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5. Présentation des résultats

5.3 Climat des relations industrielles

5.3.5 Circulation fluide de l’information

Est-ce que l’adoption d’une loi spéciale influence ou non la circulation de l’information entres les parties? C’est la question à laquelle cet indicateur vise à répondre. Suite à l’analyse des résultats et tel qu’il est possible de le voir au tableau 22, nous pouvons conclure que les différentes lois spéciales n’ont eu aucune influence sur la circulation de l’information et ce, pour les cinq syndicats.

Tableau 22 : Impact des lois spéciales sur la circulation fluide de l’information

AIMTA STTP FAE FIQ Construction FTQ-

Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien Réaction avec loi Lien

Circulation fluide de

l'information Statu quo - Statu quo - Statu quo - Statu quo - Statu quo -

5.3.5.1 Cas 1 - AIMTA

Selon les intervenants de l’AIMTA, la communication ne circulerait pas de façon fluide entre la compagnie et le syndicat :

«As they like to say: "we are a transportation company, not a communication company". It says everything.»

(Intervenant 2)

Selon certains, la rétention de l’information serait volontaire :

«[…] le fonctionnement des relations de travail, moi ma perception c'est que ça ne fonctionne pas, parce qu'il y a aucune volonté, pas de notre bord, du bord de l'employeur que ça fonctionne.»

(Intervenant 3)

L’intervenant 3 fait référence à la dégradation de la qualité des relations de travail qui aurait débuté en 2003. La loi spéciale n’aurait donc pas eu d’impact sur cet indicateur, puisque ces changements datent d’avant la loi spéciale.

5.3.5.2 Cas 2 - STTP

Au niveau local, certains gestionnaires favoriseraient le partage de l’information :

«Oui, avec le gestionnaire qu'on avait, il était assez transparent, il nous montrait ses mains. Quand c'était une directive du national, il imprimait le mail et il nous le montrait, "regarde, j'ai reçu ça de telle personne, à telle heure, telle date, c'est ça qui nous disent

de faire, c'est pour ça que je ne peux pas faire ça". Il y avait une transparence qu'on n'a pas revue.»

(Intervenant 6)

Par contre, l’intervenant 6 précise que ce partage de l’information a grandement diminué avec l’arrivée d’un nouveau gestionnaire.

Au niveau régional, les observations des intervenants 4 et 5, provenant de régions différentes, n’abondent pas dans le même sens :

«Pas sur tous les sujets, mais la majorité du temps, je suis tenu au courant. Si j'apprends quelque chose par les médias, ou un journaliste qui m'appelle pour quelque chose que j'apprends, moi je vais appeler les relations de travail tout de suite après. S'ils ne me l'ont pas dit, c'est qu'ils ne pouvaient pas me le dire. C'est que l'ordre venait d'en haut et qu'ils ne pouvaient pas en parler, et ils vont s'excuser, ils ne seront pas nécessairement fiers de la position de l'employeur, mais la majorité du temps, ils communiquent avec moi. Quand les négos vont commencer et qu'on va commencer à avoir des discussions sur les stratégies à prendre, peut-être que les tensions vont augmenter, mais avec les relations de travail, rarement, ça n'aura pas d'effet nécessairement.»

(Intervenant 5)

«C'est toujours à la dernière minute. Exemple, quand ils annoncent la fin de la livraison à domicile, ils nous appellent cinq minutes avant de le dire aux employés et aux médias. On le sait cinq minutes d'avance.»

(Intervenant 4)

Bref, il semblerait que la circulation de l’information fluctue selon la volonté des gestionnaires et selon les circonstances. Questionnés à savoir si la loi spéciale avait influencé les échanges entre les parties, les trois intervenants affirment que non.

5.3.5.3 Cas 3 - FAE

Selon l’intervenant 8 de la FAE, les représentants de l’employeur ne partagent pas l’information :

«Non. De manière générale non. Dans le sens que la commission scolaire nous divulgue le moins d'informations possibles, faut vraiment pousser pour que la partie patronale, et c'est la même chose depuis que je suis ici, à la FAE au niveau national, je pense au

ministère entre autre, qui est quand même un de nos vis-à-vis patronaux, c'est le ministère de l'éducation, on sait toujours les choses à la dernière minute ou on l'apprend par la bande. C'est extrêmement difficile, un grand manque de transparence et ils ne cherchent pas du tout à nous mettre dans le coup et c'est la même chose au niveau des commissions scolaires, à tous les niveaux.»

(Intervenant 8)

Toutefois, certaines nuances doivent être apportées :

«Il y a de l'information, de part et d'autre, de l'information stratégique qu'on ne dévoilera pas. Ça c'est évident. […] l'information circule dans la mesure où il y a une volonté. Si la volonté c'est d'en arriver à un règlement, l'information va circuler en conséquence. Si l'objectif c'est de monter une confrontation, de justifier, et c'est ça qu'il faut se rappeler, il y a un an, le gouvernement n'avait pas l'attitude qu'il a eue dans les derniers mois, il était dans une attitude de confrontation, il était dans "vous privez les élèves de… vous privez les parents de…" et whoup, il s'est rendu compte que les parents n'étaient pas si d'accord avec ce que le gouvernement prétendait et faisait. Donc l'information circule, l'information sert l'objectif politique. Donc, le gouvernement laisse couler des choses.»

(Intervenant 7)

On comprend donc que la circulation de l’information fluctue dans le temps et selon les sujets, notamment en fonction de l’opinion publique. Selon les intervenants de la FAE, la loi spéciale n’aurait pas été un vecteur de changement dans la circulation de l’information.

5.3.5.4 Cas 4 - FIQ

Une fois encore, les intervenants de la FIQ affirment que la circulation de l’information varie d’un établissement à l’autre. Lorsque nous avons interrogé nos répondants sur la qualité des échanges d’informations au cours des négociations de 2015, l’intervenant 12 répond que les échanges étaient difficiles avec le gouvernement et le CPNSSS. Il précise toutefois ceci :

«En fait, au niveau de l'intersectoriel ça avait l'air de bien circuler, parce que, ce que j'en ai vu comme consultant à l'interne, on avait beaucoup de chiffres, beaucoup de tableaux… c'est au niveau du sectoriel que j'ai trouvé ça plus fermé. Fermé dans le sens où on ne savait pas vraiment pourquoi ils ne voulaient pas telle affaire. Finalement, on a fini par abandonner des demandes… quelqu'un m'a demandé "pourquoi vous la laissez tomber? ". On l'a laissée tomber juste pour régler, parce qu'on ne sait pas pourquoi ils ont dit non.»

L’intervenant 12 a observé de la rétention d’information lors des négociations de 2010 et de 2015. Ensuite, en ce qui a trait à la circulation de l’information dans les milieux de travail, l’intervenant 11 mentionne que ce serait à géométrie variable. Globalement, les deux intervenants mentionnent que, selon eux, la loi spéciale n’aurait pas influencé la circulation de l’information entre les parties.

5.3.5.5 Cas 5 - FTQ-Construction

En cette matière, il apparaît clairement que l’information ne circule pas facilement entre le syndicat de la FTQ-Construction et les représentants patronaux.

«On a chacun nos petits squelettes et on garde chacun nos atouts. C'est sûr qu'on emmagasine des choses si ça peut nous servir plus tard et ils font la même chose c'est sûr.»

(Intervenant 10)

À savoir si la loi spéciale a eu un impact sur la fluidité de l’information, l’intervenant 10 répond que :

«Non. Je te dirais que même durant les derniers mois ça s’est amélioré, parce qu'on a des grosses problématiques au sein de la Commission de la construction avec la présidente qui se donne des airs de royauté. Ça fait que ça a rapproché les parties patronale et syndicale pour que ce soit plus paritaire les décisions à la Commission. Parce qu'il y a bien des choses qu'elle essaie de nous rentrer dans la gorge et elle fait la même chose du côté patronal. Il y a eu un resserrement des liens entre le syndicat et le patronat pour ce qui entoure la Commission de la construction du Québec.»

(Intervenant 10)

Donc, des rapprochements ont eu lieu entre les parties patronales et syndicales. Toutefois, ces rapprochements n’ont pas été causés par la loi spéciale, mais davantage en raison des acteurs en place, en particulier par l’attitude de la présidente de la Commission de la construction. La circulation de l’information entre les parties n’a donc pas varié suite à l’adoption de la loi spéciale selon nos répondants.

5.3.5.6 Constat

Suite à l’analyse des résultats, il s’avère que l’adoption des lois spéciales n’a pas influencé la circulation de l’information entre les parties patronale et syndicale et ce, pour les cinq syndicats.