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5. Présentation des résultats

5.2 Participation syndicale

5.2.3 Participation aux activités sociales

Nous cherchons ici à savoir si la participation des membres aux activités sociales a varié suite à l’adoption des lois spéciales. En nous basant des écrits de Brown-Johnson et Jarley (2005), les activités sociales sont définies comme étant des rencontres ou activités organisées ou offertes par le syndicat visant à favoriser la socialisation entre les membres. Les activités sociales ne doivent pas avoir pour objectif le fonctionnement du syndicat ou être reliées au milieu de travail. Suite à l’analyse des entrevues, nous constatons que quatre syndicats (AIMTA, STTP, FAE et FTQ-Construction) ont mentionné une baisse de l’implication aux activités sociales en comparant la période précédant la loi spéciale à celle qui a suivi. Pour la FIQ, aucune modification n’a été observée.

Tableau 13 : Impact des lois spéciales sur la participation aux activités sociales

AIMTA STTP FAE FIQ Construction FTQ-

Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien

Participation aux activités

sociales Baisse Fort Baisse Fort Baisse Aucun Statu quo - Baisse Aucun

Les acteurs interrogés de l’AIMTA et du STTP témoignent que la baisse de la participation aux activités sociales est fortement reliée à l’adoption de la loi spéciale. Les répondants de la FAE et de la FTQ-Construction, tel qu’illustré au tableau 13, ont aussi remarqué des baisses significatives de la participation aux activités sociales. Ces derniers ne relient toutefois pas ces baisses à l’adoption de lois spéciales. Une fois de plus, les représentants de la FAE considèrent qu’une baisse de la participation est normale suite à une phase de négociation alors que les exécutants de la FTQ-Construction considèrent que les nouvelles valeurs des membres expliquent cette baisse.

5.2.3.1 Cas 1 – AIMTA

Pour l’intervenant 2, autant la participation aux assemblées que la présence aux activités sociales ont été affectées négativement par l’adoption de la loi spéciale. Un autre intervenant reconnaît cependant que trois ans après l’imposition de la loi spéciale, ce taux de participation aux activités sociales tend à augmenter (Intervenant 3).

Il faut donc reconnaître l’effet de la loi spéciale sur la participation des membres de l’AIMTA aux activités sociales, ce qui a nécessairement contribué à miner la socialisation nécessaire pour maintenir des liens vivants entre les membres.

5.2.3.2 Cas 2 – STTP

Dans l’une des sections régionales du STTP, il semblerait que les activités sociales soient plutôt rares :

«On n'a pas vraiment d'activités sociales. On avait un tournoi de golf et on ne l'a pas fait cette année»

(Intervenant 4)

Au niveau local, l’organisation d’activités sociales semble également difficile :

«Jusqu'en mai 2015, j'étais encore là, […] c'était très dur organiser des activités. Là, vu qu'on repart en négo, je ne sais pas, je ne suis plus sur le plancher.»

(Intervenant 6)

Un des acteurs interrogés est toutefois optimiste. En effet, plus de trois ans après l’adoption de la loi spéciale, la participation à des activités de visibilité serait en hausse :

«Avec les enjeux qu'on a présentement, on a beaucoup de journées nationales et des actions locales. On a fait beaucoup d'activités avec le NPD, des consultations publiques. Participation, honnêtement, ça pourrait être mieux que ça. […] Exemple, en mars 2013, on a participé à Montréal en lumières, on a fait une grosse manif, et là on était plus de 1000 personnes dans la rue. On a aussi participé à l'activité mégaphone, qui est organisé par la Ville de Montréal. On a eu à peu près 500 personnes avec des orateurs.»

Il ressort des entrevues avec le STTP que l’adoption de la loi spéciale en 2011 a favorisé la baisse de la participation des membres aux activités sociales. Cette baisse semble cependant s’estomper avec le temps puisque les répondants ont constaté un regain de la participation des membres dans certaines activités de visibilité.

5.2.3.3 Cas 3 - FAE

Pour l’intervenant 8 de la FAE, le niveau de participation aux activités sociales est bas, mais il ne peut pas affirmer que la loi spéciale l’ait influencé :

«C'est difficile. Je pense qu'en général, les activités sociales, c'est sûr qu'en période de mobilisation de négo, c'est plus fort, il y a plus de membres, généralement. Il y a des périodes où c'est plus bas. Mais est-ce que c'est vraiment en lien avec le décret, je ne serais pas capable de l'affirmer.»

(Intervenant 8)

Après l’adoption de la loi spéciale, une baisse se serait fait sentir. Toutefois, cette baisse s’expliquerait par la fin de la période de négociation, ce qui est habituel. Il appert donc que pour la FAE, il serait difficile de conclure à un lien entre la baisse de la participation des membres aux activités sociales et l’adoption de la loi spéciale.

5.2.3.4 Cas 4 – FIQ

Selon l’intervenant 11, il y a longtemps que les syndicats ont arrêté d’organiser des activités sociales :

«Ça ne se fait plus ça. C'est ce que je disais, c'est dans ce sens-là. Les années 70 et 80, il y avait encore ce fort sentiment-là de militantisme où est-ce qu'on était proche du syndicat, on faisait avancer les conditions de travail par le biais de la mobilisation et du syndicat.»

(Intervenant 11)

Donc, selon l’intervenant 11, l’organisation d’activités sociales est chose du passé, la loi spéciale n’ayant pas influencé cet indicateur.

5.2.3.5 Cas 5 - FTQ-Construction

L’intervenant 9 nous explique que la participation aux activités sociales a diminué avec les années, mais que la loi spéciale ne serait pas en cause. Tel qu’abordé précédemment, l’intervenant 9 fait référence au changement de valeurs dans la société.

Selon son témoignage, la participation aux activités sociales serait en constante baisse. Cette baisse n’aurait d’aucune façon été influencée par la loi spéciale.

5.2.3.6 Constats

Suite à l’analyse des entrevues, il est possible de constater que quatre des cinq syndicats ont observé une baisse de la participation des membres aux activités sociales. Deux de ces syndicats mentionnent toutefois que la loi spéciale n’explique pas cette baisse (FAE et FTQ- Construction) : dans un cas, on établit que l’engagement des membres est concentré surtout lors des périodes de négociation et dans l’autre, cette baisse suit la tendance générale observée suggérant que les valeurs des membres ont évolué et que l’action syndicale n’est plus au cœur de leur militantisme,

Les deux autres syndicats qui ont constaté une baisse de la participation aux activités sociales, soit l’AIMTA et le STTP, soutiennent qu’elle constitue une conséquence directe de la loi spéciale. Encore une fois, la sévérité des lois spéciales par le gouvernement conservateur pourrait expliquer que l’impact de ces lois soit plus grand sur les membres.

Finalement, le statu quo a été observé pour la FIQ, où aucune activité n’était organisée avant et après la loi spéciale.

De façon générale, les syndicats qui ont participé à la recherche organisent peu d’activités sociales et cet indicateur ne permet pas de bien saisir l’effet de l’imposition d’une loi spéciale. Il faut toutefois se rappeler que les activités de proximité avec les membres peuvent être une source importante afin de raviver des liens forts entre la base et l’exécutif et des lieux privilégiés pour construire une identité forte des membres autour d’enjeux qui sont partagés (Johnson et Jarley, 2005).