• Aucun résultat trouvé

II. Méthodologie générale

II.1 Participants

Les participants inclus dans notre étude proviennent de la cohorte SAFE MOVE, élaborée lors du premier volet du projet éponyme. Les personnes ont été contactées par courrier à la suite d’un tirage au sort réalisé depuis les listes électorales de villes et villages des départements du Rhône et du Calvados. Sur plus de 16000 personnes contactées, un total de 1204 conducteurs a accepté de participer à cette étude, parmi lesquels 797 du département du Rhône (66,2 %) et 407 du département du Calvados (33,8 %). Un psychologue s’est rendu au domicile des répondants afin de leur faire compléter i) un questionnaire relatif à leurs habitudes de vie et de conduite, ii) une évaluation neuropsychologique par le biais des tests du Trail Making Test (TMT, Reitan, 1958) et des Codes de la WAIS (Wechsler Adult Intelligent Scale, Wechsler, 1981), pour lesquels de faibles performances sont associées à la conduite à risque et à la survenue d’accident (Lafont et al., 2010, 2008), et iii) un questionnaire d’auto-évaluation de leurs capacités cognitives. Le « statut » de calibration de la cognition des conducteurs a été déterminé en croisant les données objectives issues de l’évaluation neuropsychologique et les données subjectives issues du questionnaire d’auto-évaluation des capacités cognitives. Ces tests cognitifs sont détaillés dans la partie III.2.2, page 102 et les questionnaires d’auto-évaluation sont présentés dans la partie IV.2.2.2 page 121.

Les données objectives ont permis de classer les individus selon leur niveau de cognition : « haut », « moyen » ou « bas ». Les données subjectives ont, quant à elles, permis de classer les individus selon la manière dont ils évaluent leurs capacités cognitives : « mieux » « aussi bien » ou « moins bien » que celles des autres. Enfin, le croisement de ces deux évaluations, objective et subjective, a permis d’identifier trois profils de conducteurs seniors :

- les sur-estimateurs (SE), étant les personnes ayant soit i) un niveau cognitif « bas » et évaluant leurs capacités comme étant « mieux » ou « aussi bien », ou ii) un niveau cognitif « moyen » et évaluant leurs capacités comme étant « mieux » que celles des autres,

- les sous-estimateurs (SsE), étant les personnes ayant soit i) un niveau cognitif « haut » et évaluant leurs capacités «aussi bien » ou « moins bien », ou ii) un niveau cognitif « moyen » et évaluant leurs capacités comme étant « moins bien » que celles des autres,

- les estimateurs corrects (C), étant les personnes qui ont soit i) un niveau cognitif « haut » et évaluant leurs capacités comme étant « mieux » que celles des autres, ou ii) un niveau cognitif « moyen » et évaluant leurs capacités comme étant « comme celles des autres », ou iii) un niveau cognitif « bas » et évaluant leurs capacités comme étant « moins bien » que celles des autres.

Les détails de la construction des différents profils de conducteurs sont présentés dans l’Annexe 1, page 247 (Lafont et al., sous presse). Le Tableau 6 représente la répartition des 1190 participants sur les 1204 de la cohorte SAFE MOVE (les données de 14 participants n’ont pu être exploitées). Parmi eux se distinguent 180 SsE (soit 15,1 % de l’effectif de la cohorte) ; 502 estimateurs corrects (soit 42,2 % de l’effectif de la cohorte) et 508 SE (soit 42,7 % de l’effectif de la cohorte). Au sein de cette cohorte, nous nous sommes intéressés aux conducteurs présentant un biais de calibration de la cognition, c’est-à-dire aux SE et SsE.

89 Tableau 6. Croisement des données issues de l'évaluation objective et de l'évaluation subjective des capacités cognitives

Evaluation objective des capacités cognitives

Haut Moyen Bas

Evaluation subjective des capacités cognitives Mieux C 9,5% SE 18,7% SE 8,2% Comme les autres SsE 14% C 32,2% SE 15,8% Moins bien SsE 0,3% SsE 0,8% C 0,5%

SE : Sur-Estimateur. SsE : Sous-Estimateur. C : Estimateur Correct.

Les critères d’inclusion de notre étude étaient les suivants : - être surestimateur ou sous-estimateur de ses capacités cognitives - conduire au moins 3000 km/ an,

- avoir une acuité visuelle normale ou corrigée supérieure à 5/10ème,

- avoir un ordinateur et une connexion à internet pour pouvoir réaliser les différentes activités en ligne,

- conduire une voiture à boite de vitesses manuelle, ou ne pas être gêné par le fait d’en conduire une,

- être prêt à s’engager sur une période d’au moins 12 semaines et venir au laboratoire cinq fois au total,

- ne pas avoir de vertiges et ne pas être sensibles au mal des transports, afin de limiter le mal du simulateur.

Trois-cent-quatre-vingt-quatre conducteurs issus de la cohorte ont été contactés par téléphone pour participer à cette étude. Parmi eux :

- 106 ont accepté de participer (27,6 %),

- 102 n’étaient pas intéressés ou ne souhaitaient pas se déplacer si loin (26,6 %), - 42 avaient des problèmes de santé interférant avec leur conduite (10,9 %)

- 38 n’avaient pas de connexion internet ou d’ordinateur, nécessaires à la réalisation de l’entraînement (9,9 %),

- 24 n’étaient pas disponibles pour s’engager sur un entraînement durant 12 semaines (6,2 %),

- 5 ont invoqué d’autres raisons (déménagement ou changement de voiture pour une boite automatique, par exemple, 1,3 %),

- 56 n’étaient pas joignables (14,6 %) : 52 n’ont pas répondu au téléphone et 4 étaient décédés.

La répartition des participants dans les groupes a été réalisée selon un dispositif quasi-expérimental. En effet, les participants ont été répartis en trois groupes, d’abord dans les deux groupes expérimentaux et ensuite dans un groupe contrôle actif. La stratégie d’inclusion initiale était de recruter autant de SE que de SsE dans chaque groupe, en appariant les participants en termes d’âge et de sexe.

- Le premier groupe expérimental, noté EC (pour « Entraînement Cognitif ») a réalisé l’entraînement cognitif uniquement, durant 36 heures (soit 3 heures par semaine pendant 12 semaines).

- Le second groupe expérimental, noté EC + S (pour « Entraînement Cognitif + immersion sur Simulateur ») a réalisé l’entraînement cognitif pendant 35 heures et 1 heure d’immersion sur simulateur (répartie en trois sessions de 20 minutes).

- Enfin, le groupe contrôle, noté AC (pour « Activité Contrôle ») a réalisé 36 heures de lecture.