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La participation des aînés aux « activités d'amélioration de la communauté »

CHAPITRE 1 : LES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES

1. Les recensions d'écrits

3.1 Quelques aspects de la participation sociale des aînés

3.1.5 La participation des aînés aux « activités d'amélioration de la communauté »

L'étude qui rejoint le plus directement le thème de cette recension d'écrits est celle de Liu et Besser (2003). Cette recherche quantitative a porté sur les relations entre le capital social, la « conscience communautaire » (sense of community) et la participation des aînés à des « activités d'amélioration de la communauté » (community improvement activities). La recherche a été réalisée en 1994 auprès d'un échantillon aléatoire de 2 802 personnes de 65 ans et plus réparties dans 99 communautés rurales et petites villes de l'Iowa, un état du Midwest des États-Unis.

La variable dépendante était le niveau de participation aux activités d'amélioration de la communauté. Elle fut mesurée par les réponses à la question suivante : « "In general, how would you describe your level of involvement in local community improvement activities and events?" The response categories include "not

262 Delisle et Thouvenot, 2009, p. 12.

at all active" (=1), "not very active" (=2), "somewhat active" (=3), and "very active" (=4) » (ibid., p. 352). L'étude tenait compte de quatre indicateurs du capital social : 1) les relations informelles dans la communauté locale; 2) le nombre total de relations formelles dans la communauté locale; 3) la confiance envers les membres de cette communauté, et 4) les normes concernant l'action collective des résidants de la communauté, du gouvernement local et des organisations264. À ces indicateurs du capital social s'ajoutait la variable « conscience communautaire » (ibid., p. 343 et 353-354). L'âge, la scolarité, le revenu, le genre et l'ancienneté dans le milieu étaient des variables concomitantes.

Dans leur recension d'écrits, les auteurs évoquent le fait que peu d'études ont été menées sur l'engagement social des aînés dans les communautés rurales et les petites villes, ce qui explique pourquoi nous avons eu de la difficulté à repérer de tels travaux. La recherche de Liu et Besser (2003) montre tout d'abord que 43 % des personnes de 65 ans et plus étaient socialement engagées auprès de leur communauté, autant que les moins de 65 ans, soit 42 % (ibid., p. 355). Liu et Besser (ibid., p. 356) commentent ainsi ce résultat : « Thus, elderly residents in small towns and rural communities could be a very important potential resource for the community ».

En second lieu, ils ont effectué des régressions multiples en entrant dans des équations successives les variables concomitantes, puis chacune des variables indépendantes. Leurs résultats ont montré que toutes les variables concomitantes étaient significativement corrélées à la variable dépendante. Toutefois, la scolarité n'était pas statistiquement significative dans l'équation finale265. Autrement dit, les aînés qui disposaient de hauts revenus, les hommes et les individus les moins âgés qui étaient attachés à leur milieu (forte conscience communautaire) avaient une plus grande probabilité d'être engagés dans des activités d'amélioration de leur communauté (ibid., p. 360). Les auteurs résument en ces termes leurs principales constatations (ibid., p. 361) :

This study reveals that in small towns and rural communities, social capital and sense of community are essential components of elderly participation in community improvement activities regardless of age, gender, education, and income. However, social capital consists of several dimensions that relate quite differently to elderly community participation. The measure of formaI social ties has a much stronger relationship with community involvement than informaI ties and norms of collective action. Generalized trust does not have a significant direct relationship to community involvement after

controlling

for the four demographic variables, formaI and informaI social ties, and sense of community. Thus, elderly interest in and desire to be part of the community directly affect their community involvement, and formaI organizations may represent interpersonal invitations to get involved and provide them direct links to the community.

À la fin de leur article, les auteurs soulignent que leurs données ne comprenaient aucun indicateur de la santé des répondants, ce qui limite la portée de leurs résultats. De toute manière, cette étude corrobore en partie celle de Mallon et Gucher ainsi que la littérature ethnologique sur les milieux ruraux. Elle évoque les « petites communautés » qui sont au fondement de la solidarité régionale. Bélanger (1991, p. 60-61) a écrit à ce propos :

264 « expectations and norms of community involvement prevailing among fellow residents and within local

government and organisations » (Liu et Besser, 2003, p. 353-354).

265 Selon les auteurs, l'effet de la scolarité sur l'engagement communautaire serait indirect. Cf. Liu et Besser, 2003, p.

Dans toutes ces situations, c'est tout de même la petite communauté qui fait la différence. La résistante petite communauté, plus encore que la rente du sol, vient expliquer la ruralité québécoise. [...] // La petite communauté rurale constitue l'élément privilégié d'un système, la constante d'un mode de développement fondé sur la grande famille coloniale et qui a vécu jusqu'à la crise des années 30, sinon jusqu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Elle s'est suffi en quelque sorte à elle-même aussi longtemps que la disponibilité de terres neuves ou l'émigration aux États-Unis ont pu absorber son accroissement naturel. La petite communauté revêt ainsi, dans le contexte québécois, une importance tout à fait particulière. Elle est le fondement même d'une identité qui se perpétue à tous les échelons de l'organisation territoriale. Par des lois, par l'évolution d'un appareil législatif qui accorde beaucoup à la collectivité, la petite communauté québécoise s'est frayé un chemin à travers les champs de l'économie nord-américaine.

Comme le reconnaît par la suite Bélanger (ibid., p. 62) : « la permanence de la petite communauté québécoise perpétue une mentalité. Mais cette mentalité ne s'exprime plus de la même manière ». De nos jours, cette expression passerait par des institutions comme les municipalités et les organismes de développement régional. L'auteur ne le dit pas explicitement. Toutefois, cela se déduit des résultats de recherche rapportés dans cette section. La participation des aînés aux activités d'amélioration de leur collectivité est sans doute la conséquence de leur attachement envers ses membres et ses institutions. C'est également une façon pour eux de travailler à l'essor de leur milieu. Ils constituent ainsi une force sociale incontournable dans la dynamique de son développement.