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CHAPITRE 1 : LES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES

1. Les recensions d'écrits

3.1 Quelques aspects de la participation sociale des aînés

3.1.2 Le mentorat

Le mentorat est une autre façon pour certains aînés de contribuer au développement de leur milieu. Toutefois, les renseignements sur la pratique de ce type d'activités sont fragmentaires. Voyons tout d'abord ce qu'est le mentorat. L'organisme Mentorat Québec propose la définition suivante217 :

Relation interpersonnelle de soutien, d’échanges et d’apprentissage, dans laquelle une personne d’expérience investit sa sagesse acquise et son expertise afin de favoriser le développement d’une autre personne qui a des compétences à acquérir et des objectifs professionnels à atteindre.

Dans les actes du colloque de Mentorat Québec de 2002, on précise ceci218 :

Le mentorat est un processus interactif de personne à personne qui guide le développement d’apprentissages, basé sur la prémisse que les participants ont des contacts qualitativement et quantitativement suffisants pour permettre ce développement [...].

Auparavant, les auteurs de ces actes avaient écrit (ibid.) :

Le mentorat a pris différentes formes à travers l’histoire, mais son rôle est demeuré essentiellement le même, soit celui d’une relation privilégiée et authentique entre une personne plus âgée et expérimentée (le mentor) qui fournit des conseils, accompagne et surveille les progrès d’une personne plus jeune et moins expérimentée (le mentoré). Quant à la Fondation de l'entrepreneurship du Québec (2007, p. 2), elle définit ainsi le mentorat d'affaires :

[...] notre définition du mentorat d’affaires se résume à l’établissement d’une relation de soutien envers un entrepreneur novice (le mentoré) grâce au support d’un entrepreneur d’expérience (le mentor) lui permettant de se développer en tant que personne. Cette affirmation peut se faire à double sens puisque mentor et mentoré ressortent grandis de cette expérience.

215 Aucune donnée n'était disponible pour le Nord-du-Québec en 2005.

216 Delisle, 1995 et 1999a; ISQ, 2010a; Québec (Prov.), 2001, 2004a, 2006, et Québec (Prov.) [sans date];

Ressources humaines et développement social Canada, 2008; Simard, 2006a, b, c et 2008.

217 Source : Mentorat Québec (www.mentoratquebec.org/mentorat.php), cité par Rioux, 2009, p. 7. Mentorat Québec

a son pendant canadien : Mentorat Canada. Cf. http://www.mentoringcanada.ca/resources/aboutus_fr.html. Il existe également de tels organismes aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Voir Mentorat Québec, 2002, annexe 1 de l'étude de faisabilité.

Le mentorat est « un concept vieux comme le monde » (Rioux, 2009, p. 7). De tout temps, des personnes expérimentées ont conseillé des néophytes. Toutefois, dans les sociétés contemporaines, il est devenu un mode de formation privilégié pour les nouveaux travailleurs de l'industrie, du commerce et des services publics.

Il se fait du mentorat à l'intérieur des entreprises et des institutions gouvernementales. Il arrive que le mentor soit étranger à l'organisation pour laquelle oeuvre son mentoré. Le mentor évite alors d'intervenir dans la gestion de cette organisation. Ajoutons que le mentorat est presque toujours bénévole. Cette caractéristique le distingue de la consultation professionnelle qui est rémunérée (ibid.).

En 2007, la Fondation de l’entrepreneurship du Québec était associée à « près de 1 100 mentors bénévoles dont la grande majorité a atteint ou atteindra sous peu l'âge de la retraite »219. Ceux-ci consacraient « en moyenne sept heures par mois au mentorat » (ibid., p. 3). Quant aux mentorés d'affaires, ce sont des « nouveaux entrepreneurs et dirigeants de tous âges [...] (qui) accusent très souvent de grandes lacunes en matière de gestion, d'administration et de marketing » (ibid., p. 2).

Les formes que prend le mentorat sont multiples. La « relation d’un mentoré avec son mentor pourra être continue ou épisodique, de courte ou de longue durée. Elle pourra consister en une série de rencontres ou en quelques échanges téléphoniques ou courriels »220. Mentorat Québec a aussi développé un réseau virtuel pour faciliter les échanges entre les mentors et les mentorés221.

De son côté, la Fondation de l’entrepreneurship du Québec (2007, p. 2) ajoute les précisions suivantes : Se rapprochant du coaching et du tutorat, le mentorat se démarque par le fait que l’apprentissage du mentoré se réalise par un partage d’expériences, une rétroaction du mentor envers les commentaires du mentoré et un appui quasi inconditionnel du mentor. Le mentor n'arrive pas avec une recette toute prête, mais se plie aux besoins du mentoré, l’amène à réfléchir, à prendre du recul face aux défis qu'il a à relever tout en encadrant et encourageant son mentoré.

Le mentorat est difficile à quantifier. En 2002, on estimait que 10 % des grandes entreprises du Québec avaient des programmes de mentorat (Mentorat Québec, 2002). Une étude plus poussée de Développement économique Canada permet de mieux comprendre cette pratique222. Les auteurs de cette étude ont écrit (ibid., p. 113) :

Selon les représentants des SADC, des CAE et de DEC223 interviewés, les services d’accompagnement et de mentorat sont perçus comme une force des SADC et des CAE (notée par 15/38 des représentants, en plus de plusieurs intervenants externes qui ont participé aux études de cas). Ils ont également noté que les SADC et les CAE suivaient de près chaque dossier d’investissement et que ceci avait un impact important sur la réussite des entreprises. Dans le cadre des études de cas, un intervenant externe, qui a participé à des montages financiers en partenariat avec un CAE, a aussi indiqué que l’accompagnement offert aux clients était un aspect positif et grandement apprécié.

219 Fondation de l’entrepreneurship du Québec, 2007, p. 1. 220 Rioux, 2009, p. 9.

221 Trudeau et Légaré, 2005. Voir aussi le site de cybermentorat Academos, un organisme qui s'adresse aux jeunes.

Cf. http://www.academos.qc.ca/category/mentorat-cybermentorat.

222 Développement économique Canada, 2009, Annexe G, p. 151.

223 CAE : Centres d'aide aux entreprises; DEC : Développement économique Canada; SADC : Sociétés d'aide au

Cela conforte la croyance selon laquelle le mentorat d'affaires favorise la survie des nouvelles entreprises224. D'après la Fondation de l'entrepreneurship du Québec : « Depuis l’année 2000, le service de mentorat d’affaires qu’offre la Fondation et ses partenaires a permis de réaliser plus de 3 600 jumelages mentor-mentoré et de doubler le taux de survie des entreprises, le faisant passer de 34 % (taux moyen) à 73 % (entreprises mentorées)225 ».

Selon cette fondation (2007, p. 1), « chacune des 17 régions administratives de la province [de Québec] a au moins une cellule de mentorat d’affaires en opération, pour un grand total de 75 cellules ». Les 1 100 mentors reliés à la Fondation de l'entrepreneurship du Québec se répartissaient dans ces 75 cellules. Toutefois, le mémoire de cet organisme ne fournit pas de données sur le nombre de mentors par régions. De même, nous n'avons pas trouvé de portrait statistique des mentors. Nous ne connaissons pas de façon précise leurs caractéristiques démographiques et socioéconomiques. L'étude de l'engagement des aînés dans le mentorat mérite donc d'être poursuivie parce que ce phénomène est révélateur de leur apport à l'essor de leur milieu.