4.1- Changement d’élancement
Une fois la calibration faite à l’échelle de l’éprouvette, les micropropriétés doivent être calibrées
à l’échelle d’un pilier, de dimensions futures : 4 x 4 x 8 m. Dans un premier temps, ce
changement d’échelle pose le problème de l’effet de l’élancement. En effet, dans le cas de
l’éprouvette de laboratoire, l’élancement est de 2 (7,2 x 3,6 cm). Celui-ci est choisi pour ne pas
engendrer un phénomène de frettage dû aux frottements empêchant le déplacement libre des
extrémités de l’éprouvette. On diminue ainsi au maximum les zones d’influences du frettage. La
distribution des contraintes au centre de l’éprouvette n’est alors pas perturbée. En revanche,
dans le cas d’un pilier de mine, l’élancement est plus proche de 0,5.
Tang et al. (2000) ont travaillé sur l’effet de l’élancement et ont étudié l’évolution de la
résistance à la compression. Ils ont modélisé 5 éprouvettes d’élancement 3, 1,5, 1, 0,67 et 0,5,
et ont simulé des essais en compression simple (fig.21).
Figure 21 : Simulation numérique de l’effet de l’élancement pour cinq échantillons avec différents ratios
hauteur sur largeur simulés avec RFPA
2D(Tang et al., 2000)
Après analyse des résultats, ils montrent que plus l’élancement est faible, plus la résistance à la
compression augmente (fig.22).
Figure 22 : (a) Courbes contrainte-déformation pour différents élancements (b) réduction de la résistance
à la compression en fonction de l’élancement simulés avec RFPA
2D(Tang et al., 2000)
Cette expérience numérique est à rapprocher des résultats expérimentaux de Pineau (1978) qui
montre que la résistance en compression pour des éprouvettes de minerai de fer avec
différents diamètres (30, 50 et 80 mm) diminue avec l’augmentation de l’élancement. De plus,
Vigouroux (1975) propose, dans le cas du minerai de fer lorrain, une relation entre la résistance
à la compression et l’élancement :
e
5
,
32
245
R
c= − (16)
avec e l’élancement et Rc la résistance à la compression en bars.
A partir de ces observations, il semble que la résistance à la compression de l’éprouvette
(élancement 2), obtenue avec le jeu de microparamètres déterminé au paragraphe 3.4.5, va
augmenter lorsqu’on passe aux dimensions d’un pilier (élancement 0,5).
La figure 23 présente les courbes contrainte-déformation axiale issues d’essais uniaxiaux
simulés sur des éprouvettes d’élancement 0,5, 1 et 2, aux mêmes micropropriétés que celles
résumées dans le tableau 8.
0 5 10 15 20 25 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 εa(E-06) σ1-σ3 (MPa)
Données expérimentales Données numériques H/D=2 Données numériques H/D=1 Données numériques H/D=0.5
Rc=16,68 MPa Rc=18,44 MPa Rc=19,97 MPa 3,6 cm 3,6 cm 7,2 cm 3,6 cm 7,2 cm 3,6 cm
Figure 23 : Courbes contrainte-déformation axiale en fonction de l’élancement de l’échantillon dans le
cas d’un essai de compression simple
Ces simulations montrent effectivement que lorsqu’on passe d’un élancement 2 à un
élancement 0,5, la résistance à la compression de l’échantillon croît de 16,68 MPa à 19,97
MPa. Si l’on se rapporte à l’équation 16, Vigouroux prédit en fait une perte de résistance de
l’ordre de 21% d’un élancement 0,5 à 2. Les ordres de grandeurs des résistances au pic
calculés montrent de manière « surprenante » une diminution effectivement d’environ 21%, soit
un écart de résistance de 3,29 MPa.
4.2- Propriétés « massif »
Afin d’être cohérent avec les modélisations des chapitres 3 et 4, nous devons affecter au futur
pilier modélisé des propriétés « massif » et non celles du laboratoire, c'est-à-dire des valeurs de
propriétés pondérées de l’effet de la fracturation (méthodologie de Hoek & Brown, voir chapitre
2). L’effet de la fracturation se traduit, entre autre, par une diminution de la cohésion et de
l’angle de frottement, donc par une réduction de la résistance à la compression. Dans le cas
des modélisations des chapitres 3 et 4, la couche ferrifère est affectée d’une cohésion de 1,2
MPa, d’un angle de frottement de 35° et d’une résistance à la compression de 4,51 MPa.
Comme nous l’avons vu dans le paragraphe 3.4.3, la résistance à la compression varie
proportionnellement avec les valeurs affectées aux résistances normales et tangentielles du
ciment. Ainsi pour obtenir une résistance au pic de 4,51 MPa, à partir des micropropriétés
initiales (R
c=19,97 MPa, pour un élancement de 0,5), les valeurs de résistances du ciment
doivent être divisées d’un facteur 4,4.
La figure 24 présente les courbes de contrainte-déformation suite à cette réduction de
résistance et le tableau 9 les micropropriétés et les macropropriétés « massif ». A noter que les
paramètres de rupture de Mohr-Coulomb ont été calculés à partir d’essais triaxiaux réalisés
avec les mêmes confinements (1, 2, 4 et 10 MPa) que dans le cas du calage des propriétés du
laboratoire (§ 3.4.5).
0 5 10 15 20 25 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 ε(E-06) σ1-σ3 (MPa)Données numériques laboratoire Données numériques massif
Rc=4,51 MPa
Rc=19,97 MPa
εt εv εa
Figure 24 : Courbes contrainte-déformation en compression simple (laboratoire et massif) du pilier
Tableau 9 : Micropropriétés et macropropriétés numériques « massif » du pilier et comparaison aux
propriétés « massif » issues de la méthodologie de Hoek & Brown (1997)
Macropropriétés du pilier
Micropropriétés « massif » du pilier
Numérique
Billes Ciment Moyenne Ecart type « Massif »
ρ(kg.m
-3) 2800 E
c(GPa) 8,75 E (MPa) 8060,45 154,65 7801,51
D
moy(mm) 2,5 k
n/k
s3,5 ν 0,242 0,007 0,250
E
c(GPa) 8,75 σ
c(MPa) 3 ± 1,1 R
c(MPa) 4,48 0,31 4,51
k
n/k
s3,5
c(MPa) 3 ± 1,1 Φ(°) 33,12 0,16 35,00
Φ(%) 35 λ 1 C (MPa) 1,20 0,08 1,20
Les propriétés « massif » ont été obtenues grâce à la méthodologie de Hoek & Brown (1997) et
à partir des essais en laboratoires issus de Homand & Dagalier (voir chapitre 3).
4.3- Changement d’échelle
A ce stade, nous avons généré un échantillon d’élancement 0,5 auquel nous avons affecté des
micropropriétés réduites correspondant à des macropropriétés « massif » (fig. 25).
Elancement 0,5 Propriétés massif Elancement 0,5 Propriétés laboratoire Elancement 2 Propriétés laboratoire
Figure 25 : Passage d’un échantillon cylindrique (propriétés laboratoire) à un échantillon rectangulaire
(propriétés massif)
L’échantillon généré est actuellement de taille centimétrique (4 x 4 x 6 cm). Dans les futures
simulations, le pilier est de dimension métrique. Nous devons donc passer d’un modèle
centimétrique à une modèle de pilier métrique en multipliant les dimensions du modèle initial
par un facteur 100. Nous pourrions conserver, dans le modèle métrique, une distribution de
billes de taille centimétrique mais le nombre de billes serait beaucoup trop important,
impliquant des temps de calculs trop longs. Par conséquent le rayon minimal des billes Rmin a
été également multiplié d’un facteur 100, pour obtenir des tailles de billes de l’ordre
décimétrique.
La figure 26 présente les courbes contrainte-déformation pour l’échantillon initial
(centimétrique) et pour un échantillon de taille métrique. Ces deux derniers sont affectés des
mêmes micropropriétés.
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 -400 -200 0 200 400 600 800 ε(E-06) σ1-σ3 (MPa) Echantillon centimétrique Echantillon métrique εt εv εaNous constatons que le changement d’échelle influence peu le comportement mécanique de
l’échantillon. La résistance au pic ainsi que le module de Young et le coefficient de Poisson
sont identiques pour les deux modèles. Le passage d’un modèle centimétrique à un modèle
métrique est donc commode en jouant simplement sur le paramètre R
min.
Dans le document
Effondrement et affaissement des mines de fer en Lorraine : rôle de la couverture et de la morphologie
(Page 176-180)