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CHAPITRE 1 : LES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES

1. Les recensions d'écrits

2.2 Le concept de force sociale

2.3.2 Le développement social

Les trois définitions du développement social les plus souvent rapportées par les auteurs québécois sont celles de la Commission Castonguay-Nepveu, celle de l'Organisation des nations unies (ONU), et celle du Conseil de la santé et du bien-être du Québec169. La première définition a été formulée en 1971. Les rédacteurs d'un des rapports de la Commission Castonguay-Nepveu ont écrit : « On peut définir le développement social comme la mise en œuvre par la société de l'ensemble des moyens propres à faire accéder chacun des membres au maximum d'épanouissement dont il est capable »170. Dans un autre rapport de la même commission, on dit que le développement social renvoie à « l'atteinte d'objectifs intermédiaires en termes de droits au travail, au repos et aux loisirs, à la santé, à l'éducation aux services

167 Denieuil et Laroussi, 2005; Jean, 2008; Moulaert et Nussbaumer, 2008; Tremblay, 2006, p. 39.

168 Dans cette section, nous avons remanié une partie d'un travail effectué dans une étude antérieure. Cf. Delisle et

Thouvenot, 2009, chapitre 4.

169 Cet organisme a été aboli.

sociaux, au logement et à la sécurité du revenu »171. On trouve également la définition suivante dans un document préparé pour l'ONU en vue du Sommet de Copenhague de 1994172 :

Le développement social est une démarche visant à améliorer la capacité des gens à vivre en toute sécurité et à leur permettre de participer pleinement à la société. Le développement social est indissociable de son contexte culturel, écologique, politique et spirituel et ne peut être envisagé dans une perspective uniquement sectorielle [...].

En 1997, lors du Forum sur le développement social, le Conseil de la santé et du bien-être du Québec a proposé une « longue et tortueuse » définition173 que nous reproduisons parce qu'elle a été largement diffusée174 :

Le développement social fait référence à la mise en place et au renforcement, au sein des communautés, dans les régions et à l'échelle de la collectivité, des conditions requises pour permettre, d'une part, à chaque individu de développer pleinement ses potentiels, de pouvoir participer activement à la vie sociale et de pouvoir tirer sa juste part de l'enrichissement collectif, et, d'autre part, à la collectivité de progresser, socialement, culturellement et économiquement, dans un contexte où le développement économique s'oriente vers un développement durable, soucieux de justice sociale. Dans cette optique, le développement social, tout comme le développement économique et le développement culturel, sont des dimensions interdépendantes et complémentaires d'un projet de société.

Selon Vaillancourt (2006, p. 14), les forums régionaux et le Forum national sur le développement social « ont permis de préciser les ingrédients pouvant entrer dans la composition d'un nouveau modèle de développement plus démocratique et solidaire ». Ces ingrédients sont : le développement local, la participation sociale, l'intersectorialité et le rôle de l'État. D'où la valorisation des groupes communautaires, l'idée de donner du pouvoir aux collectivités qu'ils desservent (la notion d'empowerment), et l'économie sociale.

La réflexion sur le développement social ne s'est pas arrêtée en 1998. Ce concept demeure toujours une « notion évocatrice qui appelle les significations que peuvent lui donner ceux qui s'y réfèrent (...). Elle a cette capacité de mobiliser l'univers du sens et celui de l'action », a écrit Robert (2006, p. 57). L'idée de développement social ouvre des perspectives de recherche et d'intervention parce qu'elle exprime la volonté de larges segments de la population de voir la société progresser pour le bien-être de ses membres sans dépendre ni de l'entreprise privée ni de l'État. C'est pourquoi les auteurs consultés s'entendent pour dire que le développement social présente les caractéristiques suivantes175 :

- Il est communautaire et coopératif plutôt que corporatiste; - il favorise la concertation et le partenariat plutôt que l'autarcie;

- il est fondé sur la démocratie participative et s'oppose par le fait même à l'autocratisme et au pouvoir des minorités occultes;

171 Cité par Tremblay, 2006, p. 38.

172 Cité par Conseil de la santé et du bien-être du Québec, 1997, p. 3 et par Tremblay, 2006, p. 38. 173 Pour reprendre les mots de Vaillancourt (2006, p. 13).

174 Sources : Conseil de la santé et du bien-être du Québec, 1997, p. 6; Vaillancourt (2006, p. 13). Cette définition a

été reprise par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Cf. Québec (Prov.), 2008, p. 61.

175 Cette énumération n'est pas exhaustive. Elle reprend des éléments qui sont mentionnés dans la documentation

- il est global et intersectoriel au lieu de se confiner à un domaine;

- il est coproduit et coconstruit par les acteurs impliqués plutôt que le résultat d'une initiative personnelle;

- il a pour objectifs l'épanouissement et le bien-être d'un grand nombre d'individus, pas seulement de quelques-uns;

- il se préoccupe des démunis et de ceux qui ont peu de pouvoir dans la société; - il vise l'empowerment des collectivités;

- il est local et territorial plutôt qu'orienté vers la conquête d'un vaste marché;

- il est à la fois économique, politique, culturel et socioaffectif. Le social est aussi important que l'économique qui constitue quand même une dimension fondamentale de toute forme de développement;

- les acteurs du développement social conservent une distance critique par rapport à l'État tout en coopérant avec lui;

- ce genre de développement répond à des demandes collectives au lieu de créer des besoins. Est-ce à dire que le développement social est nécessairement régional, territorial et local? Cela ne va pas de soi. Du moins, il importe de clarifier ces trois derniers concepts.