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CHAPITRE 1 : LES CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES

1. Les recensions d'écrits

2.2 Le concept de force sociale

2.3.5 Le développement local

Les auteurs mentionnés dans la sous-section précédente associent le développement territorial au développement local. En fait, tout se passe comme si ces deux formes de développement renvoyaient l'une à l'autre. C'est ce qu'expriment Deffontaines et Prod'homme (2001, p. 7) dans cette citation :

En se gardant, autant que faire se peut, de l'enfermer dans une définition rigide, un regard transversal à tant d'expériences rurales et urbaines, françaises ou non, conduit à penser que le développement local s'apparente à la manière et au rythme selon lesquels une population, plurielle et de plus en plus mobile, s'approprie, aménage et transforme un territoire, adapte ses structures pour gérer le présent et imaginer l'avenir, innove et suscite des synergies entre toutes les initiatives, règle les probables conflits, invente des rites et des symboles qui correspondent à la vie d'aujourd'hui sans renier celle d'hier.

La différenciation des types de développement (régional, territorial et local) est un problème complexe et son étude systématique nous éloignerait des objectifs de notre démarche. D'autant plus que ce problème a été traité abondamment par les auteurs déjà mentionnés186. Il n'est donc pas pertinent de s'attarder à cette question. Dès lors, de nos lectures, nous retiendrons ce qui suit :

1. Les concepts se rapportant aux genres de développement sont reliés tout en se distinguant plus ou moins subtilement selon la perspective adoptée par les chercheurs qui les emploient. Ces concepts renvoient à un objet complexe dont les dimensions n'ont pas toutes été explorées en profondeur. Malgré les progrès des sciences régionales et du territoire, de nouvelles réalités ont émergé au cours des dernières décennies qui remettent en question les notions jusque-là utilisées (Jean, 2008). Il en va ainsi des transformations des territoires et des régions. Durant les années 70 et 80, on voyait ceux-ci comme des entités géographiques, économiques, politiques et administratives. Maintenant, on se rend compte qu'elles sont également sociologiques et culturelles. De plus, les modes de communication contemporains les ont rendues réticulaires (Klein, 2008) et virtuelles, car une dimension virtuelle s'est ajoutée à celles qui pour caractérisaient l'espace physique187. Doit-on en déduire que les concepts de région et de développement régional n'ont plus aucune valeur heuristique? Tout en reconnaissant que de nombreux chercheurs et intervenants emploient, à juste titre, différents concepts pour analyser les territoires et la dynamique de leur développement, nous croyons qu'il serait dangereux de rejeter du revers de la main les notions de région et de développement régional. Tant que ces notions signifieront quelque chose pour le « commun des mortels », c'est-à-dire pour les non-spécialistes, les intellectuels devront continuer de les utiliser en précisant leur portée. Sinon, ces derniers risquent de faire de « L'anthropologie en l'absence de l'homme », évoquer une oeuvre majeure de F. Dumont (1981).

2. Les nouvelles réalités socioterritoriales peuvent être circonscrites par les concepts de région et de développement régional pourvu qu'on ne restreigne pas indûment l'étendue de ces notions. Dès lors, il s'agit de reconnaître qu'il y a une pluralité de types de régions comme l'entrevoyait S. Langlois (1994). À cette pluralité correspondrait une diversité de formes de développement régional, territorial et local, ce que montrent les études empiriques effectuées sur le sujet.

186 Entre autres ; Jean (2008), p. 298; Observatoire en économie sociale, en développement régional et en

organisation communautaire [sans date].

187 Tel est le cas des réseaux sociaux de communication qui rassemblent des groupes de personnes dans un espace

Conclusion

Dans ce chapitre théorique, nous avons étudié trois familles de concepts : ceux qui ont trait aux âges de la vie et aux aînés de la société; ceux qui se rapportent aux forces sociales et enfin, ceux qui sont employés pour étudier le développement régional. Ces familles de concepts ont au moins un dénominateur commun sur le plan épistémologique : leur polysémie. Établir leur sens fut une tâche ardue. Nous pensons avoir saisi les phénomènes qu'ils recouvrent, mais nous n'avons pas exploré tout leur champ sémantique parce que c'est probablement impossible. De toute manière, ce n'était pas l'objectif cardinal de notre démarche. En fait, notre intention était de définir les concepts constitutifs de la principale question à laquelle cette recension d'écrits essaie de répondre. Rappelons que nous voulons savoir si les aînés constituent une force sociale efficiente dans la dynamique du développement régional. Les renseignements réunis permettent de formuler les assertions suivantes :

1. Le développement (quel qu'en soit le genre) ne survient pas ex nihilo. C'est une évidence que chacun des auteurs consultés réitère à sa façon (Mengin, 2001). D'aucuns insistent sur l'importance du territoire; d'autres évoquent la conjoncture économique, politique et sociale; certains parlent du capital social et humain, mais tous reconnaissent le rôle des acteurs dans la dynamique du phénomène considéré. Donc, le développement a besoin d'incitatifs - qui peuvent être endogènes ou exogènes par rapport à un milieu donné - et il a surtout besoin d'acteurs pour le réaliser. Autrement dit, il est le résultat de l'action des « forces vives » d'une société (Joyal, 2002). D'où le lien entre le développement et les forces sociales, celles-ci étant des ressources et des facultés mobilisées par des collectivités et des individus.

2. Les aînés peuvent constituer des forces sociales dans la dynamique du développement régional parce qu'ils possèdent des facultés et des ressources essentielles au succès d'une telle entreprise. Mentionnons seulement celles-ci : des compétences dans de multiples domaines; une précieuse expérience des relations humaines; une grande disponibilité; le désir d'agir et de rendre service, ainsi que la volonté d'apprendre des choses utiles à des fins philanthropiques et communautaires188.

Certes, les aînés ne sont pas des dieux. Ils ont leurs limites comme tout le monde. Aussi, l'usure du temps restreint leurs capacités (ibid.). Enfin, ils sont conscients de leurs intérêts et ils ne sont pas disposés à les sacrifier. Sur ce plan, ils ne se différencient pas des autres générations189. Mais ils peuvent répondre à l'appel quand on les sollicite. Ils représentent donc des forces sociales susceptibles de contribuer au développement socioterritorial. Dès lors, la question n'est plus de savoir s'ils sont en mesure de se consacrer à cette cause - parce qu'ils s'y consacrent déjà - mais de voir ce qu'ils font pour leur communauté. De théorique qu'elle était au départ, l'interrogation devient empirique. Nous tenterons d'y répondre au chapitre suivant à partir de la documentation repérée.

188 Bass, Ed., 1995; Bass et Caro, 2001; Conseil des aînés du Québec, 2007; Delisle et Thouvenot, 2009; Hall et coll.,

1998, 2001, 2006 et 2009; Lefrançois, 2004; Legrand, (dir.), 2001; Raymond et coll., 2008; Schellenberg, 2006.

L

E RÔLE DES AÎNÉS DANS LA DYNAMIQUE DU

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

,

RÉGIONAL

,

TERRITORIAL ET LOCAL

Introduction

Comme nous l'avons mentionné, peu de documents ont été repérés qui permettent de relier les concepts d'aînés et de forces sociales avec ceux de développement social, régional, territorial ou local. De toute évidence, les rapports entre ces phénomènes semblent avoir été peu étudiés. Dès lors, nous avons considéré les recherches qui traitent d'au moins deux de ces concepts, et c'est par extrapolation que nous avons établi des liens entre eux. Cet exercice intellectuel a donc un caractère hypothétique, mais il ouvre un vaste champ d'investigation.

Étant donné que la littérature consultée ne répondait pas adéquatement à nos préoccupations, nous avons procédé de la façon suivante. Dans la première section, nous regardons différents aspects de la participation sociale des aînés, dont : 1) le travail rémunéré, 2) le mentorat; 3) le bénévolat et l'engagement civique en région; 4) la présence des aînés dans les conseils municipaux; 5) leur participation à des organismes voués au développement local, et 6) l'action des aînés dans les communautés touchées par la récession de 2008. La deuxième section traite de l'impact économique des retraités qui demeurent en région, et la troisième se rapporte aux collectivités-amies des aînés. La quatrième section est consacrée aux zones d'ombre, c'est-à-dire à ce que la documentation examinée ne nous a pas permis d'apprendre. Puis, dans la cinquième section, nous mentionnons des aspects de la problématique de cette recension d'écrits que nous n'avons pas étudiés en profondeur. En conclusion, nous faisons un bilan du travail accompli.