmission, l’acheteur du patrimoine c’est l’héritier désigné qui se porte acquéreur rituellement des biens et de la famille » (Fayolle Lussac, 2004).

Même si ce spectre économique est toujours en arrière-plan, notre travail est plus en adéquation avec le point de vue sociologique qui présente le patrimoine comme un don pour les générations actuelles et futures, le vecteur d’un savoir-faire, d’une époque, d’un souvenir.

« Le patrimoine, c’est l’ensemble des principes et des valeurs spirituelles qui cimentent la vie en commun au sein d’un peuple et donnent un sens à sa vie quotidienne. […] Le soin que chaque génération apporte à la conservation de l’équilibre et des ressources de son univers représente un héritage inestimable qui permettra à la génération suivante de mieux vivre […] » (Desvallées & Lochot, 2000).

« Le patrimoine, au sens où on l’entend aujourd’hui dans le langage officiel et dans l’usage commun, est une notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement vague tous les biens, tous les « trésors » du passé » (Babelon & Chastel, 2000).

« En matière de définition du patrimoine, l’idée la plus communément admise est que ce dernier assure une continuité entre ceux qui l’ont produit ou ceux qui en ont été les possesseurs – et nous, qui en sommes les héritiers puisqu’ils nous l’ont transmis. De là naîtrait la charge de le conserver, de le préserver, de le sauvegarder pour le transmettre à notre tour » (Davallon, 2006).

Bref historique du patrimoine

Les premières initiatives de transmission et de volonté de sauvegarde des connaissances remontent probablement au Moyen-Age, avec la préservation de certains objets

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sacrés ou saints comme les reliques, et surtout de documents juridiques, de livres, d’archives (Di Gioia & Chaumier, 2008).

« Les problèmes juridiques que posent leur reconnaissance et le culte qui leur fut rendu correspondent parfaitement à la connotation, juridique elle aussi, du mot patrimoine » (Babelon & Chastel, 2000). Généralement, les histoires du patrimoine remontent à la Révolution française, avec la prise de conscience de l’Etat de la nécessaire protection d’un patrimoine culturel commun (Babelon & Chastel, 2000; Choay, 2009). À cette époque naissent les premiers décrets visant à protéger les monuments, les biens de l’Église ou les objets d’art du « vandalisme révolutionnaire » observé (nous devons le terme à l’Abbé Grégoire, 1794), qui fait naître un sentiment de traumatisme de la mémoire collective (Poulot, 1993). C’est aussi la période où apparaissent les premiers musées (1795). À l’occasion de la démolition de la Bastille (1789) émerge le terme de « monument historique » ; l’inspection des monuments historiques verra le jour quelques années plus tard (Souiah, 2010).

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO, a vu le jour en 1945, toujours dans un contexte d’après-guerre. Elle construit un nouveau concept de patrimoine, qui se veut mondial, culturel et naturel.

« Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration. Des lieux aussi extraordinaires et divers que les étendues sauvages du parc national de Serengeti en Afrique orientale, les Pyramides d’Égypte, la Grande Barrière d’Australie et les cathédrales baroques d’Amérique latine constituent le patrimoine de notre monde.

Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde, sans tenir compte du territoire sur lequel ils sont situés »(« UNESCO Centre du patrimoine mondial - notre patrimoine mondial », s. d.). Depuis les années 1970, les listes d’inscription à l’UNESCO et les demandes de classement explosent. L’essor du tourisme de masse et la « crise des valeurs » de ces années influent directement sur l’expansion du terme de patrimoine. Le patrimoine, essentiellement artistique, architectural et naturel, devient militaire, industriel, documentaire, bibliographique, ethnologique, gastronomique, linguistique, immatériel, maritime, urbain.

Depuis 1972, est défini comme patrimoine culturel par l’UNESCO :

« les monuments : œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d'éléments, qui ont une valeur

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universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science […]» (UNESCO Centre du patrimoine mondial, 1972).

Aujourd’hui en France, une base législative permet de définir cette notion : le code du patrimoine (ministère de la Culture, 2016). Il s’agit d’un texte compilant des dispositions de droit français concernant le patrimoine et certains services culturels. Il se découpe en sept thématiques appelées « livres » portant chacun sur un domaine différent. Le livre I traite des dispositions communes à l’ensemble du patrimoine culturel (régime de circulation, droit de préemption, dépôt légal, institutions chargées du patrimoine). Les livres suivants sont destinés aux : Archives, Bibliothèques, Musées, Archéologie, Monuments historiques - sites et espaces protégés, Dispositions relatives à l’Outre-Mer. Le code du patrimoine en donne la définition suivante :

« Le patrimoine s'entend, au sens du présent code, de l'ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique,

archéologique, esthétique, scientifique ou technique » (Code du patrimoine - Article L.1, 2004).

1.1.2 La patrimonialisation

La patrimonialisation est une notion associée à la question du patrimoine, mais qui peut se traduire de différentes manières : comme une pratique ou comme un outil d’analyse. Là encore, il existe plusieurs manières d’aborder la question en fonction des disciplines : histoire, ethnologie, information-communication, etc. Nous présentons ici trois points de vue : celui du philosophe et historien Krzysztof Pomian, de l’historien spécialisé dans l’histoire du patrimoine Dominique Poulot et du muséologue Jean Davallon. Pour cela nous utilisons les travaux originaux des chercheurs (Davallon, 2006, 2009, Pomian, 1987a, 1987b, 1990, Poulot, 1993, 1998, 2001, 2006, 2010) mais aussi les thèses récentes sur le sujet qui proposent parfois une interprétation de ces mêmes travaux (Lavorel, 2014 ; Mariot-Leduc, 2008). Nous présenterons une dernière vision du patrimoine, plus empreinte des travaux de sociologie de différents auteurs (Amougou, 2004 ; Amougou, Billard, Briffaud, & Cougrand, 2011 ; Di Méo, 2007 ; Montlibert, 1989 ; Reynès, 2004), et qui présentent la patrimonialisation comme une dimension sociale et relationnelle.

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1.1.2.1 La patrimonialisation comme une

trajectoire et le générateur CW

« Le patrimoine est la réunion des objets visibles investis de signification (sémiophores) que se donne, à un moment donné, une société » (Pomian, 1987a).

Selon K. Pomian, philosophe et historien, le processus de patrimonialisation est le passage pour l’objet du circuit d’activités utilitaires ou économiques à celui où il devient porteur d’une autre signification, le circuit sémiotique.

« À propos du terme de «sémiophores», je me suis aperçu qu'il n'y avait pas de mot dans la langue française pour désigner à la fois des tableaux, des monnaies, des imprimés, des coquilles, etc., c'est-à-dire des objets porteurs de significations » (Pomian, 1987b).

L’homme a la capacité de donner une signification à un objet utilitaire même le plus modeste, par exemple une petite cuillère ayant appartenu à un personnage illustre. Il est aussi capable de fabriquer un objet uniquement pour sa signification et non pour son utilité : K. Pomian donne l’exemple d’une médaille commémorative, d’un tableau grand format destiné uniquement à un musée.

« Le choix d’objets qui entrent ainsi dans le patrimoine culturel tient à leur capacité de recevoir des significations, liée, principalement, à leur histoire antérieure, à leur rareté, à leur apparence externe » (Pomian, 1990).

La notion de rareté contribue également à la transformation en sémiophore, mais doit tout de même être nuancée:

« Un objet qui n'est pas rare est pratiquement insignifiant. Mais là aussi, les choses se compliquent parce qu'il peut exister des collections d'objets communs. Dans ce cas, un autre facteur intervient. Si vous voulez faire une collection de fourmis, par exemple, vous allez devoir les attraper, les préparer, etc., et ce n'est déjà plus si commun que ça ! » (Pomian, 1987b)

Selon K. Pomian, une autre étape du processus de patrimonialisation est importante : celui du passage au stade de « déchet ». Sophie Mariot-Leduc, le résume ainsi :

« Dans ce parcours, il est un moment crucial où ce qui aurait dû être une fin naturelle et banale devient le début d’une nouvelle vie fondée sur l’exemplarité : c’est le paradoxe du statut du « déchet », à la fois fin de parcours logique et inhérente à la matérialité d’objets usuels, et commencement

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exceptionnel d’un nouveau mode d’existence lié aux valeurs immatérielles dont il est porteur » (Mariot-Leduc, 2008).

Le passage au stade de « déchet » nous permet de nous interroger sur la nécessité ou pas que l'objet atteigne ce stade avant d’être promulgué au rang de patrimoine. De la vision de cet auteur, nous retiendrons le principe de sémiotisation des objets (qu’il appelle initialement « chose »), ainsi que l’interrogation sur le statut de « déchet ».

Dans le cas d’étude qui est le nôtre, la vision de K. Pomian nous permet de questionner différents points en rapport avec l’accélérateur de particules Cockcroft-Walton. Aujourd’hui, une partie de cet accélérateur est bien engagé dans un processus de patrimonialisation, selon K. Pomian, dans le sens où il a déjà effectué le passage du statut de « chose » à celui de « déchet », en quittant le circuit d’activité utilitaire. Pour les membres du « groupe patrimoine » qui s’investissent dans le projet de valorisation et de restauration du générateur de haute tension de l’accélérateur, il est porteur d’une nouvelle signification. Mais ce constat nous amène à nous demander pourquoi il a été choisi. À cela, nous avons aujourd’hui deux catégories de réponses liées aux raisons de sa sélection : les raisons « éveillées » et les raisons factuelles. Si nous reprenons les points mentionnés par K. Pomian : le générateur Cockcroft-Walton est un témoin fort de l’histoire de la physique nucléaire locale lyonnaise, un objet rare aujourd’hui, et dont l’esthétique ne laisse pas indifférent. Il regroupe toutes les caractéristiques d’un objet pouvant appartenir au patrimoine culturel. Pour les raisons plus factuelles et peut-être dues au hasard, nous pensons au fait que la grande majorité des matériaux qui le composent ne sont pas recyclables. De la même manière, les parties du générateur de haute tension, sous cette forme, ne peuvent sans doute pas s’intégrer de manière séparée dans un autre système. Une diode de la haute tension ne peut pas être intégrée dans un autre circuit électrique, bien que beaucoup de circuits utilisent des diodes. L’évolution de la technique de fabrication des différents éléments, rend les éléments du générateur obsolètes. D’autre part, nous pouvons aussi soulever le fait que lors de son démontage, le générateur a été stocké en pièces détachées dans le bâtiment qui l’avait accueilli en premier : le bâtiment Haefely. Or, au cours des années qui ont suivi, la porte de sécurité en plomb et béton a été refaite, et une partie des éléments du générateur ne passent apparemment plus (les plus grosses sphères). Cet élément, raconté par les physiciens de l’IPNL, mais dont nous n’avons pas réellement vérifié les faits, montre que l’appareil est peut-être resté si longtemps démonté dans un coin « parce qu’il ne passait plus les portes ». D’un autre point de vue, si vraiment les

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physiciens avaient voulu s’en débarrasser, ils auraient pu se séparer de l’ensemble des autres pièces qui passent encore largement, ou faire découper les gros éléments.

La formalisation que K. Pomian propose pour montrer les trajectoires fonctionnelles des objets du patrimoine culturel met surtout en avant les ruptures que nécessite le processus Nous pouvons adapter cette représentation au cas de l’accélérateur CW (voir Figure 50):

Figure 50 : représentation du processus de patrimonialisation selon K. Pomian, adapté au cas de l’accélérateur CW de l’IPNL. Source : (Pomian, 1990) et (Mariot-Leduc, 2008).

Cette représentation a l’avantage de montrer rapidement quelles sont les ruptures importantes dans la vie de l’objet (la rupture fonctionnelle) qu’induit le processus de patrimonialisation. La rupture entre le monde utilitaire et le monde des déchets, où l’objet perd une partie de ses fonctions et celle entre le monde des déchets et celui de sémiophore. Mais notre cas d’étude nous montre que l’objet ne perd peut-être pas la totalité de ses fonctions dans le passage d’un monde à l’autre. Aujourd’hui, la forte implication du représentant de la maison Haefely dans le processus de patrimonialisation de l’accélérateur de l’IPNL montre que l’objet continue à être une marchandise de la société productrice. C’est aussi la raison pour laquelle, dans le cartel74 de beaucoup d’objets scientifiques, le nom du constructeur est l’un des premiers éléments donnés au visiteur. C’est aussi l’un des éléments incontournables de la description de l’objet, en musée notamment.

Si le principe de patrimonialisation selon K. Pomian s’articule essentiellement autour de la trajectoire de l’objet, celui présenté par D. Poulot se place plus largement dans la

74 Un cartel est une plaque ou une étiquette, souvent placée à proximité immédiate de l’objet valorisé (tableau, monument, statue, ou objet de patrimoine). Il donne les éléments principaux qui permettent d’identifier l’œuvre présentée : nom, auteur, date, etc.

Circuit utilitaire : chose

Fonction de marchandise (Haefely)

Fonction d’outil de la recherche (IPA puis IPNL)

Monde des déchets

« Défonctionnalité » Obsolescence Stockage dans le bâtiment Haefely Circuit sémiotique : sémiophore Objet de discours et de gestes O Stade actuel de la patrimonialisation du générateur Cockcroft-Walton de l’IPNL

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chronologie de l’histoire, l’accumulation de faits. Voyons comment elle peut permettre d’enrichir notre vision.

1.1.2.2 La patrimonialisation comme une

généalogie et le générateur CW

« Dans son acceptation la plus générale, le patrimoine comprend deux aspects fondamentaux : l’assimilation du passé, qui est toujours transformation, métamorphose des traces et des restes, recréation anachronique, et le constat d’une fondamentale étrangeté des témoins de ce passé » (Poulot, 2001).

D. Poulot, professeur d’histoire et des civilisations, est une figure incontournable quand on s’interroge sur les questions du patrimoine. Sa vision de la patrimonialisation tient sur trois piliers : la vertu généalogique, l’utilité pédagogique et l’attribut d’identité. La construction de ces trois fonctions s’est faite de manière chronologique, en fonction d’évènements appartenant à l’histoire culturelle française. L’assimilation du passé qu’il tient comme élémentaire dans sa définition du patrimoine a donné naissance à la première fonction du patrimoine : la vertu généalogique. C’est l’acceptation de ce que nous ont laissé nos ancêtres, « l’expression traditionnelle de la transmission et de sa profondeur mémorielle » (Poulot, 2001). La deuxième fonction qu’il définit, l’utilité pédagogique, est née avec la Révolution française de 1789 et la destruction de biens matériels de l’ancien régime. Ces actes de « vandalisme » ont fait naître une conscience, celle de la conservation pour donner un exemple, qui consiste à garder un témoin de ce qui a été fait, qu’il soit exemplaire ou non, comme gardien d’une réalité. C’est le début de la sélection des objets et de la définition des critères de sélection, qui feront de la patrimonialisation (pour les professionnels) une pratique à part entière, avec une méthodologie précise.

« La transmission « à la postérité » sera le résultat d’initiatives déployées expressément en ce sens, et non le fruit du cours naturel des choses : l’idée d’une reconnaissance volontaire se substitue à celle d’un lien obligé » (Poulot, 1998)

La troisième fonction, celle de l’attribut d’une identité, permettra à plusieurs