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Les parties de langue non prédicatives

Dans le document Notions de neurolinguistique théorique (Page 94-120)

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Le système des parties de langue non prédicatives se situe dans la transcendance, c'est-à-dire dans un dépassement en direction de l'abstrait, des parties de langue prédicatives. Or, deux degrés de transcendance peuvent être distingués : la transprédicativité, qui concerne le pronom et l'article, et la transincidence, qui concerne la préposition et la conjonction. Examinons ceci de plus près.

2.2.3.1. La transprédicativité

Nous avons tout d'abord défini la non-prédicativité par le caractère purement formel de l'idéogénèse : les parties de langue non prédicatives possèdent une idéogénèse obtenue non pas par conceptualisation de l'expérience mais par une opération de pensée portant sur l'activité pensante elle-même — une saisie de la pensée par elle-même comme aime à le dire Gustave Guillaume. La matière notionnelle des mots non-prédicatifs est donc essentiellement formelle, et puisqu'une telle matière n'est pas prédicable, ces parties de la langue peuvent être considérées comme appartenant à un champ transprédicatif.

2.2.3.1.1. Pronom et mots pronominaux

Cette définition s'applique sans difficulté à l'article et au pronom. La situation du second dans la transcendance du nom est fort bien décrite dans ces propos de Moignet :

Si l'on transcende la notion substantivale, déjà portée à un haut degré d'abstraction, que représente le mot chose (qui lui-même transcende toutes les notions particulières des substantifs désignant des objets de la classe de l'inanimé), on quitte le domaine des parties de langue prédicatives et l'on forme un pronom, qui en l'espèce est le pronom indéfini quelque chose. Celui-ci n'a pas le même statut linguistique que le substantif chose : il n'en a ni le genre grammatical (on dit : quelque chose est bon dans cette affaire), ni la latitude de varier en nombre, ni la possibilité d'être qualifié par l'adjectif épithète (*quelque chose bon). Ce pronom est l'au-delà d'un substantif, un «transsubstantif», qui symbolise la forme de la prédication sans prédiquer aucune matière prédicable. Il s'obtient par une remontée du plan de la pensée pensée au plan antérieur de la

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pensée pensante. Il signifie, non le résultat d'une prédication, mais l'opération prédicante considérée en soi.48

Et en effet, la différence en langue entre le nom et le pronom est bien avant tout l'absence de prédication chez le second : le pronom permet de parler des êtres sans les nommer. Car certaines intentions discursives ou certaines configurations syntaxiques peuvent induire la disconvenance du nom : qu'on songe par exemple à l'emploi anaphorique du pronom personnel qui permet d'éviter d'insupportables répétitions. Mais que sera-t-il retenu de l'être en l'absence de son nom ? Balayant d'un trait la plus grande partie de l'ensemble couvert par la partie de langue qu'est le pronom, Moignet propose la réponse suivante :

On pourra évoquer [les êtres] d'après une situation spatiale : on usera de pronoms déictiques ; – par référence à une désignation contextuellement antérieure : on usera de pronoms anaphoriques ; – par référence à leur rapport à d'autres êtres : ce seront les pronoms dits «possessifs» ; – par référence au rang qu'ils occupent dans le système des personnes engagées dans un acte de langage : ce seront les pronoms personnels. On pourra les remplacer par des termes symboles d'existence positive, sans plus : quelqu'un, quelque chose, – par des symboles de classification distributive : chacun ; – par des symboles dépositivants : personne, rien ; – par des symboles porteurs d'indétermination, propres à assumer l'expression de mouvements de pensée de l'ordre de l'énonciation, comme la percontation : qui, quoi, que (en emploi de «pronoms interrogatifs») ; ou encore, capables d'opérer des translations syntaxiques : qui, que, quoi, etc. en emploi de « pronoms relatifs », etc.49

Ce que Moignet décrit dans ce passage n'est rien d'autre que les différents types d'idéogénèse des personnes. S'en dégage très nettement le caractère formel, abstrait de cette idéogénèse par rapport à celle du nom, matérielle et concrète. Quant à la morphogénèse du pronom, disons seulement qu'elle est analogue, sans lui être parfaitement identique à celle du nom50.

Toutefois, il serait inexact de ne situer le pronom que dans la transcendance du substantif. Si l'on s'attache à l'examen du régime d'incidence des pronoms, il est aisé de montrer que le pronom n'est pas toujours un « transsubstantif » mais parfois aussi un «transadjectif» ou un « transadverbe ». Les pronoms personnels, possessifs, démonstratifs ainsi que certains indéfinis appartiennent, du fait de leur incidence

48 MOIGNET, G., op. cit., p. 122.

49 Ibid., p. 150-151.

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interne, à transcendance du substantif51. Mais à quelle partie de langue appartiennent des mots comme quelque, chaque, certain,(antéposé),

maint ou comme ainsi, aussi, autrement, seulement ? Tous possèdent

une idéogénèse formelle et par conséquent se situent dans le champ de la transprédicativité. Mais leur régime d'incidence n'est pas celui du nom. La première série relève de l'incidence externe de premier degré : ses éléments sont assimilables à des adjectifs. La seconde série relève de l'incidence externe de second degré qui caractérise l'adverbe. Il s'agit donc dans le premier cas d'adjectifs pronominaux et dans le second

d'adverbes pronominaux.

Or, cette définition du pronominal par le caractère non matériel de l'idéogénèse – au sens où celle-ci ne procède pas d'une conceptualisation d'expérience d'univers – conduit à l'intégration à la même catégorie d'une autre série de mots. Des verbes comme être ou avoir employés comme auxiliaires ou encore comme copules ou en locution (il est grand ; il a

soif), des verbes comme pouvoir, devoir, vouloir, etc., qui sont des

auxiliaires modaux, ont une idéogénèse incontestablement abstraite, tout particulièrement pour être et avoir dans les emplois considérés. Ils se situent donc dans une transcendance notionnelle à l'égard du verbe et peuvent être considérés comme des « proverbes »52.

Au total, nous obtenons donc quatre champs d'application de la transprédicativité :

- transprédicativité substantivale : pronoms personnels, possessifs, démonstratifs, certains indéfinis, pronoms relatifs et interrogatifs

- transprédicativité adjectivale : les traditionnels « déterminants indéfinis »

- transprédicativité adverbiale : adverbes à contenu sémantique formel - transprédicativité verbale : auxiliaires être et avoir, auxiliaires modaux et aspectuels (faire, aller, venir, etc.).

2.2.3.1.2. L'article

51 Rappelons toutefois cette différence de statut, déjà indiquée dans une citation précédente (cf. supra.) : les transsubstantifs ne peuvent être support de l'incidence adjectivale immédiate (fonction épithète) : * quelque chose fascinant. VS un lion fascinant. Le plus souvent, de est nécessaire : quelque chose de fascinant.

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Du pronom à l'article, la frontière à franchir est, en langue, assez ténue. Au fond, l'article est bien une sorte de pronom – ce que suggère d'ailleurs fort bien la sémiologie française, puisque la plupart des articles (le, la, les, un voire du ou des53) peuvent également fonctionner comme pronoms. C'est du pronom personnel que l'article est le plus proche : tous deux sont des mots dont la matière, essentiellement formelle comme toutes les parties de langue transprédicatives, se réduit à cette forme particulière qu'est la personne du substantif. Or, comme nous l'avons vu, la personne est cardinale lorsqu'elle est le support de l'incidence interne du substantif et ordinale lorsqu'elle est le support de l'incidence externe du verbe. Le pronom personnel et l'article assurent chacun l'évocation de l'une de ces personnes : cardinale pour l'article, ordinale pour le pronom personnel54.

Toutefois, si deux parties de langues sont posées en système, c'est qu'il existe une différence fondamentale entre l'article et le pronom personnel. Si tous deux ont des emplois mémoriels (anaphore, cataphore), seul le pronom possède l'aptitude à mémoriser en lui-même une matière notionnelle. L'article, lui, 'est pas «supplétif à l'égard d'une matière notionnelle»55: il est nécessairement suivi d'un substantif, qu'il annonce, et qui fournit la matière incidente à la personne cardinale. Autrement dit, le pronom évoque à la fois une personne ordinale et une matière notionnelle, tandis que l'article évoque seulement la personne cardinale et fonde ses capacités d'appel et de rappel sur cet unique élément formel. On pourrait donc soutenir que l'article représente un degré d'abstraction plus grand que le pronom personnel — c'est-à-dire une transcendance du pronom. Quant à la valeur sémantique de l'article et au système qu'il constitue lui-même, nous y reviendrons dans le chapitre suivant qui sera entièrement consacré à l'examen de cette question.

2.2.3.2. La transincidence

53 Des pronom se trouve dans l'usage familier : J'en ai vu des qui n'avaient pas ces scrupules ; Il y en a des qui … L'emploi de du comme pronom est également possible (J'en ai bu du bien meilleur), tout comme pour de la (J'en ai bu de la bien meilleure). On notera toutefois dans ces emplois la présence du pronom adverbial en, qui fournit un relais anaphorique sans lequel l'emploi pronominal des articles à thème *d semble impossible.

54 Ajoutons que du point de vue diachronique, la proximité du nom et du pronom est également manifestée puisque la plupart des articles, dans de nombreuses langues, sont issus de pronoms. Guillaume a développé cet aspect dans Le problème de l'article et sa solution dans la langue française, p. 15-16.

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Il résulte de ces premières remarques que le pronom et l'article appartiennent, par leur idéogénèse de caractère formel, à la transcendance des parties de langue prédicatives, c'est-à-dire à la transprédicativité, mais tout en conservant un régime d'incidence du même type que les parties de langue prédicatives. Si la préposition et la conjonction se situent également en transprédicativité, leur morphogénèse est d'un type fort différent de celle du pronom ou de l'article. En effet, leur régime d'incidence n'appartient plus à une logique de mise en relation d'un apport et d'un support, mais à celle d'une relation entre deux supports. Le terme de transincidence exprime cette particularité. La transincidence est une transcendance formelle (par

«dépassement» d'incidence) et notionnelle, tandis que la

transprédicativité n'est qu'une transcendance notionnelle, impliquant certes quelques ajustements formels, mais sans qu'un type nouveau de morphogénèse se manifeste.

2.2.3.2.1. La préposition

Considérons tout d'abord la préposition, et la manière particulière qu'elle constitue de dépasser le régime d'incidence des parties de langue prédicatives. D'une façon générale, la préposition intervient après l'épuisement des potentialités incidentielles des parties de langue prédicatives et transprédicatives, afin d'établir les relations que ces dernières n'ont pu assurer. Par exemple, dans un syntagme comme Le

château de ma mère, l'achèvement des potentialités incidentielles du

nom et de l'article produit les deux syntagmes le château et ma mère, mais n'assure pas leur mise en relation : « ce sont des termes que leur genèse ne pourvoit pas de propriétés pouvant assurer entre eux le jeu du mécanisme apport/support. Aussi leur rapprochement dans le discours n'est-il permis que dans la mesure où il est possible d'argumenter l'intervalle résultant de cette déficience »1. Le signe manifestant cette argumentation est la préposition.

En tant qu'elle a pour rôle d'argumenter un intervalle, la préposition est une partie de langue diastématique, diastème étant le nom attribué par Guillaume à l'intervalle. C'est cette propriété qui situe la préposition dans le champ de la transincidence : la préposition échoit à un diastème1.

1 CERVONI, J., La préposition, p. 78.

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diastème1. Mais ceci ne nous permet pas encore de percevoir le cinétisme porteur de cette partie de langue.

Du point de vue de l'idéation de structure, la préposition représente un au-delà de l'adverbe, lequel assure la clôture du système des parties de langue prédicatives. Nous avons montré précédemment que ce système était structuré par l'antagonisme fondamental de l'espace et du temps, signifié en langue par l'opposition du nom et du verbe. Or, conformément au principe selon lequel la transcendance d'un système représente une avancée en direction de l'abstrait, cette binarité constitutive de la prédicativité sera conservée dans la préposition, mais poussée à un degré d'abstraction tel qu'il n'en subsiste qu'un mouvement structural composé de deux moments2 :

le système prédicatif ouverture fermeture / réouverture d'un nouveau système nom verbe 1 momenter 2 momentnd [afférence] [efférence] [Le système de la préposition]

De la binarité nom-verbe ne subsiste, dans la préposition, qu'une dualité structurale de deux mouvements, afférence et efférence, référés à une limite3. Ce système binaire constitue le module de la préposition, une pure architecture structurale dessinée au niveau très abstrait de l'idéation de structure. Pour que la genèse de la préposition soit complète, il sera ensuite nécessaire de fournir un argument à ce module :

1 Cette expression est préférable à l'utilisation du terme d'incidence («la préposition est incidente à un diastème») dans la mesure où le mécanisme incidentiel au sens strict est dépassé en transincidence.

2 Le schéma qui suit, reproduit par J. Cervoni (op. cit., p. 69), est extrait de la Leçon du 20 mai 1954, p. 2. Nous avons toutefois remplacé par «1er moment», «2nd moment», la mention des propositions à et de respectivement, puisque celles-ci, comme l'indique bien J. Cervoni «ne figurent qu'au titre des symboles de la catégorie à laquelle elles appartiennent (Ibid.). Les précisions entre crochets sont ajoutées par nous.

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Le module sera argumenté de manière extrêmement diverse, tout en restant constant. Exemple : soit à / de. On a, avec argument de direction la limite étant Paris :

je vais à de je viens

Paris

Le cas est d'une netteté parfaite.1

Ceci explique en particulier le fait que de nombreuse prépositions puissent être regroupées en paires : à / de, par / pour, sur / sous, devant /

derrière, avant / après, etc., autant d'argumentations d'un module

constant. Quant à l'ordination des propositions sur ce module, elle est fondée sur les principes d'une logique élémentaire que Guillaume chronologie de raison. Ainsi l'ordination à/de est justifiée de la manière suivante :

Raisonnablement, on met l'aller avant le retour […]. On ne peut venir qu'un lieu où l'on fut, où l'on est allé.2

Les deux grandes phases de la genèse de la préposition sont donc les suivantes : une idéogénèse supposant l'argumentation d'un module et une morphogénèse impliquant le caractère diastématique de cette partie de langue.

Bien qu'il soit regrettable d'en rester à de telles généralités, notre axe de recherche ne nous permet pas d'avancer plus loin dans la théorie de la préposition. La complexité et la subtilité d'une telle théorie, due notamment à la diversité des degrés d'institution de l'argument3, nous obligerait en effet à lui consacrer un long développement. Nous nous contenterons donc de renvoyer au remarquable ouvrage de Jean Cervoni, auquel nous avons déjà fait référence à de nombreuses occasions, La

préposition. Etude sémantique et pragmatique (Paris /

Louvain-la-Neuve, Duculot, 1991).

2.2.3.2.2. La conjonction

1 GUILLAUME, G., Leçon du 6 décembre 1951 (a), p. 21, cité par CERVONI, op. cit., p. 74.

2 GUILLAUME, G., Leçon du 6 décembre 1951 (a), p. 21, cité par CERVONI, op. cit., p. 75.

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Nous serons également très bref à propos de la conjonction, la seconde des parties de langue appartenant au champ de la transincidence. La grammaire traditionnelle inclut dans la classe des conjonctions deux types d'éléments linguistiques, les uns définis par une fonction de coordination, les autres par une fonction de subordination.

2.2.3.2.2.1. Conjonctions de coordination

Pour Gérard Moignet, la série des coordonnants proprement dits se limite aux trois mots et, ou, ni. Des mots comme mais, car, or, donc, que la grammaire traditionnelle inclut également dans la catégorie des conjonctions de coordination sont considérés comme des adverbes de phrase, ayant pour rôle de signifier les articulations logiques du discours1. Du point de vue fonctionnel, et, ou, ni ont pour rôle de « signaler la persistance sur un terme subséquent des conditions d'incidence qui affectent un terme précédent, sans changement (sauf condition particulière, en limite externe de leur compétence) »2. Etant en effet réservés à la coordination d'éléments de même nature en discours3, il est possible de considérer qu'ils annoncent, en discours, l'arrivée d'un terme ayant le même statut syntaxique que le mot ou le groupe de mots qui les précède4. Cette hypothèse d'un rôle indicateur d'ensembles homogènes semble corroborée par les cas où la conjonction précède le premier terme de l'ensemble (Il travaille et le jour et la nuit), cas dans lesquels il devient impossible de confiner la conjonction de coordination au rôle de ligature. Du point de vue sémantique, et, ou, ni forment un système, celui des « conditions mentales de la constitution d'ensemble »5

:

1 Cf. MOIGNET, G., op. cit., p. 242. Notons toutefois que mais a un statut intermédiaire entre le coordonnant et l'adverbe d'articulation logique (ibid., p. 245).

2 Ibid., p. 243.

3 Deux substantifs, deux adjectifs, deux verbes, deux adverbes, etc. ou un substantif de langue et un substantif de discours (Je devine son plan et qu'il veut nous évincer, la complétive étant une phrase nominalisée, c'est-à-dire un substantif de discours), un adjectif de langue et un adjectif de discours (Un souriceau tout jeune et qui n'avait rien vu, la relative étant ici adjectif de discours). Cf. Ibid., p. 243.

4 Dans le cadre d'une telle analyse, la juxtaposition est considérée comme une coordination , la simple juxtaposition suffisant en discours à signifier l'identité syntaxique — à cette différence près avec la coordination que la nature de la relation entre les éléments juxtaposés n'est pas explicitée.

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- et et ou permettent la constitution d'ensembles dans l'ordre du positif, ni

dans l'ordre du négatif ;

- avec et les termes constitués en ensembles sont pensés comme s'additionnant les uns aux autres : et est orienté vers le positif ; - avec ou les termes constitués en ensembles sont pensés comme s'excluant

les uns les autres : ou est orienté vers le négatif.

D'où la représentation suivante de ce système des conjonctions de coordination1 : I II ou et + - + ni + _ 2.2.3.2.2.2. Conjonctions de subordination

Quant aux conjonctions de subordination, leur rôle est fondamentalement un rôle de nominalisation :

Le fait de langue en cause, en ce qui concerne les termes dont il est ici question, est un processus par lequel une phrase, défilé d'éléments syntaxiques, et de ce fait sentie comme analytique, reçoit un traitement linguistique qui en fait un tout synthétique utilisable comme élément d'une autre phrase.2

Grâce à la conjonction de subordination, une phrase devient un nom

de discours, susceptible d'assumer des fonctions substantivales,

adjectivales ou adverbiale, les différents types classiques de subordonnées coïncidant à peu près avec cette discrimination fonctionnelle3 : conjonctions pures pour les fonctions substantivales

1 Ibid., p. 245. Pour une synthèse récente sur la question des coordonnants, qui intègre l’approche systématique, voir BADIOU-MONFERRAN, Claire, Les conjonctions de coordination ou « l’art de lier ses pensées » chez La Bruyère, Paris, Honoré Champion, 2000, p. 57-325.

2 Ibid., p. 247.

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sujet, complément d'objet, attribut ; relatives pour les fonctions adjectivales épithète et apposition ; conjonctives relationnelles pour la fonction adverbiale complément circonstanciel.

Or cette notion de nominalisation nous entraîne visiblement au-delà des conjonctions de subordination au sens où les entend la grammaire traditionnelle, puisque nous venons d'y rapporter les pronoms relatifs et que nous aurions tout aussi bien pu y intégrer encore certains adverbes comme comment, introducteur d'interrogative indirecte (Je me demande

comment les choses se sont passées) ou de conjonctive relationnelle (Je sais comment les choses se sont passées). Si l'on se réfère à cette notion,

la répartition dans des classes différentes des conjonctions de subordination, des pronoms relatifs et des adverbes introducteurs de subordonnées apparaît tout à fait injustifiée. L'unité du processus de langue en cause est l'indice d'une identité en système des parties de langue qui l'assument. Comment peut-on expliquer cette identité ?

La réponse est délicate, mais réside dans le fait qu'une conjonction est l'état ultime auquel la subduction puisse amener un pronom ou un adverbe nominalisateur.1

Nous avons déjà introduit la notion de subduction, définie comme un processus d'évidement, d'allègement sémantique, à propos de la

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